Vous connaissez les défis auxquels ma fille doit faire face. Celles et ceux qui l’entourent l’accompagnent au mieux, mais parfois on se sent seul, c’est dur.
L’association Vaincre les Maladies Lysosomales aide à ne pas se sentir seul face à cette maladie rare. Savoir que vous adhérez à l’association, que vous soutenez ses actions, ça me ferait du bien, ça donnerait de la force aux actions qu’elle porte, ça donnerait de l’énergie à toutes les personnes qui vivent avec l’une de ces maladies lysosomales.
Pour comprendre ce que l’on vit, vous pouvez écouter le podcast Quand même pas, Papa !, dont la deuxième saison vient de commencer !
Vous pouvez aussi consulter le site d’information et de vulgarisation sur la maladie de Batten, dont est porteuse ma fille : cln.jmfavreau.info.
L’adhésion est seulement à 20 euros, et vous pouvez aussi soutenir l’association en faisant un don, partiellement déductible si vous payez des impôts. Rendez-vous sur la page d’adhésion du site de l’association.
Ma fille ne pouvant plus tenir la position debout, le suivi de son poids nécessite un pèse-personne adapté. Une chaise pèse-personne, ça coûte vraiment cher, même en location. Alors pourquoi ne pas adapter une balance domestique pour le même résultat ?
Voilà comment j’ai procédé. Puisqu’à chaque étape on peut faire d’autres choix que ceux présentés, j’ai détaillé la conception pour partager ce que j’ai identifié d’important, et pour montrer comment je suis arrivé à une solution fonctionnelle.
À noter, avant de commencer, que je n’ai pas conçu ce dispositif pour qu’il soit manipulable (repose-pied rétractable, lecture de la mesure) par la personne concernée, car elle n’est pas autonome pour cela.
Choix du pèse-personne
J’avais initialement choisi une balance (Salter 9275 BK3R) capable d’encaisser mon poids et celui de ma fille, avec l’idée de nous peser tous les deux. Mais la porter à chaque fois pour la pesée m’a finalement paru bien risqué. On doit pouvoir se faciliter la vie.
Le pèse-personne que j’ai choisi a plusieurs avantage, pour la transformation que l’on va réaliser :
il dispose d’un plateau assez large, permettant de facilement y adapter un cadre de support,
ses pieds sont relativement éloignés, ce qui lui assure une bonne stabilité,
son affichage grande taille n’est pas gênant pour une lecture sous la chaise,
son prix raisonnable (de l’ordre de 30 euros suivant les revendeurs).
Pèse-personne Salter 9275 BK3R, juste à côté des pieds d’une chaise
Création du cadre adapté
La première étape consiste à créer un cadre qui s’adapte au pèse-personne, et qui puisse supporter la chaise. Voici quelques éléments que j’ai considéré quand je l’ai imaginé :
S’assurer que le cadre ne touche pas le sol.
S’assurer que le cadre soit bloqué sur la balance, qu’il ne puisse glisser ni avant-arrière, ni gauche-droite.
S’assurer que les pieds de la chaise ne soient pas trop en dévers par rapport à la balance.
S’assurer que l’on puisse facilement poser la chaise sur le cadre, mais qu’elle ne glisse ni ne bascule.
S’assurer que le centre de masse de la personne assise soit bien au centre de la balance, voire légèrement un peu en arrière.
Quelques astuces classiques quand on fabrique quelque chose avec du bois :
Éviter de mesurer, privilégier le report de longueur. C’est ainsi que j’ai assemblé le cadre autour de la balance, en plaçant un petit écarteur (une fine lame de scie) pour m’assurer que le cadre n’était pas trop resserré autour du cadre
Utiliser si possible du bois de récupération. J’ai ici utilisé des chutes d’un cadre de lit et sommier qui s’était cassé. Les traverses très larges et les lattes fines mais rigides font très bien le job.
Quand on visse dans le sens du bois, il faut choisir des vis plus longues. Évidemment, dans l’autre sens, s’assurer que les vis ne dépassent pas les deux planches, tout en prenant assez la seconde.
Faire des pré-trous sur la planche du dessus quand on réalise un assemblage, pour être sûr que l’assemblage soit solide (pas d’écart entre les deux planches), et pour éviter de fendre les planches
Deux vis suffisent à assurer l’orthogonalité de l’assemblage. Orthogonalité que l’on assure par l’assemblage autour de la balance plutôt que par mesure.
J’ai donc choisi d’avoir deux traverses de soutien pour les pieds de chaise orientés dans le sens devant-derrière. Elles sont assemblées grâce à deux traverses fines perpendiculaires, qui encadrent soigneusement la balance pour éviter le glissement devant-derrière. Puis on ajoute deux cales en dessous pour éviter le glissement gauche-droite.
J’ai ensuite ajouté une planche de butée sur toute la partie arrière, afin de faciliter le positionnement de la chaise dans le sens avant-arrière, puis deux cales collées à la superglue pour que les pieds avant soient contraints dans la direction gauche-droite.
le cadre sur le pèse-personnele verso du cadre avec les cales pour éviter qu’il ne glissela chaise posée sur le cadre, lequel est posé sur le pèse-personne
Création d’un repose-pieds rétractable
Après le premier essai, il était clair qu’il fallait ajouter un repose-pied, car en utilisant le pèse-personne, on risque trop facilement de toucher le sol. J’ai donc imaginé un repose-pieds rétractable, en profitant de planches de la même taille que celles déjà utilisé.
Le principe d’usage est de s’asseoir avec le repose-pieds rétracté, puis le tirer pour l’usager ensuite.
Là encore, il faut penser une butée en avant, et une en arrière du repose-pieds tiroir. J’ai choisi d’avoir une butée sur le montant avant inférieur pour l’avant du tiroir, et une butée sur le montant avant supérieur (ajouté afin d’assurer la tenue du tiroir). J’ai d’ailleurs ajouté un morceau de carton plié en deux sous les deux vis latérales au moment de fixer ce montant au cadre, afin d’avoir un léger jeu nécessaire pour coulisser l’ensemble. Ici aussi, je n’ai rien mesuré, mais assemblé directement au milieu du cadre déjà assemblé, en utilisant une fine lame pour assurer un léger écart gauche-droite. Il est également important de s’assurer que les deux butées ainsi ajoutées ne touchent ni le sol (pour celle de devant), ni la balance (pour celle de derrière).
le cadre augmenté d’un repose-pieds tiroir, pour l’instant rétracté.le cadre augmenté d’un repose-pieds tiroir ouvert.
À l’usage, ce repose-pieds fonctionne parfaitement. Le dévers n’est pas trop important, on n’observe pas de risque de bascule vers l’avant.
Astuce pour faciliter la lecture
Dernier point, mais pas des moindres, le logiciel de la balance est conçu pour allumer l’écran dès que l’on s’installe sur la balance. Une fois la mesure réalisée, il affiche le poids pendant quelques secondes avant d’éteindre l’écran. Ce dernier ne se rallume qu’à condition que l’on se retire de la balance puis qu’on s’y repositionne.
Je n’avais pas identifié ce problème au début, et il s’est avéré assez contraignant, car quand on aide la personne à s’installer, on ne peut pas regarder l’écran en même temps, et une fois que tout est réglé, l’écran est déjà éteint.
J’ai d’abord imaginé déporter les 3 piles AAA dans un boîtier accompagné d’un interrupteur pour permettre d’allumer la balance à distance. Malheureusement, quand on rallume la balance avec un poids déjà positionné dessus, il ne rallume pas l’écran.
J’ai finalement trouvé une autre solution, pour contourner ce problème : le pèse-personne dispose sous la balance d’un bouton permettant par pressions successives de changer l’unité d’affichage (kg, livre, stone). Or, quand on active ce bouton pendant que l’écran est éteint, à la première pression la balance allume l’écran sans changer l’unité.
La seule difficulté était alors de donner accès à ce bouton situé sous la balance, alors que la garde n’est que de quelques millimètres. J’ai commencé par modifier le bouton en l’agrémentant d’un chapeau fait d’un disque de punaise métallique, puis j’ai détourné une cuillère en la redressant, afin de faire un levier facile à manipuler pour presser sur le bouton.
la fourchette redressée pour se glisser facilement sous la balance, et la tête de punaise pour faciliter la manipulation du bouton.la cuillère glissée sous la balance, on vise le point jaune dessiné sur la balance, en glissant la cuillère sous les traits pointillés.
On peut noter que cette astuce permet également de mesurer le poids du combiné chaise + cadre à vide (dans mon cas 8,9kg), afin de le soustraire à chaque pesée réalisée avec le dispositif.
Début décembre, Saucisse Records, le fameux collectif électronique d’expérimentation sonore à géométrie variable et topologie convexe s’est réuni pour une cession de 24 heures dans les murs du pôle 22 bis, sur l’invitation de Radio Campus Clermont.
La session a été diffusée sur Radio Campus Clermont, mais aussi Radiocratie et Radiosupeyres. J’ai profité d’un peu de temps pour mettre en ligne sur un site tout neuf l’archive de cette session, ainsi que de la session précédente, dont j’avais déjà parlé ici. Les supers visuels sur le site ont été réalisés par Nawk.
Nous prendrons bien sûr le temps d’alimenter le site dans les temps prochains, avec les archives des sessions 1 et 2, mais aussi avec les prochaines sessions.
Après plusieurs années sans émission sur Radio Campus Clermont, je reprend le chemin des ondes avec la bande la plus cool du monde pour une nouvelle émission : la radio des tas.
Nous sommes cinq : Aurélie, Cécile, Lise, Thierry et moi-même. La ligne éditoriale de cette émission n’est pas très simple à définir, peut-être Thierry dirait que c’est une émission de gauchistes. En tout cas, on parle de trucs qui nous intéressent, nous font réagir, des choses qu’on a envie de partager.
On a écrit cette petite présentation, qui donne le ton :
C’est clairement une envie de sortir du cadre, et de tout reprendre à zéro qui a fait naître la Radio des tas. On prend l’antenne de Radio Campus tous les deuxièmes mardis du mois de 21h à 22h. L’idée est de sortir du placard à covid pour révéler qu’en fait, on est sociaux, on peut réfléchir, analyser et partager nos réflexions. On va tenter de participer à y voir plus clair, ne pas se noyer dans la conspi, l’anxiété, la dép. Se faire du bien en étant vivant, en réfléchissant, en rigolant aussi.
l’équipe de la radio des tas
Quelques chroniques s’installent sur plusieurs épisodes, comme la chronique sur la chourse proposée par Thierry, la chronique à la source où Jordi raconte au micro de Cécile la génèse et l’histoire des mythes du néo-libéralisme, ou encore l’étagère que dalle, où je partage une lecture qui m’a marqué.
L’étagère que dalle
Dans la première émission, j’avais très envie de parler du livre où sont les « gens du voyage », inventaire critique des aires d’accueil, de William Acker. L’auteur y raconte la violence d’état et violence systémique que vivent les Voyageurs et Voyageuses, que l’administration appelle « gens du voyage ». Les aires d’accueil, seuls lieux de halte autorisées, ne sont présentes que dans 6% des communes de France, interdisant de fait aux Voyageurs et Voyageuses 94% du territoire.
