En route vers d’autres aventures !

Il y a deux ans, je don­nais un aper­çu des acti­vi­tés qu’as­surent un ensei­gnant-cher­cheur, en racon­tant com­ment ces mis­sions avaient évo­lué avec le temps, éloi­gnant de plus en plus ce quo­ti­dien de ce que j’ai envie de vivre. Alors bien sûr, la dimen­sion recherche est pas­sion­nante, mais tout le reste devient trop coûteux.

J’ai donc choi­si de prendre une année de dis­po­ni­bi­li­té pour me consa­crer un peu plus aux besoins gran­dis­sants de ma fille et pour faire une pause de cet envi­ron­ne­ment que je trouve de plus en plus toxique. J’en déve­loppe ci-des­sous les motivations.

Les besoins d’une personne non autonome

Comme je le raconte depuis bien­tôt deux ans dans le pod­cast quand même pas, papa !, la mala­die de ma fille pro­gresse beau­coup ces der­niers temps, et sans accom­pa­gne­ment de chaque ins­tant, elle ne pour­rait pas assu­rer sa sur­vie. Je suis heu­reux d’être là pour elle, et de lui appor­ter, en plus du vital, les élé­ments qui font le bon­heur de la vie. Ce prin­temps, la struc­ture qui l’ac­cueillait dans la jour­née est arri­vée au bout de ses capa­ci­tés d’a­dap­ta­tion, et a mis fin à cet accueil.

La moi­tié du temps ma fille est donc à la mai­son (l’autre moi­tié du temps, elle est chez sa maman), et même si on s’or­ga­nise pour obte­nir les aides dont elle peut béné­fi­cier, j’ai envie et besoin d’être là pour elle.

Les aspects pra­tiques du métier d’en­sei­gnant-cher­cheur sont donc dif­fi­ci­le­ment com­pa­tibles avec ces besoins grandissants : 

  • Les ensei­gne­ments se passent à l’u­ni­ver­si­té, et sont répar­tis au fil de la semaine et au fil des mois de manière frag­men­tée. Impos­sible d’a­voir un emploi du temps com­pa­tible avec les enga­ge­ments à la mai­son auprès de ma fille.
  • Les dif­fé­rentes urgences admi­nis­tra­tives qu’on nous impose, la pré­pa­ra­tion des cours, la cor­rec­tion des copies, tout cela implique de tra­vailler régu­liè­re­ment le soir et les week-ends, entraî­nant une grande fatigue phy­sique, et là aus­si se col­li­sion­nant aux enga­ge­ments de proche aidant.

Il me fal­lait donc trou­ver une solu­tion pour un enga­ge­ment pro­fes­sion­nel plus flexible et moins volu­mi­neux. Un temps par­tiel, avec des mis­sions plus simples à assu­mer en paral­lèle de la proche aidance.

Avalanche de tâches administratives

Je l’a­vais déjà abor­dé dans le pré­cé­dent article, mais les tâches admi­nis­tra­tives s’ac­cu­mulent chaque année un peu plus sur les épaules des per­son­nels ensei­gnants-cher­cheurs de l’u­ni­ver­si­té, au point qu’elles finissent par deve­nir une grande par­tie du quotidien. 

Pour don­ner un simple exemple, sur l’un des pro­jets de recherche dans lequel je me suis un tout petit peu impli­qué, on doit rem­plir chaque mois, à la demande du finan­ceur, un tableau qui indique jour par jour les tâches que l’on a menées, qu’elles fassent par­tie du pro­jet, ou que ce soient d’autres tâches, avec une phrase expli­ca­tive pour chaque entrée cor­res­pon­dant au pro­jet. Le tout sur un site inter­net pas du tout ergo­no­mique, où il faut cli­quer à la main pour don­ner chaque jour la répar­ti­tion du temps de travail.

Et ça pour­rait paraître anec­do­tique si ça n’é­tait pas comme cela pour cha­cune des actions que l’on mène à l’u­ni­ver­si­té : pour chaque mis­sion de recherche ou d’en­sei­gne­ment, de res­pon­sa­bi­li­tés, d’a­ni­ma­tion scien­ti­fique, de vul­ga­ri­sa­tion, on se retrouve à devoir pro­duire des rap­ports, rem­plir des for­mu­laires, vali­der une pro­cé­dure, faire un appel d’offre ou obte­nir 3 devis. C’est d’un fas­ti­dieux qui embourbe com­plè­te­ment toutes les acti­vi­tés, au point que mener sa propre acti­vi­té de recherche devient un luxe qu’il faut payer en vam­pi­ri­sant du temps personnel.

Politique d’affectation des enseignements

Il y a deux ans, je racon­tais com­ment j’a­vais trou­vé un inté­rêt aux mis­sions d’en­sei­gne­ment en inter­ve­nant dans des for­ma­tions assez diverses, et qui à chaque fois étaient d’un bien plus grand inté­rêt que l’af­fec­ta­tion prin­ci­pale pour laquelle j’a­vais été recru­té : ensei­gner l’in­for­ma­tique pour les étudiant·e·s en IUT Ges­tion des Entre­prises et Administrations.

Cepen­dant, à l’oc­ca­sion d’un chan­ge­ment de direc­tion à l’IUT et avec l’ar­ri­vée de règles de plus en plus pré­cises impo­sées par l’u­ni­ver­si­té, on m’a deman­dé de ne plus m’en­ga­ger autre part qu’en GEA, sauf en heures supplémentaires. 

N’ayant pas le luxe de pou­voir me per­mettre d’heures sup­plé­men­taires, j’ai donc été contraint de cher­cher des rem­pla­çants ou de fer­mer les cours que j’a­ni­mais dans les autres for­ma­tions, et d’as­su­mer des heures d’en­sei­gne­ment en GEA sur des sujets loin de mes thé­ma­tiques d’ex­per­tise. C’est ain­si que je me suis trou­vé à ensei­gner les mathé­ma­tiques à des jeunes gens com­plè­te­ment dés­in­té­res­sés des sciences, à pas­ser des heures à expli­quer com­ment addi­tion­ner deux frac­tions, ou résoudre une équa­tion du pre­mier degré.

Je me suis donc retrou­vé englué dans cette « for­ma­tion », dont le rôle est plu­tôt d’as­su­rer la salle d’at­tente entre le lycée et des emplois peu qua­li­fiés du ter­tiaire, à accom­pa­gner des étudiant·e·s pour la majeure par­tie peu intéressé·e·s à leurs études, et sou­vent en grande dif­fi­cul­té sco­laire. Un contexte où j’ai pei­né deux ans à trou­ver l’é­pa­nouis­se­ment dont j’au­rais eu besoin pour y main­te­nir un enga­ge­ment durable. 

Envies de changement

Ces dif­fé­rents élé­ments com­bi­nés m’ont pous­sé à envi­sa­ger une voie hors de l’u­ni­ver­si­té. Nous, fonc­tion­naires, avons la chance de pou­voir sol­li­ci­ter une mise en dis­po­ni­bi­li­té, per­met­tant de quit­ter tem­po­rai­re­ment la fonc­tion publique pour y reve­nir après un court temps au même poste.

C’est donc ce que j’ai choi­si de faire, en assu­rant en même temps que je trou­vais un nou­vel employeur, pour y mener une acti­vi­té plus proche de mes envies actuelles. C’est ain­si que je rejoins pour un an Logi­road, en tant que cher­cheur senior, où je pour­rai exploi­ter au mieux l’ex­per­tise que j’ai construite au fil de mon début de car­rière pro­fes­sion­nelle : ges­tion de pro­jets, recherche et déve­lop­pe­ment en géo­mé­trie, en géo­ma­tique, en intel­li­gence arti­fi­cielle, avec une dimen­sion open source et open data. J’en­vi­sage aus­si d’y explo­rer la pro­blé­ma­tique de l’ac­ces­si­bi­li­té, en adé­qua­tion avec les offres com­mer­ciales de l’en­tre­prise, tout en y ajou­tant le regard et les connais­sances acquises ces der­nières années.

Je suis heu­reux de com­men­cer une nou­velle aven­ture, qui je l’es­père évi­te­ra que je m’é­par­pille en autant de mis­sions inutiles qu’à l’université.

Et puis à y réflé­chir, les étudiant·e·s qui arrivent cette année à l’u­ni­ver­si­té ont l’âge de ma fille, et je me dis que le hasard fait bien les choses, car j’au­rais je pense trou­vé dif­fi­cile d’en­sei­gner à ces jeunes gens la jour­née, tout en m’oc­cu­pant le reste du temps de cette jeune adulte qui se bat pour vivre avec cette maladie…

Podcasts

J’en­re­gis­trais hier le der­nier épi­sode de la deuxième sai­son du pod­cast Quand même pas, Papa !, que vous pou­vez retrou­ver sur toutes les pla­te­formes de pod­cast habi­tuelles, mais aus­si sur le site du cri de la girafe, ou à l’an­tenne de Radio Cam­pus Cler­mont.

Dans cet article, je reviens sur la manière dont je réa­lise ce pod­cast, et je par­tage avec vous quelques pod­casts qui m’ont mar­qué cette année.

Comment j’enregistre quand même pas, Papa !

Ce pod­cast, c’est un moyen pour moi de réflé­chir à ce que nous tra­ver­sons avec ma fille, cette mala­die qui s’ins­talle tou­jours un peu plus et bou­le­verse nos vies.

D’un point de vue pra­tique, je pré­pare les épi­sodes en pre­nant régu­liè­re­ment des notes sur les sujets que j’ai envie de trai­ter. Je prend des notes sous forme de phrases très simples, avec les grandes idées, que je struc­ture en listes à puce par exemple, voire garde en forme télé­gra­phique. L’i­dée est d’a­voir la trame et les idées prin­ci­pales sous les yeux au moment d’en­re­gis­trer, puis ensuite de lais­ser la spon­ta­néi­té de la parole non écrite.

Une fois toutes les une ou deux semaines, je m’ins­talle donc dans mon salon pour une ses­sion d’en­re­gis­tre­ment, de mon­tage et mixage. L’é­qui­pe­ment est iden­tique à celui que j’u­ti­lise pour ensei­gner à dis­tance : une carte son, un micro, un pré pré-ampli, et un casque.

Je réa­lise le mon­tage en même temps que l’en­re­gis­tre­ment, avec le logi­ciel ardour, un équi­valent libre de rea­per. Ma ses­sion est prête, avec l’ha­billage (les petites ambiances sonores) du pod­cast, et une piste avec les réglages habi­tuels que j’u­ti­lise sur ma voix (com­pres­sion, éga­li­sa­tion). Je lance l’en­re­gis­tre­ment, puis suit le fil de l’é­pi­sode. Je fais régu­liè­re­ment des pauses dans l’en­re­gis­tre­ment, pour reprendre une tour­nure de phrase qui ne me convient pas, pour ajus­ter une idée, tout en fai­sant tou­jours atten­tion à gar­der la même inten­tion dans la voix, la même proxi­mi­té au micro. Je n’ai pas envie que ça s’en­tende trop à l’écoute. 

Je ne cor­rige rien de la dic­tion, des petits bruits para­sites, et j’ai choi­si un micro clas­sique, dans une pièce non trai­tée, afin d’a­voir un son le plus natu­rel pos­sible, et pour ne pas avoir à tra­vailler trop sur cet aspect en réa­li­sant le podcast.

Chaque épi­sode fait envi­ron 10 minutes, et j’en­re­gistre en 10 à 20 prises, en pre­nant à chaque fois soin d’a­jou­ter une petite vir­gule sonore au moment de chan­ger de thème. Avec le temps, j’ai gagné en effi­ca­ci­té, et si l’é­pi­sode est prêt dans ma tête et dans mes notes (je le pré­pare sou­vent la veille pour y pen­ser avant d’en­re­gis­trer), il me suf­fit d’une heure pour bou­cler un épi­sode et le mettre en ligne.

Découvertes récentes

Racon­ter com­ment on fabrique de la bala­do­dif­fu­sion c’est cool, mais en écou­ter c’est très chouette aussi. 

Si vous n’a­vez pas eu l’oc­ca­sion d’é­cou­ter la radio des tas, je vous invite à réécou­ter les 9 épi­sodes de cette année sur le site inter­net de l’é­mis­sion, ou à écou­ter plus spé­ci­fi­que­ment la série de chro­niques à la source, réa­li­sées par Jor­di et Cécile pour cette émission.

Et puis j’ai aus­si récem­ment décou­vert d’autres pod­casts que trouve très bien faits, et que je vous pro­pose de décou­vrir ci-dessous.

Ça fait boom

Capture d'écran d'un logiciel de montage montrant plein de sons assemblés pour fabriquer une unique composition

Si vous avez envie d’é­cou­ter une émis­sion où la forme est aus­si soi­gnée que le fond, si vous avez envie d’ac­com­pa­gner Noé­mi dans ses ques­tion­ne­ments, ses ren­contres, ses coups de gueule et ses belles idées, je vous invite très fort à aller écou­ter ça fait boom, l’é­mis­sion qu’elle anime sur Radio Galère à Mar­seille, et qu’elle pro­pose en réécoute sur le site du cri de la girafe. 

C’est beau, c’est sen­sible, des fois c’est dur, par­fois c’est drôle, tou­jours c’est beau.

Apothicast

Apo­thi­cast est un pod­cast consa­cré à l’his­toire de la san­té et des sciences sociales, et est réa­li­sé par Bas­tien Delattre, un phar­ma­cien pas­sion­né d’his­toire de la san­té. J’a­vais ado­ré le pre­mier épi­sode consa­cré à l’his­toire de la cocaïne, et de son usage notam­ment médical. 

Chaque épi­sode explore un sujet, avec un invi­té expert de la ques­tion. Les échanges sont riches, pré­cis, on retrouve dans les pro­blé­ma­tiques évo­quées à la fois les facettes scien­ti­fiques et de san­té publique, mais aus­si la dimen­sion socié­tale des sujets abordés.

Le site inter­net du pod­cast est aus­si riche de nom­breuses réfé­rences et liens qui invitent à pour­suivre l’ex­plo­ra­tion des sujets abordés.

Deux connards dans un bibliobus

Deux connards dans un biblio­bus, c’est un pod­cast à la forme déten­due, deux gars qui causent dans un micro sans se prendre la tête, et qui abordent des ques­tions pas­sion­nantes liées à leur acti­vi­té pro­fes­sion­nelle, dans le monde de la bibliothèque.

Même si ini­tia­le­ment, on entend que le pod­cast est conçu par et pour des biblio­thé­caires, j’y trouve plein d’in­té­rêts, plein de sujets qui ali­mentent mes réflexions et font écho à des pro­blé­ma­tiques qui sont plus générales.

Je m’y retrouve d’a­bord parce que je suis un rat de biblio­thèque. L’un des pre­miers articles sur ce blog par­lait de retard dans les biblio­thèques. C’é­tait en 2005, ça ne nous rajeu­nit pas…

Mais aus­si parce qu’ils abordent des ques­tions impor­tantes sur ce que devrait être un ser­vice public ouvert à toutes et à tous. On accom­pagne les deux pro­ta­go­nistes dans une dis­cus­sion sur la ques­tion de la neu­tra­li­té, sur l’i­dée que les média­thèques soient des lieux à voca­tion inclu­sive, ou encore sur les biais cultu­rels et sociaux des per­son­nels, en pro­po­sant à chaque fois des réfé­rences uni­ver­si­taires, des tra­vaux de biblio­thé­caires, des outils de réflexion et mise en pratique.

Et enfin, avec leur posi­tion tur­bo-gau­chiste (comme dirait l’a­mi Thier­ry) au cœurs d’ins­ti­tu­tions par­fois très conser­va­trices et contraintes par les injonc­tions libé­rales et les res­tric­tions bud­gé­taires, ils racontent quelque chose qui res­semble à ce que je vis au sein de l’université.

Fronde(s) !

Fronde(s)! En blanc sur noir, illustration stylisée d'un cocktail molotov

Fronde(s) !, c’est un pod­cast réa­li­sé par Geof­frey Dorne, dont on retrouve les dif­fé­rentes pro­duc­tions sur le site hckr.fr.

