Il y a plus de 10 ans, j’ai imaginé une famille de casse-tête. Plus précisément, j’en ai rêvé une nuit, et dès mon réveil, j’ai couché sur un papier les idées principales. J’ai ensuite parlé de l’idée avec une poignée de collègues, et c’est devenu une discussion occasionnelle, un petit jeu géométrique simple. Si nous n’en avons pas fait émerger une problématique de recherche amusante, j’avais tout de même fabriqué un logiciel pour fabriquer automatiquement des manuels de jeu.
Le temps a passé, et à la faveur d’une discussion nocturne avec mon oncle Jean-Pierre, je me suis dit que c’était l’occasion de dépoussiérer le code source, et de présenter ici le fonctionnement du jeu, que j’avais alors appelé Voxigame.
Le jeu en quelques mots
En quelque mots, le principe du jeu consiste à placer des briques à l’intérieur d’une boîte, tout en réservant un chemin reliant deux fenêtres de passage ménagées sur les côtés de la boîte. Une fois la boîte refermée, aucune brique ne dois pouvoir se déplacer.
L’image ci-dessous présente le manuel d’un exemple simple. La boîte est de la taille de 3 cubes en hauteur, de 3 cubes en profondeur, et de 1 cube en largeur. On doit y placer 4 briques faisant 2 cubes de longueur, et garder un passage entre les deux fenêtre de passage dessinées en bordeaux sur l’image.
La dernière partie de l’image tout à droite présente les étapes de remplissage de la boîte.
Si l’idée vous amuse et que vous avez envie de réfléchir à des cas un peu plus compliqués, rendez-vous sur la page des motifs élémentaires, ou sur celle des quelques exemples plus sophistiqués. Chaque manuel est structuré avec des pages qui dévoilent de plus en plus la solution, comme présenté ci-dessus.
Voici la première page des différents exemples proposé :
Et si vous êtes encore plus curieux, vous pourrez consulter le code source, que je viens de migrer en Qt5. Et oui, il y a 13 ans, j’avais écrit ça en Qt4, et j’ai dû faire de tout petits ajustements (notamment de la chaîne de compilation) pour que tout compile sur un environnement récent.
Et si Voxigame continuait sa route ?
Quand je me suis arrêté d’explorer Voxigame il y a plus de 10 ans, j’avais très envie de deux choses.
D’un point de vue formel tout d’abord, de définir l’ensemble des configurations (taille de la boîte et position des fenêtres) pour lesquelles on peut trouver une solution stable.
D’un point de vue pratique, j’aurais beaucoup aimé disposer soit d’un prototype matériel, en bois par exemple, soit d’un prototype logiciel, pour essayer « pour de vrai » plein de configurations.
Alors, si ça vous branche, la balle est dans votre camp ! :)
Depuis bientôt 15 ans je pratique la radio, à la fois au micro et comme auditeur quotidien. Au fil du temps, j’ai mis en œuvre et apprécié ses différentes formes : les émissions réalisées en direct où la spontanéité est plus ou moins maîtrisée mais où l’adrénaline guide l’action, et les émissions préparées dans un logiciel de montage et ajustées à la milliseconde pour qu’elles ressemblent exactement à ce que l’on veut. Les émissions, podcasts, documentaires sonores sont parfois produites par des amateurices passionné·e·s, parfois par des gens qui le font de manière salariée. On retrouve une grande diversité de formes, de modes de diffusion, d’audiences.
Les contenus audiovisuels suivent aussi les mêmes modalités de production et diffusion : contenus amateur de grande qualité ou produits par des personnes rémunérées pour cela, diffusion confidentielle ou à grande écoute, formes d’une grande diversité. L’une des plateformes principales de diffusion à la demande des vidéos (comme pourrait l’être par exemple les audioblog d’arte radio pour les podcasts) est incontestablement YouTube. Pour les émissions en direct, Twitch a émergé comme espace incontournable. Dans les deux cas, on constate que les plateformes ont un pouvoir énorme sur l’orientation des contenus, qu’ils contraignent notamment par leurs intentions commerciales de diffusion publicitaire (le principal financement de Youtube). Il existe bien sûr des plateformes alternatives, comme le très décentralisé peertube dont j’avais déjà parlé il y a quelques années, ou encore les plateformes de créateurs telle que Nebula aux États-Unis.
Je vous propose aujourd’hui de parcourir quelques chaînes plus ou moins diffusées mais que je trouve toutes passionnantes pour réfléchir à la politique, la sociologie, l’histoire ou encore la géographie.
Analyses politiques
Au delà des contenus qui suivent l’actualité au plus proche (Médiapart, Blast, …), Il y a bien sûr les incontournables Bolchegeek, et Osons Causer qui proposent souvent un angle original sur un sujet qui raisonne avec l’actualité, ou encore Defekator, la chaîne qui « défèque sur les fakes » en proposant des réflexions et outils autour de la vérification des sources. Mais parfois, il est intéressant de suivre des producteurs qui s’intéressent aux réflexions politiques de fond, pour venir éclairer cette actualité sous un autre angle.
Oui d’accord propose tous les un à deux mois une vidéo de fond sur un sujet à chaque fois passionnant, sourcé de plein de références en science politique, sociologie, histoire.