Dans la deuxième émission, j’ai suivi le fil de La privatisation numérique, déstabilisation et réinvention du service public, de Gilles Jeannot et Simon Cottin-Marx, publié en 2022 aux éditions Raisons d’agir. Les auteurs y décortiquent les mécanismes qui font cette privatisation, laquelle dépasse largement la vente ou de la mise en concurrence des entreprises publiques. Blablacar, Google Maps, Doctolib, StopCovid, voici quelques exemples qui illustrent ces mécanismes. Mais certains acteurs, fonctionnaires ou associations, tentent de proposer des alternatives. On pense ici aux Communs entre l’IGN et OpenStreetMap, ou encore à Framasoft, ou la Quadrature du Net.
Technique
Pour la première fois, j’ai annoncé officiellement participer à réaliser la technique de l’émission, ce qui jusqu’à présent m’effrayait au plus haut point. Mais après deux émissions, ça commence déjà à aller mieux.
Et comme une émission de radio ne vient jamais seule, on a installé un petit wordpress des familles, et on l’a enrichie de fonctionnalités podcast grâce à l’extension Seriously Simple Podcasting, pour laquelle j’ai développé un petite extension supplémentaire bien pratique, SSP setposition, qui permet d’ajouter à un épisode des liens marque-page pour aller directement écouter une chronique. Vous retrouverez tout ça sur le site de l’émission, à l’adresse laradiodestas.org. Merci à Thierry Toth pour les visuels !
L’émission est d’ailleurs disponible sur la plupart des plateformes de podcast, n’hésitez donc pas à vous y abonner !
J’ai régulièrement une discussion avec les personnes défendant l’habiter à la campagne, qui sont convaincues que la ville n’est pas une solution soutenable et compatible avec une pensée écologiste. Mais ce qui ressort toujours de ces discussions, c’est que ce point de vue s’arqueboute sur un statut-quo. Puisque les usages collectifs actuels et de la ville sont incompatibles avec une vie décroissante, la seule solution est de réinvestir les zones rurales.
On comprend l’argument, mais pour plein de raisons, je le trouve limité.
Sortir de l’opposition dogmatique à la ville comme solution à vivre
Tout d’abord, ce sont ces mêmes rurbains qui viennent avec leurs bagnoles densifier le trafic des grandes villes. Ils ignorent ainsi la plupart du temps dans leur raisonnement la quantité de kilomètres de routes nécessaires à ce que leur solution impose. Et même quand ils sont d’accord pour se séparer de leurs solutions individuelles de mobilité, ils ne confrontent pas leur vision à la densité du réseau de voies de transport nécessaire à ce fonctionnement.
un espace rural rempli de champs, au loin la ville (image générée par Stable Diffusion)
Ils continuent de confronter la vision dystopique d’une mégalopole avec la douce vision bucolique d’un paisible arrière-pays, oubliant au passage que tant que l’humain s’étale, il empêche les autres espèces vivantes de s’épanouir. Car bien peu de territoires sont aujourd’hui de réels espaces de liberté pour les espèces non asservies à l’humain. 1Sur une question connexe, je conseille la lecture de Biomasse – une histoire de richesse et de puissance, de Benoît Daviron, publié aux éditions Quæ en 2020.
Je suis convaincu qu’il est nécessaire de repenser la ville et l’usage que nous faisons de nos déplacements, pour préserver au maximum de l’empreinte humaine les territoires nécessaires à l’épanouissement d’une biodiversité non productive pour l’humain. Et pour cela, il faut redonner à la ville les moyens d’être un espace à vivre.
Mettre fin à l’arrogance automobile
Quand on regarde l’espace urbain de manière objective, par exemple avec le super outil The arrogance of space, on constate qu’une quantité très importante de la surface des villes est consacrée aux véhicules motorisés individuels.
L’automobile omniprésente, c’est un vrai fléau pour la ville et pour les humains qui y vivent. Sur ce sujet, je vous invite à écouter le podcast Bagnole City, réalisé par Aurélie du cri de la girafe.
La dépendance collective que nous avons aux déplacements quotidiens imposera certainement pendant encore un long moment que la ville soit traversée par des moyens de locomotion. Plusieurs pistes existent, évidemment, pour en diminuer l’empreinte spatiale et écologique. On pense bien sûr aux transports en communs, à la bicyclette, à la marche. Mais il faut pour ça que la ville se transforme. C’est un vaste virage dans l’usage des espaces, et pour l’instant cela semble difficile à imprimer.
Le végétal dans la ville
Mais pour que la ville soit réellement un espace à vivre, il faut qu’elle évolue aussi sur d’autres points. Et si les espaces dédiés aux voitures se réduisent petit à petit, on peut imaginer plein de choses. Pendant longtemps, la ville et ses faubourgs étaient cultivés : arbres fruitiers, jardins individuels, cultures professionnelles, espaces communaux.
La ville d’aujourd’hui est bien peu verte (il a fallut faire place à la bagnole), et ces arbres vont bien mal, comme le raconte David Happe dans son dernier livre Au chevet des arbres, réconcilier la ville et le végétal (le mot et le reste, 2022). En réduisant l’espace destiné aux bagnoles, on imagine pouvoir aussi redonner de la place au végétal.
Et puis sinon, on passe toutes les rues de la ville en rue à sens unique, on récupère une voie automobile et une rangée de stationnement pour faire une vraie double piste cyclable, et un parc tout en longueur, avec des arbres qui font de l’ombre, pour de vrai. pic.twitter.com/aRpKHW0Wsf
Quels moyens avons-nous d’observer ces évolutions ? OpenStreetMap est un bon outil de veille collective sur les espaces publics et la présence de végétaux. En choisissant un rendu approprié, on peut consulter cette base de données géographique en filtrant les objets pour ne retenir que les arbres.
Les arbres référencés dans OpenStreetMap autour du centre de Clermont-Ferrand
On voit qu’il manque encore beaucoup d’informations, comme l’essence des arbres des rues, places et jardins publics. Mais OpenStreetMap est une base de données évolutive et contributive, alors on peut organiser des cartoparties arboricoles pour améliorer ces descriptions, voire pourquoi pas dans une démarche de science participative en faire un observatoire du vivant et de l’état de santé des arbres.
Sans être une solution révolutionnaire, de petits gestes sont imaginables. Il y a quelques années, on voyait les bacs à légumes des incroyables comestibles pousser à Clermont-Ferrand. On regarde aussi les expérimentations de végétalisation qui suivent la démarche légale du permis de végétaliser mis en place par Clermont Auvergne Métropole, comme dans plein d’autres grandes villes. La plupart de ces initiatives sont ornementales, mais sont peut-être les graines d’une mutation, où enfin on arrêtera de désherber à tout prix.
J’ai aussi découvert récemment l’existence à Paris, aux États-Unis et un peu partout de la guerrilla des greffeurs. Il s’agit ici de greffer des fruitiers sur les arbres de la ville, pour leur faire produire des fruits.
Il y a quelques années, je postais sur ce blog des photos d’un bâtiment abandonné, l’hôpital sanatorium Sabourin. Après une réhabilitation, ce bâtiment emblématique accueille aujourd’hui l’école d’archi de Clermont. C’est probablement le fait qu’il ait été classé qui l’a préservé de la démolition.
À l’autre bout de Clermont, au sud, un bâtiment n’a pas eu cette chance. Il a pourtant accueilli de pas mal de nouveaux arrivants en Auvergne. C’est un bâtiment qui a marqué la vie de nombreuses personnes. Radio Campus y avait tourné une balade sonore, la bibliothèque des glyphs ; l’AMTA y avait tourné un carnet sonore, plein de la mémoire des habitants et habitantes ; La Montagne a régulièrement envoyé ses journalistes raconter la vie de la muraille, en immersion avec les derniers habitants de la Muraille de Chine à Clermont-Ferrand.
Et aujourd’hui, après la démolition de la première tour du site, c’est le début du démantèlement du bâtiment principal. Voici donc quelques photos de ce jour qui montrent le début du chantier.
Une pelle mécanique et des gravats en bas de la Muraille de Chine.
Un monte-charge installé sur le flanc du bâtiment.
Une benne de collecte de déchets au milieu des gravats.
Benne pour les déchets, gravats et monte-charge au pied du bâtiment.
La Muraille de Chine, où régulièrement on a commencé à percer des trous dans le premier étage.
Depuis le parc, vue en contre-plongée sur le bâtiment qui a déjà perdu toutes ses boiseries.
Mise à jour : depuis quelques jours, on peut aussi écouter Murs-Mûrs, la bande du projet de labo théâtral lancé par la compagnie La Transversale sur le quartier Saint Jacques de Clermont-Ferrand en 2019.
À l’approche de la prochaine édition du bœuf électronique Saucisse Records, j’ai commencé à repérer quelques outils de synthèse qui permettent d’explorer la production de matière sonore d’une manière intéressante et ludique. Mon critère était que cela fonctionne avec GNU/Linux, éventuellement en web, de préférence capable de fonctionner avec jack, de sorte à pouvoir récupérer dans ardour le son généré, et ainsi pouvoir l’enrichir à la volée de traitements supplémentaires.
Je suis bien sûr attiré par la synthèse modulaire, qu’elle soit virtuelle ou matérielle, mais la courbe d’apprentissage semble importante, et j’avais envie en premier lieu de trouver des dispositifs plus simples à prendre en main.
Pink Trombone
L’année dernière, j’avais pas mal joué avec Pink Trombone, l’outil de synthèse de son phonatoire. L’interface présente une coupe de la bouche et du nez de côté, et propose de jouer avec la forme de la bouche, la position de la langue, et les différents autres paramètres qui pilotent la production de son par la voix, via le clic. Bien sûr, c’est un synthétiseur plutôt simple et naïf, mais il permet de faire déjà pas mal de chose.
Comme c’est un synthétiseur, on peut aussi le pousser au delà de ses limites, et réussir à produire du son pas prévu par le simulateur, c’est rigolo :
Pink Trombone en action, d’abord calmement, puis de manière un peu énervée.
PixelSynth
Cette année, l’un des premiers outils avec lequel j’ai commencé à joué, c’et PixelSynth. Le principe pourrait un peu faire penser à rawdodendron, cet outil de synthèse que l’avais fabriqué il y a quelques temps pour convertir une image en son, et réciproquement.
PixelSynth a lui l’avantage de proposer une interface interactive, où l’on voit pendant la génération du son la lecture de l’image scannée de gauche à droite. L’image est interprétée en niveau de gris, les points les plus lumineux déclenchant un son dont la hauteur dépend de la position du pixel dans l’axe vertical.
L’interface épurée de PixelSynth, où une image en noir et blanc représentant un ciel nuageux et nocturne est griffée de trois traits. La ligne rose verticale est interrompue à l’endroit où l’image est très lumineuse.
L’interface permet de changer d’image, d’en charger une personnelle, et d’ajouter des traits blancs continus en forme libre, pour alimenter le son généré d’une série de notes en progression contenue.
Ce mode de génération de son est clairement inspiré du synthétiseur historique ANS, conçu entre 1937 et 1957 par l’ingénieur russe Evgeny Murzin.
