Troisième sprint de l’application Pictoparle, un outil de communication alternative et augmentée destiné aux personnes en situation de déficience visuelle rencontrant des difficultés dans la communication orale. On peut bien sûr aller voir ce qui s’est passé lors du sprint précédent, car je parlerai ici uniquement des avancées de la dernière semaine.
Tout d’abord, Pictoparle se dote d’un site internet, accessible à l’adresse pictoparle.jmfavreau.info. On y retrouve une explication détaillée des objectifs de l’outil, de son mode de fonctionnement, et on peut suivre dans le détail le développement, grâce à des liens vers les billets de ce blog.
Du côté de l’application, les avancées visibles de cette semaine concernent principalement l’interface, et la possibilité de modifier dans les préférences certains réglages, pour adapter l’outil à son utilisateur ou utilisatrice. On commence par une vidéo de démonstration :
Démonstration du troisième prototype
L’ajout qui a pris le plus de temps, mais qui facilitera grandement le développement par la suite, est l’utilisation d’une interface telle que préconisée, avec une barre supérieure, un bouton de navigation en haut à gauche, et un menu glissant sur le côté.
Menu latéral ouvert.
Une fois cela réalisé, j’ai ajouté une page de préférences permettant à l’utilisateur d’ajuster le comportement de l’application : verbosité des notifications sonores, réglages du double tap, réglage de la détection de planche, ajustement de l’affichage pour économiser de l’énergie, et pour ajuster la taille réelle des pictogrammes.
Les panneaux de préférences de l’application
Le panneau latéral permet aussi l’affichage de la planche de pictogrammes. Dans ce cas, un bouton caché dans l’une des marges centrales permet de fermer cet aperçu. J’ai ajouté cette fonctionnalité en pensant aux tablettes qui pourraient ne pas avoir de caméra, ou ne pas avoir autorisé l’utilisation de la caméra par l’application.
À ce propos, j’ai aussi ajouté un message de demande d’autorisation d’accès à la caméra intégrée, pour faciliter l’installation de l’application.
Demande d’autorisation d’accès à la caméra, nécessaire à la détection de planche.
J’ai également ajouté une entrée dans le menu permettant de quitter l’application, ce qui jusqu’à présent nécessitait d’utiliser une astuce avec le bouton physique on/off de la tablette.
Améliorations futures
Une liste des développements envisagés sur l’application est disponible sur le dépôt github du projet, en langue anglaise. En particulier, en plus des améliorations déjà évoquées précédemment, je prévois la mise à disposition d’une application en ligne qui permettra de fabriquer ses propres planches, et de les ajouter simplement dans l’application tablette.
Voilà un album dessiné accompagné d’un CD que nous avons découvert grâce à la médiathèque de Clermont-Ferrand. Tellement drôle, tellement beau !
L’histoire est palpitante, on y trouve son compte que l’on soit enfant ou adulte, avec quelques références cachées à l’actualité d’alors, notamment l’affaire du Mediator.
La voix de François Morel, qui dit l’histoire, est évidemment géniale, le texte en est sublimé. Les musiques aussi sont très réussies, on les chante souvent à la maison.
En cette période de COVID-19, vous devriez écouter la chanson Malade de peur : « j’ai tellement peur d’être malade que je deviens malade de peur ».
Malade de peur, une chanson de l’album Allo, docteur Ludo qui colle bien avec l’esprit ambiant d’avril 2020
Deuxième sprint de développement de l’application Pictoparle, un outil de communication alternative et augmentée destiné aux personnes en situation de déficience visuelle rencontrant des difficultés dans la communication orale. On peut bien sûr aller voir ce qui s’est passé lors du premier sprint, car je ne parlerai ici que des avancées de ce week-end.
Ces avancées concernent principalement la gestion de plusieurs planches, et l’amélioration des interactions. On commence par une vidéo de démonstration :
Cette vidéo commence par un détail, mais qui n’en est pas un quand on a peu l’habitude de manipuler une tablette : le double tap qui permet de lancer les sons ignore maintenant les autres doigts posés sur la surface. Ce n’est pas un comportement standard des dispositifs d’interaction tactile, mais j’ai choisi d’ajouter cette fonctionnalité pour ne pas mettre de barrière à l’exploration des reliefs des pictogrammes (pour rappel, la planche sera garnie de pictogrammes en relief). J’ai également préparé le terrain pour la configuration fine des paramètres de double tap, afin de l’adapter au mieux à chaque utilisateur.
La deuxième avancée de ce sprint est évidente : la possibilité de changer de planche. La tablette détecte grâce à la caméra en façade lorsque l’on pose ou retire une planche de sa surface. L’application propose alors un menu pour choisir la planche qui sera posée ensuite. Ces différentes interactions sont verbalisées par la tablette grâce à la synthèse vocale.
Améliorations à venir
L’une des prochaines améliorations de l’application sera la détection automatique des planches, en s’appuyant sur la présence au verso de celles-ci d’identifiants QR-code. L’ajout d’un menu de réglage des paramètres de l’application est aussi pour bientôt.
Il faudra ensuite tester la stabilité de l’ensemble, et ajuster les paramètres pour optimiser la consommation d’énergie de l’appareil.
Diffusion
Évidemment, le code source de l’application est disponible sous licence GPLv3 sur github, je publierai régulièrement les avancées du projet. Je serai plus que ravi d’avoir vos retours, suggestions, etc.
J’espère aussi le rendre suffisamment adaptable pour qu’il puisse servir à d’autres que la personne pour qui je le conçois.
Depuis le début de mes activités de recherche, j’utilise un wiki pour prendre des notes au quotidien de mes activités. C’est un espace que j’héberge sur un serveur accessible partout et tout le temps, qui utilise dokuwiki.
De l’intérêt d’un wiki
Ce genre d’outil permet d’éditer en ligne non pas un unique document, mais un ensemble de documents reliés par des liens hypertextes. La lecture et l’écriture peuvent alors se faire de manière non linéaire. Et puis le moteur de recherche interne est très pratique.
Ce que j’aime beaucoup avec cet outil, c’est le fait que la mise en forme du document soit produite grâce à une syntaxe particulière : on peut tout faire au clavier, sans avoir à prendre la souris pour mettre quelque chose en gras, ni apprendre une foultitude de raccourcis clavier. C’est flexible, générique, avec une syntaxe simple.
Et markdown fut
Quand j’ai commencé à utiliser les wiki (d’abord avec Wikini), chaque solution avait son langage. Puis est arrivé markdown, monopole de fait, qui a unifié la syntaxe utilisée. Il ne reste que les outils d’avant cette syntaxe qui utilisent autre chose. J’utilise par exemple beaucoup mkdocs pour rédiger le contenu de sites statiques, comme par exemple jmfavreau.info.
Et comme les éditeurs commençaient à bien le supporter, comme j’avais pris l’habitude de prendre des notes avec, c’est devenu le format texte que j’utilise le plus. Pas forcément super pratique pour le partager avec des gens habitués à des WYSIWYG, mais il existe des outils d’export.
Le format markdown donne le moyen de faire des liens hypertextes bien sûr, et donc d’avoir non pas un document, mais un ensemble de documents hyperconnectés. Seulement voilà, dans sa forme de saisie, il ne permet pas de suivre les liens. Il faut qu’il soit interprété (comme le fait le générateur mkdocs) pour que les liens deviennent cliquables dans un navigateur.
Alors comment faire pour naviguer en local, dans tous les fichiers markdown de son ordinateur ?
MDwiki et websf
En cherchant une solution, j’ai trouvé quelque chose de simple à déployer, et en même temps de très léger et fonctionnel. Il s’agit de coupler un serveur http léger à un interpréteur de markdown côté client.
MDwiki est constitué d’une unique page html, boostée au javascript, qui s’exécute donc en local sur le navigateur, pour proposer un rendu de fichiers au format markdown entreposés sur le serveur.
webfs est quant à lui un serveur http très léger, qui ne fait que servir via ce protocole des fichiers statiques. Pas d’exécution côté serveur, quelque chose de très simple.