Dans ce pod­cast, sous-titré « le pod­cast qui explore le desi­gn des luttes contem­po­raines », l’au­teur pro­pose à dans chaque court épi­sode un tour d’ho­ri­zon des pra­tiques et tech­niques uti­li­sées à tra­vers le monde pour orga­ni­ser ou agir dans les luttes : apprendre à pro­té­ger ses com­mu­ni­ca­tions, com­ment créer une radio pirate, se pro­té­ger des camé­ras et de leurs algo­ritmes, ou encore stra­té­gies d’an­ti­ci­pa­tion pour les mani­fes­tants courageux.

La réa­li­sa­tion sonore extrê­me­ment soi­gnée de ce pod­cast n’en­lève rien à la clar­té du pro­pos et à la qua­li­té de l’a­na­lyse des dif­fé­rentes pra­tiques, qui reprennent en les appro­fon­dis­sant par­fois les idées déve­lop­pées dans l’ou­vrage « Hacker, pro­tes­ter : guide pra­tique des outils de lutte citoyenne » , du même auteur.

Le tra­vail de vul­ga­ri­sa­tion et de syn­thèse est très soi­gné, ce qui rend acces­sible les dif­fé­rentes pro­po­si­tions, et donne même très envie de s’y essayer. Et peut-être de par­ta­ger avec l’au­teur d’autres ques­tion­ne­ments, et d’autres bonnes idées.

Calculer ses itinéraires cyclistes

L’ar­ri­vée d’un vélo neuf a bou­le­ver­sé mes pra­tiques de mobi­li­té. Sa fia­bi­li­té et son effi­ca­ci­té sont à la hau­teur d’un usage quo­ti­dien, même dans une ville à fort déni­ve­lé comme Cler­mont-Fer­rand. Les sor­ties hors de la ville deviennent un vrai plai­sir. Mais il faut pour cela dis­po­ser d’un bon outil pour choi­sir ses iti­né­raires, car la qua­li­té de l’in­fra­struc­ture pour les cyclistes est plu­tôt incon­sis­tante autour de chez moi.

Nouvelles pratiques de mobilité

Il y a quelques mois, j’ai déci­dé de chan­ger mes habi­tudes de dépla­ce­ments quo­ti­diens, en rem­pla­çant les trans­ports en com­mun par le vélo pour les dépla­ce­ments qui sortent de la ville du quart d’heure à pied.

Si je n’ai jamais uti­li­sé la voi­ture pour les dépla­ce­ments urbains, j’a­vais gar­dé par prin­cipe com­mu­niste l’u­ti­li­sa­tion des trans­ports en com­muns. Mais il faut avouer que le réseau cler­mon­tois atteint un niveau d’i­nef­fi­ca­ci­té qui a fini par me faire pri­vi­lé­gier sou­vent la marche, et main­te­nant le vélo en complément.

Je n’a­vais jamais ache­té de vélo neuf, mais plu­tôt bri­co­lé des vieux biclous grâce au gui­don dans la tête. Cepen­dant, après de nom­breuses galères tech­niques, j’ai fini par me convaincre d’a­che­ter un vélo neuf. J’ai ain­si fait confiance à Tem­po pour choi­sir la nou­velle bicy­clette de ma vie. En iden­ti­fiant les pra­tiques envi­sa­gées, nous avons confir­mé l’in­tui­tion de l’a­mi Thier­ry Toth, et j’ai ain­si opté pour un gra­vel de chez Marin.

Vélo type gravel (VTT sans amortisseurs), cadre marron, porte bagage arrière, guidon et antivol.

Quel plai­sir gigan­tesque d’a­voir de vrais freins puis­sants, des pièces solides, un dérailleur qui fonc­tionne super flui­de­ment, et une cas­sette avec 12 (!) pignons, qui assure à la fois de pou­voir avan­cer sans peine entre 6km/h pour les giga mon­tées, jus­qu’à 45km/h voire 50km/h pour les belles descentes. 

Profil d'un itinéraire avec une courte monté à 7-9%, classée rouge sur le tracé

La super mon­tée (7 à 9% de pente) entre mon domi­cile et le cam­pus uni­ver­si­taire n’est même plus du tout impres­sion­nante, le tra­jet se fai­sant plus rapi­de­ment qu’en trans­port en com­mun ou en voi­ture (aux heures de forte cir­cu­la­tion), même avec ce dénivelé.

Un assez gros carton tenu par des tendeurs sur le bagage arrière du vélo.

Avec un porte-bagages, quelques ten­deurs et un caisse en bois au besoin pour com­plé­ter tout ça, on peut même trans­por­ter pas mal de choses.

J’a­vais déjà rejoint VéloCité63 pour par­ti­ci­per à la veille sur l’ac­ces­si­bi­li­té pié­tonne et fau­teuil rou­lant à Cler­mont-Fer­rand (ce sont des usages qui sont dans leurs sta­tuts). Avec cette inten­si­fi­ca­tion de ma pra­tique cycliste, je suis content de pou­voir échan­ger avec les autres per­sonnes adhé­rentes sur ces ques­tions de mobi­li­té, pour mieux com­prendre les infra­struc­tures exis­tantes, mais aus­si par­ti­ci­per à les faire évoluer.

Sorties Occasionnelles de Flânerie Touristique (SOFT)

En plus des dépla­ce­ments urbains et uti­li­taires, j’ai aus­si com­men­cé à faire quelques sor­ties, pour renouer avec une pra­tique que j’a­vais oublié depuis près de 20 ans. Si je n’ai jamais pu rejoindre la Dôme Urban Ride (DUR), cette sor­tie men­suelle noc­turne pro­po­sée par des cyclistes cler­mon­tois, je me suis construit mon petit pro­gramme, avec les Sor­ties Occa­sion­nelles de Flâ­ne­rie Tou­ris­tique (SOFT). Un peu moins agres­sif comme inti­tu­lé, et qui pour­rait res­sem­bler aux sug­ges­tions de sor­ties pro­po­sées par Cler­mont sans voi­ture.

La SOFT#3 a ain­si été l’oc­ca­sion d’as­sis­ter à une soi­rée orga­ni­sée par l’é­mis­sion de radio Inna Dif­ferent Style au Bloom bar, dans l’an­cienne ber­ge­rie du châ­teau de Cha­ze­ron.

Si j’é­tais mon­té depuis Cler­mont-Fer­rand jus­qu’au châ­teau de Cha­ze­ron à vélo, les plus de 500 mètres de déni­ve­lé posi­tif m’au­raient pris bien plus de temps que ce que mon emploi du temps me per­met­tait. J’ai donc pris le car TER SNCF jus­qu’à Vol­vic (on peut embar­quer son vélo sous réserve de place dis­po­nible), puis pour­sui­vi pen­dant une grosse demie-heure sui­vant un iti­né­raire assez plat et très agréable, au milieu d’un pay­sage que je ne connais­sais pas. Une très belle pro­me­nade pour retrou­ver les ami·e·s et pas­ser la soi­rée à pro­fi­ter du cadre. J’ai ensuite repris la route vers Cler­mont-Fer­rand (en des­cente c’est plus simple) sans encombre, grâce à de bonnes lumières.

Calculateur d’itinéraire et application de guidage

Si la plu­part des bases de don­nées géo­gra­phiques (IGN, Via­Mi­che­lin, Google Maps, etc) et les appli­ca­tions de rou­tage grand public sont très bien adap­tées au dépla­ce­ment auto­mo­bile, on ne peut pas dire la même chose quand il s’a­git de se dépla­cer à vélo.

Car d’une part, les infra­struc­tures sont en moyenne peu adap­tées à cette pra­tique, avec de nom­breuses voies très dan­ge­reuses, incon­for­tables, voire impra­ti­cables. Mais aus­si parce que les bases de don­nées citées plus haut ne contiennent pas les infor­ma­tions liées à l’in­fra­struc­ture cycliste (pré­sence de pistes cyclables, sec­tions car­ros­sables ou non, etc). Et enfin parce que la plu­part des outils de cal­cul d’i­ti­né­raire n’in­tègrent pas les besoins élé­men­taires du dépla­ce­ment cyclable, comme la consi­dé­ra­tion du déni­ve­lé par exemple, en plus de l’é­qui­pe­ment de la voirie.

Heu­reu­se­ment, OpenS­treet­Map a été depuis plu­sieurs années un espace numé­rique de contri­bu­tion des usa­gers cyclistes, en fai­sant pro­ba­ble­ment la base de don­nées la plus pré­cise et à jour sur la ques­tion. Et comme cette base de don­nées géo­gra­phique arrive avec de nom­breux outils, on retrouve avec plai­sir des solu­tions dédiés aux cyclistes, comme le super outil de cal­cul d’i­ti­né­raires brou­ter-web, dont cer­taines ins­tances sont très com­plètes pour le vélo.

L'itinéraire reliant la place de Jaude au haut du puy de Dôme, vu depuis l'interface de brouter montre le tracé ainsi que le profil de l'itinéraire, toujours en montée (intense).

L’ou­til est très pra­tique, on peut régler plein de para­mètres pour ajus­ter l’i­ti­né­raire à son véhi­cule, ses capa­ci­tés et ses envies, il pro­pose une visua­li­sa­tion très com­plète et pra­tique d’u­ti­li­sa­tion, et a l’é­norme avan­tage d’être com­plè­te­ment adap­té aux usages cyclistes.

Cepen­dant, quand on part en iti­né­rance, on peut vou­loir uti­li­ser une solu­tion débran­chée, ne néces­si­tant pas d’a­voir un accès à internet.

OsmAnd

La pre­mière appli­ca­tion à ins­tal­ler pour béné­fi­cier de toutes les infor­ma­tions d’in­fra­struc­ture conte­nues dans OpenS­treet­Map, c’est bien sûr OsmAnd. Cette appli­ca­tion per­met de télé­char­ger les don­nées dépar­te­ment par dépar­te­ment (mais aus­si sur des plus grands ter­ri­toires), et embarque un cal­cu­la­teur d’i­ti­né­raire qui fonc­tionne très bien. Alors bien sûr, il ne connaît pas l’é­tat du tra­fic, mais il fait bien le job, même quand on se déplace en voiture.

L’ap­pli­ca­tion est super confi­gu­rable, avec appa­rence de la carte, du tra­cé, acti­va­tion d’un gui­dage sonore, dif­fé­rents pro­fils d’i­ti­né­raires, pos­si­bi­li­té d’en­re­gis­trer des coor­don­nées favo­rites, ou encore d’en­re­gis­trer sa trace GPS.

La ver­sion ins­tal­lée depuis Google Store est ver­rouillée sur cer­taines fonc­tion­na­li­tés, et il faut payer pour les déblo­quer. Cepen­dant, si on choi­si d’ins­tal­ler l’ap­pli­ca­tion par F‑Droid, on dis­pose d’une ver­sion com­plè­te­ment déver­rouillée. À privilégier. 

Les algo­rithmes de rou­tage embar­qués dans OsmAnd sont plu­tôt cor­rects, cepen­dant si on a pris goût à la qua­li­té du rou­tage de brou­ter-web, on peut avoir envie d’en dis­po­ser éga­le­ment en iti­né­rance. Pour cela, il faut com­plé­ter l’ins­tal­la­tion par une deuxième appli­ca­tion, BRou­ter Offline Navi­ga­tion.

BRouter Offline Navigation

BRou­ter Offline Navi­ga­tion est une appli­ca­tion qui n’a pas d’in­ter­face de consul­ta­tion, mais sera inter­ro­gée par osmand pour four­nir des iti­né­raires. On ins­talle donc l’ap­pli­ca­tion, puis on télé­charge les don­nées sur l’emprise qui nous inté­resse (oui, ça fait deux fois les don­nées sur son télé­phone, une fois dans osmand, et une fois dans brou­ter, mais c’est le prix à payer pour un cal­cul de qualité). 

Une application indiquant "select a routing profile", puis une liste de valeurs possibles: rail, river, safety, shortest, trekking, ...

Enfin, on relance l’ap­pli­ca­tion pour choi­sir le pro­fil de cal­cul qui sera uti­li­sé par osmand (et les appli­ca­tions tierces uti­li­sant BRou­ter). Si on veut retrou­ver les iti­né­raires de brou­ter-web inti­tu­lés « Cyclo­tou­risme » (avec ou sans variante), à ce moment-là il faut choi­sir « trek­king », ou une de ses variantes.

Je n’ai pas essayé, mais je pense que l’on peut expor­ter un pro­fil ajus­té sur brou­ter-web et le ran­ger dans le bon dos­sier de l’ap­pli­ca­tion pour qu’il devienne sélec­tion­nable dans cette liste.

OsmAnd et BRouter Offline Navigation

Dans OsmAnd, il faut ensuite créer un nou­veau pro­fil dédié. L’in­ter­face pro­pose de par­tir d’un pro­fil exis­tant. J’ai choi­si de décli­ner le pro­fil vélo d’Os­mAnd, et dans ses para­mètres de gui­dage, j’ai ajus­té le type de navi­ga­tion en sélec­tion­nant un type hors ligne et externe (en bas de la liste), où appa­raît alors BRouter.

C’est une petite gym­nas­tique pour réus­sir à confi­gu­rer ça, mais ça vaut vrai­ment le coup, car les iti­né­raires sont super soi­gnés avec cet algorithme.

Lectures de l’étagère que dalle

J’ai per­du l’ha­bi­tude de par­ta­ger ici les lec­tures du moment, qui pour­tant n’ont jamais ces­sé, comme le montre ce petit bout de ma biblio­thèque qui grandit.

Cette année, j’ai cepen­dant régu­liè­re­ment par­lé de livres dans l’é­mis­sion la radio des tas, avec la chro­nique l’é­ta­gère que dalle. Alors, pas que des livres, mais tou­jours des choses à lire.

Fin de sai­son oblige, je fais le tour des livres dont on a parlé.

Où sont les « gens du voyages », inventaire critique des aires d’accueil

Couverture du livre Où sont les  « gens du voyages », inventaire critique des aires d'accueil

Pour la pre­mière chro­nique j’ai par­lé d’un livre qui m’a mar­qué cette année : où sont les « gens du voyage », inven­taire cri­tique des aires d’accueil, de William Acker. L’auteur y raconte la vio­lence d’état et la vio­lence sys­té­mique que vivent les Voya­geurs et Voya­geuses, que l’administration appelle « gens du voyage » alors qu’iels n’ont pas accès à 94% du ter­ri­toire. Ce livre m’a per­mis de com­prendre qu’il me res­tait des angles morts dans ma per­cep­tion de l’intersectionnalité.

Une chro­nique à retrou­ver dans la pre­mière émis­sion de la radio des tas.

La privatisation numérique, déstabilisation et réinvention du service public

Dans cette nou­velle chro­nique de l’étagère que dalle, j’ai sui­vi le fil de La pri­va­ti­sa­tion numé­rique, désta­bi­li­sa­tion et réin­ven­tion du ser­vice public, de Gilles Jean­not et Simon Cot­tin-Marx, publié en 2022 aux édi­tions Rai­sons d’agir. Les auteurs y décor­tiquent les méca­nismes qui font cette pri­va­ti­sa­tion, laquelle dépasse lar­ge­ment la vente ou de la mise en concur­rence des entre­prises publiques. Bla­bla­car, Google Maps, Doc­to­lib, Stop­Co­vid, voi­ci quelques exemples qui illus­trent ces méca­nismes. Mais cer­tains acteurs, fonc­tion­naires ou asso­cia­tions, tentent de pro­po­ser des alter­na­tives. On pense ici aux Com­muns entre l’IGN et OpenS­treet­Map, ou encore à Fra­ma­soft, ou la Qua­dra­ture du Net.

Couverture du livre La privatisation numérique, déstabilisation et réinvention du service public

Une chro­nique à retrou­ver dans la deuxième émis­sion de la radio des tas.