Virtual ANS
On trouve d’ailleurs d’autres projets qui se réclament explicitement de l’héritage de l’ANS, avec Virtual ANS, qui dans sa version 3 fonctionne parfaitement sous GNU/Linux.
L’interface est assez ludique, elle permet de dessiner des formes qui serviront ensuite à jouer des sons avec la même mécanique de déplacement de la barre de lecture, et de hauteur de note suivant la position verticale. Ne nombreuses possibilités de dessin sont offertes, on peut superposer des calques, et les paramètres permettent de régler le comportement global de la lecture.
Une démo de Virtual ANS
On se prend très vite au jeu, les possibilités étant multiples, combinant les plaisirs du dessin à celui de la synthèse de son. Les dégradés permettent de produire les nappes, et les marqueurs de temps précis invitent à explorer les possibilités rythmiques de l’outil. Très amusant !
Frontières
Frontières est une reprise libre non officielle d’un synthétiseur conçu par Chris Carlson, Borderlands. Elle fonctionne sous GNU/Linux, sur une approche complètement différente d’ANS.
Ici, on positionne dans l’espace des échantillons de sons (samples), puis on place des nuages sur l’espace, qui régulièrement produisent un événement. Chaque particule, positionnée dans l’espace, produit un petit extrait de son en le puisant dans les échantillons positionnés sur l’espace plan.
On peut alors piloter plein de choses : trajectoires et formes des nuages, enveloppe, aléatoire, superposition des grains, ajouts de déclencheurs…
Un exemple d’utilisation de Frontières
On peut séparer chacun des nuages sur une sortie jack différente, et ensuite utiliser ardour par exemple pour y ajouter des effets supplémentaires… Toute une aventure :)
Cela faisait plusieurs années que je n’avais pas eu l’occasion de m’éloigner de Clermont-Ferrand pour participer à des rencontres scientifiques. Ces dernières années n’étaient pas propices aux rencontres, et beaucoup de choses se passaient en visio.
Cette année, je suis allé présenter avec les gens de mon équipe Compas plusieurs travaux en cours ou récemment réalisés, d’une part à la rencontre annuelle des contributeurs et contributrices à OpenStreetMap France (SOTM-fr), et d’autre part à la conférence annuelle de l’Association of Geographic Information Laboratories in Europe (AGILE).
La foule des personnes réunies à Nantes pour SOTM-fr 2022L’amphi mis à disposition par l’université de Vilnius pour AGILE 2022 (photo Thomas Bartoschek)
La première intervention que j’ai proposé à SOTM donnait à voir un état des lieux des données ouvertes disponibles pour décrire l’accessibilité. Après avoir fait le tour des bases de données publiques en cours de construction (géostandard accessibilité CNIG, accès libre), j’ai présenté ce qu’OpenStreetMap contient sur cette problématique, et raconté comment nous pourrions travailler pour améliorer ces données :
OpenData pour l’accessibilité
Un peu plus tôt, j’étais invité par Jean-Louis Zimmermann à participer à sa présentation, intitulée « Comprendre l’accessibilité et la cartographier ». Nous y avons raconté comment une base de données géographique peut être un outil de recensement des dispositifs d’accessibilités existants (ou non), comment la sémantique d’OpenStreetMap peut servir de support et être encore étendue pour modéliser ces infrastructures :
Comprendre l’accessibilité et la cartographier
Avec Jérémy Kalsron et Samuel Braikeh, nous avons également présenté les avancées du projet ANR ACTIVmap, qui permet de produire des cartes interactives et en relief à partir des données d’OpenStreetMap. En assemblant le travail des différents chercheurs impliqués dans le projet, nous proposons de générer des représentations tactiles et sonores de carrefours, pour en faciliter la compréhension par une lecture en autonomie :
Production de cartes interactives pour déficients visuels à partir d’OpenStreetMap
Cette chaîne de traitement part d’une première brique, l’identification à partir des données du périmètre et de la structure d’un carrefour. J’ai ainsi proposé cette année une méthode originale pour répondre à cette question, et c’est ce que j’ai présenté à AGILE 2022. La présentation n’a pas été filmée, mais vous pouvez retrouver mon article ainsi que le code source associé en libre accès :
Cet été, nous poursuivons au LIMOS ces travaux qui visent à rendre compréhensible et lisible les espaces publics urbains à toutes et tous. Affaire à suivre !
En traversant régulièrement la ville avec ma fille qui utilise un fauteuil roulant, j’ai commencé à affiner ma compréhension de l’accessibilité de l’espace urbain. La modélisation de ces infrastructures est d’ailleurs devenu l’un de mes sujets d’étude.
Afin d’illustrer ce que je perçois de ces espaces, j’ai proposé sur twitter un fil consacré à l’étude de l’une des places du plateau central à Clermont-Ferrand, que je traverse très régulièrement. Elle se situe dans ans ce quartier commerçant, touristique et résidentiel qu’est l’hyper-centre de Clermont-Ferrand, aussi appelé plateau central.
Place importante, elle connecte la place Sugny vers Jaude, la place de la Victoire, la rue Massillon vers les petites rues du vieux centre, la rue terrasse et la rue Saint-Genès, très commerçantes.
image @CRAIG 2019
On identifie deux passages piétons matérialisés, un pour franchir la place Sugny, l’autre pour traverser la rue Massillon. Le passage piéton permettant de traverser la rue Saint-Genès se situe quelques dizaines de mètres en amont. Un des territoires privilégier des incivilités automobiles…
Illustration de l’incivilité automobile (#GCUM)
En terme d’accessibilité, la place Sugny est très en pente. L’un des trottoirs commence par un escalier ou par un trottoir étroit entre un mur et des voitures. L’autre trottoir impose de franchir l’un des spots de parking sauvage #GCUM les plus prisés du centre-ville.
Les trottoirs de la place Sugny sont peu accessibles
Le passage piéton permettant de traverser la place Sugny est d’ailleurs souvent impossible à utiliser, les #GCUM ayant pris l’habitude de le considérer comme une zone de stationnement. Mais même sans stationnement, le dévers important rend très difficile son accès.
Illustration d’un stationnement #CGUMLe dévers important de la traversée piétonne place Sugny
Dans ce virage, les #GCUM masquent souvent les piétons, qui lorsqu’ils s’engagent malgré tout sur la chaussée prennent souvent le risque de se faire écraser, car ici aussi, ça roule vite et maladroitement, pour négocier la grande pente en montée, et pour négocier la sortie de cette place encombrée.
On voit donc que la place Sugny et la rue terrasse sont peu accessibles, de même que le trottoir couvert par les arcades de la rue Saint-Genès. Ces voies de circulation piétonnes sont quasiment déconnectées des autres rues au niveau de la place royale. Et je n’ai même pas parlé de l’encombrement de la rue terrasse, infranchissable en fauteuil quand la nuit tombe et que les terrasses sont de sortie.
Schémas de la non accessibilité des cheminements à l’ouest de la place
Prenons un peu de recul, maintenant qu’on a vu la non accessibilité à l’ouest pour regarder ce qui se passe au nord et à l’est.
Zones de cheminements piétons autour de la place royale
Le deuxième passage piéton de la place, qui traverse la rue Massillon est fonctionnel, même si les stationnements intempestifs sur les emplacements marqués en jaune (stationnement interdit) rendent la co-visibilité assez difficile.
Illustration par un tweet de la co-visibilitéMauvaise co-visibilité du passage piéton traversant la rue Massillon
Continuons avec la dernière traversée, celle de l’entrée de la place de la Victoire. Le trottoir de gauche est tout simplement infranchissable. Une alternative consisterait à emprunter la chaussée jusqu’au début de la place Sugny, mais on a déjà dit que c’était un espace de choix des #GCUM.
Accès impossible.
Un trottoir infranchissable
On peut aussi imaginer poursuivre le long du trottoir pour trouver plus loin un moyen de franchissement. Effectivement, un peu plus loin, on trouve un franchissement à niveau. Mais on tombe alors dans le royaume des terrasses, qui encombrent les espaces de circulation publiques, rendant impossible le franchissement.
Une bonne nouvelle pour les usages piétons de la place de la Victoire à @ClermontFd, où la privatisation des espaces publics rendait quasiment impossible le cheminement piéton sur les trottoirs de la place…https://t.co/oQUMHd9Jjm
Peut-être un jour ces terrasses permettront le passage des usagers piétons de la placeLe passage à niveau encombré de terrasses
À noter qu’une fois engagés sur la place de la victoire depuis le trottoir de droite, on est très vite contraints de rejoindre la chaussée pavée, laquelle est bordée d’un côté par les terrasses, de l’autre par une marche de plus de 10 cm pour rejoindre le milieu de la place. Si une voiture arrive, t’es foutu.
Rue piétonne, véritable canyon urbain pour les usagers en fauteuil roulant
En conclusion, voici donc une place quasiment infranchissable, peu importe d’où l’on vienne.
Description : un plan récapitulatif de tous les trajets impossibles aux abords de cette place.
Alors bien sûr, j’ai simplifié. Je n’ai pas parlé des revêtements des trottoirs souvent très mauvais, des dalles manquantes, des nombreux dévers inutiles, des automobiles qui foncent dans les aires piétonnes où il n’y a pas de trottoir refuge. Les abords de cette place sont particulièrement impratiquables.
À bientôt pour une nouvelle chronique de la non accessibilité ordinaire !
Ma fille est touchée par une maladie génétique rare, qui entraîne beaucoup de conséquences sur sa santé et sur le quotidien, comme j’en ai notamment parlé dans le podcast Quand même pas, Papa !.
On peut parfois se sentir démuni malgré l’accompagnement des professionnels qui entourent notre proche malade, et être un peu perdus quand il s’agit de comprendre la maladie, et de suivre l’avancée des prises en charge médicales et des avancées de la recherche.
Dans cet article, je raconte comment je procède pour me tenir informé de ces actualités, afin d’y puiser des idées d’accompagnement et d’aménagements pour ma fille, mais aussi pour prendre du recul par rapport au quotidien, en regardant ce que les scientifiques et médecins apprennent régulièrement sur la maladie.
Identifier les sources d’information utiles
Faire une veille sur les avancées d’une maladie, ça n’est jamais simple. D’une part parce que l’information est éparpillée à plein d’endroits, mais aussi parce que ces sources sont souvent très techniques, scientifiques, pointues. Plutôt que de chercher à tout lire, il est préférable d’identifier quelques sources qui font un travail de synthèse et de sélection de l’information.
On peut par exemple repérer et suivre les publications des associations nationales qui regroupent des personnes directement ou indirectement concernées par la maladie. Dans le cas de la maladie de ma fille, il y a l’association française Vaincre les Maladies Lysosomales, l’association anglaise BDFA, ou encore l’association américaine BDSRA. Parfois ces associations sont regroupées en fédération internationale, qui peut être plus ou moins active. Pour la maladie de ma fille, on repère la Batten Disease Internationale Alliance, mais qui n’est pas très active.
Certaines équipes de recherches ou centres cliniques spécialisés proposent des sites internet regroupant une information fiable et complète sur la maladie. Dans mon cas, je peux par exemple consulter le site NCL ressource, animé par une chercheuse (Sara Mole) spécialisée sur la question, ou encore NCL-Net, alimenté par deux chercheurs et praticiens hospitaliers (Alfried Kohlschütter et Angela Schulz).