La solution que j’ai adoptée consiste donc à faire tourner sur mon ordinateur webfs, tout en créant un lien symbolique depuis le répertoire /var/www/html/wiki/ vers un répertoire qui appartient à mon utilisateur, typiquement ~/wiki/. En plaçant dans ce répertoire le html de MDwiki (sous le nom w.html par exemple), et en plaçant tous mes fichiers markdown dans ce dossier, j’ai donc un visualisateur de fichier markdown sur ma machine.
J’utilise donc l’éditeur de mon choix pour modifier les fichiers, et le navigateur connecté à l’adresse http://localhost:8000/wiki/w.html pour visualiser le rendu, et naviguer en suivant les liens hypertextes.
L’intérêt de cette solution, c’est que mes fichiers ne sont pas prisonniers d’un outil : je peux les éditer avec l’outil de mon choix, les copier facilement, utiliser les fonctions de recherches habituelles (en ligne de commande ou de mon environnement de bureau)…
Pictoparle, c’est une application Android, et un dispositif tangible à la surface de la tablette pour permettre la communication alternative et augmentée. J’avais déjà parlé de l’idée en réfléchissant au dispositif, dans un billet précédent.
Je viens de finir un premier sprint de développement de l’application, avec un premier prototype fonctionnel, dont je vous propose une démonstration en vidéo ci-dessous :
Le dispositif permet d’explorer par le toucher les pictogrammes, et de lancer un son associé quand on fait un double tap. On place dessus une planche pictogramme en papier thermogonflé, puis un cadre pour matérialiser les cases.
L’application se lance en plein écran, toujours en mode paysage, en recouvrant les deux barres haute et basse d’Android pour éviter toute interaction malheureuse. En supprimant tout écran de verrouillage, et en activant le démarrage de la tablette par double touche, on obtient donc une tablette 100% dédiée à cette application : impossible de la fermer par erreur, et facilité de réactivation de la tablette si elle s’est mise en veille (double tap sur l’écran, ou pression sur le bouton de démarrage normal). Je me suis également assuré que les boutons de volume ajustent l’intensité du son de l’application.
En cette période de confinement, je n’ai pas pu imprimer de planche thermogonflée, j’ai juste ajouté ici pour la démonstration deux pictogrammes fabriqués précédemment, pour montrer que le double tap passe bien à travers le papier thermogonflé.
Au cours des prochains sprints, j’ai prévu d’améliorer ce prototype de plusieurs manières :
Quand on laisse un autre doigt sur la tablette, les double tap ne sont pas reconnus. Je vais corriger ça par une approche multi-touch.
Ajouter la gestion des multiples planches, avec détection automatique du changement de planche par qr-code.
Ajouter la possibilité d’avoir ses propres enregistrements plutôt que la voix de synthèse de google.
Une fois le confinement fini, je fabriquerai une petite boîte en bois à la découpeuse laser, à la manière de ce que j’avais fait pour le qui est-ce tactile, pour contenir la tablette, tout en laissant accessible les parties indispensables (recharges, contrôle de volume, etc). Le cadre de surface sera également découpé de la même manière, avec un système d’assemblage qui j’espère assurera une bonne fixité et qui sera facilement interchangeable.
Évidemment, le code source de l’application est disponible sous licence GPLv3 sur github, et je publierai ici régulièrement les avancées du projet. Je serai plus que ravi d’avoir vos retours, suggestions, etc.
Il y a un an, je citais quelques écoutes du moment. Un peu plus tôt, je disais ma découverte heureuse des émissions de France Musique, dont feu le cri du patchwork. Évidemment, certaines émissions disparaissent, on en découvre d’autres… Voici quelques nouvelles émissions et podcasts de tous horizons que j’écoute régulièrement cette année.
Le podcast histoire de Radio Maarif
radiomaarif.com
Le podcast histoire de Radio Maarif est une série d’entretiens avec des historiens et historiennes, et aborde de nombreux sujets, majoritairement liés à l’histoire du Maroc. Les échanges sont très souvent en français, parfois ils glissent vers l’amazighe.
J’aime particulièrement le format entretien, car il laisse le temps d’explorer un sujet. Les idées développées y sont assez variés, mais souvent développées depuis le Maroc, loin des choses que l’on peut entendre dans les médias français.
Juke-box
Juke-box est pour moi l’émission coup de cœur de l’année. Elle propose de parcourir à chaque épisode un événement du passé par des archives et musiques, complétées par une narration drôle, et pleine de détails passionnants. On se promène dans la Syrie des années 70, aux confins des prémices du mythe de la Polynésie, à Marseille entre 1960 e t 1980 pour y découvrir sa scène rock…
C’est l’une des premières émissions musicales que j’aime écouter, car il ne s’agit pas ici de parler entre deux morceaux, mais plutôt d’écouter des extraits pour illustrer un propos.
Mécaniques du complotisme
La silhouette de trois personnes qui discutent, dans la cases éclairée d’une façade d’immeuble vitré.
Mécaniques du complotisme est une série produite par France Culture, qui propose d’explorer sous forme de séries de 3 ou 4 épisodes un sujet lié au complotisme : 11 septembre, négationnisme, révolution française. Relativement bien documenté, il permet d’explorer un mouvement qui a explosé avec les outils de communication d’internet, mais qui semble avoir existé bien avant.
L’Acentrale
L’Acentrale est une webradio décentralisée, qui est née au moment des mouvements sociaux qui grondaient alors, notamment contre la projet de loi sur les retraites. On y retrouve notamment les copains et copines du Bruitagène. En avril 2020, l’émission se poursuit tous les samedis, malgré le confinement, pour raconter ce qui se passe un peu partout en France : les colères, les luttes, l’organisation solidaire…
La trogne
le visuel de la trogne, silhouettes animales devant un feu de branchages.
La trogne est une toute jeune chronique produite depuis la Perche, en période de confinement. Le premier épisode, très réussi, rappelle un peu par sa forme et le ton Radio Réussite ou Laitue nocturne.
Portraits de gens du coin, de leurs activités et quotidiens, réflexions et discussions, le tout s’enchaîne très agréablement.
Dans le cadre de mes projets de recherche autour de la perception spatiale, j’ai enregistré il y a un mois le son de la ville à différents endroits, comme des photographies sonores de l’environnement.
Chacun de ces enregistrements fait 15 minutes, le temps de se plonger dans une ville d’avant le confinement, quand les espaces vivaient de mille déplacements.
Juste après avoir fait ces enregistrements, j’avais fait jouer mes ami·e·s à un quizz : « où a été enregistré ce son ». Quelques temps plus tard, en voici une version interactive, en ligne : sonsdelaville.jmtrivial.info. À vous de jouer !
Le quizz en ligne, pour essayer d’associer un son à un lieu.
On peut vivre le confinement #COVID-19 de plein de manières différentes. De mon côté, entre autres choses, j’en profite pour me faire des sprints de développement logiciel, ce qui me rappelle la post-adolescence, écrans cathodiques en moins.
Entre deux moments consacrés aux outils pour ACTIVmap, je viens de finir une contribution au site internet unkm.fr proposé par Aymerick. Initialement, le site internet permettait de visualiser le cercle d’un kilomètre autorisé à la sortie, dans le cadre du confinement imposé par le gouvernement.
Un cercle d’un kilomètre de rayon dessiné sur une carte, à partir d’un point choisi par l’utilisateur.
Quand on voit ce cercle, impossible de ne pas imaginer le suivre « pour de vrai », dans les rues de sa ville, autour de son domicile. Mais voilà, dans bien des cas, si l’on veut à la fois suivre le cercle, et rester à l’intérieur du disque, difficile de repérer le chemin à emprunter.
C’est donc ce que j’ai ajouté à l’outil initial, en utilisant overpass pour récupérer les données cartographiques d’OpenStreetMap, puis en utilisant quelques algorithmes maison pour obtenir le tracé des rues de la promenade circulaire. Enfin, il n’était pas acceptable de ne pas dessiner le plus court chemin qui mène à cet itinéraire. En utilisant leaflet pour l’affichage, et flatbush pour l’optimisation, on se retrouve avec un outil fonctionnel… Du moins, qui montre les données OpenStreetMap telles qu’elles sont. Il vous manquera peut-être des chemins de campagne, certaines bretelles d’autoroutes ne seront pas interdites aux piétons, et des itinéraires bizarres peuvent apparaître quand une avenue est composée de deux voies de circulation. Il manque certainement plein de choses à prendre en compte, mais la version en ligne propose déjà un aperçu intéressant !