Collectif Cabrioles

Pour la troi­sième émis­sion, j’ai choi­si de ne pas par­ler d’un livre, mais du col­lec­tif Cabrioles, qui per­met de pen­ser l’autodéfense sani­taire, à un moment où l’état et une grande majo­ri­té des par­tis poli­tiques et mou­ve­ments sociaux ferment les yeux sur une sous-classe virale.

Une chro­nique à retrou­ver dans la troi­sième émis­sion de la radio des tas.

Opération vasectomie

Couverture du livre "Opération vasectomie"

Dans l’étagère que dalle, Jean-Marie a par­cou­ru Opé­ra­tion Vasec­to­mie d’Élodie Ser­na (édi­tions Liber­ta­lia, 2021), dans lequel on découvre les dif­fé­rentes appro­pria­tions de cette tech­nique de sté­ri­li­sa­tion, à la fois uti­li­sée par des gou­ver­ne­ments eugé­nistes, mais éga­le­ment reven­di­qué comme un outil d’émancipation par les cou­rants anar­chistes des années 30.

Une chro­nique à retrou­ver dans la qua­trième émis­sion de la radio des tas.

De gré et de force, comment l’état expulse les pauvres

Alors que la loi anti-squat conti­nue son pro­ces­sus d’acceptation par­le­men­taire, l’étagère que dalle pré­sente « De gré et de force, com­ment l’état expulse les pauvres » de Camille Fran­çois, une enquête à lire pour com­prendre la vio­lence ins­ti­tu­tion­nelle à laquelle doivent faire face les classes précarisées.

Couverture dlu livre "De gré et de force, comment l’état expulse les pauvres"

Une chro­nique à retrou­ver dans la sixième émis­sion de la radio des tas.

La surveillance algorithmique

Dans sa chro­nique L’État gère que dalle, j’ai choi­si de par­ler d’une ques­tion d’ac­tua­li­té : com­ment la loi sur les JO et para­lym­piques de 2024 étend un peu plus l’usage de la sur­veillance algo­rith­mique et les pers­pec­tives qu’ouvre son article 7. On peut lire ce billet de la qua­dra­ture du net, qui fait le point sur la question.

Une chro­nique à retrou­ver dans la hui­tième émis­sion de la radio des tas.

Q comme Qomplot, comme les fantasmes de complot défendent le système

Dans la der­nière émis­sion de la sai­son, je suis reve­nu sur le livre « Q comme Qom­plot — com­ment les fan­tasmes de com­plot défendent le sys­tème », de Wu Ming 1, tra­duit de l’italien et publié en France chez Lux en 2022. Le livre com­mence par une enquête sur QAnon, entre Europe et États-Unis, revient sur les cou­rants conspi­ra­tion­nistes, et per­met de com­prendre plein de choses, notam­ment sur la manière dont on peut réagir, puisque le debunk ne fonc­tionne pas.

Pen­dant la chro­nique, j’ai aus­si par­lé de « Les Dis­si­dents — une année dans la bulle conspi­ra­tion­niste » d’Anthony Man­suy, sor­ti en 2022 aux édi­tions Robert Laf­font, et enfin de « Le mythe de l’entrepreneur — défaire l’imaginaire de la Sili­con Val­ley », d’Anthony Gal­luz­zo, publié à la Décou­verte en 2023.

Une chro­nique à retrou­ver dans la neu­vième émis­sion (en public !) de la radio des tas.

En fin d’é­mis­sion, j’ai aus­si par­lé de de « Hacker Pro­tes­ter : guide pra­tique des outils de lutte citoyenne » de Geof­frey Dorne, qui donne plein d’idées pour s’organiser. Et si on pré­fère la forme pod­cast, on peut décou­vrir quelques-uns des thèmes explo­rés dans le livre dans son pod­cast d’ailleurs Fronde(s) !

Vaincre les maladies lysosomales

Hey, les copains, les copines, lec­teurs et lec­trices de ce blog, venez adhé­rer à l’as­so­cia­tion Vaincre les Mala­dies Lyso­so­males !

Vous connais­sez les défis aux­quels ma fille doit faire face. Celles et ceux qui l’en­tourent l’ac­com­pagnent au mieux, mais par­fois on se sent seul, c’est dur.

L’as­so­cia­tion Vaincre les Mala­dies Lyso­so­males aide à ne pas se sen­tir seul face à cette mala­die rare. Savoir que vous adhé­rez à l’as­so­cia­tion, que vous sou­te­nez ses actions, ça me ferait du bien, ça don­ne­rait de la force aux actions qu’elle porte, ça don­ne­rait de l’éner­gie à toutes les per­sonnes qui vivent avec l’une de ces mala­dies lysosomales.

Pour com­prendre ce que l’on vit, vous pou­vez écou­ter le pod­cast Quand même pas, Papa !, dont la deuxième sai­son vient de commencer !

Vous pou­vez aus­si consul­ter le site d’in­for­ma­tion et de vul­ga­ri­sa­tion sur la mala­die de Bat­ten, dont est por­teuse ma fille : cln.jmfavreau.info.

L’adhé­sion est seule­ment à 20 euros, et vous pou­vez aus­si sou­te­nir l’as­so­cia­tion en fai­sant un don, par­tiel­le­ment déduc­tible si vous payez des impôts. Ren­dez-vous sur la page d’adhé­sion du site de l’as­so­cia­tion.

Adapter un pèse-personne pour la position assise

Ma fille ne pou­vant plus tenir la posi­tion debout, le sui­vi de son poids néces­site un pèse-per­sonne adap­té. Une chaise pèse-per­sonne, ça coûte vrai­ment cher, même en loca­tion. Alors pour­quoi ne pas adap­ter une balance domes­tique pour le même résultat ?

Voi­là com­ment j’ai pro­cé­dé. Puis­qu’à chaque étape on peut faire d’autres choix que ceux pré­sen­tés, j’ai détaillé la concep­tion pour par­ta­ger ce que j’ai iden­ti­fié d’im­por­tant, et pour mon­trer com­ment je suis arri­vé à une solu­tion fonctionnelle.

À noter, avant de com­men­cer, que je n’ai pas conçu ce dis­po­si­tif pour qu’il soit mani­pu­lable (repose-pied rétrac­table, lec­ture de la mesure) par la per­sonne concer­née, car elle n’est pas auto­nome pour cela.

Choix du pèse-personne

J’a­vais ini­tia­le­ment choi­si une balance (Sal­ter 9275 BK3R) capable d’en­cais­ser mon poids et celui de ma fille, avec l’i­dée de nous peser tous les deux. Mais la por­ter à chaque fois pour la pesée m’a fina­le­ment paru bien ris­qué. On doit pou­voir se faci­li­ter la vie.

Le pèse-per­sonne que j’ai choi­si a plu­sieurs avan­tage, pour la trans­for­ma­tion que l’on va réaliser :

  • il dis­pose d’un pla­teau assez large, per­met­tant de faci­le­ment y adap­ter un cadre de support,
  • ses pieds sont rela­ti­ve­ment éloi­gnés, ce qui lui assure une bonne stabilité,
  • son affi­chage grande taille n’est pas gênant pour une lec­ture sous la chaise,
  • son prix rai­son­nable (de l’ordre de 30 euros sui­vant les revendeurs).
Pèse-per­sonne Sal­ter 9275 BK3R, juste à côté des pieds d’une chaise

Création du cadre adapté

La pre­mière étape consiste à créer un cadre qui s’a­dapte au pèse-per­sonne, et qui puisse sup­por­ter la chaise. Voi­ci quelques élé­ments que j’ai consi­dé­ré quand je l’ai imaginé :

  • S’as­su­rer que le cadre ne touche pas le sol.
  • S’as­su­rer que le cadre soit blo­qué sur la balance, qu’il ne puisse glis­ser ni avant-arrière, ni gauche-droite. 
  • S’as­su­rer que les pieds de la chaise ne soient pas trop en dévers par rap­port à la balance.
  • S’as­su­rer que l’on puisse faci­le­ment poser la chaise sur le cadre, mais qu’elle ne glisse ni ne bascule.
  • S’as­su­rer que le centre de masse de la per­sonne assise soit bien au centre de la balance, voire légè­re­ment un peu en arrière.

Quelques astuces clas­siques quand on fabrique quelque chose avec du bois :

  • Évi­ter de mesu­rer, pri­vi­lé­gier le report de lon­gueur. C’est ain­si que j’ai assem­blé le cadre autour de la balance, en pla­çant un petit écar­teur (une fine lame de scie) pour m’as­su­rer que le cadre n’é­tait pas trop res­ser­ré autour du cadre
  • Uti­li­ser si pos­sible du bois de récu­pé­ra­tion. J’ai ici uti­li­sé des chutes d’un cadre de lit et som­mier qui s’é­tait cas­sé. Les tra­verses très larges et les lattes fines mais rigides font très bien le job.
  • Quand on visse dans le sens du bois, il faut choi­sir des vis plus longues. Évi­dem­ment, dans l’autre sens, s’as­su­rer que les vis ne dépassent pas les deux planches, tout en pre­nant assez la seconde.
  • Faire des pré-trous sur la planche du des­sus quand on réa­lise un assem­blage, pour être sûr que l’as­sem­blage soit solide (pas d’é­cart entre les deux planches), et pour évi­ter de fendre les planches
  • Deux vis suf­fisent à assu­rer l’or­tho­go­na­li­té de l’as­sem­blage. Ortho­go­na­li­té que l’on assure par l’as­sem­blage autour de la balance plu­tôt que par mesure.

J’ai donc choi­si d’a­voir deux tra­verses de sou­tien pour les pieds de chaise orien­tés dans le sens devant-der­rière. Elles sont assem­blées grâce à deux tra­verses fines per­pen­di­cu­laires, qui encadrent soi­gneu­se­ment la balance pour évi­ter le glis­se­ment devant-der­rière. Puis on ajoute deux cales en des­sous pour évi­ter le glis­se­ment gauche-droite.

J’ai ensuite ajou­té une planche de butée sur toute la par­tie arrière, afin de faci­li­ter le posi­tion­ne­ment de la chaise dans le sens avant-arrière, puis deux cales col­lées à la super­glue pour que les pieds avant soient contraints dans la direc­tion gauche-droite.

Création d’un repose-pieds rétractable

Après le pre­mier essai, il était clair qu’il fal­lait ajou­ter un repose-pied, car en uti­li­sant le pèse-per­sonne, on risque trop faci­le­ment de tou­cher le sol. J’ai donc ima­gi­né un repose-pieds rétrac­table, en pro­fi­tant de planches de la même taille que celles déjà utilisé.

Le prin­cipe d’u­sage est de s’as­seoir avec le repose-pieds rétrac­té, puis le tirer pour l’u­sa­ger ensuite. 

Là encore, il faut pen­ser une butée en avant, et une en arrière du repose-pieds tiroir. J’ai choi­si d’a­voir une butée sur le mon­tant avant infé­rieur pour l’a­vant du tiroir, et une butée sur le mon­tant avant supé­rieur (ajou­té afin d’as­su­rer la tenue du tiroir). J’ai d’ailleurs ajou­té un mor­ceau de car­ton plié en deux sous les deux vis laté­rales au moment de fixer ce mon­tant au cadre, afin d’a­voir un léger jeu néces­saire pour cou­lis­ser l’en­semble. Ici aus­si, je n’ai rien mesu­ré, mais assem­blé direc­te­ment au milieu du cadre déjà assem­blé, en uti­li­sant une fine lame pour assu­rer un léger écart gauche-droite. Il est éga­le­ment impor­tant de s’as­su­rer que les deux butées ain­si ajou­tées ne touchent ni le sol (pour celle de devant), ni la balance (pour celle de derrière).

À l’u­sage, ce repose-pieds fonc­tionne par­fai­te­ment. Le dévers n’est pas trop impor­tant, on n’ob­serve pas de risque de bas­cule vers l’avant.

Astuce pour faciliter la lecture

Der­nier point, mais pas des moindres, le logi­ciel de la balance est conçu pour allu­mer l’é­cran dès que l’on s’ins­talle sur la balance. Une fois la mesure réa­li­sée, il affiche le poids pen­dant quelques secondes avant d’é­teindre l’é­cran. Ce der­nier ne se ral­lume qu’à condi­tion que l’on se retire de la balance puis qu’on s’y repositionne.

Je n’a­vais pas iden­ti­fié ce pro­blème au début, et il s’est avé­ré assez contrai­gnant, car quand on aide la per­sonne à s’ins­tal­ler, on ne peut pas regar­der l’é­cran en même temps, et une fois que tout est réglé, l’é­cran est déjà éteint.

J’ai d’a­bord ima­gi­né dépor­ter les 3 piles AAA dans un boî­tier accom­pa­gné d’un inter­rup­teur pour per­mettre d’al­lu­mer la balance à dis­tance. Mal­heu­reu­se­ment, quand on ral­lume la balance avec un poids déjà posi­tion­né des­sus, il ne ral­lume pas l’écran.

J’ai fina­le­ment trou­vé une autre solu­tion, pour contour­ner ce pro­blème : le pèse-per­sonne dis­pose sous la balance d’un bou­ton per­met­tant par pres­sions suc­ces­sives de chan­ger l’u­ni­té d’af­fi­chage (kg, livre, stone). Or, quand on active ce bou­ton pen­dant que l’é­cran est éteint, à la pre­mière pres­sion la balance allume l’é­cran sans chan­ger l’unité. 

La seule dif­fi­cul­té était alors de don­ner accès à ce bou­ton situé sous la balance, alors que la garde n’est que de quelques mil­li­mètres. J’ai com­men­cé par modi­fier le bou­ton en l’a­gré­men­tant d’un cha­peau fait d’un disque de punaise métal­lique, puis j’ai détour­né une cuillère en la redres­sant, afin de faire un levier facile à mani­pu­ler pour pres­ser sur le bouton.

On peut noter que cette astuce per­met éga­le­ment de mesu­rer le poids du com­bi­né chaise + cadre à vide (dans mon cas 8,9kg), afin de le sous­traire à chaque pesée réa­li­sée avec le dispositif.

Saucisse Records #04

Début décembre, Sau­cisse Records, le fameux col­lec­tif élec­tro­nique d’ex­pé­ri­men­ta­tion sonore à géo­mé­trie variable et topo­lo­gie convexe s’est réuni pour une ces­sion de 24 heures dans les murs du pôle 22 bis, sur l’in­vi­ta­tion de Radio Cam­pus Cler­mont.

La ses­sion a été dif­fu­sée sur Radio Cam­pus Cler­mont, mais aus­si Radio­cra­tie et Radio­su­peyres. J’ai pro­fi­té d’un peu de temps pour mettre en ligne sur un site tout neuf l’ar­chive de cette ses­sion, ain­si que de la ses­sion pré­cé­dente, dont j’a­vais déjà par­lé ici. Les supers visuels sur le site ont été réa­li­sés par Nawk.

Nous pren­drons bien sûr le temps d’a­li­men­ter le site dans les temps pro­chains, avec les archives des ses­sions 1 et 2, mais aus­si avec les pro­chaines sessions.

Capture d'écran du site Saucisse Records: saucisse-records.radiocratie.com/
Ren­dez-vous sur saucisse-records.radiocratie.com pour retrou­ver tout ça !

La radio des tas

Après plu­sieurs années sans émis­sion sur Radio Cam­pus Cler­mont, je reprend le che­min des ondes avec la bande la plus cool du monde pour une nou­velle émis­sion : la radio des tas.

Nous sommes cinq : Auré­lie, Cécile, Lise, Thier­ry et moi-même. La ligne édi­to­riale de cette émis­sion n’est pas très simple à défi­nir, peut-être Thier­ry dirait que c’est une émis­sion de gau­chistes. En tout cas, on parle de trucs qui nous inté­ressent, nous font réagir, des choses qu’on a envie de partager. 