Avec ces quelques sources, on peut suivre efficacement l’actualité de la maladie. Mais si on veut aller plus loin, on peut aussi regarder régulièrement ce que publient les laboratoires qui travaillent sur ces maladies, commeAmicus Therapeutics dans le cas de la maladie de Batten.
Pour le suivi et la prise en charge quotidienne, on peut trouver de l’aide et des idées auprès des associations de proches aidants, ou encore en suivant les publications d’équipes spécialisées dans la veille sur ces questions, comme par exemple le centre de documentation de l’Équipe Relais Handicap Rares d’Auvergne Rhône-Alpes.
Il existe aussi des particuliers qui font un travail de veille et de synthèse, et qui publient sur internet ce travail, comme par exemple le site que j’anime sur la maladie de ma fille : https://cln.jmfavreau.info/.
S’organiser pour ne pas passer trop de temps
Une fois qu’on a identifié les sources possibles d’information, il faut s’organiser pour les suivre. Beaucoup de ces sources sont en anglais, ce qui est un frein à la compréhension. Il existe heureusement aujourd’hui de très bons outils qui proposent une traduction automatique permettant d’accéder à une version française (un peu maladroite, mais fonctionnelle) de ces documents. Je pense par exemple à l’impressionnant outil en ligne deepl : https://www.deepl.com/.
On peut ensuite identifier les listes de diffusion disponibles, et s’y abonner. On reçoit ensuite régulièrement un email, généralement sous forme de newsletter, qui fait la synthèse de l’actualité de la maladie. C’est ce que proposent par exemple BDFA, BDSRA, ou le centre de documentation de l’équipe relais handicap rare, des structures citées plus haut. Une bonne pratique consiste alors ranger ces messages dans un dossier dédié de sa boîte mail, soit en les déplaçant à la main à la réception, soit en créant des filtres pour que ces messages se rangent automatiquement. On peut alors les consulter une fois par semaine ou par mois par exemple.
On peut aussi repérer les pages facebook de ces différentes associations, et s’y abonner (en configurant l’abonnement pour que les publications soient montrées en priorité).
Enfin, certains sites intéressants n’ont pas ces mécanismes de notification, et j’essaye d’aller les consulter de temps en temps.
Il existe aussi des outils comme les alertes des moteurs de recherche qui permettent d’avoir régulièrement une synthèse des pages internet récemment publiées sur un sujet, mais ça commence à faire beaucoup de trafic.
Faire la synthèse
Une fois qu’on s’est organisés pour recueillir toutes ces informations, on peut s’organiser pour en faire la synthèse. Pour ma part, c’est ce que je fais par exemple sur le site que j’alimente sur la maladie de Batten, ou sur la page facebook dédiée. Mais ça peut aussi être dans un document sur son ordinateur, ou sur un cahier. Cela me permet d’avoir un endroit où retrouver toutes les informations qui m’ont semblé importantes, et d’avoir un moyen de les partager à l’occasion avec les personnes qui s’intéressent à la même maladie.
Je trouve aussi important de partager ces recherches avec d’autres personnes. Dans mon cas, je partage cette veille scientifique avec ma sœur Émeline Favreau, que je remercie ici pour son accompagnement depuis toujours. je trouve que les groupes privés facebook sont aussi de bons moyens pour partager ces informations avec d’autres parents. Sur la maladie qui focalise mon attention, je suis inscrit à plusieurs groupes en langue française et anglaise, et nous y échangeons à un rythme variable de plein de questions liées à la maladie. Un bon endroit pour parler de l’actualité, mais aussi des choses concrètes de la vie ! Il faut tout de même ne pas oublier que les informations qui sont échangées dans ces groupes ne peuvent être considérées comme des vérités, il est important à chaque fois de repérer les sources à l’origine de ces informations, en faisant confiance aux informations issues d’acteurs de confiance (équipes de recherche, équipes médicales, etc).
Aller encore plus loin
Quand on est curieux, que l’on a du temps, et qu’on a l’habitude de lire beaucoup d’articles scientifiques, on peut aussi choisir de faire une veille scientifique complète sur la maladie.
On s’intéresse alors aux projets de recherche spécialisés sur la question, dans mon cas comme le projet BATcure qui était porté par Sara Mole. Ou encore en identifiant les conférences dédiées à cette maladie, où les chercheurs viennent présenter leurs avancées. Dans mon cas, il s’agit de la conférence NCL, qui a lieu une fois tous les 18 mois.
On peut aussi utiliser les moteurs de recherche dédiés aux publications scientifiques, comme google scholar, et activer des notifications sur les articles qui traitent de la maladie.
Mais faire une telle veille demande énormément de temps, et d’expertise, ce que tout le monde ne peut pas déployer. Heureusement, c’est le travail assuré par les associations dont je parlais en début d’article. On peut donc leur faire confiance pour suivre toutes ces actualités et les partager avec nous !
Depuis que la maladie de ma fille est connue, je m’intéresse à la recherche médicale, et à la manière dont les produits pharmaceutiques sont évalués, puis commercialisés. J’ai résumé ces idées dans une page dédiée sur le site que je maintiens au sujet de la maladie de ma fille. J’ai aussi progressivement consolidé mes connaissances en biologie cellulaire, pour comprendre les mécanismes en jeu dans sa maladie, ce que j’ai aussi tenté de vulgariser dans une page dédiée.
Je propose donc dans cet article de formuler de manière posée et vulgarisée comment fonctionne un essai clinique, et ce que les vaccins sont parmi les traitements médicaux. En effet, les différentes discussions que j’ai pu avoir ces derniers mois me font penser que beaucoup de personnes n’ont pas eu l’occasion d’avoir accès à un résumé clair de ce qu’est un vaccin, ou un essai clinique.
Les essais cliniques
Les essais cliniques sont la dernière phase dans la recherche médicale, quand on conçoit une solution thérapeutique. Elle arrive après les essais pré-cliniques, lesquels sont généralement réalisés sur des tissus vivants plus ou moins complexes : tissus biologiques in vitro, espèces unicellulaires, modèles animaux plus ou moins gros.
Les essais cliniques sont très encadrés par les différentes agences des médicaments (aux États-Unis d’Amérique, en Europe, etc), qui valident ou non les demandes des firmes, en se basant sur les résultats des étapes précédentes pour valider ou non chacune des phases.
Ainsi, dans le cas du développement d’une solution thérapeutique, on observe toujours les mêmes phases, que l’on peut représenter par ce schéma. Évidemment, les durées sont ici données à titre indicatif, et correspondent aux pratiques dans le cas général, hors pandémie.
Les différentes étapes dans le développement d’une solution thérapeutique
Sur cette frise chronologique, on retrouve les étapes suivantes :
La recherche pré-clinique : pendant cette étape, on part d’une idée originale, et on explore scientifiquement tous les aspects de cette piste, depuis sa réalisation jusqu’aux possibles conséquences non désirées.
La production et l’autorisation : une fois qu’une approche semble pertinente, on se prépare aux essais cliniques. Il faut pour cela produire le traitement en assez grande quantité, et en parallèle obtenir l’autorisation des autorités nationales pour pratiquer ces tests cliniques.
Premiers essais cliniques, phase I et IIa : pendant cette première étape, on utilise un protocole très précis pour tester le traitement sur quelques patients. Dans cette étape, on étudie la dose optimale, et les possibles effets secondaires non désirés.
Essais cliniques, phase IIb et III : pendant cette deuxième étape, on utilise un protocole plus large pour tester le traitement sur un nombre plus important de patients. Dans cette étape, on compare l’efficacité du traitement, par rapport à d’autres solutions, ou à un placebo.
Démarches pour l’obtention d’une licence de commercialisation : cette étape est spécifique à chaque pays ou union de pays, et prend généralement une année.
Ainsi, quand on entend que les différents vaccins contre le COVID sont en phase III, et donc n’ont pas encore été testés, il s’agit là d’une mauvaise interprétation de ces différentes étapes : la phase I et II, servant à évaluer les effets secondaires et à ajuster les dosages a déjà eu lieu. La phase III quant à elle sert à évaluer l’efficacité du vaccin, et c’est cette phase qui n’était pas encore finalisée au moment de l’utilisation massive du vaccin sur la population mondiale.
Enfin, les vaccins contre le covid sont les thérapies ayant été le plus suivies sur ses effets secondaires, notamment par l’ampleur de son utilisation. Toute personne intéressée peut consulter le point mensuel proposé par l’ANSM, très détaillé, qui observe en tant qu’acteur public les conséquences de l’utilisation de ces vaccins. Aucun autre essai clinique ni thérapie n’a fait l’objet d’autant d’études, de contre-évaluations, et d’observation de résultats à grande échelle. Pourtant, tous les autres médicaments sont aussi passés par les mêmes étapes (recherche pré-clinique, production et autorisation, essais cliniques phases I et II, phase III, puis obtention d’une licence de commercialisation), exception faite de l’homéopathie qui en général n’arrive pas à montrer son efficacité en phase III.
Les vaccins
Le principe d’un vaccin, peu importe sa technologie, vise à consolider le système immunitaire pour le préparer à se défendre face à un virus. Pour rappel, le système immunitaire est capable d’identifier une cellule étrangère grâce à des marqueurs chimiques. Il fabrique alors des anticorps pour lutter contre les cellules étrangères. Cette connaissance des cellules étrangères passées est assurée notamment par les globules blancs et les lymphocytes T, qui peuvent relancer la production d’anticorps si une cellule étrangère déjà connue est de nouveau identifiée.
Le principe des vaccins consiste donc à présenter au système immunitaire une cellule inoffensive mais à la signature chimique semblable à un virus que l’on veut combattre, pour que le système immunitaire apprenne à la reconnaître, et qu’il soit plus tard en mesure de se défendre quand il rencontrera le virus correspondant.
Si beaucoup de vaccins nécessitent un ou plusieurs rappels, c’est parce que le niveau de défense immunitaire atteint grâce à une dose de vaccin décline au fil du temps, et ne permet pas ensuite au système immunitaire d’être assez réactif pour réagir face au virus.
Chaque virus étant différent (vitesse de mutation, vitesse de propagation, dangerosité, etc), et les vaccins n’étant jamais efficaces à 100%, on observe donc des recommandations différentes suivant les virus.
Les vaccins à ARN messagers qui sont au cœur de la campagne de vaccination contre le COVID fonctionnent non pas en introduisant en entier une cellule étrangère inoffensive, mais en permettant à nos cellules de produire temporairement les marqueurs chimiques imitant la présence de ces cellules indésirables. Le système immunitaire réagit alors de la même manière qu’avec un vaccin classique, en apprenant à reconnaître ces marqueurs. Après quelques temps, on observe un arrêt de la production de ces marqueurs, correspondant à la destruction de l’ARN messager introduit (ces protéines n’ayant qu’une durée de vie limitée). Pour lire plus en détail sur cette question, on peut par exemple lire cet article intitulé « Comment fonctionnent les vaccins à ARN (et à ADN) ? ».