La figure ci-dessous donne une intuition rapide de l’algorithme :
chercher le segment de rue à la même latitude que le centre choisi par l’utilisateur, et la plus à l’ouest.
parcourir les rues en ne tournant qu’à gauche, jusqu’à revenir au premier segment.
supprimer les sections où le chemin emprunte la rue dans les deux sens.
Un schéma illustrant le parcours du contour d’un graphe planaire.
Il y a plein de subtilités d’implémentation liées aux données, mais le principe général est là. Et pour calculer le chemin depuis chez soi jusqu’à la balade, on utilise l’incontournable algorithme de Dijkstra !
Les outils numériques peuvent-ils répondre de manière efficace aux besoins de communication des personnes qui n’ont pas accès à une communication verbale ?
Depuis quelques temps, je m’intéresse aux outils issus de réflexions sur la communication alternative et augmentée. Des moyens de continuer à s’exprimer quand on perd la parole. Cependant, la plupart de ces outils sont imaginés pour des utilisateurs voyants. Il faut donc réfléchir et adapter les choses pour les personnes en situation de déficience visuelle. C’est un cheminement logique qui prolonge ce que j’expérimente déjà sur le blog accessibilité, que je vous invite à consulter.
L’une des pistes les plus intéressante que nous avons explorées est l’utilisation de pictogrammes tactiles : de petits dessins en relief, fabriqués très simplement grâce à la technique du thermogonflage.
Quelques pictogrammes tactiles
Mais l’autonomie de l’utilisateur n’est pas complète. Pourquoi ne pas coupler le concept avec un dispositif permettant de jouer des échantillons sonores ? On pourrait alors disposer d’un outil à la fois tactile, et qui « dit » à haute voix pour l’utilisateur.
Quelques solutions existantes
On trouve sur le marché des outils permettant une telle aide à la communication, sur lequel on pourrait placer des pictogrammes tactiles, mais ils sont très onéreux, leur prix s’élevant à plusieurs milliers d’euros. On trouve aussi des solutions très peu chères, mais dont la qualité de fabrication rend difficile l’usage, tant les boutons sont capricieux.
Exemples d’interfaces pictogrammes et sons
Utiliser un contrôleur midi
La première piste que j’expérimente depuis quelques temps utilise un contrôleur midi, un petit ordinateur et une petite enceinte.
D’un point de vue logiciel, il s’agit de suivre la piste que j’avais explorée récemment pour jouer des échantillons sonores : on prépare pour chaque touche un fichier son, où l’on a enregistré le message à diffuser, puis on associe à une note midi ce son, et le contrôleur est l’interface utilisateur.
Un contrôleur type launchpad, composé d’une grille de 8 par 8 boutons carrés.
Dans ce contexte, j’imaginerais utiliser un contrôleur de type launchpad, et coller sur chaque bouton un pictogramme. Ces interfaces permettant de prendre en compte l’intensité de pression, on pourrait même imaginer avoir une version chuchotée, une version prononcée normalement, et une version criée de chaque son.
Pour l’informatique, un mini ordinateur type raspberry pi, consommant peu, mais faisant tourner un système GNU/Linux semble être une bonne piste. On peut alors brancher une enceinte compacte pour la diffusion du son.
schéma décrivant les branchements entre les différents éléments du dispositif (launchpad, raspberry pi, enceinte, 220v)
Le défaut de cette approche, c’est l’encombrement et la consommation électrique. On pourrait bien sûr concevoir une coque qui réunit les trois dispositifs (contrôleur, ordinateur et enceinte), mais il faudrait tout de même brancher l’appareil sur une prise électrique, ou travailler à l’intégration d’une batterie.
Au final, on se retrouverait à concevoir un dispositif complet, ce qui souvent est une approche plus coûteuse que de s’appuyer sur une solution matérielle grand public, et est souvent peu maintenable et reproductible. En réfléchissant un peu plus loin, j’ai imaginé une autre piste, celle de la tablette tactile.
Utiliser une tablette tactile
Une tablette tactile a cet avantage de disposer d’une face qui réagit au toucher, d’un ordinateur capable de réaliser tous les traitements désirés, d’un haut-parleur intégré, et a une bonne capacité d’autonomie électrique. On en trouve à des tarifs très raisonnables, parce qu’issus de fabrication en grande série pour le grand public. Ne peut-on pas l’adapter à nos besoins ?
Notons pour commencer que la tablette détecte le contact d’un doigt grâce à une technologie capacitive qui capte les variations électrostatiques induites par cette proximité. Si l’on place un papier entre l’écran et le doigt, la tablette est toujours capable de détecter la présence d’un doigt.
Claria vox, un téléphone matérialisant les boutons
La difficulté qui persiste est la non matérialisation des boutons pour une personne en situation de déficience visuelle. Il faut donc proposer, à la manière de Claria vox, d’une grille physique permettant de retrouver la position de chacun des boutons.
La première idée que j’ai imaginée était l’utilisation d’une imprimante 3D pour fabriquer une coque en silicone, qui entourerait toute la tablette, et viendrait reproduire cette idée. Il suffirait alors de glisser la feuille thermogonflée entre l’écran et la coque.
Cependant, cette approche a le défaut de rendre difficile le changement des pictogrammes. Or, les tablettes ayant généralement une taille de 10 à 12 pouces en diagonale, on peut difficilement placer plus de 20 pictogrammes si on veut qu’ils soient lisibles au doigt. Après réflexion, il me semble plus facile d’imaginer un dispositif où l’on découpe dans un carton épais (ou du medium fin) une grille, sous laquelle on vient coller la feuille thermogonflée. En fixant sur le dessus de la tablette quelques plots de positionnement, on peut ainsi imaginer un dispositif facilement interchangeable.
Tablette équipée de plots de positionnement, pour accueillir une planche de pictogrammes
D’un point de vue logiciel, plusieurs questions se posent, qu’il faudra un peu expérimenter : comment distinguer le geste de l’utilisateur qui explore le pictogramme pour l’identifier, du geste de l’utilisateur qui souhaite déclencher le son ? Une combinaison de conditions sur la durée et le déplacement pourrait fonctionner.
Une amélioration simple du dispositif pourrait consister à intégrer un petit tag NFC à chaque planche de pictogrammes, afin que la tablette détecte automatiquement celle qui vient d’être positionnée à sa surface.
Extensions possibles
Une fois imaginée cette interface par planches, on peut même imaginer d’autres utilisations que celles de la communication non verbale. Ainsi, on pourrait imaginer une interface simplifiée de lecture audio, pour que l’utilisateur devienne autonome dans son écoute d’histoires audio. On pourrait ainsi avoir une case lecture/pause, une case pour le volume qui intégrerait le glissé du doigt, et une case par type d’histoire, classée suivant les usages de l’utilisateur (par durée, par type, etc.).
Edit
Depuis la publication de cet article, j’ai échangé avec plusieurs personnes, qui ont amené à plusieurs suggestions intéressantes :
Utiliser un outil d’imitation de voix type Real-Time Voice Cloning (qui ne marche pour l’instant qu’en anglais) pour que les boutons parlent avec la voix de l’utilisateur. Il faut pour cela avoir des enregistrements audio (plus ou moins longs suivant la technologie) pour obtenir quelque chose d’intéressant.
Les capteurs NFC ont une position variable sur les tablettes, parfois au centre, parfois sur les bords, avec une portée de 2 à 3 cm. Il faudra donc faire attention à l’endroit où coller la puce NFC, mais leur taille réduite actuelle permet beaucoup de choses.
Utiliser un simple tap pour lancer le son est sans doute une mauvaise piste, car il peut arriver que l’on explore un pictogramme en laissant le doigt statique. Pour cela, plusieurs approches : utiliser le double tap, ou remplacer le dispositif par des boutons qui s’enfoncent (avec un peu de mécanique, ou des matériaux souples), afin de distinguer toucher et appui.
Le thermogonflage s’use assez vite. Il pourrait être intéressant d’utiliser un autre matériau, comme l’impression 3D souple, ou l’usinage de matière. Une autre piste pourrait être l’utilisation de vernis.