On a écrit cette petite pré­sen­ta­tion, qui donne le ton :

C’est clai­re­ment une envie de sor­tir du cadre, et de tout reprendre à zéro qui a fait naître la Radio des tas. On prend l’antenne de Radio Cam­pus tous les deuxièmes mar­dis du mois de 21h à 22h. L’idée est de sor­tir du pla­card à covid pour révé­ler qu’en fait, on est sociaux, on peut réflé­chir, ana­ly­ser et par­ta­ger nos réflexions. On va ten­ter de par­ti­ci­per à y voir plus clair, ne pas se noyer dans la conspi, l’anxiété, la dép. Se faire du bien en étant vivant, en réflé­chis­sant, en rigo­lant aussi.

l’é­quipe de la radio des tas

Quelques chro­niques s’ins­tallent sur plu­sieurs épi­sodes, comme la chro­nique sur la chourse pro­po­sée par Thier­ry, la chro­nique à la source où Jor­di raconte au micro de Cécile la génèse et l’his­toire des mythes du néo-libé­ra­lisme, ou encore l’é­ta­gère que dalle, où je par­tage une lec­ture qui m’a marqué.

L’étagère que dalle

Dans la pre­mière émis­sion, j’a­vais très envie de par­ler du livre où sont les « gens du voyage », inven­taire cri­tique des aires d’accueil, de William Acker. L’auteur y raconte la vio­lence d’état et vio­lence sys­té­mique que vivent les Voya­geurs et Voya­geuses, que l’administration appelle « gens du voyage ». Les aires d’accueil, seuls lieux de halte auto­ri­sées, ne sont pré­sentes que dans 6% des com­munes de France, inter­di­sant de fait aux Voya­geurs et Voya­geuses 94% du territoire.

Dans la deuxième émis­sion, j’ai sui­vi le fil de La pri­va­ti­sa­tion numé­rique, désta­bi­li­sa­tion et réin­ven­tion du ser­vice public, de Gilles Jean­not et Simon Cot­tin-Marx, publié en 2022 aux édi­tions Rai­sons d’agir. Les auteurs y décor­tiquent les méca­nismes qui font cette pri­va­ti­sa­tion, laquelle dépasse lar­ge­ment la vente ou de la mise en concur­rence des entre­prises publiques. Bla­bla­car, Google Maps, Doc­to­lib, Stop­Co­vid, voi­ci quelques exemples qui illus­trent ces méca­nismes. Mais cer­tains acteurs, fonc­tion­naires ou asso­cia­tions, tentent de pro­po­ser des alter­na­tives. On pense ici aux Com­muns entre l’IGN et OpenS­treet­Map, ou encore à Fra­ma­soft, ou la Qua­dra­ture du Net.

Technique

Pour la pre­mière fois, j’ai annon­cé offi­ciel­le­ment par­ti­ci­per à réa­li­ser la tech­nique de l’é­mis­sion, ce qui jus­qu’à pré­sent m’ef­frayait au plus haut point. Mais après deux émis­sions, ça com­mence déjà à aller mieux.

Et comme une émis­sion de radio ne vient jamais seule, on a ins­tal­lé un petit word­press des familles, et on l’a enri­chie de fonc­tion­na­li­tés pod­cast grâce à l’ex­ten­sion Serious­ly Simple Pod­cas­ting, pour laquelle j’ai déve­lop­pé un petite exten­sion sup­plé­men­taire bien pra­tique, SSP set­po­si­tion, qui per­met d’a­jou­ter à un épi­sode des liens marque-page pour aller direc­te­ment écou­ter une chro­nique. Vous retrou­ve­rez tout ça sur le site de l’é­mis­sion, à l’a­dresse laradiodestas.org. Mer­ci à Thier­ry Toth pour les visuels !

L’é­mis­sion est d’ailleurs dis­po­nible sur la plu­part des pla­te­formes de pod­cast, n’hé­si­tez donc pas à vous y abonner !

Une ville, ça devrait être fait pour y vivre

J’ai régu­liè­re­ment une dis­cus­sion avec les per­sonnes défen­dant l’ha­bi­ter à la cam­pagne, qui sont convain­cues que la ville n’est pas une solu­tion sou­te­nable et com­pa­tible avec une pen­sée éco­lo­giste. Mais ce qui res­sort tou­jours de ces dis­cus­sions, c’est que ce point de vue s’ar­que­boute sur un sta­tut-quo. Puisque les usages col­lec­tifs actuels et de la ville sont incom­pa­tibles avec une vie décrois­sante, la seule solu­tion est de réin­ves­tir les zones rurales.

On com­prend l’ar­gu­ment, mais pour plein de rai­sons, je le trouve limité. 

Sortir de l’opposition dogmatique à la ville comme solution à vivre

Tout d’a­bord, ce sont ces mêmes rur­bains qui viennent avec leurs bagnoles den­si­fier le tra­fic des grandes villes. Ils ignorent ain­si la plu­part du temps dans leur rai­son­ne­ment la quan­ti­té de kilo­mètres de routes néces­saires à ce que leur solu­tion impose. Et même quand ils sont d’ac­cord pour se sépa­rer de leurs solu­tions indi­vi­duelles de mobi­li­té, ils ne confrontent pas leur vision à la den­si­té du réseau de voies de trans­port néces­saire à ce fonctionnement.

un espace rural rem­pli de champs, au loin la ville (image géné­rée par Stable Dif­fu­sion)

Ils conti­nuent de confron­ter la vision dys­to­pique d’une méga­lo­pole avec la douce vision buco­lique d’un pai­sible arrière-pays, oubliant au pas­sage que tant que l’hu­main s’é­tale, il empêche les autres espèces vivantes de s’é­pa­nouir. Car bien peu de ter­ri­toires sont aujourd’­hui de réels espaces de liber­té pour les espèces non asser­vies à l’hu­main. 1Sur une ques­tion connexe, je conseille la lec­ture de Bio­masse – une his­toire de richesse et de puis­sance, de Benoît Davi­ron, publié aux édi­tions Quæ en 2020. 

Je suis convain­cu qu’il est néces­saire de repen­ser la ville et l’u­sage que nous fai­sons de nos dépla­ce­ments, pour pré­ser­ver au maxi­mum de l’empreinte humaine les ter­ri­toires néces­saires à l’é­pa­nouis­se­ment d’une bio­di­ver­si­té non pro­duc­tive pour l’hu­main. Et pour cela, il faut redon­ner à la ville les moyens d’être un espace à vivre.

Mettre fin à l’arrogance automobile

Quand on regarde l’es­pace urbain de manière objec­tive, par exemple avec le super outil The arro­gance of space, on constate qu’une quan­ti­té très impor­tante de la sur­face des villes est consa­crée aux véhi­cules moto­ri­sés individuels.

Sur une photo vue du ciel, un carrefour urbain, où de petits carrés colorés indiquent l'espace occupé par le bâti (jaune), l'espace piéton (bleu), et l'espace automobile (rouge). On constate que le piéton a bien peu de place pour circuler.
Un car­re­four typique de Cler­mont-Fer­rand, où la bagnole est reine. Une image pro­po­sée par Mathieu Chas­si­net sur twit­ter, grâce à l’ou­til the arro­gance of space.

L’au­to­mo­bile omni­pré­sente, c’est un vrai fléau pour la ville et pour les humains qui y vivent. Sur ce sujet, je vous invite à écou­ter le pod­cast Bagnole City, réa­li­sé par Auré­lie du cri de la girafe.

La dépen­dance col­lec­tive que nous avons aux dépla­ce­ments quo­ti­diens impo­se­ra cer­tai­ne­ment pen­dant encore un long moment que la ville soit tra­ver­sée par des moyens de loco­mo­tion. Plu­sieurs pistes existent, évi­dem­ment, pour en dimi­nuer l’empreinte spa­tiale et éco­lo­gique. On pense bien sûr aux trans­ports en com­muns, à la bicy­clette, à la marche. Mais il faut pour ça que la ville se trans­forme. C’est un vaste virage dans l’u­sage des espaces, et pour l’ins­tant cela semble dif­fi­cile à imprimer.

Le végétal dans la ville

Mais pour que la ville soit réel­le­ment un espace à vivre, il faut qu’elle évo­lue aus­si sur d’autres points. Et si les espaces dédiés aux voi­tures se réduisent petit à petit, on peut ima­gi­ner plein de choses. Pen­dant long­temps, la ville et ses fau­bourgs étaient culti­vés : arbres frui­tiers, jar­dins indi­vi­duels, cultures pro­fes­sion­nelles, espaces communaux. 

La ville d’au­jourd’­hui est bien peu verte (il a fal­lut faire place à la bagnole), et ces arbres vont bien mal, comme le raconte David Happe dans son der­nier livre Au che­vet des arbres, récon­ci­lier la ville et le végé­tal (le mot et le reste, 2022). En rédui­sant l’es­pace des­ti­né aux bagnoles, on ima­gine pou­voir aus­si redon­ner de la place au végétal.

Quels moyens avons-nous d’ob­ser­ver ces évo­lu­tions ? OpenS­treet­Map est un bon outil de veille col­lec­tive sur les espaces publics et la pré­sence de végé­taux. En choi­sis­sant un ren­du appro­prié, on peut consul­ter cette base de don­nées géo­gra­phique en fil­trant les objets pour ne rete­nir que les arbres.

Les arbres réfé­ren­cés dans OpenS­treet­Map autour du centre de Clermont-Ferrand

On voit qu’il manque encore beau­coup d’in­for­ma­tions, comme l’es­sence des arbres des rues, places et jar­dins publics. Mais OpenS­treet­Map est une base de don­nées évo­lu­tive et contri­bu­tive, alors on peut orga­ni­ser des car­to­par­ties arbo­ri­coles pour amé­lio­rer ces des­crip­tions, voire pour­quoi pas dans une démarche de science par­ti­ci­pa­tive en faire un obser­va­toire du vivant et de l’é­tat de san­té des arbres.

Au delà d’ob­ser­ver, que peut-on faire ? Peut-on inflé­chir les poli­tiques de béton­ni­sa­tion locales ?

On passe à l’action !

Sans être une solu­tion révo­lu­tion­naire, de petits gestes sont ima­gi­nables. Il y a quelques années, on voyait les bacs à légumes des incroyables comes­tibles pous­ser à Cler­mont-Fer­rand. On regarde aus­si les expé­ri­men­ta­tions de végé­ta­li­sa­tion qui suivent la démarche légale du per­mis de végé­ta­li­ser mis en place par Cler­mont Auvergne Métro­pole, comme dans plein d’autres grandes villes. La plu­part de ces ini­tia­tives sont orne­men­tales, mais sont peut-être les graines d’une muta­tion, où enfin on arrê­te­ra de désher­ber à tout prix.

J’ai aus­si décou­vert récem­ment l’exis­tence à Paris, aux États-Unis et un peu par­tout de la guer­rilla des gref­feurs. Il s’a­git ici de gref­fer des frui­tiers sur les arbres de la ville, pour leur faire pro­duire des fruits.

Et si on lan­çait l’i­ni­tia­tive autour de nous ?

La fin de la muraille

Il y a quelques années, je pos­tais sur ce blog des pho­tos d’un bâti­ment aban­don­né, l’hôpi­tal sana­to­rium Sabou­rin. Après une réha­bi­li­ta­tion, ce bâti­ment emblé­ma­tique accueille aujourd’­hui l’é­cole d’ar­chi de Cler­mont. C’est pro­ba­ble­ment le fait qu’il ait été clas­sé qui l’a pré­ser­vé de la démolition.

À l’autre bout de Cler­mont, au sud, un bâti­ment n’a pas eu cette chance. Il a pour­tant accueilli de pas mal de nou­veaux arri­vants en Auvergne. C’est un bâti­ment qui a mar­qué la vie de nom­breuses per­sonnes. Radio Cam­pus y avait tour­né une balade sonore, la biblio­thèque des glyphs ; l’AM­TA y avait tour­né un car­net sonore, plein de la mémoire des habi­tants et habi­tantes ; La Mon­tagne a régu­liè­re­ment envoyé ses jour­na­listes racon­ter la vie de la muraille, en immer­sion avec les der­niers habi­tants de la Muraille de Chine à Cler­mont-Fer­rand.

Et aujourd’­hui, après la démo­li­tion de la pre­mière tour du site, c’est le début du déman­tè­le­ment du bâti­ment prin­ci­pal. Voi­ci donc quelques pho­tos de ce jour qui montrent le début du chantier.

Une pelle méca­nique et des gra­vats en bas de la Muraille de Chine.
Un monte-charge ins­tal­lé sur le flanc du bâtiment.
Une benne de col­lecte de déchets au milieu des gravats.
Benne pour les déchets, gra­vats et monte-charge au pied du bâtiment.
La Muraille de Chine, où régu­liè­re­ment on a com­men­cé à per­cer des trous dans le pre­mier étage.

Depuis le parc, vue en contre-plon­gée sur le bâti­ment qui a déjà per­du toutes ses boiseries.

Mise à jour : depuis quelques jours, on peut aus­si écou­ter Murs-Mûrs, la bande du pro­jet de labo théâ­tral lan­cé par la com­pa­gnie La Trans­ver­sale sur le quar­tier Saint Jacques de Cler­mont-Fer­rand en 2019. 

Synthétiseurs expérimentaux

À l’ap­proche de la pro­chaine édi­tion du bœuf élec­tro­nique Sau­cisse Records, j’ai com­men­cé à repé­rer quelques outils de syn­thèse qui per­mettent d’ex­plo­rer la pro­duc­tion de matière sonore d’une manière inté­res­sante et ludique. Mon cri­tère était que cela fonc­tionne avec GNU/Linux, éven­tuel­le­ment en web, de pré­fé­rence capable de fonc­tion­ner avec jack, de sorte à pou­voir récu­pé­rer dans ardour le son géné­ré, et ain­si pou­voir l’en­ri­chir à la volée de trai­te­ments sup­plé­men­taires.

Je suis bien sûr atti­ré par la syn­thèse modu­laire, qu’elle soit vir­tuelle ou maté­rielle, mais la courbe d’ap­pren­tis­sage semble impor­tante, et j’a­vais envie en pre­mier lieu de trou­ver des dis­po­si­tifs plus simples à prendre en main.

Pink Trombone

L’an­née der­nière, j’a­vais pas mal joué avec Pink Trom­bone, l’ou­til de syn­thèse de son pho­na­toire. L’in­ter­face pré­sente une coupe de la bouche et du nez de côté, et pro­pose de jouer avec la forme de la bouche, la posi­tion de la langue, et les dif­fé­rents autres para­mètres qui pilotent la pro­duc­tion de son par la voix, via le clic. Bien sûr, c’est un syn­thé­ti­seur plu­tôt simple et naïf, mais il per­met de faire déjà pas mal de chose.

Comme c’est un syn­thé­ti­seur, on peut aus­si le pous­ser au delà de ses limites, et réus­sir à pro­duire du son pas pré­vu par le simu­la­teur, c’est rigolo :

Pink Trom­bone en action, d’a­bord cal­me­ment, puis de manière un peu énervée.

PixelSynth

Cette année, l’un des pre­miers outils avec lequel j’ai com­men­cé à joué, c’et Pixel­Synth. Le prin­cipe pour­rait un peu faire pen­ser à raw­do­den­dron, cet outil de syn­thèse que l’a­vais fabri­qué il y a quelques temps pour conver­tir une image en son, et réciproquement.

Pixel­Synth a lui l’a­van­tage de pro­po­ser une inter­face inter­ac­tive, où l’on voit pen­dant la géné­ra­tion du son la lec­ture de l’i­mage scan­née de gauche à droite. L’i­mage est inter­pré­tée en niveau de gris, les points les plus lumi­neux déclen­chant un son dont la hau­teur dépend de la posi­tion du pixel dans l’axe vertical.

L’in­ter­face épu­rée de Pixel­Synth, où une image en noir et blanc repré­sen­tant un ciel nua­geux et noc­turne est grif­fée de trois traits. La ligne rose ver­ti­cale est inter­rom­pue à l’en­droit où l’i­mage est très lumineuse.

L’in­ter­face per­met de chan­ger d’i­mage, d’en char­ger une per­son­nelle, et d’a­jou­ter des traits blancs conti­nus en forme libre, pour ali­men­ter le son géné­ré d’une série de notes en pro­gres­sion contenue.