Le braille fait partie des outils bien connus pour écrire et lire avec les doigts. C’est un outil essentiel de l’accès à la culture et à l’éducation pour les personnes en situation de handicap visuel.
Mais comment écrire les mathématiques, qui souvent utilisent des figures, et des équations complexes. Et d’ailleurs, comment ça marche vraiment, le braille ? Et quel est le rapport avec le LaTeX, ce langage d’écriture de documents scientifiques ?
L’activité de l’association VML est essentielle pour plein de raisons : elle permet aux personnes concernées (porteuses de maladies lysosomales, proches) de trouver de l’information, du soutien, des moments de répit, elle structure et met en relation les différents acteurs au niveau national et international autour de ces maladies, elle réalise une veille sur l’actualité de recherche, et même finance la recherche sur des sujets qui parfois ne sont pas soutenus par les autres financeurs.
Chaque année, le premier dimanche d’octobre, les membres de l’association organisent un peu partout en France et ailleurs la balade du lysosome. Cette année, nous y participons aussi en organisant une marche intitulée « Ensemble pour VML à Clermont-Ferrand ». C’est le 3 octobre, et on se retrouve à 15h au parc du Bois-Beaumont (plus d’infos sur la carte dessinée, ou en me contactant directement) pour parcourir le chemin vert, le long de l’artière.
Cliquez sur la carte pour retrouver le trajet et les détails d’organisation.
Pour les personnes qui vivent au quotidien avec la maladie, ce moment est important car il permet de se sentir entourées, de sentir que l’entourage et même un peu plus ont conscience de cette maladie, et sont solidaires, pour vaincre les maladies lysosomales.
Et puis que vous participiez ou non à la balade du lysosome le 3 octobre, je vous demande de participer (même pour quelques euros) à la cagnotte que j’ai initiée avec ma fille en soutien à Vaincre les Maladies Lysosomales à l’occasion de cet événément.
Dans un article précédent, je racontais comment utiliser pulseaudio et jack pour envoyer dans une visio le son de n’importe quel logiciel.
Il arrive aussi que l’on veuille utiliser ce genre de routages pour enregistrer dans un DAW (digital audio workstation) le son de n’importe quel logiciel. Jack est un serveur son super flexible, qui permet de faire un grand nombre de routages, et ce de manière très simple grâce à l’interface claudia.
Je vous propose donc une vidéo qui raconte de manière très simplifiée comment tout cela fonctionne, avec des petits dessins, mais aussi des vrais clics dans les logiciels.
Le dernier article sur mes lectures date un peu, car j’ai pris l’habitude de les évoquer sur twitter. Sur la plateforme de microbloging (comme on disait autrefois), je publie au fil de ces lectures quelques extraits qui correspondent aux discussions en cours… Mais après une année, j’ai un peu perdu la vision d’ensemble que permettait auparavant les posts sur ce blog, sur les thématiques dont je parle ici.
Voici donc sous forme d’un article récapitulatif quelques références à des livres que j’ai aimé lire cette année.
Du son
Le son est toujours une question qui m’intéresse, depuis la création radiophonique jusqu’à l’écoute et l’écologie sonore. Si je lis moins sur la question qu’il y a quelques années, j’ai tout de même trouvé quelques titres qui ont vraiment attiré mon attention.
Du son au signe, de Jean-Yves Bosseur
Je connais le travail de Jean-Yves Bosseur depuis près de 10 ans, grâce au festival Musiques Démesurées, où il avait été invité à plusieurs reprises. Ce musicologue raconte de manière passionnante l’histoire de la notation musicale. Du son au signe raconte cela, de manière chronologique. Si la qualité de la mise en page et de reproduction des figures laisse un peu à désirer, l’histoire qu’y déroule Jean-Yves Bosseur est captivante.
J’ai découvert le musicologue Jean-Yves Bosseur grâce au festival @musiquesdem il y a quelques années. L’écouter parler de l’écriture de la musique est passionnant. Dans ce livre, il revient sur l’histoire de la notation musicale, principalement en Europe et aux États-Unis. pic.twitter.com/qz1C4KiGrb
le fil consacré au livre Du son au signe, sur Twitter.
Audimat numéro 15
Je ne regrette vraiment pas mon abonnement à Audimat, où les articles balayent une grande diversité de questions, à la frontière entre son, production musicale et société. Le numéro 15 est aussi intéressant que les précédents. Déroulez le fil twitter pour en trouver quelques détails.
Le fil consacré au numéro 15 d’Audimat sur Twitter
It’s a teenager dream, Dominique Blanc-Francard
Dominique Blanc-Francard (DBF) est l’un des producteurs et ingénieur son français les plus actifs de la deuxième moitié du XXe siècle. Dans cette autobiographie, co-écrite avec Olivier Schmitt, il parcourt sa trajectoire professionnelle, en racontant l’évolution matérielle et technique, les rencontres artistiques, les succès et les productions plus confidentielles. Je l’ai lu d’une traite, comme une promenade au cœur d’un univers riche en aventures, rencontres et explorations en tout genre.
Lecture estivale. On suit DBF dans l’aventure de sa vie, de studios en studios. Plein d’artistes, d’anecdotes, de technologies qui se succèdent au fil des ans. Captivant ! pic.twitter.com/0Y2BAC5MRf
Le fil consacré à It’s a teenager dream sur Twitter.
Electroclit” #1
Un fanzine découvert grâce aux conseils de Claude, qui raconte les débuts des musiques électroniques, en tissant au fil des portraits des liens entre facteurs et factrices d’instruments, musiciens et musiciennes… En proposant une alternative solide aux rétrospectives qui ignorent la place des femmes dans cette histoire, ou au contraire les utilisant comme des arguments commerciaux avec futilité.
Découverte très chouette grâce à @cybertooth, reçu ce matin dans ma boîte aux lettres.
Mettre en ondes la fiction radiophonique, de Blandine Masson
Dans ce livre publié en 2021, Blandine Masson raconte les rapports tumultueux entre théâtre et radio en France, où plusieurs écoles se sont exprimées en parallèle : soit en envisageant la radio comme un outil de rediffusion des grandes pièces de théâtre, permettant de rendre accessibles à toutes et à tous cette expression artistique, soit comme un espace où expérimenter une nouvelle manière de penser le théâtre, en exploitant toutes les possibilités du média. Certaines décennies ont vu l’une des écoles dominer, parfois l’autre. Parfois le théâtre a même failli disparaître de l’antenne de Radio France, jusqu’à ce que le podcast vienne sauver ces pratiques. On découvre aussi dans ce livre l’importance du festival d’Avignon dans cette histoire.
Sur le chemin du retour de @LibClermont, j’écoute Nos géographies de @DomRousset sur @franceculture, qui discute avec ses invités de la fabrication des atlas.
Pourquoi le nord est-il en haut ? petite histoire des conventions cartographiques, de Mick Ashworth
Évoqué dans le tweet un peu plus haut, Pourquoi le nord est-il en haut ? petite histoire des conventions cartographiques propose de très nombreuses reproductions de très belles cartes, qui interrogent à travers le temps et l’espace les pratiques cartographiques. On s’y promène avec plaisir, et les pages se succèdent, plus captivantes les unes que les autres sans que l’on s’en aperçoive. On y retrouve pas mal d’idées connues des curieux de la cartographie, mais aussi plein d’exemples qui illustrent et permettent de mieux comprendre encore.
L’atlas des frontières, de Bruno Tertrais, Delphine Papin et Xemartin Laborde
Lui aussi évoqué dans le tweet un peu plus haut, L’atlas des frontières n’est pas un livre militant, mais explore bon nombre de questions et problématiques autour des frontières. On y trouve des curiosités administratives, des usages et des lois, des histoires de peuples et d’humains. C’est à la fois captivant et illustre parfaitement l’absurdité des lois humaines qui partitionnent le monde.
The Red Atlas, de John Davies et Alexander J. Kent
Découvert grâce à une vidéo de Map Men, c’est le premier livre en langue anglaise consacré aux cartes que j’ai eu envie de lire. On y retrouve l’enquête de passionnés, qui essayent de retrouver grâce à ces cartes ayant émergé après la chute du mur comment les services secrets de l’URSS ont réussi à cartographier pendant plusieurs dizaines d’années les territoires du bloc de l’ouest, d’une manière précise, uniforme et rigoureuse. On découvre au cours des chapitres les erreurs ou biais de représentation qui permettent de retracer les outils : cartes civiles des pays de l’ouest, enquêtes sur place, anciennes cartes militaires allemandes, vues satellites…
Et cette semaine, je continue mes lectures avec ce titre devenu un classique « How to lie with maps », dans sa troisième édition. pic.twitter.com/Rhyyj35REF
Le fil consacré à deux livres en anglais, consacré aux cartes : The Red Atlas, et How to Lie With Maps
How to Lie With Maps, de Mark Monmonier
En faisant l’acquisition d’un premier livre en anglais, je me suis laissé convaincre et j’ai aussi commandé un exemplaire de cette bible des étudiants anglophones en cartographie, comment mentir avec les cartes. L’ouvrage raconte par le menu la manière dont les auteurs de cartes tordent volontairement ou involontairement la réalité, pour réussir à présenter ce qui les intéresse, en utilisant ces pratiques au service du lecteur, ou au contraire pour l’influencer.
Très simple d’accès, il reprend toutes les notions élémentaires de la cartographie, et est effectivement un ouvrage très pédagogique pour le débutant.
La ville, les humains, la nature
En prolongement de la cartographie, l’un des sujets d’intérêt que j’aime à explorer est la ville, ou la manière d’habiter. Évidemment, on en arrive aussi à parler de la nature.
Les abandonnés, histoire des « cités de banlieue », de Xavier de Jarcy
En suivant le compte Mémoire2Ville, j’ai découvert au hasard d’un échange ce livr ede Xavier de Jarcy, que j’avais déjà lu avec plaisir dans Le Corbusier, un fascisme français. Dans Les abandonnés, on parcourt l’histoire de l’établissement des grands ensembles chaque chapitre égrainant une année depuis les années 30 jusqu’aux années 70, pour évoquer la politique de l’état, poussée par les hygiénistes, tiraillée entre dépenses militaires et explosion de la natalité. On y apprend que contrairement à une idée reçue, la France a bien moins construit que ses voisins allemands et anglais à la sortie de la guerre, et comment la misère du logement ultra précaire a durée de nombreuses années malgré la construction de ces grands ensembles. On apprend aussi que pour 6000 logements, il était préconisé de ne pas implanter de bar, mais qu’une église, deux écoles, voire quelques commerces étaient plutôt envisagés. On découvre aussi que dans les années 50, on estime qu’une place de stationnement pour 5 foyers est largement suffisant, et que l’on préfère économiser en infrastructure de voirie en ne construisant que quelques voies principales, et en ajoutant des voies de désertes perpendiculaires, non traversantes. L’idée d’avoir de grands espaces verts pour que les gens s’épanouissent s’effondre rapidement avec l’arrivée de l’automobile pour tous, et de l’ennui causé par le peu d’équipements financés, ces cités dortoir ne proposant aucune activité, ni accès pratique aux quartiers équipés des centre-villes…
Les abandonnés, histoire des « cités de banlieue », de Xavier de Jarcy
Où sont les « gens du voyages » ? inventaire critique des aires d’accueil, de William Acker
Twitter est un outil intéressant pour suivre des initiatives, des chercheurs, des communautés que les médias ne savent pas raconter. C’est ainsi que je suis William Acker, un juriste Voyageur. Son ouvrage Où sont les « gens du voyages » ? inventaire critique des aires d’accueil est à la fois très facile à lire, mais en même temps terriblement dur par les idées qu’il développe et qu’y y sont étayées de nombreuses références et exemples concrets. On y retrouve tout le racisme d’état, des citoyens et des collectivités locales envers les Voyageurs. À lire de toute urgence pour mieux comprendre beaucoup de choses que l’on entend parfois évoqué d’une manière tellement négative et non constructive par les médias.