Une solution alternative aux plots consiste à fabriquer un boîtier autour de la tablette, comme une boîte ouverte, sur laquelle la planche interchangeable viendrait se placer. Cela permet, à la manière d’une coque, d’avoir une protection pour la tablette. On peut imaginer une impression 3D, ou toute autre forme de fabrication.
Il existe pas mal de contextes où l’on a besoin de lancer des sons à la demande. On peut par exemple penser aux habillages d’une émission de radio, aux extraits musicaux d’un spectacle, aux samples (ou échantillons) dans un direct musical.
Pour lancer les sons, on peut vouloir utiliser la souris ou le clavier d’un ordinateur, ou encore un contrôleur dédié, comme un clavier maître ou un pad. Voici détaillées quelques solutions que j’ai pu utiliser par le passé, et en particulier celle que je viens d’expérimenter, avec le format sfz.
En radio, le cartoucheur
En radio, on utilise en général un logiciel appelé cartoucheur pour lancer les extraits sonores d’une émission de radio : habillage (générique, virgules, tapis…), extraits musicaux ou de reportage, etc.
Un cartoucheur est un logiciel qui propose à l’utilisateur de charger dans chaque bouton un son différent. Disposés en grille régulière, ces boutons permettent de lancer et d’arrêter indépendamment chacun des sons. Il existe plein de logiciels différents, souvent gratuits, ou à faible licence, qui proposent ce type de service.
Sous GNU/Linux, on trouve par exemple Linux Show Player, un outil qui semble très modulaire, même si je ne l’ai jamais utilisé.
La principale limitation des cartoucheurs est le faible contrôle que l’on a sur chaque extrait sonore. On peut en lancer la lecture, l’arrêter. Parfois on peut faire une pause dans son écoute, mais la plupart des configurations sont globales, comme par exemple le fondu en entrée ou en sortie. Et puis le pilotage de ce type de logiciel se fait à la souris, ce qui peut parfois être peu ergonomique, par exemple quand on doit enchaîner ou superposer plein de sons.
En live, le logiciel de samples pour DJ
Dans le cadre de l’émission Léthargiques Substances Disparates, j’ai pris le parti d’utiliser, après l’avoir configuré spécialement, le logiciel Mixxx, conçu en premier lieu pour les DJ numériques, souvent considéré comme un clône de Traktor.
Interface du logiciel Mixxx pour la réalisation d’une émission aux multiples superpositions de sons.
Sur l’interface de ce logiciel, on peut contrôler jusqu’à 4 fichiers audio de manière très précise, avec points de répétition, égalisation, effets, etc. Puis en dessous, on peut charger un grand nombre de courts fichiers échantillons (samples), que l’on pourra lancer à la demande, ponctuellement.
Ce qui est très intéressant, c’est que ce genre d’outil peut se piloter très simplement par n’importe quel contrôleur midi. Dans le montage ci-dessous, j’illustre très rapidement comment les quatre premières pistes sont contrôlées par un nano Kontrol2 de chez Korg, très accessible. Ces réglages me sont tout à fait spécifiques, car chaque utilisateur peut faire les associations de son choix.
En utilisant la partie basse du logiciel, on peut facilement transformer Mixxx en un cartoucheur, pour répondre aux besoins d’une émission de radio classique.
Les instruments virtuels échantillons
Cependant, ces deux configurations ne satisfaisaient pas pleinement certains de mes besoins. En effet, si on y charge les fichiers par glisser/déposer , et que l’on peut sauver la configuration dans un fichier, je trouve cette configuration précaire : une mauvaise manipulation, et on peut tout casser.
Quand je réfléchissais à tout cela, j’ai pensé au petit clavier Bontempi utilisé par ma fille (que j’avais mis en photo sur un précédent billet), et qui permet de lancer simplement de courts échantillons, à la manière d’Ardisson dans ses émissions télévisées des années 2000.
Et c’est là que j’ai découvert les formats sf2 et sfz, aussi appelés soundfont. L’idée est d’associer à chaque note midi un échantillon sonore, qui sera joué par un petit logiciel, en y ajoutant des contraintes de répétition, d’effets, etc.
On trouve en ligne beaucoup de bibliothèques à ce format, permettant d’ajouter facilement à une station audionumérique (ardour, reaper) des sons réalistes joués par une piste midi. Certains sont payants, d’autres gratuits (free sfz soundfonts, free soundfonts, etc.)…
Dans la suite, je vais raconter mes expérimentations avec le format sfz, depuis la fabrication du fichier jusqu’à la configuration logicielle et du contrôle midi.
Écrire un fichier sfz
Il existe plusieurs documentations disponibles pour le format sfz, tout d’abord sur le site du format lui-même, mais aussi sur le site de linuxsampler. Dans le fichier qui suit, j’ai créé deux groupes d’échantillons. Ceux du premier groupe ne seront joués qu’une fois, quand ceux du second le seront en boucle jusqu’à ce que la touche soit relâchée (loop_mode=loop_continuous). À noter cependant que pour que cela fonctionne avec linuxsample, j’ai dû renseigner le début et la fin de la boucle (loop_start et loop_end).
Dans ce fichier sfz, que j’ai placé dans le même dossier que l’ensemble des fichiers échantillons au format wav, j’ai également imposé que la vélocité soit forcée, et non contrôlée par le clavier (amp_veltrack=0). En effet, par défaut les contrôleurs midi permettent de doser l’intensité d’un son. Ici, j’ai envie que tous mes extraits soient joués avec la même intensité sonore.
Pour finir, j’ai associé une note midi (identifiée par un entier dans la norme) à chaque échantillon. Ici, je n’ai choisi que les touches blanches de mon contrôleur, pour en faciliter l’utilisation.
Les possibilités de ce format sont bien plus grandes que celles présentées ici. On peut contrôler beaucoup d’aspects de la diffusion du son, pour l’adapter à son cas d’utilisation. Je vous laisse parcourir la documentation pour en savoir plus.
À noter que j’ai utiliser le logiciel polyphone pour connaître la durée de mes deux fichiers boucle. Polyphone est une interface graphique permettant de fabriquer des fichiers sf2 sans rien écrire à la main. Les réglages proposés semblent aussi complets que ce que le format permet de faire à la main. Intéressant pour quelqu’un qui serait effrayé par l’écriture d’un fichier à la syntaxe précise…
Configurer un contrôleur midi avec jackd
Sous GNU/Linux, on dispose d’un serveur son temps réel, jackd, qui prend également en charge le midi. J’utilise pour ma part l’interface Cadence proposée par KXStudio pour démarrer mon serveur jackd. À noter, comme illustré dans la capture d’écran ci-dessous, qu’il ne faut pas oublier d’activer le pont MIDI entre alsa et jackd. On peut aussi faire ça en ligne de commande, c’est assez bien documenté, mais assez subtil…
L’interface de Cadence pour contrôler Jack
Jouer les sons d’un sfz au clavier
Le logiciel que j’utilise pour lancer des sons sfz depuis un contrôleur audio est QSampler, une interface graphique à linuxsampler. Quand on lance QSampler, il lance linuxsampler en arrière-plan. On peut alors utiliser Catia pour connecter la capture midi du système à l’entrée midi de LinuxSampler (connection rouge), puis la stéréo sortate de LinuxSampler aux playback du système (deux lignes bleues en haut à droite).
Capture d’écran de Catia, qui propose une interface très flexible de routage du son et du midi de jack.
Dans QSampler, on peut alors ajouter un canal, en y chargeant le fichier sfz écrit précédemment, puis en configurant l’entrée et la sortie sur jack.
Interface de QSampler, et fenêtre de configuration d’un canal.
On peut maintenant jouer au clavier sans se préoccuper des détails les sons choisis, et sans risque de casser quelque chose pendant le direct…
Le petit appareil m’a tout de suite semblé formidable, par ses possibilités sonores. Quelques semaines plus tard, je mettais les oreilles dedans, et l’univers que je découvrais était à la hauteur de mes intuitions…
S’il fallait décrire glo le cachalot, je dirais que c’est l’équivalent audio d’un kaléidoscope : ce petit appareil capture le son qui l’entoure, puis le déforme, l’agrémente, le démultiplie…
Suivant les modes que l’on choisi (il y en a 12 de disponibles, qui sont d’ailleurs très configurables), on se retrouve à explorer un univers différent, qui exploite la réverbération, la répétition, l’amplification d’harmoniques, l’ajout de mélodies, de textures sonores toutes plus réussies les unes que les autres.