Ce mode de géné­ra­tion de son est clai­re­ment ins­pi­ré du syn­thé­ti­seur his­to­rique ANS, conçu entre 1937 et 1957 par l’in­gé­nieur russe Evge­ny Murzin.

Virtual ANS

On trouve d’ailleurs d’autres pro­jets qui se réclament expli­ci­te­ment de l’hé­ri­tage de l’ANS, avec Vir­tual ANS, qui dans sa ver­sion 3 fonc­tionne par­fai­te­ment sous GNU/Linux.

L’in­ter­face est assez ludique, elle per­met de des­si­ner des formes qui ser­vi­ront ensuite à jouer des sons avec la même méca­nique de dépla­ce­ment de la barre de lec­ture, et de hau­teur de note sui­vant la posi­tion ver­ti­cale. Ne nom­breuses pos­si­bi­li­tés de des­sin sont offertes, on peut super­po­ser des calques, et les para­mètres per­mettent de régler le com­por­te­ment glo­bal de la lecture. 

Une démo de Vir­tual ANS

On se prend très vite au jeu, les pos­si­bi­li­tés étant mul­tiples, com­bi­nant les plai­sirs du des­sin à celui de la syn­thèse de son. Les dégra­dés per­mettent de pro­duire les nappes, et les mar­queurs de temps pré­cis invitent à explo­rer les pos­si­bi­li­tés ryth­miques de l’ou­til. Très amusant !

Frontières

Fron­tières est une reprise libre non offi­cielle d’un syn­thé­ti­seur conçu par Chris Carl­son, Bor­der­lands. Elle fonc­tionne sous GNU/Linux, sur une approche com­plè­te­ment dif­fé­rente d’ANS.

Ici, on posi­tionne dans l’es­pace des échan­tillons de sons (samples), puis on place des nuages sur l’es­pace, qui régu­liè­re­ment pro­duisent un évé­ne­ment. Chaque par­ti­cule, posi­tion­née dans l’es­pace, pro­duit un petit extrait de son en le pui­sant dans les échan­tillons posi­tion­nés sur l’es­pace plan.

On peut alors pilo­ter plein de choses : tra­jec­toires et formes des nuages, enve­loppe, aléa­toire, super­po­si­tion des grains, ajouts de déclencheurs…

Un exemple d’u­ti­li­sa­tion de Frontières

On peut sépa­rer cha­cun des nuages sur une sor­tie jack dif­fé­rente, et ensuite uti­li­ser ardour par exemple pour y ajou­ter des effets sup­plé­men­taires… Toute une aventure :)

Communications scientifiques et techniques

Cela fai­sait plu­sieurs années que je n’a­vais pas eu l’oc­ca­sion de m’é­loi­gner de Cler­mont-Fer­rand pour par­ti­ci­per à des ren­contres scien­ti­fiques. Ces der­nières années n’é­taient pas pro­pices aux ren­contres, et beau­coup de choses se pas­saient en visio.

Cette année, je suis allé pré­sen­ter avec les gens de mon équipe Com­pas plu­sieurs tra­vaux en cours ou récem­ment réa­li­sés, d’une part à la ren­contre annuelle des contri­bu­teurs et contri­bu­trices à OpenS­treet­Map France (SOTM-fr), et d’autre part à la confé­rence annuelle de l’Asso­cia­tion of Geo­gra­phic Infor­ma­tion Labo­ra­to­ries in Europe (AGILE).

La pre­mière inter­ven­tion que j’ai pro­po­sé à SOTM don­nait à voir un état des lieux des don­nées ouvertes dis­po­nibles pour décrire l’ac­ces­si­bi­li­té. Après avoir fait le tour des bases de don­nées publiques en cours de construc­tion (géo­stan­dard acces­si­bi­li­té CNIG, accès libre), j’ai pré­sen­té ce qu’O­penS­treet­Map contient sur cette pro­blé­ma­tique, et racon­té com­ment nous pour­rions tra­vailler pour amé­lio­rer ces données :

Open­Da­ta pour l’accessibilité

Un peu plus tôt, j’é­tais invi­té par Jean-Louis Zim­mer­mann à par­ti­ci­per à sa pré­sen­ta­tion, inti­tu­lée « Com­prendre l’ac­ces­si­bi­li­té et la car­to­gra­phier ». Nous y avons racon­té com­ment une base de don­nées géo­gra­phique peut être un outil de recen­se­ment des dis­po­si­tifs d’ac­ces­si­bi­li­tés exis­tants (ou non), com­ment la séman­tique d’O­penS­treet­Map peut ser­vir de sup­port et être encore éten­due pour modé­li­ser ces infrastructures :

Com­prendre l’ac­ces­si­bi­li­té et la cartographier

Avec Jéré­my Kals­ron et Samuel Brai­keh, nous avons éga­le­ment pré­sen­té les avan­cées du pro­jet ANR ACTIV­map, qui per­met de pro­duire des cartes inter­ac­tives et en relief à par­tir des don­nées d’O­penS­treet­Map. En assem­blant le tra­vail des dif­fé­rents cher­cheurs impli­qués dans le pro­jet, nous pro­po­sons de géné­rer des repré­sen­ta­tions tac­tiles et sonores de car­re­fours, pour en faci­li­ter la com­pré­hen­sion par une lec­ture en autonomie :

Pro­duc­tion de cartes inter­ac­tives pour défi­cients visuels à par­tir d’OpenStreetMap

Cette chaîne de trai­te­ment part d’une pre­mière brique, l’i­den­ti­fi­ca­tion à par­tir des don­nées du péri­mètre et de la struc­ture d’un car­re­four. J’ai ain­si pro­po­sé cette année une méthode ori­gi­nale pour répondre à cette ques­tion, et c’est ce que j’ai pré­sen­té à AGILE 2022. La pré­sen­ta­tion n’a pas été fil­mée, mais vous pou­vez retrou­ver mon article ain­si que le code source asso­cié en libre accès :

Pre­mière page de l’ar­ticle « What are inter­sec­tions for pedes­trian users ? »

Cet été, nous pour­sui­vons au LIMOS ces tra­vaux qui visent à rendre com­pré­hen­sible et lisible les espaces publics urbains à toutes et tous. Affaire à suivre !

Étude de l’accessibilité de la place royale

En tra­ver­sant régu­liè­re­ment la ville avec ma fille qui uti­lise un fau­teuil rou­lant, j’ai com­men­cé à affi­ner ma com­pré­hen­sion de l’ac­ces­si­bi­li­té de l’es­pace urbain. La modé­li­sa­tion de ces infra­struc­tures est d’ailleurs deve­nu l’un de mes sujets d’é­tude.

Afin d’illus­trer ce que je per­çois de ces espaces, j’ai pro­po­sé sur twit­ter un fil consa­cré à l’é­tude de l’une des places du pla­teau cen­tral à Cler­mont-Fer­rand, que je tra­verse très régu­liè­re­ment. Elle se situe dans ans ce quar­tier com­mer­çant, tou­ris­tique et rési­den­tiel qu’est l’hy­per-centre de Cler­mont-Fer­rand, aus­si appe­lé pla­teau central.

 vue 3D aérienne d’un carrefour urbain. Au sol, un rond de peinture blanche de plus de 2 mètres de diamètre matérialise le giratoire. Des arbres, des voitures, et des bâtiments entourent de près le carrefour.
Vue 3D de la place royale (image http://3d.craig.fr/viewer/)

Place impor­tante, elle connecte la place Sugny vers Jaude, la place de la Vic­toire, la rue Mas­sillon vers les petites rues du vieux centre, la rue ter­rasse et la rue Saint-Genès, très commerçantes.

chacune des rues est identifiée sur une vue aérienne
image @CRAIG 2019

On iden­ti­fie deux pas­sages pié­tons maté­ria­li­sés, un pour fran­chir la place Sugny, l’autre pour tra­ver­ser la rue Mas­sillon. Le pas­sage pié­ton per­met­tant de tra­ver­ser la rue Saint-Genès se situe quelques dizaines de mètres en amont. Un des ter­ri­toires pri­vi­lé­gier des inci­vi­li­tés automobiles…

Illus­tra­tion de l’in­ci­vi­li­té auto­mo­bile (#GCUM)

En terme d’accessibilité, la place Sugny est très en pente. L’un des trot­toirs com­mence par un esca­lier ou par un trot­toir étroit entre un mur et des voi­tures. L’autre trot­toir impose de fran­chir l’un des spots de par­king sau­vage #GCUM les plus pri­sés du centre-ville.

deux photos rehaussés de traits jaunes pointillés représentant les parcours possibles sur les trottoirs, et d’une zone jaune pour le stationnement GCUM.
Les trot­toirs de la place Sugny sont peu accessibles

Le pas­sage pié­ton per­met­tant de tra­ver­ser la place Sugny est d’ailleurs sou­vent impos­sible à uti­li­ser, les #GCUM ayant pris l’habitude de le consi­dé­rer comme une zone de sta­tion­ne­ment. Mais même sans sta­tion­ne­ment, le dévers impor­tant rend très dif­fi­cile son accès.

Illus­tra­tion d’un sta­tion­ne­ment #CGUM
dévers représenté par un angle
Le dévers impor­tant de la tra­ver­sée pié­tonne place Sugny

Dans ce virage, les #GCUM masquent sou­vent les pié­tons, qui lorsqu’ils s’engagent mal­gré tout sur la chaus­sée prennent sou­vent le risque de se faire écra­ser, car ici aus­si, ça roule vite et mal­adroi­te­ment, pour négo­cier la grande pente en mon­tée, et pour négo­cier la sor­tie de cette place encombrée.

On voit donc que la place Sugny et la rue ter­rasse sont peu acces­sibles, de même que le trot­toir cou­vert par les arcades de la rue Saint-Genès. Ces voies de cir­cu­la­tion pié­tonnes sont qua­si­ment décon­nec­tées des autres rues au niveau de la place royale. Et je n’ai même pas par­lé de l’encombrement de la rue ter­rasse, infran­chis­sable en fau­teuil quand la nuit tombe et que les ter­rasses sont de sortie.

par un schéma, on décrit les impossibilités de cheminer évoquées dans le post
Sché­mas de la non acces­si­bi­li­té des che­mi­ne­ments à l’ouest de la place

Pre­nons un peu de recul, main­te­nant qu’on a vu la non acces­si­bi­li­té à l’ouest pour regar­der ce qui se passe au nord et à l’est.

vu d’ensemble du carrefour avec photos illustrant les différentes traversées
Zones de che­mi­ne­ments pié­tons autour de la place royale

Le deuxième pas­sage pié­ton de la place, qui tra­verse la rue Mas­sillon est fonc­tion­nel, même si les sta­tion­ne­ments intem­pes­tifs sur les empla­ce­ments mar­qués en jaune (sta­tion­ne­ment inter­dit) rendent la co-visi­bi­li­té assez difficile.

Illus­tra­tion par un tweet de la co-visibilité
une voiture stationnée sur un emplacement interdit empêche la co-visibilité des piétons et automobilistes
Mau­vaise co-visi­bi­li­té du pas­sage pié­ton tra­ver­sant la rue Massillon

Conti­nuons avec la der­nière tra­ver­sée, celle de l’entrée de la place de la Vic­toire. Le trot­toir de gauche est tout sim­ple­ment infran­chis­sable. Une alter­na­tive consis­te­rait à emprun­ter la chaus­sée jusqu’au début de la place Sugny, mais on a déjà dit que c’était un espace de choix des #GCUM.

Accès impos­sible.

photo d’un trottoir infranchissable
Un trot­toir infranchissable

On peut aus­si ima­gi­ner pour­suivre le long du trot­toir pour trou­ver plus loin un moyen de fran­chis­se­ment. Effec­ti­ve­ment, un peu plus loin, on trouve un fran­chis­se­ment à niveau. Mais on tombe alors dans le royaume des ter­rasses, qui encombrent les espaces de cir­cu­la­tion publiques, ren­dant impos­sible le franchissement.

Peut-être un jour ces ter­rasses per­met­tront le pas­sage des usa­gers pié­tons de la place
 les terrasses rendent impossible la traversée sur la place de la Victoire.
Le pas­sage à niveau encom­bré de terrasses

À noter qu’une fois enga­gés sur la place de la vic­toire depuis le trot­toir de droite, on est très vite contraints de rejoindre la chaus­sée pavée, laquelle est bor­dée d’un côté par les ter­rasses, de l’autre par une marche de plus de 10 cm pour rejoindre le milieu de la place. Si une voi­ture arrive, t’es foutu.

une rue piétonne bordée d'un haut trottoir et de terrasses
Rue pié­tonne, véri­table canyon urbain pour les usa­gers en fau­teuil roulant

En conclu­sion, voi­ci donc une place qua­si­ment infran­chis­sable, peu importe d’où l’on vienne.

un plan récapitulatif de tous les trajets impossibles aux abords de cette place.

Des­crip­tion : un plan réca­pi­tu­la­tif de tous les tra­jets impos­sibles aux abords de cette place.

Alors bien sûr, j’ai sim­pli­fié. Je n’ai pas par­lé des revê­te­ments des trot­toirs sou­vent très mau­vais, des dalles man­quantes, des nom­breux dévers inutiles, des auto­mo­biles qui foncent dans les aires pié­tonnes où il n’y a pas de trot­toir refuge. Les abords de cette place sont par­ti­cu­liè­re­ment impratiquables.

À bien­tôt pour une nou­velle chro­nique de la non acces­si­bi­li­té ordinaire !

Suivre l’actualité d’une maladie rare

Ma fille est tou­chée par une mala­die géné­tique rare, qui entraîne beau­coup de consé­quences sur sa san­té et sur le quo­ti­dien, comme j’en ai notam­ment par­lé dans le pod­cast Quand même pas, Papa !.

On peut par­fois se sen­tir dému­ni mal­gré l’ac­com­pa­gne­ment des pro­fes­sion­nels qui entourent notre proche malade, et être un peu per­dus quand il s’a­git de com­prendre la mala­die, et de suivre l’a­van­cée des prises en charge médi­cales et des avan­cées de la recherche.

Dans cet article, je raconte com­ment je pro­cède pour me tenir infor­mé de ces actua­li­tés, afin d’y pui­ser des idées d’ac­com­pa­gne­ment et d’a­mé­na­ge­ments pour ma fille, mais aus­si pour prendre du recul par rap­port au quo­ti­dien, en regar­dant ce que les scien­ti­fiques et méde­cins apprennent régu­liè­re­ment sur la maladie.

Identifier les sources d’information utiles

Faire une veille sur les avan­cées d’une mala­die, ça n’est jamais simple. D’une part parce que l’in­for­ma­tion est épar­pillée à plein d’en­droits, mais aus­si parce que ces sources sont sou­vent très tech­niques, scien­ti­fiques, poin­tues. Plu­tôt que de cher­cher à tout lire, il est pré­fé­rable d’iden­ti­fier quelques sources qui font un tra­vail de syn­thèse et de sélec­tion de l’in­for­ma­tion.

On peut par exemple repé­rer et suivre les publi­ca­tions des asso­cia­tions natio­nales qui regroupent des per­sonnes direc­te­ment ou indi­rec­te­ment concer­nées par la mala­die. Dans le cas de la mala­die de ma fille, il y a l’as­so­cia­tion fran­çaise Vaincre les Mala­dies Lyso­so­males, l’as­so­cia­tion anglaise BDFA, ou encore l’as­so­cia­tion amé­ri­caine BDSRA. Par­fois ces asso­cia­tions sont regrou­pées en fédé­ra­tion inter­na­tio­nale, qui peut être plus ou moins active. Pour la mala­die de ma fille, on repère la Bat­ten Disease Inter­na­tio­nale Alliance, mais qui n’est pas très active.

Cer­taines équipes de recherches ou centres cli­niques spé­cia­li­sés pro­posent des sites inter­net regrou­pant une infor­ma­tion fiable et com­plète sur la mala­die. Dans mon cas, je peux par exemple consul­ter le site NCL res­source, ani­mé par une cher­cheuse (Sara Mole) spé­cia­li­sée sur la ques­tion, ou encore NCL-Net, ali­men­té par deux cher­cheurs et pra­ti­ciens hos­pi­ta­liers (Alfried Kohl­schüt­ter et Ange­la Schulz).