Entamé aujourd’hui, je dévore le livre de @Rafumab Détaillé, posé, riche et tellement explicite de l’attitude honteuse et méprisante de état et de collectivités locales… pic.twitter.com/4PPTAVWwCi
L’année dernière, j’avais adoré lire l’architecture de la voirie d’Éric Alonzo. Je n’ai pas réussi à résister à l’envie de lire son autre titre « du rond-point au giratoire », qui s’il partage quelques exemples et références avec le volume consacré à la voirie, entre bien plus dans les détails de l’histoire de ces infrastructures de croisements. À la fois historique, politique, signe de changements sociaux et de développement des techniques modernes d’urbanisme, le giratoire est raconté et illustré avec un superbe enthousiasme par Éric Alonzo.
En continuant à lire Éric Alonzo, cette fois-ci dans « Du rond-point au giratoire », je découvre la génèse des autostrades urbaines de Jacques Gréber au début des années 1930. pic.twitter.com/oeMhxf1doo
Les gens de la revue Audimat continuent leur chemin, en proposant le numéro zéro d’une revue que j’aimerais voir naître avec plaisir. Patchwork qui regarde la ville et la manière d’habiter, parfois sous l’angle de la fiction, parfois depuis l’article sociologique ou l’essai politique, il alimente la réflexion sur la manière d’habiter.
Dans ma boîte aux lettres ce midi, le numéro zéro de la revue Habitante, aux @AudimatEditions. Déjà abonné et à chaque fois passionné par les numéro de la revue Audimat, je suis impatient de découvrir leur proposition plus géographique. pic.twitter.com/0kX62rSm5p
J’ai dévoré en quelques jours, Arbres en péril, de David Happe, qui raconte la trépidation de l’activité humaine vue depuis le rythme des arbres. On est foudroyés par l’état des lieux proposé par l’auteur, qui permet de comprendre les conséquences de toutes ces espèces que l’on classe maintenant comme en voie de disparition.
On comprend aussi la différence entre ces arbres domestiqués que l’on duplique pour l’agrément ou la culture des arbres sauvages, qui forment des forêts à l’écosystème riche, et non reproductible autrement qu’en les laissant s’établir dans leurs espaces initiaux.
Les arbres en péril (couverture)
Cette semaine sur @LSDseriedoc, une série qui permet d’entendre la trépidation humaine vue depuis le rythme des arbres. Cette trépidation racontée par @ExpertHappe dans « Arbres en péril », que j’ai lu en août et qui a marqué mon été.https://t.co/AI9Rl6z5hwhttps://t.co/pddLPKwfet
Opération vasectomie : histoire intime et politique d’une contraception au masculin, d’Élodie Serna
Dès les premières pages d’Opération vasectomie, j’ai compris combien cette technique de contraception avait une dimension politique. Tour à tour brandit par les anarchistes comme un moyen d’émancipation face aux injonctions d’un système capitaliste, étatique et nataliste, puis par les hygiénistes et eugénistes comme un outil de contrôle de la reproduction des représentants du peuple, la vasectomie est encore considérée dans de nombreux pays comme une pratique courante, au service d’une contraception consciente et réfléchie.
Ce n’est pas vraiment le cas en France, où l’on retrouve encore dans l’ignorance collective de l’après traque des anarchistes, et de la fin d’une pensée ouvertement eugéniste.
Le pain
Depuis plus d’un an, j’explore la pratique de la boulangerie au levain. J’y ai d’ailleurs consacré un blog, où j’ai récemment proposé deux articles sur des lectures qui alimentent ma pratique et réflexion.
Notre pain est politique, les blés paysans face à l’industrie boulangère
Notre pain est politique, issu d’un collectif explorant des pratiques paysannes dans la culture du blé, sa transformation en farine puis en pain, et accompagné par la revue Z. Il permet de bien comprendre la différence entre le concept flou de blés anciens, et celui des blés population. Il raconte une pratique plein d’explorations, de recherches collectives et individuelles, qui construit un chemin alternatif à l’industrie agroalimentaire. Le groupe à l’origine de ce livre se réparti sur le territoire Auvergne Rhône-Alpes, et ça donne l’envie d’aller les rencontrer…
En cette période propice à la lecture, j’ai dévoré « Notre pain est politique – les blés paysans face à l’industrie boulangère », et je vous le recommande chaudement.
Il raconte le travail des membres du Groupe blé de la région Auvergne-Rhône-Alpes.https://t.co/OSbGIuItQO
Le traité de boulangerie au levain, de Thomas Teffri-Chambelland
Il y a un an, j’avais parcouru le traité de boulangerie au levain, mais je le trouvais un peu trop théorique et loin de ce que je comprenais du pain. Après une année de pratique, je me suis replongé dedans, et j’y ai trouvé énormément de réponses à mes interrogations, et même des réponses à des questions que je n’avais pas encore réussi à formuler.
Deux volumes que je prendrai le temps de reconsulter régulièrement, je suis convaincu que j’y trouverai régulièrement de quoi alimenter mes réflexions.
Lecture estivale et ressource incontournable pour qui pratique le pain au levain : le traité de boulangerie au levain.https://t.co/7wflZhzhIb
Du handicap à l’accessibilité : vers un nouveau paradigme, de Frédéric Reichhart
Frédéric Reichhart présente dans ce livre assez technique la construction de la notion d’accessibilité dans les textes et dans la loi, en France. On découvre combien c’est à la fois une bataille de longue halène, semé de frileuses avancées légales, et souvent suivies d’aménagements pour assouplir les choses. Voilà comment cette question progresse très doucement, depuis les premières avancées liées à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite (et la très puissante APF), jusqu’aux avancées plus récentes, permises notamment par les idées insufflées depuis les pays anglosaxons.
En échangeant autour du podcast de proche aidant que je publie, on m’a conseillé quelques lectures, comme les différents livres de Blandine Bricka. J’ai eu l’occasion d’en lire deux, construits comme des entretiens. Le premier, sous-titré « paroles d’aidants », présente une relative diversité de conditions, et raconte ces acteurs et actrices de l’ombre, parfois les seuls ponts entre les personnes en situation de handicap et le reste de la cité. Le deuxième, sous-titré « être accompagné au quotidien », présente le vécu de personnes concernées, bénéficiaires d’un accompagnement de la part de leurs proches, ou de personnes rémunérées pour cela. Une manière d’alimenter la réflexion sur ce vécu parfois complexe.
Deux volumes de Des liens (presque) ordinaires de Blandine Bricka : paroles d’aidants, et être accompagné au quotidien.
Deuxième saison de développement l’application Pictoparle, un outil de communication alternative et augmentée destiné aux personnes en situation de déficience visuelle rencontrant des difficultés dans la communication orale. On peut bien sûr aller voir ce qui s’est passé lors des sprints précédents, car je parlerai ici uniquement des avancées récentes.
Après l’annonce de la saison 2 du développement du pictoparle, j’ai commencé doucement à corriger quelques points problématiques, notamment sur l’assemblage de la boîte. Mais les choses ont traîné, et j’ai un peu endormi le projet.
En mars 2021, deux de mes correspondantes ont exprimé leur envie d’utiliser Pictoparle pour faciliter la communication avec de possibles utilisatrices. Voilà qui redonne la motivation à améliorer l’outil, en suivant les recommandations identifiées en septembre.
La suite de cet article raconte les améliorations apportées à Pictoparle pendant cette deuxième année.
Amélioration de la fabrique de pictoparle
J’ai commencé par corriger quelques bugs repérés dans la dernière version publiée de la fabrique du pictoparle. En septembre, j’avais ajouté une seconde tablette aux matériels cible, mais je n’avais pas suffisamment testé cet ajout, et un certain nombre de fonctionnalités étaient cassées.
J’ai ensuite ajouté une fonctionnalité évoquée dans l’annonce de la saison 2, et proposée lors d’une discussion avec Jérémy. Lorsqu’on conçoit une planche, on peut exporter au format zip la planche pour l’intégrer à la tablette. Depuis quelques temps, on pouvait recharger dans l’éditeur un zip exporté, mais seule une partie de l’interface était rechargée. C’est maintenant toute l’interface d’édition qui est sauvée, y compris les configurations liées à la tablette, et à la fabrication de la couverture par découpe laser.
Enfin, les fichiers générés par la fabrique de pictoparle contiennent maintenant dans leur nom le modèle de tablette pour laquelle ils ont été conçus, afin d’éviter les erreurs d’étourderie lors de la fabrication du dispositif. J’avais eu une mauvaise expérience en septembre, en me trompant de modèle lors de la génération des fichiers pour la découpe laser de planches.
Amélioration des documents à imprimer
Une partie des documents générés pour la fabrication des planches est au format pdf, l’une des pages imprimable sur papier thermogonflé, l’autre pour impression papier avec le QRcode.
Pendant ce sprint, j’ai amélioré les informations ajoutées à la page destinée au QRcode, afin que le document contienne un maximum d’informations pour en faciliter l’usage. En particulier, il me semblait important d’avoir un maximum d’information imprimées, pour que les utilisateurs puissent tracer au mieux ce qu’ils font.
J’ai aussi modifié les informations affichées sur la page thermogonflée, pour que les voyants aient accès au nom associé à chaque pictogramme sans avoir à déclencher le son. C’est une fonctionnalité qui m’avait été demandée par des accompagnants occasionnels, afin de faciliter l’appropriation de l’outil par une nouvelle équipe.
document prêt à l’impression, contenant une page pour le thermogonflage, et une page pour l’impression du QRcode.
Amélioration des fichiers de découpe de boîte
Quelques corrections ont été apportées suite aux nouvelles expérimentations de découpe réalisées en septembre. Ces tests avaient mis en évidence des erreurs d’alignements de crénelage pour la deuxième tablette introduite, et le besoin d’un mécanisme de détrompage, pour éviter des assemblages erronés.
Afin de faciliter la suite du développement, j’ai également fait un peu de réécriture de code. Cela fait, j’ai introduit des espaces et des chanfreins sur les crénelages pour faciliter l’emboîtage des éléments, l’un des points critiques identifiés au Débrouillo’Lab en septembre.
extrait du patron de découpe généré pour la fabrication de la boîte, avec ses crénelages chanfreinés et de largeur ajustée pour faciliter l’assemblage.
En suivant les autres remarques des beta testeurs du Débrouillo’Lab, j’ai ajouté une numérotation à graver sur chaque pièce, pour faciliter l’assemblage.
capture d’écran du logiciel d’édition de fichiers dxf montrant les numérotations à graver pour faciliter l’assemblage.