L’auditeur est loin d’être passif, et glo est quasiment un instrument, car le petit boîtier modifie les sons produits suivant l’inclinaison de l’appareil (à gauche, à droite, devant, derrière), et suivant les sons qu’on lui propose : ambiances naturelles, grattements sur le boîtier, paroles, chansons, … On peut également activer les basses fréquences alpha, beta, gamma ou theta, qui guident le cerveau vers la méditation, le repos, etc.
Conçus, fabriqués et assemblés en Irlande, les produits de cette équipe sont conçus dans une démarche très ouverte. Sur le site de leur synthétiseur gecho, on trouve plein d’informations, de documentation pour prendre en main leurs outils, les modifier, les assembler, les programmer. On peut ainsi voir tous les éléments qui sont assembés dans glo, comme le sampler granulaire, dont les textures produites sont particulièrement impressionnantes…
Pour finir cette découverte, je vous propose d’écouter quelques expérimentations sonores très simples, réalisées avec glo le cachalot. Difficile de percevoir en les écoutant le plaisir que l’on a quand on interagit avec le dispositif, car chaque son produit, chaque geste que l’on fait est transformé dans l’univers de glo… Mais avec ces quelques sons, aux couleurs très différentes, vous pourrez percevoir combien les univers possibles sont variés avec ce formidable petit objet.
Coup de chance, quand je suis allé visiter leur boutique en ligne, il restait encore un exemplaire. Quelques jours plus tard, il arrivait dans ma boîte aux lettres.
La couverture, à la fois épurée et géographique, sérigraphiée, la reliure japonaise, le format quasiment carré. Tout donne envie de le parcourir.
Pour ce premier numéro, le thème était « large », et chaque carte proposée vient donner une illustration du thème.
Justine Vignat propose « une ville qui s’élargit », bande dessinée qui raconte la croissance d’une ville.
Chaque page développe son style, parfois figuratif et technique, parfois onirique, dans un ensemble très réussi. Pour qui aime les cartes, c’est un petit recueil de belles planches, à parcourir sans retenue.
Comme chaque année, en août c’est Utopie Sonore. Et cette année, truc de fou, on s’est lancés le défi de faire 48 heures de radio non stop. C’était drôle, passionnant, épuisant, émouvant… Avec Théo du cri de la girafe, on s’est défoncés, en s’impliquant sur tous les aspects avec nos camarades : installation des lieux, mise en place du plateau, du streaming en direct, organisation des émissions, animations, etc.
Évidemment, il fallait finir de mettre ça en réécoute. Grâce aux radios FM qui ont rediffusé l’émission (merci à Radio Campus Clermont et à Canal Sud), on a rassemblé la quasi-totalité des 48 heures. Après un travail acharné d’Anaïs, on a pu retrouver en ligne les principaux moments de ce flux.
Et puis on a préparé l’outil qui permet la réécoute : un lecteur en ligne des 48 heures, sous forme d’un site internet dynamique… Anaïs a proposé le design, et je me suis collé à la mise en œuvre : html, css, javascript. Et voilà : Ruse48, la réécoute.
En plus des petits bonus cachés ici ou là dans le flux, on peut retrouver ma voix dans différentes émissions.
La présentation de Ruse
Un petit moment d’improvisation aux grandes lignes convenues avec Anaïs, pour raconter ce qu’est Ruse48, et Utopie Sonore.
Conversation inutile : mettre ses chaussures avant ou après le manteau ?
Une performance collective issue des expérimentations de l’atelier improvisation mené par Solène.
Le coloriste
À Utopie Sonore cette année, j’ai rencontré Julien, un type très chouette au métier qui me passionne : coloriste modèle. 48 heures de radio, ça laissait largement le temps d’une interview !
Portrait de Pol’n
En arrivant à Pol’n, j’ai eu très envie de faire un portrait du lieu… Pol’n, c’est un espace dont les murs appartiennent à la ville, et où des associations et collectifs font vivre leurs projets. Un léger goût de co-working, de tiers-lieu et d’agile et de disruptif… Vous en voulez encore une louche ?
Le manifeste du CLHEE
On trouve sur le site du Collectif Lutte et Handicaps pour l’Égalité et l’Émancipation le manifeste qui porte ses valeurs. Il était tôt le matin, ma lecture n’est pas fluide, mais heureusement Fred Spoutnik offre à nos oreilles une belle improvisation à la guitare…
Émission sur le validisme
Nous étions plusieurs à nous intéresser à cette question du validisme, et nos discussions ont mené à la réalisation d’une émission où l’on explore quelques-uns des aspects du validisme, et de la remise en question de la norme en général.
Sur la voix
Quand on réunit une bande de passionné·e·s du son autour d’un plateau avec des micros, difficile de se retenir de parler de la voix…
Émission sur la fiction
La fiction est souvent considérée comme un exercice périlleux à la radio, même par les gens qui la pratiquent régulièrement. Dans cette émission, on aborde la manière de faire de la fiction, et le plaisir d’en écouter.
Impro de 4 heures du matin
Quand on fait de la radio sans interruption pendant 48 heures, en dormant à peine un heure ou deux, on en arrive vite à faire un peu n’importe quoi… Vers 4 heures du mat”, on appelle ça de l’impro !
Le caca
Un sujet qui pourrait paraître glissant, mais que Solène et les participant·e·s de ce plateau radio ont réussi à évoquer sans gêne ni maladresse. C’était la première émission où j’étais complètement à la réalisation, et j’ai aussi un peu pris le micro, pour parler de gant de toilette.
La langue
J’ai eu la chance d’échanger avec Larissa ClementBelhacel sur de son travail de la série Linguistics qu’elle est en train de réaliser.
Désordre salutaire
Anaïs au micro, Fred et jm au micro, et puis Iris à la texture sonore, puis au montage avec Anaïs, pour échanger sur l’aléatoire, le hasard, le chaos, et tout ce qui va avec.
Music-hall et audiodescription
L’audiodescription, c’est quelque chose qui me passionne. Quand Laure me propose d’échanger avec elle sur cette pratique au micro de Ruse48, sûr que je ne dis pas non.
Afin de préparer au mieux cet atelier, aux frontières entre géographie et informatique, j’ai repensé à mes lectures passées, et exploré de nouveaux titres. J’ai aussi beaucoup repensé à Gilles Malatray et à son approche de l’écoute de la ville. J’avais eu la chance de participer à une de ses promenades à l’occasion du festival [SONOR] en 2016, et je continue de le lire avec plaisir. Une manière d’investir concrètement la ville, par l’écoute et le son.
Le paysage sonore
Une des approches les plus marquantes sur la question du paysage sonore, c’est bien sûr le travail de Murray Schafer, retranscrites dans un livre récemment republié, dont j’avais parlé il y a deux ans. Ses travaux, qui s’apparentent à une démarche à la fois scientifique et artistique, s’intéressent à la question des paysages sonores, de leur dimension éphémère, évolutive, et propose quelques outils pour les étudier. J’aime particulièrement y retrouver la lecture simplifiée des notions construites par Pierre Schaeffer sur la description des sons.
Le numéro trois aborde l’espace sonore. Chacun des articles aborde une partie de l’histoire de l’appropriation de l’espace par les artistes, évidemment en sollicitant Murray Schafer, mais en parcourant aussi tout les mouvements liés aux installations, et à l’occupation de l’espace public. Très riche et complémentaire des travaux présentés dans les autres livres de cette sélection.
L’espace sonore en milieu urbain
Solène Marry est docteur en urbanisme. L’espace sonore en milieu urbain est une édition de ses travaux de thèse, aux Presses Universitaires de Rennes, que je trouve très accessibles, et qui défrichent un certain nombre de problématiques liées au vocabulaire de l’espace public, et à l’importance de la dimension sonore de ces places. Construit autour d’une série d’enquêtes, ce travail questionne notamment la place que l’on donne au sonore dans notre ressenti de l’ambiance des espaces publics. Dans ces enquêtes, on retrouve aussi beaucoup d’interrogations autour des matériaux (minéraux, végétaux) qui alimentent le ressenti de ces places. On y trouve aussi plusieurs exemples de cartes mentales sonores, ce à quoi pourraient ressembler les productions de notre atelier de novembre.