Avec ces quelques sources, on peut suivre effi­ca­ce­ment l’ac­tua­li­té de la mala­die. Mais si on veut aller plus loin, on peut aus­si regar­der régu­liè­re­ment ce que publient les labo­ra­toires qui tra­vaillent sur ces mala­dies, comme Ami­cus The­ra­peu­tics dans le cas de la mala­die de Batten.

Pour le sui­vi et la prise en charge quo­ti­dienne, on peut trou­ver de l’aide et des idées auprès des asso­cia­tions de proches aidants, ou encore en sui­vant les publi­ca­tions d’é­quipes spé­cia­li­sées dans la veille sur ces ques­tions, comme par exemple le centre de docu­men­ta­tion de l’É­quipe Relais Han­di­cap Rares d’Au­vergne Rhône-Alpes.

Il existe aus­si des par­ti­cu­liers qui font un tra­vail de veille et de syn­thèse, et qui publient sur inter­net ce tra­vail, comme par exemple le site que j’a­nime sur la mala­die de ma fille : https://cln.jmfavreau.info/.

S’organiser pour ne pas passer trop de temps

Une fois qu’on a iden­ti­fié les sources pos­sibles d’in­for­ma­tion, il faut s’or­ga­ni­ser pour les suivre. Beau­coup de ces sources sont en anglais, ce qui est un frein à la com­pré­hen­sion. Il existe heu­reu­se­ment aujourd’­hui de très bons outils qui pro­posent une tra­duc­tion auto­ma­tique per­met­tant d’ac­cé­der à une ver­sion fran­çaise (un peu mal­adroite, mais fonc­tion­nelle) de ces docu­ments. Je pense par exemple à l’im­pres­sion­nant outil en ligne dee­pl : https://www.deepl.com/.

On peut ensuite iden­ti­fier les listes de dif­fu­sion dis­po­nibles, et s’y abon­ner. On reçoit ensuite régu­liè­re­ment un email, géné­ra­le­ment sous forme de news­let­ter, qui fait la syn­thèse de l’ac­tua­li­té de la mala­die. C’est ce que pro­posent par exemple BDFA, BDSRA, ou le centre de docu­men­ta­tion de l’é­quipe relais han­di­cap rare, des struc­tures citées plus haut. Une bonne pra­tique consiste alors ran­ger ces mes­sages dans un dos­sier dédié de sa boîte mail, soit en les dépla­çant à la main à la récep­tion, soit en créant des filtres pour que ces mes­sages se rangent auto­ma­ti­que­ment. On peut alors les consul­ter une fois par semaine ou par mois par exemple.

On peut aus­si repé­rer les pages face­book de ces dif­fé­rentes asso­cia­tions, et s’y abon­ner (en confi­gu­rant l’a­bon­ne­ment pour que les publi­ca­tions soient mon­trées en priorité).

Enfin, cer­tains sites inté­res­sants n’ont pas ces méca­nismes de noti­fi­ca­tion, et j’es­saye d’al­ler les consul­ter de temps en temps.

Il existe aus­si des outils comme les alertes des moteurs de recherche qui per­mettent d’a­voir régu­liè­re­ment une syn­thèse des pages inter­net récem­ment publiées sur un sujet, mais ça com­mence à faire beau­coup de trafic.

Faire la synthèse

Une fois qu’on s’est orga­ni­sés pour recueillir toutes ces infor­ma­tions, on peut s’or­ga­ni­ser pour en faire la syn­thèse. Pour ma part, c’est ce que je fais par exemple sur le site que j’a­li­mente sur la mala­die de Bat­ten, ou sur la page face­book dédiée. Mais ça peut aus­si être dans un docu­ment sur son ordi­na­teur, ou sur un cahier. Cela me per­met d’a­voir un endroit où retrou­ver toutes les infor­ma­tions qui m’ont sem­blé impor­tantes, et d’a­voir un moyen de les par­ta­ger à l’oc­ca­sion avec les per­sonnes qui s’in­té­ressent à la même maladie.

Je trouve aus­si impor­tant de par­ta­ger ces recherches avec d’autres per­sonnes. Dans mon cas, je par­tage cette veille scien­ti­fique avec ma sœur Éme­line Favreau, que je remer­cie ici pour son accom­pa­gne­ment depuis tou­jours. je trouve que les groupes pri­vés face­book sont aus­si de bons moyens pour par­ta­ger ces infor­ma­tions avec d’autres parents. Sur la mala­die qui foca­lise mon atten­tion, je suis ins­crit à plu­sieurs groupes en langue fran­çaise et anglaise, et nous y échan­geons à un rythme variable de plein de ques­tions liées à la mala­die. Un bon endroit pour par­ler de l’ac­tua­li­té, mais aus­si des choses concrètes de la vie ! Il faut tout de même ne pas oublier que les infor­ma­tions qui sont échan­gées dans ces groupes ne peuvent être consi­dé­rées comme des véri­tés, il est impor­tant à chaque fois de repé­rer les sources à l’o­ri­gine de ces infor­ma­tions, en fai­sant confiance aux infor­ma­tions issues d’ac­teurs de confiance (équipes de recherche, équipes médi­cales, etc).

Aller encore plus loin

Quand on est curieux, que l’on a du temps, et qu’on a l’ha­bi­tude de lire beau­coup d’ar­ticles scien­ti­fiques, on peut aus­si choi­sir de faire une veille scien­ti­fique com­plète sur la maladie. 

On s’in­té­resse alors aux pro­jets de recherche spé­cia­li­sés sur la ques­tion, dans mon cas comme le pro­jet BAT­cure qui était por­té par Sara Mole. Ou encore en iden­ti­fiant les confé­rences dédiées à cette mala­die, où les cher­cheurs viennent pré­sen­ter leurs avan­cées. Dans mon cas, il s’a­git de la confé­rence NCL, qui a lieu une fois tous les 18 mois.

On peut aus­si uti­li­ser les moteurs de recherche dédiés aux publi­ca­tions scien­ti­fiques, comme google scho­lar, et acti­ver des noti­fi­ca­tions sur les articles qui traitent de la maladie. 

Mais faire une telle veille demande énor­mé­ment de temps, et d’ex­per­tise, ce que tout le monde ne peut pas déployer. Heu­reu­se­ment, c’est le tra­vail assu­ré par les asso­cia­tions dont je par­lais en début d’ar­ticle. On peut donc leur faire confiance pour suivre toutes ces actua­li­tés et les par­ta­ger avec nous !

Vaccins, essais cliniques : ce que j’en comprends

Il y a quelques temps, je racon­tais sur ce blog ma par­ti­ci­pa­tion en tant que repré­sen­tant de proches de per­sonnes atteintes de la mala­die CLN à une réunion orga­ni­sée à l’A­gence Euro­péenne du médi­ca­ment, afin de par­ti­ci­per à l’é­va­lua­tion d’une demande faite par un labo­ra­toire, qui envi­sa­geait des essais cli­niques en vue d’une com­mer­cia­li­sa­tion d’un médi­ca­ment pour une variante de cette maladie.

Depuis que la mala­die de ma fille est connue, je m’in­té­resse à la recherche médi­cale, et à la manière dont les pro­duits phar­ma­ceu­tiques sont éva­lués, puis com­mer­cia­li­sés. J’ai résu­mé ces idées dans une page dédiée sur le site que je main­tiens au sujet de la mala­die de ma fille. J’ai aus­si pro­gres­si­ve­ment conso­li­dé mes connais­sances en bio­lo­gie cel­lu­laire, pour com­prendre les méca­nismes en jeu dans sa mala­die, ce que j’ai aus­si ten­té de vul­ga­ri­ser dans une page dédiée.

Je pro­pose donc dans cet article de for­mu­ler de manière posée et vul­ga­ri­sée com­ment fonc­tionne un essai cli­nique, et ce que les vac­cins sont par­mi les trai­te­ments médi­caux. En effet, les dif­fé­rentes dis­cus­sions que j’ai pu avoir ces der­niers mois me font pen­ser que beau­coup de per­sonnes n’ont pas eu l’oc­ca­sion d’a­voir accès à un résu­mé clair de ce qu’est un vac­cin, ou un essai clinique.

Les essais cliniques

Les essais cli­niques sont la der­nière phase dans la recherche médi­cale, quand on conçoit une solu­tion thé­ra­peu­tique. Elle arrive après les essais pré-cli­niques, les­quels sont géné­ra­le­ment réa­li­sés sur des tis­sus vivants plus ou moins com­plexes : tis­sus bio­lo­giques in vitro, espèces uni­cel­lu­laires, modèles ani­maux plus ou moins gros. 

Les essais cli­niques sont très enca­drés par les dif­fé­rentes agences des médi­ca­ments (aux États-Unis d’A­mé­rique, en Europe, etc), qui valident ou non les demandes des firmes, en se basant sur les résul­tats des étapes pré­cé­dentes pour vali­der ou non cha­cune des phases.

Ain­si, dans le cas du déve­lop­pe­ment d’une solu­tion thé­ra­peu­tique, on observe tou­jours les mêmes phases, que l’on peut repré­sen­ter par ce sché­ma. Évi­dem­ment, les durées sont ici don­nées à titre indi­ca­tif, et cor­res­pondent aux pra­tiques dans le cas géné­ral, hors pandémie.

Les dif­fé­rentes étapes dans le déve­lop­pe­ment d’une solu­tion thérapeutique

Sur cette frise chro­no­lo­gique, on retrouve les étapes suivantes :

  • La recherche pré-cli­nique : pen­dant cette étape, on part d’une idée ori­gi­nale, et on explore scien­ti­fi­que­ment tous les aspects de cette piste, depuis sa réa­li­sa­tion jus­qu’aux pos­sibles consé­quences non désirées. 
  • La pro­duc­tion et l’au­to­ri­sa­tion : une fois qu’une approche semble per­ti­nente, on se pré­pare aux essais cli­niques. Il faut pour cela pro­duire le trai­te­ment en assez grande quan­ti­té, et en paral­lèle obte­nir l’au­to­ri­sa­tion des auto­ri­tés natio­nales pour pra­ti­quer ces tests cliniques.
  • Pre­miers essais cli­niques, phase I et IIa : pen­dant cette pre­mière étape, on uti­lise un pro­to­cole très pré­cis pour tes­ter le trai­te­ment sur quelques patients. Dans cette étape, on étu­die la dose opti­male, et les pos­sibles effets secon­daires non désirés.
  • Essais cli­niques, phase IIb et III : pen­dant cette deuxième étape, on uti­lise un pro­to­cole plus large pour tes­ter le trai­te­ment sur un nombre plus impor­tant de patients. Dans cette étape, on com­pare l’ef­fi­ca­ci­té du trai­te­ment, par rap­port à d’autres solu­tions, ou à un placebo. 
  • Démarches pour l’ob­ten­tion d’une licence de com­mer­cia­li­sa­tion : cette étape est spé­ci­fique à chaque pays ou union de pays, et prend géné­ra­le­ment une année.

Ain­si, quand on entend que les dif­fé­rents vac­cins contre le COVID sont en phase III, et donc n’ont pas encore été tes­tés, il s’a­git là d’une mau­vaise inter­pré­ta­tion de ces dif­fé­rentes étapes : la phase I et II, ser­vant à éva­luer les effets secon­daires et à ajus­ter les dosages a déjà eu lieu. La phase III quant à elle sert à éva­luer l’ef­fi­ca­ci­té du vac­cin, et c’est cette phase qui n’é­tait pas encore fina­li­sée au moment de l’u­ti­li­sa­tion mas­sive du vac­cin sur la popu­la­tion mondiale.

Enfin, les vac­cins contre le covid sont les thé­ra­pies ayant été le plus sui­vies sur ses effets secon­daires, notam­ment par l’am­pleur de son uti­li­sa­tion. Toute per­sonne inté­res­sée peut consul­ter le point men­suel pro­po­sé par l’ANSM, très détaillé, qui observe en tant qu’ac­teur public les consé­quences de l’u­ti­li­sa­tion de ces vac­cins. Aucun autre essai cli­nique ni thé­ra­pie n’a fait l’ob­jet d’au­tant d’é­tudes, de contre-éva­lua­tions, et d’ob­ser­va­tion de résul­tats à grande échelle. Pour­tant, tous les autres médi­ca­ments sont aus­si pas­sés par les mêmes étapes (recherche pré-cli­nique, pro­duc­tion et auto­ri­sa­tion, essais cli­niques phases I et II, phase III, puis obten­tion d’une licence de com­mer­cia­li­sa­tion), excep­tion faite de l’homéo­pa­thie qui en géné­ral n’ar­rive pas à mon­trer son effi­ca­ci­té en phase III.

Les vaccins

Le prin­cipe d’un vac­cin, peu importe sa tech­no­lo­gie, vise à conso­li­der le sys­tème immu­ni­taire pour le pré­pa­rer à se défendre face à un virus. Pour rap­pel, le sys­tème immu­ni­taire est capable d’i­den­ti­fier une cel­lule étran­gère grâce à des mar­queurs chi­miques. Il fabrique alors des anti­corps pour lut­ter contre les cel­lules étran­gères. Cette connais­sance des cel­lules étran­gères pas­sées est assu­rée notam­ment par les glo­bules blancs et les lym­pho­cytes T, qui peuvent relan­cer la pro­duc­tion d’an­ti­corps si une cel­lule étran­gère déjà connue est de nou­veau identifiée.

Le prin­cipe des vac­cins consiste donc à pré­sen­ter au sys­tème immu­ni­taire une cel­lule inof­fen­sive mais à la signa­ture chi­mique sem­blable à un virus que l’on veut com­battre, pour que le sys­tème immu­ni­taire apprenne à la recon­naître, et qu’il soit plus tard en mesure de se défendre quand il ren­con­tre­ra le virus correspondant.

Si beau­coup de vac­cins néces­sitent un ou plu­sieurs rap­pels, c’est parce que le niveau de défense immu­ni­taire atteint grâce à une dose de vac­cin décline au fil du temps, et ne per­met pas ensuite au sys­tème immu­ni­taire d’être assez réac­tif pour réagir face au virus. 

Chaque virus étant dif­fé­rent (vitesse de muta­tion, vitesse de pro­pa­ga­tion, dan­ge­ro­si­té, etc), et les vac­cins n’é­tant jamais effi­caces à 100%, on observe donc des recom­man­da­tions dif­fé­rentes sui­vant les virus. 

Les vac­cins à ARN mes­sa­gers qui sont au cœur de la cam­pagne de vac­ci­na­tion contre le COVID fonc­tionnent non pas en intro­dui­sant en entier une cel­lule étran­gère inof­fen­sive, mais en per­met­tant à nos cel­lules de pro­duire tem­po­rai­re­ment les mar­queurs chi­miques imi­tant la pré­sence de ces cel­lules indé­si­rables. Le sys­tème immu­ni­taire réagit alors de la même manière qu’a­vec un vac­cin clas­sique, en appre­nant à recon­naître ces mar­queurs. Après quelques temps, on observe un arrêt de la pro­duc­tion de ces mar­queurs, cor­res­pon­dant à la des­truc­tion de l’ARN mes­sa­ger intro­duit (ces pro­téines n’ayant qu’une durée de vie limi­tée). Pour lire plus en détail sur cette ques­tion, on peut par exemple lire cet article inti­tu­lé « Com­ment fonc­tionnent les vac­cins à ARN (et à ADN) ? ».

Pratique des mathématiques en situation de handicap visuel

Le braille fait par­tie des outils bien connus pour écrire et lire avec les doigts. C’est un outil essen­tiel de l’ac­cès à la culture et à l’é­du­ca­tion pour les per­sonnes en situa­tion de han­di­cap visuel. 

Mais com­ment écrire les mathé­ma­tiques, qui sou­vent uti­lisent des figures, et des équa­tions com­plexes. Et d’ailleurs, com­ment ça marche vrai­ment, le braille ? Et quel est le rap­port avec le LaTeX, ce lan­gage d’é­cri­ture de docu­ments scientifiques ?