J’ai également corrigé quelques détails pour que l’assemblage des planches et de la boîte se passe mieux.
Amélioration de l’application
Lors des essais passés, j’avais à plusieurs reprises remarquer que lorsque les utilisateurs touchaient la tablette avec le bas de la main, tout en utilisant les doigts pour déclencher le son associé à un pictogramme du haut de la planche, les interactions étaient peu fiables. On rencontrait deux situations : soit la tablette devient complètement muette, soit ce sont les pictogrammes du bas de l’écran qui s’activent.
Ces problèmes sont intrinsèques à la technologie utilisée par les tablettes pour détecter les multiples appuis, et sont difficilement solutionnables. J’ai tout de même ajouté un filtre qui ne considère pas les double taps de bas d’écran dans le cas où un doigt touche le haut de l’écran. Ce n’est pas parfait, mais c’est déjà mieux que rien.
Prise en charge d’une nouvelle tablette
Lors de discussions passées, nous avions discuté avec Jérémy de la difficulté d’ajouter de nouvelles tablettes à l’application et à la fabrique. Il fallait en effet modifier plusieurs fichiers, sans que cela ne soit très bien documenté. J’ai donc pris le temps de modifier l’application pour qu’elle puisse intégrer facilement de nouvelles configurations de tablettes, en utilisant le même fichier au format XML que celui utilisé par la fabrique.
Cela m’a permis de rapidement intégrer une nouvelle tablette, qui sera prochainement mise dans les mains d’une nouvelle utilisatrice. L’équipe qui l’accompagne ayant prévu d’utiliser une coque de protection, j’ai également ajouté la possibilité de fabriquer la boîte et les planches en tenant compte de cette coque.
J’ai également amélioré l’ergonomie de l’application pour qu’elle propose au premier démarrage un menu permettant de sélectionner la tablette utilisée, afin d’avoir directement les bons réglages.
interface de fabrication des planches qui intègre la possibilité de décrire une coque spécifique.
J’ai également pris le temps de rédiger une documentation pour faciliter l’installation et la configuration de l’application.
Conclusion
Avec les premiers utilisateurs extérieurs, je serai probablement amené à apporter des améliorations à l’application et aux outils de l’écosystème Pictoparle, afin d’en permettre l’adoption plus aisée. À suivre donc, car nous sommes à l’aube de la troisième saison de développement !
Je regardais depuis quelques temps avec grand intérêt le travail de Cécile Georges, une artiste qui travaille le son et l’image avec des procédés automatiques, explorant les défauts et les glitches des outils du numérique. En discutant avec elle, j’ai appris qu’il lui arrivait d’utiliser audacity pour charger une image au format bmp, afin d’appliquer dessus des algorithmes de traitement de son avant de sauver le fichier pour le visualiser. L’occasion de produire des distorsions, d’observer, d’expérimenter plein de choses. Son processus imposait des étapes de manipulation attentives, pour ne pas casser les entêtes du fichier image, cette partie qui permet de relire ensuite le fichier comme une image.
En discutant ensemble, on a convenu que ça pourrait être facilité, voire même que l’on pourrait proposer le chemin inverse : lire un fichier son depuis un logiciel de traitement d’images, lui appliquer là aussi des filtres et des effets, puis réécouter le fichier ensuite.
J’ai donc pris quelques jours, un week-end étendu, et j’ai écrit en python un logiciel, rawdodendron, qui permet de faire de la transformation automatique de fichiers audio vers image, et réciproquement. Le code source est bien sûr disponible en ligne sous licence libre, et j’ai produit une courte vidéo de démonstration, où l’on écoute un son modifié grâce à gimp.
démonstration du fonctionnement de rawdodendron
Dans l’autre sens, on peut bien sûr convertir un fichier image en son, puis le modifier avant de revenir dans le visible.
image originale, logo du logiciel
image obtenue par compression du son
image obtenue par réverbération
image obtenue avec un autre réglage de réverb
Quelques exemples d’images modifiées grâce à des algorithmes de traitement du son
Le logiciel est donc composé d’une interface où l’on peut glisser/déposer des fichiers, puis modifier les réglages de la conversion avant de générer les fichiers de l’autre modalité. L’interface est réglée pour automatiquement préparer la conversion inverse. Cela permet de faire de rapides allers/retours entre les deux modalités, pour expérimenter un maximum d’algorithmes différents.
interface de rawdodendron
D’un point de vue technique, l’outil manipule des images composées de pixels (png, jpg, etc), et des sons numériques (mp3, wav, flac, etc). J’en avais déjà parlé dans un article dédié à la synthèse de son additive, un son peut être modélisé par une série de pressions/décompressions, et la manière de le stocker numériquement est de le découper selon une fréquence très rapide (on parle par exemple de 44100 enregistrements par seconde pour le son d’un CD). On va alors stocker pour chacun de ces échantillons le degré de compression/décompression :
découpage en échantillons d’un son
Ce sont chacun de ces échantillons qui seront convertis en pixels avec rawdodendron. Car de la même manière que l’on code cette pression/décompression à l’aide d’un entier (compris entre ‑127 et 128 dans la version la plus simple), chaque pixel est codé par un entier entre 0 et 255 (dans sa version la plus standard). Rawdodendron va donc balayer l’image de gauche à droite puis de haut en bas, et traduire brutalement (d’où le raw de rawdodendron) les échantillons sonores en son, et réciproquement.
balayage de l’image, pixel par pixel, ligne par ligne.
Dans l’image ci-dessus, on voit bien que deux pixels qui sont adjacents peuvent se situer à de moments différents du son. La largeur de l’image (ici notée x) entraîne un genre de « repliement temporel », le pixel t étant adjacent au pixel t+x. On comprend donc que la largeur de l’image générée à partir d’un son soit un paramètre important, car souvent les filtres image modifient les pixels en fonction de leurs voisins, qu’ils soient sur la même ligne horizontale ou non.
Dans l’explication ci-dessus, je n’ai parlé ni du fait que les fichiers audio étaient souvent stéréo, et que les fichiers image n’étaient pas juste noir et blanc. Il y a donc 2 valeurs par échantillon de son, un pour l’oreille droite, l’autre pour l’oreille gauche. Sur les images, on a 3 valeurs (voire 4) pour chaque pixel, afin de composer le mélange rouge/vert/bleu (et parfois transparent). Le balayage va donc considérer chacune des valeurs de pixel avant de passer au pixel suivant, de même que considérer chaque canal audio de l’échantillon avant de passer au suivant. Cela peut entraîner des comportements peu intuitifs, et je conseille aux débutants avec ce logiciel de choisir des sons mono et des images en noir et blanc (et enregistrés en niveau de gris) pour réussir à comprendre un peu ce qui se passe.
Enfin, il est intéressant de noter que les formats mp3 et jpg, conçus chacun pour réduire la taille des fichiers en réduisant la qualité des données sans que cela ne soit trop perceptibles réduisent très perceptiblement les données dans l’autre modalité (le mp3 est particulièrement agressif à l’œil). Privilégiez donc les formats non destructifs comme la flac et ou le png.
Depuis quelques années maintenant, ma vie est en partie guidée par l’arrivée d’une maladie dans la vie de ma fille. Comme tout scientifique, j’ai pris du temps pour comprendre cette maladie, l’état des connaissances sur la question, puis j’ai œuvré à partager ces explorations avec un site consacré à la maladie de Batten, et avec une participation de plus en plus active à l’association Vaincre les Maladies Lysosomales. Cela a naturellement influencé mes activités de recherche, qui se structurent aujourd’hui autour de deux thématiques : la déficience visuelle avec Compas, et la prise en charge de la douleur avec esanté-mobilité.
Et bien sûr, cela a aussi influencé la manière dont on vit au quotidien avec ma fille. Après avoir initié un blog consacré aux adaptations du quotidien, j’avais besoin de partager mon expérience et mes réflexions sur cette place du proche aidant, et sur les conséquences d’une maladie génétique dégénérative.
Depuis bientôt deux ans maintenant, je réfléchis à la forme que ce témoignage pourrait prendre. Au tout début j’imaginais écrire un livre. Mais le temps passant, j’ai structuré tout ça sous forme d’un podcast. Entre l’envie initiale et l’objet fini, il a fallut du temps de maturation, de réflexion, d’essais et d’écoute de conseils. Et ça y est, les premiers épisodes sont prêts à être diffusés. Au moment où j’écris cet article, j’ai tourné 7 épisodes, et ils sont programmés à la diffusion, un par un, chaque mercredi à 12h. Bien sûr, j’ai encore plein d’idées pour de nouveaux épisodes, et j’espère pouvoir les tourner en continu, de sorte à maintenir ce rythme de publication pendant plusieurs mois.
Le podcast s’appelle donc « quand même pas, Papa ! », et on peut retrouver tous les épisodes sur le site du cri de la girafe. Voici d’ailleurs le premier épisode, en guise d’introduction à la série :
Cela fait plus de 10 ans que je suis enseignant-chercheur, avec comme statut celui de maître de conférences. J’ai été recruté au 1er septembre 2010 par ce qui était alors l’une des deux universités clermontoises, l’Université d’Auvergne. Au fil des années, les obligations nationales ont imposé une restructuration des universités à travers la France, entraînant à Clermont-Ferrand la fusion des deux universités, dont l’entité résultant est devenue l’Université Clermont Auvergne.
Les missions assurées par les enseignants-chercheurs
Quand on est maître de conférences, notre statut impose de devoir réaliser l’équivalent de 192 heures d’enseignement en travaux dirigés par an, ce qui correspond à environ la moitié du temps, si l’on considère que ces 192 heures face aux étudiants (voire plus si l’on donne des travaux pratiques) nécessitent beaucoup d’heures en plus, pour préparer les cours, préparer les examens, les surveiller, les corriger, accompagner les étudiants dans leur parcours universitaire, et participer à l’animation pédagogique de son département. De nombreux collègues prennent aussi des responsabilités pédagogiques, afin d’assurer le fonctionnement des départements, des formations, etc.
Ce statut implique également de passer l’autre moitié de ses 1607 heures par an à mener une activité de recherche, avec pour objectif principal retenu par l’employeur la publication d’articles scientifiques. Avec le temps, cette activité nécessite de passer de plus en plus de temps à construire des dossiers de candidature pour répondre à des appels à projets, afin de financer des postes de chercheurs temporaires (doctorants, post-doctorants), d’ingénieurs, mais aussi disposer des financements pour assurer l’équipement, les déplacements et les participations aux conférences nécessaire à cette activité de recherche.
Quand on obtient le financement de projets, il est ensuite nécessaire de passer du temps à recruter les candidats, à faire le suivi de leurs contrats, à les accompagner dans leurs activités de recherche, mais aussi à régulièrement rendre compte aux financeurs, parfois avec une fréquence très élevée. Il s’agit de tâches administratives qui peuvent être très consommatrices en temps.
Enfin, une mission de plus en plus souhaitée par nos financeurs et employeurs, mais rarement valorisée dans notre évaluation est la diffusion vers le grand public de ces activités de recherche, en d’autres termes de la vulgarisation.