Les Cinq sens de la ville
À l’occasion de Longueur d’ondes 2017, j’avais rencontré Mylène Pardoën, qui avait présenté à mon micro son projet de reconstitution sonore du Paris du 18e siècle, pour l’émission sensation. J’ai toujours éprouvé pour son travail une grande fascination, pour sa dimension scientifique et artistique. Les cinq sens de la ville est une promenade parmi les questionnements et problématiques des historiens de la ville et des sens. Mylène Pardoën y parle ici de la musique militaire et de sa place dans la ville. Évidemment, le sonore a pleinement sa place dans ce livre, mais les autres sens sont aussi présents, qui évoquent ainsi la question de l’ambiance et de l’identité de la ville.
Politique, contrôle social, et intimité, XIXe siècle, Paris, Istambul, époque médiévale, musique dans les villes allemandes, on peut lire beaucoup dans notre perception sensorielle de la ville.
Paysages sensoriels, essai d’anthropologie
Sous-titré « essai d’anthropologie de la construction et de la perception de l’environnement sonore », cet ouvrage aux nombreux auteurs imprimé sur beau papier, et avec une très chouette couverture m’a été suggéré par Meddy Escuriet, avec qui je vais co-animer l’atelier de SAGEO. On y retrouve évidemment un chapitre au sujet du CRESSON, cette équipe de recherche de l’école d’architecture de Grenoble, dont le travail est passionnant. On parle aussi de musique (et de Schafer), mais aussi de paysage sonore alpin, de cartographie sonore, ou d’espace sculpté par le son. Je n’ai pas encore fini de le lire, mais chaque article apporte un point de vue complémentaire et passionnant sur la question, définitivement moderne !
Sous-titré « approches pluridisciplinaires », cet ouvrage édité par les Presses Universitaires de Rennes. Chaque article s’ancre définitivement dans une approche multidisciplinaire, en interrogeant le concepte de paysages sensoriels depuis les sciences humaines et sociales. Là aussi un article de Mylène Pardoën, qui y raconte son projet Bretez. On se promène aussi à Byzance, en Rome ancienne, on écoute les grèves minières du XIXe siècle…
Paysages monosensoriels et plurisensoriels, sensibilité, subjectivité, mais aussi synesthésie. De nombreuses points d’entrée pour sentir la ville…
Depuis deux ans maintenant, j’ai commencé à apprendre beaucoup sur la musique. À part la flûte au collège, et des bidouilles avec FastTraker2 sans lendemain au lycée, je n’avais jamais eu l’occasion de comprendre comment tout cela marchait.
Il y a plein de manières d’apprendre. J’ai bien sûr suivi la voie classique en lisant sur la théorie de la musique. Mais il y avait finalement dans ma pratique des portes plus évidentes.
D’une part, depuis la physique du son, on peut comprendre plein de choses sur les harmoniques, la matière même de la musique, sur la manière de fabriquer des instruments… De ces explorations, j’ai produit un document à destination des enseignant·e·s en mathématiques qui parle de son et mathématiques, et un poster qui raconte ce qu’est le son. Tout cela permet aussi de comprendre plein de choses à la mode, comme le son binaural.
Une autre porte d’entrée naturelle depuis ma pratique vers la musique est le chemin qui part de l’expression radiophonique. Là aussi, au fil de mes explorations, j’ai compris plein de choses, que j’ai tenté de retransmettre régulièrement ici : réalisation d’un conducteur dynamique, utilisation d’un enregistreur, ou encore quelques éléments d’une pièce radiophonique, qui commence à s’interroger sur la manière de construire une émission de radio avec des outils que pourrait solliciter un musicien.
Une dernière porte évidente, c’est la musique electronique. J’en écoute depuis toujours, j’aime énormément lire à ce sujet, et je me suis amusé il y a quelques étés à proposer sous forme de carte mentale interactive quelques éléments de l’histoire de cette pratique musicale. Dans ma pratique d’artisan du son pour la radio, j’ai progressivement affiné ma compréhension des outils informatiques, pour monter, mixer, mais aussi produire du son synthétique. Je racontais ces découvertes il y a quelques temps sur ce blog, en évoquant les logiciels pour le montage son sous GNU/Linux.
Bien sûr, j’ai beaucoup lu sur ces questions, et discuté avec des gens qui font, à Radio Campus Clermont, à Utopie Sonore, et dans plein d’autres endroits aussi. Mais il ne faut pas oublier la puissance des vidéos en ligne, qui permettent de découvrir plein de contenus, souvent très pédagogiques, parfois drôles, toujours enrichissants. Je voulais proposer ici une liste non exhausive des chaînes youtube qui ont marqué mon apprentissage, et le jalonnent encore.
Monter, mixer, et travailler du son en numérique
Unfa, c’est grâce à lui que j’ai identifié une grande partie des logiciels que j’utilise au quotidien pour faire du son. Dans ses vidéos, il axe principalement son propos sur la production de musique, mais les approches qu’il présente sont utilisables pour tout type de production sonore.
Voici par exemple une vidéo qui propose un aperçu des logiciels qu’ils utilise :
Quels logiciels libres utiliser pour produire de la musique ?
Au fil des mois, j’ai trouvé sur sa chaîne plein d’exemples très bien illustrés d’égalisation, de compresseurs, d’amplis, de traitements side chain. Une mine d’information, que l’on peut facilement transposer à d’autres logiciels, car Unfa explique soigneusement les choses, et pas uniquement sur l’aspect interface logiciel.
J’avais déjà écrit sur le site du cri de la girafe au sujet d’Étienne Tremblay, de la machine à mixer. J’aime beaucoup son énergie, les exemples variés qu’il propose, là aussi pour mixer/masteriser de la musique. On y trouve des choses très pointues, mais aussi des choses plus simples, comme cette vidéo sur le low cut :
Quand et comment utiliser un low cut, par Étienne Trembay, de la machine à mixer.
Sur d’autres sujets, plus orientés vers la création vocale, on peut aussi écouter ce que fait Roomie, comme par exemple cette vidéo sur l’autotune :
Corriger une chanson avec autotune, ça peut aller jusqu’à où ?
Il existe plein de manières de travailler le son pour le studio. J’aime beaucoup le travail d’Andrew Huang, et la manière dont il se promène entre numérique et électronique (voir plus bas). Dans les vidéos qu’il propose, on trouve notamment ce petit défi lancé à des producteurs-youtubeurs, qui partent de la même banque de sons pour produire chacun un morceau différent :
4 producteurs, une banque de son. Animé par Andrew Huang.
Capter du son
Quand on devient un geek du micro et de l’enregistrement, on en arrive vite à repérer la chaîne Booth Junkie. On y apprend plein de choses sur les micros, sur la manière de traiter une cabine d’enregistrement, sur la manière de poser sa voix, d’utiliser un filtre anti-pop, … Les vidéos sont assez techniques, mais l’auteur est enthousiaste, dynamique, et je ne me lasse jamais de son travail.
Quel filtre anti-pop choisir ?
Roomie (dont j’ai parlé plus haut) est un youtubeur qui raconte beaucoup de choses de sa vie de chanteur. Parmi ses vidéos orientées plus performances, il propose parfois du contenu autour de la captation du son, de la voix pour le micro :
Astuces pour le chant
Dans un style très différent, beaucoup plus ingénieur du son, on peut regarder la chaîne Sound speed, avec des vidéos comme cutting thru the mix, qui raconte les fréquences produites par la voix, captées par les micros, enceintes de monitoring, leur réponse, évoque la presbycousie, puis comment filtrer les fréquences pour garder la clarité d’une voix parmi un mix :
Travailler le son en électronique
Dans les chaînes présentées jusqu’à présent, on aborde plus la question du mixage par une station de travail numérique (un ordinateur, quoi). Mais il existe plein de matériel électronique pour faire de la musique : synthétiseurs (modulaires ou non), oscillateurs, équaliseurs, filtres, etc.