C’est ce que nous avons pro­po­sé de racon­ter avec Auré­lie Basile, du Ser­vice Uni­ver­si­té Han­di­cap de mon uni­ver­si­té. À retrou­ver sur Cultu­re­Math.

cap­ture d’é­cran de l’ar­ticle « Pra­tique des mathé­ma­tiques en situa­tion de défi­cience visuelle », sur le site CultureMath

Marchons et donnons pour Vaincre les Maladies Lysosomales

Cela fait main­te­nant plu­sieurs années que je suis membre de l’as­so­cia­tion Vaincre les Mala­dies Lyso­so­males (VML), et même membre du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion depuis deux ans. Car la mala­die dont est por­teuse ma fille, et que je raconte dans le pod­cast Quand même pas, Papa !, fait par­tie des mala­dies lyso­so­males : la mala­die de Bat­ten ou CLN3.

L’ac­ti­vi­té de l’as­so­cia­tion VML est essen­tielle pour plein de rai­sons : elle per­met aux per­sonnes concer­nées (por­teuses de mala­dies lyso­so­males, proches) de trou­ver de l’in­for­ma­tion, du sou­tien, des moments de répit, elle struc­ture et met en rela­tion les dif­fé­rents acteurs au niveau natio­nal et inter­na­tio­nal autour de ces mala­dies, elle réa­lise une veille sur l’ac­tua­li­té de recherche, et même finance la recherche sur des sujets qui par­fois ne sont pas sou­te­nus par les autres financeurs.

Chaque année, le pre­mier dimanche d’oc­tobre, les membres de l’as­so­cia­tion orga­nisent un peu par­tout en France et ailleurs la balade du lyso­some. Cette année, nous y par­ti­ci­pons aus­si en orga­ni­sant une marche inti­tu­lée « Ensemble pour VML à Cler­mont-Fer­rand ». C’est le 3 octobre, et on se retrouve à 15h au parc du Bois-Beau­mont (plus d’in­fos sur la carte des­si­née, ou en me contac­tant direc­te­ment) pour par­cou­rir le che­min vert, le long de l’artière.

Cli­quez sur la carte pour retrou­ver le tra­jet et les détails d’organisation.

Pour les per­sonnes qui vivent au quo­ti­dien avec la mala­die, ce moment est impor­tant car il per­met de se sen­tir entou­rées, de sen­tir que l’en­tou­rage et même un peu plus ont conscience de cette mala­die, et sont soli­daires, pour vaincre les mala­dies lysosomales.

Nous vous invi­tons donc à nous rejoindre pour cette marche, à Cler­mont-Fer­rand à nos côtés, en rejoi­gnant une balade autre part en France, ou même en pro­po­sant la vôtre !

Et puis que vous par­ti­ci­piez ou non à la balade du lyso­some le 3 octobre, je vous demande de par­ti­ci­per (même pour quelques euros) à la cagnotte que j’ai ini­tiée avec ma fille en sou­tien à Vaincre les Mala­dies Lyso­so­males à l’oc­ca­sion de cet événément.

Utiliser un serveur de son sous GNU/Linux

Dans un article pré­cé­dent, je racon­tais com­ment uti­li­ser pul­seau­dio et jack pour envoyer dans une visio le son de n’im­porte quel logiciel. 

Il arrive aus­si que l’on veuille uti­li­ser ce genre de rou­tages pour enre­gis­trer dans un DAW (digi­tal audio works­ta­tion) le son de n’im­porte quel logi­ciel. Jack est un ser­veur son super flexible, qui per­met de faire un grand nombre de rou­tages, et ce de manière très simple grâce à l’in­ter­face clau­dia.

Je vous pro­pose donc une vidéo qui raconte de manière très sim­pli­fiée com­ment tout cela fonc­tionne, avec des petits des­sins, mais aus­si des vrais clics dans les logiciels.

Quelques lectures

Le der­nier article sur mes lec­tures date un peu, car j’ai pris l’ha­bi­tude de les évo­quer sur twit­ter. Sur la pla­te­forme de micro­blo­ging (comme on disait autre­fois), je publie au fil de ces lec­tures quelques extraits qui cor­res­pondent aux dis­cus­sions en cours… Mais après une année, j’ai un peu per­du la vision d’en­semble que per­met­tait aupa­ra­vant les posts sur ce blog, sur les thé­ma­tiques dont je parle ici. 

Voi­ci donc sous forme d’un article réca­pi­tu­la­tif quelques réfé­rences à des livres que j’ai aimé lire cette année.

Du son

Le son est tou­jours une ques­tion qui m’in­té­resse, depuis la créa­tion radio­pho­nique jus­qu’à l’é­coute et l’é­co­lo­gie sonore. Si je lis moins sur la ques­tion qu’il y a quelques années, j’ai tout de même trou­vé quelques titres qui ont vrai­ment atti­ré mon attention.

Du son au signe, de Jean-Yves Bosseur

Je connais le tra­vail de Jean-Yves Bos­seur depuis près de 10 ans, grâce au fes­ti­val Musiques Déme­su­rées, où il avait été invi­té à plu­sieurs reprises. Ce musi­co­logue raconte de manière pas­sion­nante l’his­toire de la nota­tion musi­cale. Du son au signe raconte cela, de manière chro­no­lo­gique. Si la qua­li­té de la mise en page et de repro­duc­tion des figures laisse un peu à dési­rer, l’his­toire qu’y déroule Jean-Yves Bos­seur est captivante.

le fil consa­cré au livre Du son au signe, sur Twitter.

Audimat numéro 15

Je ne regrette vrai­ment pas mon abon­ne­ment à Audi­mat, où les articles balayent une grande diver­si­té de ques­tions, à la fron­tière entre son, pro­duc­tion musi­cale et socié­té. Le numé­ro 15 est aus­si inté­res­sant que les pré­cé­dents. Dérou­lez le fil twit­ter pour en trou­ver quelques détails.

Le fil consa­cré au numé­ro 15 d’Au­di­mat sur Twitter

It’s a teenager dream, Dominique Blanc-Francard

Domi­nique Blanc-Fran­card (DBF) est l’un des pro­duc­teurs et ingé­nieur son fran­çais les plus actifs de la deuxième moi­tié du XXe siècle. Dans cette auto­bio­gra­phie, co-écrite avec Oli­vier Schmitt, il par­court sa tra­jec­toire pro­fes­sion­nelle, en racon­tant l’é­vo­lu­tion maté­rielle et tech­nique, les ren­contres artis­tiques, les suc­cès et les pro­duc­tions plus confi­den­tielles. Je l’ai lu d’une traite, comme une pro­me­nade au cœur d’un uni­vers riche en aven­tures, ren­contres et explo­ra­tions en tout genre.

Le fil consa­cré à It’s a tee­na­ger dream sur Twitter.

Electroclit” #1

Un fan­zine décou­vert grâce aux conseils de Claude, qui raconte les débuts des musiques élec­tro­niques, en tis­sant au fil des por­traits des liens entre fac­teurs et fac­trices d’ins­tru­ments, musi­ciens et musi­ciennes… En pro­po­sant une alter­na­tive solide aux rétros­pec­tives qui ignorent la place des femmes dans cette his­toire, ou au contraire les uti­li­sant comme des argu­ments com­mer­ciaux avec futilité.

Le fil consa­cré à Elec­tro­clit” #1 sur Twitter. 

Mettre en ondes la fiction radiophonique, de Blandine Masson

Dans ce livre publié en 2021, Blan­dine Mas­son raconte les rap­ports tumul­tueux entre théâtre et radio en France, où plu­sieurs écoles se sont expri­mées en paral­lèle : soit en envi­sa­geant la radio comme un outil de redif­fu­sion des grandes pièces de théâtre, per­met­tant de rendre acces­sibles à toutes et à tous cette expres­sion artis­tique, soit comme un espace où expé­ri­men­ter une nou­velle manière de pen­ser le théâtre, en exploi­tant toutes les pos­si­bi­li­tés du média. Cer­taines décen­nies ont vu l’une des écoles domi­ner, par­fois l’autre. Par­fois le théâtre a même failli dis­pa­raître de l’an­tenne de Radio France, jus­qu’à ce que le pod­cast vienne sau­ver ces pra­tiques. On découvre aus­si dans ce livre l’im­por­tance du fes­ti­val d’A­vi­gnon dans cette histoire.

Le fil sur Twit­ter consa­cré à trois livres : mettre en ondes, pour­quoi le nord est-il en haut, et l’at­las des fron­tières.

Les cartes

Depuis quelques années, beau­coup de mes lec­tures concernent les cartes, ou l’ur­ba­nisme. La tran­si­tion par­faite avec le thème pré­cé­dent, c’est ce bes­tiaire de sites inter­net qui pro­posent une repré­sen­ta­tion car­to­gra­phique des sons. Voi­ci main­te­nant quelques livres que j’ai décou­verts cette année avec grand intérêt.

Pourquoi le nord est-il en haut ? petite histoire des conventions cartographiques, de Mick Ashworth

Évo­qué dans le tweet un peu plus haut, Pour­quoi le nord est-il en haut ? petite his­toire des conven­tions car­to­gra­phiques pro­pose de très nom­breuses repro­duc­tions de très belles cartes, qui inter­rogent à tra­vers le temps et l’es­pace les pra­tiques car­to­gra­phiques. On s’y pro­mène avec plai­sir, et les pages se suc­cèdent, plus cap­ti­vantes les unes que les autres sans que l’on s’en aper­çoive. On y retrouve pas mal d’i­dées connues des curieux de la car­to­gra­phie, mais aus­si plein d’exemples qui illus­trent et per­mettent de mieux com­prendre encore.

L’atlas des frontières, de Bruno Tertrais, Delphine Papin et Xemartin Laborde

Lui aus­si évo­qué dans le tweet un peu plus haut, L’at­las des fron­tières n’est pas un livre mili­tant, mais explore bon nombre de ques­tions et pro­blé­ma­tiques autour des fron­tières. On y trouve des curio­si­tés admi­nis­tra­tives, des usages et des lois, des his­toires de peuples et d’hu­mains. C’est à la fois cap­ti­vant et illustre par­fai­te­ment l’ab­sur­di­té des lois humaines qui par­ti­tionnent le monde.

The Red Atlas, de John Davies et Alexander J. Kent 

Décou­vert grâce à une vidéo de Map Men, c’est le pre­mier livre en langue anglaise consa­cré aux cartes que j’ai eu envie de lire. On y retrouve l’en­quête de pas­sion­nés, qui essayent de retrou­ver grâce à ces cartes ayant émer­gé après la chute du mur com­ment les ser­vices secrets de l’URSS ont réus­si à car­to­gra­phier pen­dant plu­sieurs dizaines d’an­nées les ter­ri­toires du bloc de l’ouest, d’une manière pré­cise, uni­forme et rigou­reuse. On découvre au cours des cha­pitres les erreurs ou biais de repré­sen­ta­tion qui per­mettent de retra­cer les outils : cartes civiles des pays de l’ouest, enquêtes sur place, anciennes cartes mili­taires alle­mandes, vues satellites… 

Le fil consa­cré à deux livres en anglais, consa­cré aux cartes : The Red Atlas, et How to Lie With Maps

How to Lie With Maps, de Mark Monmonier 

En fai­sant l’ac­qui­si­tion d’un pre­mier livre en anglais, je me suis lais­sé convaincre et j’ai aus­si com­man­dé un exem­plaire de cette bible des étu­diants anglo­phones en car­to­gra­phie, com­ment men­tir avec les cartes. L’ou­vrage raconte par le menu la manière dont les auteurs de cartes tordent volon­tai­re­ment ou invo­lon­tai­re­ment la réa­li­té, pour réus­sir à pré­sen­ter ce qui les inté­resse, en uti­li­sant ces pra­tiques au ser­vice du lec­teur, ou au contraire pour l’influencer. 

Très simple d’ac­cès, il reprend toutes les notions élé­men­taires de la car­to­gra­phie, et est effec­ti­ve­ment un ouvrage très péda­go­gique pour le débutant.

La ville, les humains, la nature

En pro­lon­ge­ment de la car­to­gra­phie, l’un des sujets d’in­té­rêt que j’aime à explo­rer est la ville, ou la manière d’ha­bi­ter. Évi­dem­ment, on en arrive aus­si à par­ler de la nature.

Les abandonnés, histoire des « cités de banlieue », de Xavier de Jarcy

En sui­vant le compte Mémoire2Ville, j’ai décou­vert au hasard d’un échange ce livr ede Xavier de Jar­cy, que j’a­vais déjà lu avec plai­sir dans Le Cor­bu­sier, un fas­cisme fran­çais. Dans Les aban­don­nés, on par­court l’his­toire de l’é­ta­blis­se­ment des grands ensembles chaque cha­pitre égrai­nant une année depuis les années 30 jus­qu’aux années 70, pour évo­quer la poli­tique de l’é­tat, pous­sée par les hygié­nistes, tiraillée entre dépenses mili­taires et explo­sion de la nata­li­té. On y apprend que contrai­re­ment à une idée reçue, la France a bien moins construit que ses voi­sins alle­mands et anglais à la sor­tie de la guerre, et com­ment la misère du loge­ment ultra pré­caire a durée de nom­breuses années mal­gré la construc­tion de ces grands ensembles. On apprend aus­si que pour 6000 loge­ments, il était pré­co­ni­sé de ne pas implan­ter de bar, mais qu’une église, deux écoles, voire quelques com­merces étaient plu­tôt envi­sa­gés. On découvre aus­si que dans les années 50, on estime qu’une place de sta­tion­ne­ment pour 5 foyers est lar­ge­ment suf­fi­sant, et que l’on pré­fère éco­no­mi­ser en infra­struc­ture de voi­rie en ne construi­sant que quelques voies prin­ci­pales, et en ajou­tant des voies de désertes per­pen­di­cu­laires, non tra­ver­santes. L’i­dée d’a­voir de grands espaces verts pour que les gens s’é­pa­nouissent s’ef­fondre rapi­de­ment avec l’ar­ri­vée de l’au­to­mo­bile pour tous, et de l’en­nui cau­sé par le peu d’é­qui­pe­ments finan­cés, ces cités dor­toir ne pro­po­sant aucune acti­vi­té, ni accès pra­tique aux quar­tiers équi­pés des centre-villes…

Les aban­don­nés, his­toire des « cités de ban­lieue », de Xavier de Jarcy

Où sont les « gens du voyages » ? inventaire critique des aires d’accueil, de William Acker

Twit­ter est un outil inté­res­sant pour suivre des ini­tia­tives, des cher­cheurs, des com­mu­nau­tés que les médias ne savent pas racon­ter. C’est ain­si que je suis William Acker, un juriste Voya­geur. Son ouvrage Où sont les « gens du voyages » ? inven­taire cri­tique des aires d’ac­cueil est à la fois très facile à lire, mais en même temps ter­ri­ble­ment dur par les idées qu’il déve­loppe et qu’y y sont étayées de nom­breuses réfé­rences et exemples concrets. On y retrouve tout le racisme d’é­tat, des citoyens et des col­lec­ti­vi­tés locales envers les Voya­geurs. À lire de toute urgence pour mieux com­prendre beau­coup de choses que l’on entend par­fois évo­qué d’une manière tel­le­ment néga­tive et non construc­tive par les médias.

Du rond-point au giratoire, d’Éric Alonzo

L’an­née der­nière, j’a­vais ado­ré lire l’ar­chi­tec­ture de la voi­rie d’É­ric Alon­zo. Je n’ai pas réus­si à résis­ter à l’en­vie de lire son autre titre « du rond-point au gira­toire », qui s’il par­tage quelques exemples et réfé­rences avec le volume consa­cré à la voi­rie, entre bien plus dans les détails de l’his­toire de ces infra­struc­tures de croi­se­ments. À la fois his­to­rique, poli­tique, signe de chan­ge­ments sociaux et de déve­lop­pe­ment des tech­niques modernes d’ur­ba­nisme, le gira­toire est racon­té et illus­tré avec un superbe enthou­siasme par Éric Alonzo.