L’une des conséquences de ces injonctions à assumer des missions aussi diverses est la pression sur les personnels, qui entraîne parfois un désengagement de certaines missions. Une mécanique classique, notamment dans les IUT, consiste à ne plus assurer sa mission de recherche pour pouvoir répondre aux besoins d’heures à assurer en enseignement, et de manière générale en accompagnement des étudiants. À titre personnel, je fais tout pour éviter cela, d’une part parce que je ne le souhaite pas, mais aussi parce que la mécanique financière associée à cela est une perte sèche pour l’université, qui paye alors au maître de conférence un salaire correspondant à un temps plein enseignement et recherche, salaire complété d’heures supplémentaires réalisées dans le temps normalement imparti à la recherche…
Des missions qui évoluent
Avec le désengagement régulier de l’état dans le financement des universités, les missions ont progressivement évolué. C’est quelque chose que j’ai pu régulièrement constater depuis 1999, date à laquelle j’ai commencé à fréquenter l’université comme étudiant. Je me souviens par exemple des discussions qui ont eu lieu au moment du passage de la loi LRU, qui a précipité les universités dans une concurrence fratricide pour l’accès aux financements, et plus récemment avec l’émergence des labels d’excellence (isite, idex, labex, …). Ces politiques ont poussé toutes les échelles de l’université dans un fonctionnement de mise en concurrence : concurrence de site, où chaque bassin tente de fédérer le maximum de structures supérieures pour pouvoir bénéficier des financements des ministères (les petites universités étant vouées à disparaître faute de moyens), concurrence entre laboratoires pour attirer les financements des collectivités locales, de l’état, de l’Europe, concurrence entre les formations, qui doivent toujours se battre pour exister, faute de financement suffisant assuré. Dans ce mécanisme, on ne donne qu’à ceux qui sont déjà. Difficile d’être un outsider. Pour maintenir un niveau d’activité, on doit constamment monter des dispositifs de plus en plus gros, sous peine de disparaître. On est bien loin de l’esprit du service public avec cette mise en concurrence globalisée, qui dissimule difficilement une réduction toujours plus importante des financements, malgré l’augmentation chaque année des fraîchement diplômés du baccalauréat. Et bien sûr, ce mécanisme maintient naturellement la ségrégation sociale, les publics défavorisés ne bénéficiant pas d’un accès aux universités réellement soutenues par l’état.
Difficile dans ce contexte de maintenir une activité dans l’esprit de service public et de missions de l’université, qui devrait être un lieu de partage des connaissances plutôt qu’une machine à produire des « ressources humaines ». En plus de cette concurrence constante, on constate en effet une injonction — notamment dans les petites universités — à dispenser un enseignement utilitariste pensé uniquement vers marché de l’emploi.
Mes activités d’enseignement
Au moment de la mise en place du Bachelor Universitaire de Technologie (BUT) en remplacement du DUT, il est temps pour moi de faire le point sur mes activités d’enseignement.
Comme je l’écrivais plus haut, j’ai été recruté comme maître de conférences en informatique dans un département de gestion des entreprises et administrations d’un Institut Universitaire de Technologie (IUT). Si lors de mon recrutement, je pensais y trouver l’espace pour exercer mon activité d’enseignement, j’ai très vite déchanté. J’ai bien sûr pu assumer l’enseignement orienté sur ma discipline, avec un module de bases de données, mais au delà de ça, on n’a pu me proposer que des modules de mathématiques et statistiques, que j’ai assumé au début, et les modules de bureautique pour lesquels je n’ai aucune compétence, car Microsoft Word n’est pas LaTeX, et Microsoft Excel n’est pas python. Comme je l’écrivais il y a peu sur twitter, ce n’est pas parce que ton métier est de concevoir des trottinettes électriques que tu seras légitime à enseigner la conduite automobile. Mes compétences se placent au niveau de la science informatique (section 27), et je ne me considère pas compétent ni légitime à enseigner l’usage d’outils tels que les Progiciels de Gestion Intégrés dont j’ignore totalement le fonctionnement et enjeux de gestion et d’administration.
Au fil des années, j’ai donc été sollicité dans différentes formations pour assumer des enseignements plus proches de mes sujets de compétence, et où il manquait des intervenants à l’université. J’ai ainsi pu assumer au fil du temps l’animation de modules d’algorithmique, de géométrie et de traitement d’images, de bases de données, ou encore de gestion de projets informatiques. Plus récemment, j’ai également complété ces interventions par l’animation d’un atelier du Service Université Culture sur l’audiodescription, une pratique peu répandue mais très recherchée. Je me sens aujourd’hui bien plus légitime à assurer ces enseignements dans des filières universitaires ou d’école d’ingénieur que d’assurer ceux en GEA.
Les évolutions des missions d’enseignement
Ces dernières années, plusieurs phénomènes annoncent des évolutions notables dans ces activités d’enseignement.
Tout d’abord, avec la réduction constante des moyens attribués à l’université pour qu’elle assure l’enseignement de chaque étudiant, et les décisions politiques qui entraînent une précarisation toujours plus importante des personnels enseignants, la tension est palpable dans les départements : manque d’heures de permanents pour assurer les enseignements, pression à assumer des heures supplémentaires en nombre déraisonnable, contrainte à assumer des missions administratives toujours plus importante, et sans compensation ou presque. Si l’on ajoute à cela la pression associée à une évaluation quadriennale, et une opinion publique qui n’apporte plus le même crédit à ces activités du supérieur, on peut comprendre que les collègues perdent progressivement toute motivation à un engagement fonctionnaire.
Ensuite, les réformes successives de l’enseignement secondaire, avec les nouvelles modalités d’évaluation par compétence, la mise en place du nouveau baccalauréat avec un choix précoce des disciplines principales, et le maquillage de cette précarité de moyens par une application Parcoursup au fonctionnement ubuesque annoncent un avenir très très incertain pour des filières comme le BUT GEA. En effet, contrairement aux autres départements de l’IUT plus orientés vers des compétences techniques bien ciblées, l’enseignement proposé en GEA est plutôt généraliste, préparant au monde de l’entreprise au sens large, sans que l’étudiant ne soit nécessairement intéressé et impliqué à l’apprentissage de savoir-faire spécifiques. Au fil des années et des échanges avec les étudiants, j’avais compris qu’une large majorité d’entre eux choisissaient ce département par défaut, parce qu’il était généraliste, et permettait de ne « perdre aucune matière » parmi celles enseignées au lycée. Exception faite de celles et ceux convaincus qu’ils sont intéressés par la paye, les ressources humaines ou la comptabilité, une écrasante majorité de ces jeunes choisissent GEA comme un moyen d’attendre d’être en âge de rentrer dans le milieu professionnel. Ils espèrent bien sûr trouver une voie qui les mènera à une situation financière confortable, mais n’ont pas spécialement de motivation à suivre les cours proposés (combien de fois ai-je entendu « mais monsieur, on n’a jamais vu ça avant », comme s’il ne s’agissait que de réchauffer encore et toujours les mêmes enseignements du secondaire).
Avec les changements notamment du nouveau bac, les choix de matières ayant déjà été faits au fil du lycée, la filière GEA perd son statut de continuité sans changement. Si l’on ajoute à ça les injonctions des rectorats à ce que les IUT intègrent de plus en plus de bacheliers des filières technologiques, aux capacités très réduites à s’intéresser aux notions théoriques, on annonce une filière GEA encore moins universitaire, toujours aussi peu technologique, et donc définitivement salle d’attente du monde du travail.
Mes activités de recherche
Après quelques années à tenter de trouver ma place dans un laboratoire de recherche en sciences informatiques pour la santé, j’ai rejoint en 2016 le LIMOS, laboratoire d’informatique du site clermontois.
Après quelques années à y chercher ma place, j’ai finalement développé ma propre activité de recherche sur les problématiques associées à l’espace urbain et à la déficience visuelle, en construisant l’écosystème Compas dont j’ai parlé dans une récente vidéo. En parallèle, j’ai développé avec plusieurs collègues un axe de recherche autour de la thématique de la santé connectée pour la sédentarité, l’occasion de tisser des liens avec plusieurs laboratoires et instituts locaux.
La page consacrée à aux collaborations sur mon site professionnel liste les différents projets dont j’ai obtenu le financement, soit en tant que porteur principal, soit en tant que représentant du LIMOS dans le projet. Difficile de percevoir pour qui n’est pas expert les défis que cela implique, avec des taux d’acceptation très faibles. À titre d’exemple, seuls 16% des projets présentés à l’appel à projet ANR blanc finissent par décrocher un financement.
Ces deux dernières années, les choses se passent plutôt bien pour moi, c’est ainsi plus d’un million d’euros que j’ai participé à ramener au LIMOS et à ses partenaires pour financer du matériel, du personnel, des déplacements, des publications, etc. Les choses se mettent doucement en place, les jeunes chercheurs rejoignent les deux projets compas et esanté-mobilité. Ces prochaines années seront l’occasion de nombreuses publications, et de communications de vulgarisation autour de ces projets. Quand les choses s’enchaînent ainsi, il est de plus en plus difficile de prendre du recul pour se rappeler que ce mode de fonctionnement de la recherche, avec mise en concurrence des chercheurs, n’est pas satisfaisante. On se prend au jeu des dossiers de candidature, en apprenant à présenter les choses « pour que ça passe », en racontant ce que les financeurs ont envie de lire, sans sacrifier dans ces propositions nos envies et sujets d’intérêts scientifiques.
Être enseignant-chercheur en temps de COVID
La pandémie et l’obligation de confinement qu’elle impose depuis plus d’un an a bien sûr changé les pratiques de ce métier. J’ai énormément enseigné à distance cette année, et j’ai essentiellement mené mes activités de recherche à distance. C’était déjà une pratique familière pour moi, car déjà avant le COVID j’aimais gagner du temps dans la journée en évitant des déplacements inutiles.
En recherche, nous avons collégialement pris cette habitude de communication à distance (visio, chats, etc), ce qui a contribué à souder des liens forts et quotidien au sein des équipes de recherche, qu’elles soient éloignées ou non. Ça a réellement été une très bonne année en recherche, car j’ai pu avancer sur plein de sujets, et j’ai pu prendre le temps d’échanger avec beaucoup de partenaires, tout en continuant de monter des projets pour obtenir de nouveaux financements.
En enseignement, j’ai ressenti de plus grandes frustrations des enseignants et des étudiants, certes à cause des conditions, mais aussi parce que le métier est complètement modifié par l’usage de ces techniques numériques, et que nous ne sommes pas tous à pied d’égalité face à ces pratiques. On espère bien sûr un prochain retour à la normale, mais je garderai tout de même en tête que l’enseignement à distance a permis des échanges parfois très riches avec certains étudiants, et qu’il pourra faire partie des outils à solliciter.
Depuis quelques années maintenant, je mets en place plusieurs projets de recherche, qui s’assemblent aujourd’hui de manière assez cohérente au sein de l’écosystème Compas.
À l’occasion d’une conférence organisée par Florence Faberon à l’Université de Guyane, j’ai réalisé une vidéo de 20 minutes qui présente ces différentes activités de recherche.