Pour découvrir les pratiques actuelles, j’aime bien regarder ce que fait Andrew Huang, car il s’intéresse à la fois aux pratiques historiques, mais n’hésite pas à combiner dans sa pratique des machines plus récentes, et même l’ordinateur :
Un synthétiseur analogique, le Lifeforms Modular sv‑1
Alex Ball quant à lui est un fondu des synthétiseurs et instruments analogiques anciens, qui propose des démonstrations live de ses installations. Pour en prendre plein les yeux, et plein les oreilles :
Synths et drum machines traitées par un mixer Maxon vintage.
Les bidouilleurs de machines
True Cuckoo est un bidouilleur de son qui propose des vidéos sur plein de matériel, outils, délires autour du son et de la musique. J’aime son enthousiasme et sa curiosité délicate :
PO-35 speak, un sampler et modifieur de voix.
Si vous aimez la grosse bidouille, la soudure, les arduino et l’impression 3D, vous connaissez forcément Evan Kale. Ou alors allez voir ses vidéos, au rythme décoiffant, plein d’essais-erreurs, de tests, d’explorations, et de terribles réussites.
Un clavier midi en mode cyberpunk.
Il y a aussi Simon The Magpie, qui soude, casse, assemble, distord à peu près tout ce qui lui passe dans la main, en essayant d’être le moins politiquement correct.
Et si on continue d’explorer les limites de l’impossible, on tombe vite sur Look mum no computer, un grand malade qui assemble un maximum de machines qui ne sont pas des ordinateurs (ou du moins pas plus récents que des 486) pour faire du son… Qui sonne bien. Game boys, furbies, circuits maison, tout devient éléments de son énorme synthétiseur modulaire…
Utiliser trois gameboys comme génératrices oscillatoires, pour la synthèse de son.
Comprendre et écrire la musique
Avant de s’intéresser à la manière d’écrire de la musique, il est intéressant d’avoir les clés pour écouter et comprendre la musique existante. Parmi les chaînes youtube intéressantes sur la question, je trouve le travail de pvnova super accessible aux non experts. J’aime bien par exemple sa série expérience, qui raconte comment créer un morceau de musique actuelle, en s’imposant successivement 28 styles différents. Ça permet de décortiquer soigneusement ces styles musicaux, sous une forme vraiment ludique.
Composer des instrus rap, par pvnova
Andrew Huang, dont j’ai parlé plus tôt, anime une communauté très enthousiaste. Quand il s’intéresse à la composition, ça peut donner ça :
Quand les abonnés à la chaîne de Andrew Huang finissent puis arrangent tous le même débur de mélodie.
Dans un style plus pointu, et où l’on découvre la pratique quotidienne d’une compositrice-interprète, j’aime bien regarder le travail de Nahre Sol. Plein d’idées, et de propositions d’activités, comme par exemple ces exercices simples au clavier :
Exercices d’échauffement au clavier.
Il y a aussi Ben Levin, guitariste qui en met plein les yeux et les oreilles, qui sait emmener son auditeur dans une analyse fine de la pratique. Sur sa chaîne, on trouve des choses très variées, comme par exemple ce qu’est réellement écrire une chanson :
Écrire une chanson, la réalité selon Ben Levin.
Adam Neely est aussi quelqu’un que j’aime beaucoup écouter. Il faut ici une bonne maîtrise du solfège pour comprendre pleinement ce qu’il explore. Ce n’est pas mon cas, mais j’y trouve tout de même mon compte. Je le trouve très bon vulgarisateur, il donne une bonne intuition des problématiques de la composition et des arrangements. Ici par exemple, il présente un travail de réharmonisation d’un morceau, pour que les accords traduisent l’intention émotionnelle du texte :
Adam Neely raconte comment il travaille à la réharmonisation d’un morceau.
Enfin, j’aime écouter David Bruce, un compositeur qui raconte sa pratique, mais propose aussi de parcourir un grand nombre de registres et de thèmes de la composition. Il parle d’orchestration, de théorie de la musique, de rythme, d’instruments… On trouve sur sa chaîne plein de choses amusantes pour les geeks de la musique, comme cette vidéo dédiée à la question de la composition avec une seule note :
Comment composer avec une seule note.
Il existe encore bien sûr une foule d’autres canaux pour découvrir cette question, sans doute des podcasts j’imagine. Si vous en connaissez que je n’ai pas cité, n’hésitez pas à les indiquer en commentaire, ça m’intéresse énormément !
Dans le cadre de la fête de la science, la médiathèque Hugo Pratt de Cournon d’Auvergne accueille l’explosition Electrosound. C’est jusqu’au 2 novembre 2019, foncez‑y !
Très bien pensée, interactive, l’explosition est composée de plus d’une dizaine de modules, chacun d’eux permettant de comprendre un aspect du son, avec une dimension très orientée musique. Les informations complémentaires sont mises en avant par un graphisme dynamique, qui perd parfois un peu l’œil, mais offre un ensemble visuel très attirant.
On y trouve par exemple une station de mixage, composée d’un logiciel multiplistes (reaper) accompagnée d’un contrôleur (Korg nanoKONTROL Studio). Chacune des huit pistes correspond à un élément du groupe de musique, ou est une piste d’effets. On se retrouve alors en contexte pour contrôler le niveau de chacune des pistes, à la manière d’un technicien son lors d’un concert.
Découvrir le mix de concert avec un contrôleur 8 tranches.
On trouve aussi des modules orientés vers la découverte du son en général, avec une borne d’écoute agrémentée d’un écran, pour mettre en évidence des phénomènes amusants. Il propose notamment à l’écoute l’expérience bien connue de son binaural avec le salon de coiffure virtuel.
Un peu plus loin, on trouve un module quizz, qui permet d’écouter trois versions d’un même morceau, plus ou moins grossièrement encodé en mp3. Et il faut le dire, vraiment dur de déceler la différence à l’écoute rapide entre mp3 128, mp3 192 et wav non compressé !
« There’s A Word » de Neil Young, proposé pour le quizz à la compression mp3.
Il y a quelques années, la découverte du travail de Murray Schafer sur l’écologie sonore avait intensifié mon intérêt pour l’écoute attentive du monde. Cette question du paysage sonore, produit par tous les éléments de la biosphère, de l’humanité, de ses machines, ça invite à se questionner sur notre écoute, et sur les moyens que nous avons d’y être attentifs.
Cette semaine à Clermont-Ferrand, deux rendez-vous permettaient de s’y confronter.
L’esprit des lieux
L’esprit des lieux est un film documentaire de Stéphane Manchematin et Serge Steyer, qui nous permet de tendre une oreille dans l’univers de Marc Namblard, un audio-naturaliste qui capte avec ses micros les sons du monde.
J’avais raté le film aux festivals traces de vies et longueur d’ondes l’année dernière, mais on m’en avait dit le plus grand bien. Et cette semaine, c’était la Jetée qui le programmait pour son heure du doc.
Pendant 1h31, on découvre progressivement le quotidien de Marc Namblard, sa pratique d’enregistrement de la forêt, l’importance de l’écoute dans son quotidien et celui de sa famille. À la fois très peu parlant quand on est sur le terrain, et au contraire plein de voix qui racontent le son pendant les séances d’écoutes, on est guidés dans la découverte des fréquences d’expression des animaux, dans les rythmes de la forêt et de ses habitants à poils et à plumes.
Pour celles et ceux qui aiment le son et sont attentifs au monde, cette promenade sonore est un véritable bonheur.
On en ressort aussi avec le sentiment d’avoir été guidés par les réalisateurs dans un monde paisible, parfois presque artificiel tellement tout semble bien se passer. C’est à la fois très beau, et un peu déroutant. Hors du temps, hors du monde.
La voix humaine parmi les sons du monde
Ce jeudi, dans le cadre de la fête de la science, astu’sciences proposait une conférence discussion, animée par Julien Martin, chanteur-vocaliste, et intitulée la voix humaine parmi les sons du monde.
L’amorce de la discussion a été la définition par le dictionnaire ou l’encyclopédie de la voix humaine, l’identification de limitations liées à cette définition (quid de la voix chuchotée, des clics)… Puis on a discuté d’harmoniques, de diction, de boucle audio-phonatoire. Comme des échos à notre proposition du samedi passé, mais aussi à quelques lectures passées, notamment autour de l’appareil phonatoire.