Revue Habitante, numéro zéro

Les gens de la revue Audi­mat conti­nuent leur che­min, en pro­po­sant le numé­ro zéro d’une revue que j’ai­me­rais voir naître avec plai­sir. Patch­work qui regarde la ville et la manière d’ha­bi­ter, par­fois sous l’angle de la fic­tion, par­fois depuis l’ar­ticle socio­lo­gique ou l’es­sai poli­tique, il ali­mente la réflexion sur la manière d’habiter.

Arbres en péril, de David Happe

J’ai dévo­ré en quelques jours, Arbres en péril, de David Happe, qui raconte la tré­pi­da­tion de l’ac­ti­vi­té humaine vue depuis le rythme des arbres. On est fou­droyés par l’é­tat des lieux pro­po­sé par l’au­teur, qui per­met de com­prendre les consé­quences de toutes ces espèces que l’on classe main­te­nant comme en voie de disparition. 

On com­prend aus­si la dif­fé­rence entre ces arbres domes­ti­qués que l’on duplique pour l’a­gré­ment ou la culture des arbres sau­vages, qui forment des forêts à l’é­co­sys­tème riche, et non repro­duc­tible autre­ment qu’en les lais­sant s’é­ta­blir dans leurs espaces initiaux.

Les arbres en péril (cou­ver­ture)

Opération vasectomie : histoire intime et politique d’une contraception au masculin, d’Élodie Serna

Dès les pre­mières pages d’Opé­ra­tion vasec­to­mie, j’ai com­pris com­bien cette tech­nique de contra­cep­tion avait une dimen­sion poli­tique. Tour à tour bran­dit par les anar­chistes comme un moyen d’é­man­ci­pa­tion face aux injonc­tions d’un sys­tème capi­ta­liste, éta­tique et nata­liste, puis par les hygié­nistes et eugé­nistes comme un outil de contrôle de la repro­duc­tion des repré­sen­tants du peuple, la vasec­to­mie est encore consi­dé­rée dans de nom­breux pays comme une pra­tique cou­rante, au ser­vice d’une contra­cep­tion consciente et réfléchie.

Ce n’est pas vrai­ment le cas en France, où l’on retrouve encore dans l’i­gno­rance col­lec­tive de l’a­près traque des anar­chistes, et de la fin d’une pen­sée ouver­te­ment eugéniste. 

Le pain

Depuis plus d’un an, j’ex­plore la pra­tique de la bou­lan­ge­rie au levain. J’y ai d’ailleurs consa­cré un blog, où j’ai récem­ment pro­po­sé deux articles sur des lec­tures qui ali­mentent ma pra­tique et réflexion.

Notre pain est politique, les blés paysans face à l’industrie boulangère

Notre pain est poli­tique, issu d’un col­lec­tif explo­rant des pra­tiques pay­sannes dans la culture du blé, sa trans­for­ma­tion en farine puis en pain, et accom­pa­gné par la revue Z. Il per­met de bien com­prendre la dif­fé­rence entre le concept flou de blés anciens, et celui des blés popu­la­tion. Il raconte une pra­tique plein d’ex­plo­ra­tions, de recherches col­lec­tives et indi­vi­duelles, qui construit un che­min alter­na­tif à l’in­dus­trie agroa­li­men­taire. Le groupe à l’o­ri­gine de ce livre se répar­ti sur le ter­ri­toire Auvergne Rhône-Alpes, et ça donne l’en­vie d’al­ler les rencontrer…

Le traité de boulangerie au levain, de Thomas Teffri-Chambelland

Il y a un an, j’a­vais par­cou­ru le trai­té de bou­lan­ge­rie au levain, mais je le trou­vais un peu trop théo­rique et loin de ce que je com­pre­nais du pain. Après une année de pra­tique, je me suis replon­gé dedans, et j’y ai trou­vé énor­mé­ment de réponses à mes inter­ro­ga­tions, et même des réponses à des ques­tions que je n’a­vais pas encore réus­si à formuler.

Deux volumes que je pren­drai le temps de recon­sul­ter régu­liè­re­ment, je suis convain­cu que j’y trou­ve­rai régu­liè­re­ment de quoi ali­men­ter mes réflexions.

Handicap, validisme, proche aidant

Depuis quelques semaines, je publie une fois par semaine le pod­cast quand même pas, Papa !, où je raconte mon par­cours de proche aidant, aux côtés de ma fille atteinte d’une mala­die géné­tique dégé­né­ra­tive. La pro­blé­ma­tique de l’ac­ces­si­bi­li­té est à la fois pour moi une ques­tion d’in­té­rêt poli­tique, et une pro­blé­ma­tique de recherche. Je lis donc régu­liè­re­ment des livres sur la ques­tion, comme l’an­née der­nière avec le titre je vais m’ar­ran­ger.

Du handicap à l’accessibilité : vers un nouveau paradigme, de Frédéric Reichhart

Fré­dé­ric Rei­ch­hart pré­sente dans ce livre assez tech­nique la construc­tion de la notion d’ac­ces­si­bi­li­té dans les textes et dans la loi, en France. On découvre com­bien c’est à la fois une bataille de longue halène, semé de fri­leuses avan­cées légales, et sou­vent sui­vies d’a­mé­na­ge­ments pour assou­plir les choses. Voi­là com­ment cette ques­tion pro­gresse très dou­ce­ment, depuis les pre­mières avan­cées liées à l’ac­ces­si­bi­li­té des per­sonnes à mobi­li­té réduite (et la très puis­sante APF), jus­qu’aux avan­cées plus récentes, per­mises notam­ment par les idées insuf­flées depuis les pays anglosaxons.

Des vies (presque) ordinaires, de Blandine Bricka

En échan­geant autour du pod­cast de proche aidant que je publie, on m’a conseillé quelques lec­tures, comme les dif­fé­rents livres de Blan­dine Bri­cka. J’ai eu l’oc­ca­sion d’en lire deux, construits comme des entre­tiens. Le pre­mier, sous-titré « paroles d’ai­dants », pré­sente une rela­tive diver­si­té de condi­tions, et raconte ces acteurs et actrices de l’ombre, par­fois les seuls ponts entre les per­sonnes en situa­tion de han­di­cap et le reste de la cité. Le deuxième, sous-titré « être accom­pa­gné au quo­ti­dien », pré­sente le vécu de per­sonnes concer­nées, béné­fi­ciaires d’un accom­pa­gne­ment de la part de leurs proches, ou de per­sonnes rému­né­rées pour cela. Une manière d’a­li­men­ter la réflexion sur ce vécu par­fois complexe.

Deux volumes de Des liens (presque) ordi­naires de Blan­dine Bri­cka : paroles d’ai­dants, et être accom­pa­gné au quo­ti­dien.

Pictoparle, deuxième année de développement

Deuxième sai­son de déve­lop­pe­ment l’application Pic­to­parle, un outil de com­mu­ni­ca­tion alter­na­tive et aug­men­tée des­ti­né aux per­sonnes en situa­tion de défi­cience visuelle ren­con­trant des dif­fi­cul­tés dans la com­mu­ni­ca­tion orale. On peut bien sûr aller voir ce qui s’est pas­sé lors des sprints pré­cé­dents, car je par­le­rai ici uni­que­ment des avan­cées récentes.

Après l’an­nonce de la sai­son 2 du déve­lop­pe­ment du pic­to­parle, j’ai com­men­cé dou­ce­ment à cor­ri­ger quelques points pro­blé­ma­tiques, notam­ment sur l’as­sem­blage de la boîte. Mais les choses ont traî­né, et j’ai un peu endor­mi le projet.

En mars 2021, deux de mes cor­res­pon­dantes ont expri­mé leur envie d’u­ti­li­ser Pic­to­parle pour faci­li­ter la com­mu­ni­ca­tion avec de pos­sibles uti­li­sa­trices. Voi­là qui redonne la moti­va­tion à amé­lio­rer l’ou­til, en sui­vant les recom­man­da­tions iden­ti­fiées en septembre.

La suite de cet article raconte les amé­lio­ra­tions appor­tées à Pic­to­parle pen­dant cette deuxième année.

Amélioration de la fabrique de pictoparle

J’ai com­men­cé par cor­ri­ger quelques bugs repé­rés dans la der­nière ver­sion publiée de la fabrique du pic­to­parle. En sep­tembre, j’a­vais ajou­té une seconde tablette aux maté­riels cible, mais je n’a­vais pas suf­fi­sam­ment tes­té cet ajout, et un cer­tain nombre de fonc­tion­na­li­tés étaient cassées.

J’ai ensuite ajou­té une fonc­tion­na­li­té évo­quée dans l’an­nonce de la sai­son 2, et pro­po­sée lors d’une dis­cus­sion avec Jéré­my. Lors­qu’on conçoit une planche, on peut expor­ter au for­mat zip la planche pour l’in­té­grer à la tablette. Depuis quelques temps, on pou­vait rechar­ger dans l’é­di­teur un zip expor­té, mais seule une par­tie de l’in­ter­face était rechar­gée. C’est main­te­nant toute l’in­ter­face d’é­di­tion qui est sau­vée, y com­pris les confi­gu­ra­tions liées à la tablette, et à la fabri­ca­tion de la cou­ver­ture par découpe laser.

Enfin, les fichiers géné­rés par la fabrique de pic­to­parle contiennent main­te­nant dans leur nom le modèle de tablette pour laquelle ils ont été conçus, afin d’é­vi­ter les erreurs d’é­tour­de­rie lors de la fabri­ca­tion du dis­po­si­tif. J’a­vais eu une mau­vaise expé­rience en sep­tembre, en me trom­pant de modèle lors de la géné­ra­tion des fichiers pour la découpe laser de planches.

Amélioration des documents à imprimer

Une par­tie des docu­ments géné­rés pour la fabri­ca­tion des planches est au for­mat pdf, l’une des pages impri­mable sur papier ther­mo­gon­flé, l’autre pour impres­sion papier avec le QRcode.

Pen­dant ce sprint, j’ai amé­lio­ré les infor­ma­tions ajou­tées à la page des­ti­née au QRcode, afin que le docu­ment contienne un maxi­mum d’in­for­ma­tions pour en faci­li­ter l’u­sage. En par­ti­cu­lier, il me sem­blait impor­tant d’a­voir un maxi­mum d’in­for­ma­tion impri­mées, pour que les uti­li­sa­teurs puissent tra­cer au mieux ce qu’ils font.

J’ai aus­si modi­fié les infor­ma­tions affi­chées sur la page ther­mo­gon­flée, pour que les voyants aient accès au nom asso­cié à chaque pic­to­gramme sans avoir à déclen­cher le son. C’est une fonc­tion­na­li­té qui m’a­vait été deman­dée par des accom­pa­gnants occa­sion­nels, afin de faci­li­ter l’ap­pro­pria­tion de l’ou­til par une nou­velle équipe.

docu­ment prêt à l’im­pres­sion, conte­nant une page pour le ther­mo­gon­flage, et une page pour l’im­pres­sion du QRcode.

Amélioration des fichiers de découpe de boîte

Quelques cor­rec­tions ont été appor­tées suite aux nou­velles expé­ri­men­ta­tions de découpe réa­li­sées en sep­tembre. Ces tests avaient mis en évi­dence des erreurs d’a­li­gne­ments de cré­ne­lage pour la deuxième tablette intro­duite, et le besoin d’un méca­nisme de détrom­page, pour évi­ter des assem­blages erronés.

Afin de faci­li­ter la suite du déve­lop­pe­ment, j’ai éga­le­ment fait un peu de réécri­ture de code. Cela fait, j’ai intro­duit des espaces et des chan­freins sur les cré­ne­lages pour faci­li­ter l’emboîtage des élé­ments, l’un des points cri­tiques iden­ti­fiés au Débrouillo’­Lab en septembre.

extrait du patron de découpe géné­ré pour la fabri­ca­tion de la boîte, avec ses cré­ne­lages chan­frei­nés et de lar­geur ajus­tée pour faci­li­ter l’assemblage.

En sui­vant les autres remarques des beta tes­teurs du Débrouillo’­Lab, j’ai ajou­té une numé­ro­ta­tion à gra­ver sur chaque pièce, pour faci­li­ter l’assemblage.

cap­ture d’é­cran du logi­ciel d’é­di­tion de fichiers dxf mon­trant les numé­ro­ta­tions à gra­ver pour faci­li­ter l’assemblage.

J’ai éga­le­ment cor­ri­gé quelques détails pour que l’as­sem­blage des planches et de la boîte se passe mieux.

Amélioration de l’application

Lors des essais pas­sés, j’a­vais à plu­sieurs reprises remar­quer que lorsque les uti­li­sa­teurs tou­chaient la tablette avec le bas de la main, tout en uti­li­sant les doigts pour déclen­cher le son asso­cié à un pic­to­gramme du haut de la planche, les inter­ac­tions étaient peu fiables. On ren­con­trait deux situa­tions : soit la tablette devient com­plè­te­ment muette, soit ce sont les pic­to­grammes du bas de l’é­cran qui s’activent.

Ces pro­blèmes sont intrin­sèques à la tech­no­lo­gie uti­li­sée par les tablettes pour détec­ter les mul­tiples appuis, et sont dif­fi­ci­le­ment solu­tion­nables. J’ai tout de même ajou­té un filtre qui ne consi­dère pas les double taps de bas d’é­cran dans le cas où un doigt touche le haut de l’é­cran. Ce n’est pas par­fait, mais c’est déjà mieux que rien.

Prise en charge d’une nouvelle tablette

Lors de dis­cus­sions pas­sées, nous avions dis­cu­té avec Jéré­my de la dif­fi­cul­té d’a­jou­ter de nou­velles tablettes à l’ap­pli­ca­tion et à la fabrique. Il fal­lait en effet modi­fier plu­sieurs fichiers, sans que cela ne soit très bien docu­men­té. J’ai donc pris le temps de modi­fier l’ap­pli­ca­tion pour qu’elle puisse inté­grer faci­le­ment de nou­velles confi­gu­ra­tions de tablettes, en uti­li­sant le même fichier au for­mat XML que celui uti­li­sé par la fabrique.

Cela m’a per­mis de rapi­de­ment inté­grer une nou­velle tablette, qui sera pro­chai­ne­ment mise dans les mains d’une nou­velle uti­li­sa­trice. L’é­quipe qui l’ac­com­pagne ayant pré­vu d’u­ti­li­ser une coque de pro­tec­tion, j’ai éga­le­ment ajou­té la pos­si­bi­li­té de fabri­quer la boîte et les planches en tenant compte de cette coque.

J’ai éga­le­ment amé­lio­ré l’er­go­no­mie de l’ap­pli­ca­tion pour qu’elle pro­pose au pre­mier démar­rage un menu per­met­tant de sélec­tion­ner la tablette uti­li­sée, afin d’a­voir direc­te­ment les bons réglages.

inter­face de fabri­ca­tion des planches qui intègre la pos­si­bi­li­té de décrire une coque spécifique.

Diffusion de l’application

Afin de faci­li­ter la dif­fu­sion de l’ap­pli­ca­tion, en plus de four­nir un fichier apk com­pi­lé sur le github du pro­jet pour chaque ver­sion majeure du pro­jet, j’ai pris le temps de mettre l’ap­pli­ca­tion à dis­po­si­tion sur Google Play, un moyen plus grand public d’es­sayer l’application.

L’ap­pli­ca­tion Pic­to­parle sur Google Play.

J’ai éga­le­ment pris le temps de rédi­ger une docu­men­ta­tion pour faci­li­ter l’ins­tal­la­tion et la confi­gu­ra­tion de l’application.

Conclusion

Avec les pre­miers uti­li­sa­teurs exté­rieurs, je serai pro­ba­ble­ment ame­né à appor­ter des amé­lio­ra­tions à l’ap­pli­ca­tion et aux outils de l’é­co­sys­tème Pic­to­parle, afin d’en per­mettre l’a­dop­tion plus aisée. À suivre donc, car nous sommes à l’aube de la troi­sième sai­son de développement !