Une fois fixés sur le périmètre plus ou moins précis de la définition de voix humaine, Julien nous a amené·e·s à explorer les sons du monde, avec le même esprit d’écoute de la nature que celle racontée par le film l’esprit des lieux, et par le paysage sonore. On a parlé bandes de fréquences, niches phoniques, évolution, musicalité des chants. On a écouté une chauve-souris grâce à des transpositions, découvert les subtilités du chant d’une fauvette à tête noire grâce au relentissement de la bande. Puis on a fini par écouter une captation d’un chant de travail au milieu d’une forêt, les oiseaux et les humains se synchronisant en mélodie et en rythmes.
C’était riche, passionnant, et ça donne encore envie d’en voir plus. Ça tombe bien, je continue cet après-midi les ateliers coder la musique, cette fois-ci à la médiathèque Hugo Pratt de Cournon d’Auvergne.
Samedi dernier, nous proposions avec le cri de la girafe une animation sur le marché de Riom autour de la description du son, dans le cadre de la fête de la science. En quelque sorte une extension de l’atelier ch’ai faire, ch’ai dire.
Pour accompagner les participant·e·s sur la description du son, j’ai construit une affiche, en m’inspirant des idées développées pour l’activité de l’IREM son et mathématiques.
Aperçu de l’affiche le son, qu’est-ce que c’est ? qui raconte la propagation du son, et son analyse, puis le vocabulaire de description associé.
Nous avons tiré le poster au format A0, ce qui permet de voir tous les détails. Propagation du son, fréquence, intensité, spectrogramme, enveloppe, grain, … Les principaux ingrédients pour dire des choses sur le son. À télécharger depuis le lien Le son, qu’est-ce que c’est ? au format pdf.
Bien sûr, je tiens à la disposition de qui le souhaite la version source, au format svg. Je le mettrai prochainement en ligne, accompagné de la licence adaptée.
Voilà quelques années maintenant que je m’intéresse à la question du son, et à tous les livres qui traitent du sujet. En particulier, j’aime explorer la diversité des points de vue, des disciplines qui en parlent.
Je continue donc à partager quelques-uns des livres que j’ai croisé ces derniers mois.
Les compositeurs et l’art radiophonique
C’est quelques semaines avant de commencer l’émission Léthargiques Substances Disparates que j’ai dévoré ce livre d’Andrea Cohen, qui reprend les grandes idées qu’elle a développé dans sa thèse de doctorat en musicologie. J’avais déjà dit ici que j’aimais le travail de Jean-Yves Bosseur, son directeur de thèse. On retrouve dans le travail d’Andrea Cohen la grande curiosité au monde de la musique, un travail d’exhaustivité, à la fois précis, compréhensible, et passionnant.
On parcourt avec l’autrice le XXe siècle, pour s’interroger sur les pratiques des compositeurs à la radio, sur les différentes formes que cela peut prendre, sur les contraintes et les possibilités liées au format. C’est clairement avec ce texte en tête que nous avons construit l’émission Léthargiques Substances Disparates…
Les compositeurs d’art contemporain, Andrea Cohen
Intimité, de Nicolas Frise
Dans ce journal de la résidence du compositeur Nicolas Frize et des salariés de l’usine PSA Peugeot Citroën de Saint-Ouin, qui a mené au projet Intimité, on découvre la rencontre entre des ouvriers qui savent que leur usine va bientôt s’arrêter, et un compositeur passionné de son, et de rencontres humaines. On y lit la découverte de l’écoute, les mots pour dire le son, pour raconter un quotidien où le mot pénibilité existe…
Tacet, c’est une revue de recherche bilingue — tous les articles sont imprimés en anglais et en français — qui aborde les arts sonores sous toutes ces facettes. Elle est proposée par la Haute école des arts du Rhin et Les Presses du réel.
Le troisième numéro, l’espace sonore, a une couverture argentée. Il réveille en moi les doux souvenirs véhiculés par la collection ailleurs et demain. Les articles sont riches, divers, et explorent la question de l’espace sous tous ces angles. On y trouve des points communs avec Locus Sonus, dont j’avais déjà parlé ici. Le quatrième numéro traite des sonorités de l’utopie, et c’est grâce à un exemplaire croisé à Utopie Sonore 2019 que j’ai découvert la revue. Une manière passionnante de questionner le son, où plein de choses s’y croise. On y lit même un texte sur Pierre Schaeffer, qui pourtant semble loin de la question des utopies…
Tacet, sound in the arts, #4 : sonorités de l’utopie
L’hypothèse du Baobab, de Thomas Baumgartner
Sous-titré notes sur la radio, ce petit bouquin d’une soixantaine de pages fait parfois penser à un autre livre du même auteur, Le goût de la radio et autres sons, dont j’avais déjà parlé ici. Il s’agit là aussi d’un recueil de textes sur la radio, mais qui semblent plus personnelles. Aucune référence n’est d’ailleurs donnée, on se promène avec l’auteur dans ses réflexions autour de la radio et du son. C’est souvent drôle, et pour qui a pratiqué la radio, souvent très évocateur…
L’hypothèse du Baobab, de Thomas Baumgartner
Musiques du Kébèk, ouvrage collectif présenté par Raôul Duguay
C’est François qui a ramené ce livre du Québec. Je ne connaissais pas Raôul Duguay, mais de l’autre côté de l’Atlantique, c’est une référence.
Ce livre, édité en 1971, raconte une histoire de la musique contemporaine, vue depuis le Québec, où la musique d’improvisation et le jazz libre semblent avoir une part importante. Les articles sont parfois très techniques, souvent passionnés. Une curiosité pour un lecteur européen.
Musiques du Kébèk, ouvrage collectif présenté par Raôul Duguay
Comme chaque année, les laboratoires, universités, associations scientifiques se mobilisent en octobre à travers la France pour organiser des événements à destination du grand public avec une idée clé : faire découvrir les beautés de la science.
Depuis le début de mes activités universitaires, j’y ai peu participé. Mais cette année, plusieurs éléments m’ont poussé à proposer des ateliers.
Tout d’abord, l’association Asctu’science a choisi cette année comme thème Raconte le son. Et ça fait un paquet de temps que je m’intéresse à cette question. Et puis avec les différents projets qui émergent dans la trace de Compas, j’ai très envie de raconter des choses au sujet de la cartographie, et de l’accessibilité.
Alors voilà le programme !
Coder la musique
Coder la musique, c’est un atelier qui sera proposé le samedi 5 octobre à la médiathèque de Riom, et le samedi 12 octobre à la médiathèque de Cournon d’Auvergne. Il s’agit de l’atelier mathématiques et musique que nous avons conçu l’année dernière à l’IREM de Clermont, dans le groupe Informatique sans Ordinateur, et qui sera bientôt proposé sur le site de l’Institut pour les enseignants de primaire et collège.
En quelques mots, il s’agit d’explorer ce qu’est un spectrogramme, comment on le lit, et comment c’est lié à la musique, à la hauteur des notes, à leur durée, etc. C’est scientifique et ludique, et on fini par un petit concert de boomwhakers !
Dans cet atelier, on explore le vocabulaire qui permet de décrire le son, en construisant collectivement un corpus de mots, les plus précis et compréhensibles possible, en s’inspirant au besoin s’inspirant des travaux de Schaeffer. Puis on cherche à décrire avec cet outil tous les sons du monde.
Cette fois-ci, on a proposé aux copines de la compagnie portée de parole de nous rejoindre, pour proposer une version au cœur du marché de Riom, le samedi 5 octobre. Ce sera une version sans électricité, mais où on invitera tous les participants et participantes du marché à participer, pour finir par une criée de restitution…
Cartographier l’accessibilité
À l’occasion de la nuit de la géographie en 2018, nous avions déjà eu l’occasion d’organiser une cartopartie sur l’accessibilité, avec Gauthier, doctorant du projet ACCRIL. Cette fois-ci, on se focalise sur le campus universitaire, et on se questionnera sur l’accessibilité des bâtiments : est-elle bien cartographiée dans OpenStreetMap ? Et d’ailleurs, que peut-on représenter dans l’état actuel des pratiques de cette base de données ?
Cet atelier est proposé en étroite collaboration avec l’UMR Territoires, dans le cadre du projet MSHHACCEScol, où la question de l’accès à l’éducation est questionnée d’un point de vue géographique, géomatique, et législatif.