Sortie d’usine propose lui aussi tous les deux mois environs une vidéo de fond qui donne à voir avec un angle très enrichissant certains aspects de notre vie contemporaine : culture pop, politique, industrie, rapport au capitalisme…
Parmi les vidéos récentes, on peut par exemple entendre avec « THIRD PLACE » : pourquoi Starbucks va CREVER comment le capitalisme avec ses chaînes comme Starbucks ont peut-être pour un temps décimé les espaces de rencontre tiers (ni foyer ni lieu de travail). On pourra regarder le funeste secret de l’industrie du diamant, qui raconte la manière de créer un marché artificiel, ou encore La méthode Miawaki et l’effondrement, qui raconte la génèse de cette méthode de croissance végétale, comment ce qu’elle annonce est en fait plutôt contestable.
Histoire, géographie
La vulgarisation en sciences humaines est plutôt bien présente sur les plateformes de vidéo, notamment en histoire, ou on trouve les bien installés Nota Bene, l’histoire nous le dira. Mais il existe un véritable fourmillement de productions alternatives, dont voici une petite sélection très personnelle.
Les revues du monde propose ainsi du contenu historique, régulièrement avec une lecture d’analyse politique et sociale qui vient avantageusement chambouler certaines des idées reçues que l’on peut avoir sur les périodes passées, et ainsi éclairer différemment notre lecture du quotidien.
En archéologie, on peut penser bien sûr à Passé Sauvage, qui propose des séries super chouettes, récemment sur l’histoire des peuplement des continents, ou encore sur le suivi de chantiers d’archéologie. On peut aussi suivre avec grand intérêt Boneless Archéologie, son humour décapant et son élégance distinguée.
La vulgarisation en géographie, je trouve que c’est moins présent en format audiovisuel. Il existe bien sûr plein de contenu sur la géographie physique, sur des formes très variées, comme l’atypique TéléCrayon, au format dessiné et au contenu très factuel, quantitatif. Quand on s’éloigne de la géographie physique, on trouve sur les chaînes publiques des choses comme l’émission Le dessous des cartes d’Arte, mais moins de contenu indépendant.
Parmi les chaînes de qualité, je pense tout de suite à Archipel, qui propose un point de vue très riche sur notre planète et ses habitant·e·s. C’est une chaîne très récente, mais qui a démarré dès le début avec un contenu de qualité.
On y trouve par exemple une vidéo sur les grands ensembles avec la leçon d’urbanisme des barbappa, ou encore une série cartes en main pour proposer quelques éléments de réflexion à l’occasion des élections présidentielles de 2022.
On peut bien sûr regarder avec grand intérêt les vidéos de la chaîne Linguisticae, qui propose une vulgarisation riche et multiple structurée par la linguistique certes, mais qui permet de considérer les territoires et les histoires des peuples d’une manière passionnante. On parle aussi beaucoup d’actualité politique sur cette chaîne ou sur la chaîne secondaire de l’auteur principal, car la linguistique y a toujours sa place.
Si comme moi vous êtes un gourmand de cartographie et d’étrangetés géographiques, vous aurez plaisir à découvrir les deux chaînes suivantes, dont le contenu est en langue anglaise, mais qui n’enlève rien à la qualité de leur contenu.
La chaîne de Jay Foreman héberge notamment la fabuleuse série MapMen, qui devrait être projetée à tout étudiant qui pense que la cartographie ou l’anglais est triste et morne.
En guise de transition avec la section suivante, je vous propose d’aller regarder les vidéos passionnantes d’Histoire Appliquée, qui s’intéresse à la question de la reconstitution, notamment dans les films d’époque. L’auteur est pointu, passionné, et sa pratique de la reconstitution et du costume d’époque permet d’apprécier au plus près les défis et questions que l’on se pose quand on fabrique des costumes qui seront portés par des comédiens, tout en étant le plus juste possible.
Cinéma et culture de l’image
Les contenus consacrés au cinéma ou à la culture audiovisuelle sont légion sur les plateformes audiovisuelles. Parmi les formats et thématiques intéressantes, je pense bien sûr à Calmos ou Chronik Fiction, aux formats super produits, au montage de grande qualité, au contenu rythmé et décapant, qui propose de se promener dans la production cinématographique avec un fil conducteur toujours surprenant. Je pense aussi au Fossoyeur de Films, dont l’expertise amène à regarder les films qu’il raconte autrement, ou à Misterfox, une pépite pour qui s’intéresse à l’univers des comédiens de doublage.
Bien sûr, on trouve aussi des contenus qui combinent regard de cinéphile et analyses politiques.
Je pense aussi à Vidéodrome, qui propose d’explorer la thématique des sciences sociales sous le prisme du cinéma. On y trouve par exemple une série de vidéos traitant des documentaires sur le travail, ou plus récemment une vidéo qui replace le curseur des idées à l’emporte-pièce sur les voleurs, fictions et réalités.
Il me semble essentiel d’avoir une oreille tendue vers les personnes subissant les discriminations violentes qu’impose la société patriarcale, blanche, validiste et hétéronormée dans laquelle nous naviguons.
Aux intersections entre la question trans et le validisme, j’aime beaucoup regarder ce que propose Alistair, un contenu riche et complexe, dont la dimension de vulgarisation s’affine au fil des ans.
Je regrette aussi la disparition de Nirina, que j’avais découvert sur Twitter, et qui racontait ses découvertes et analyses de jeune femme issue de l’immigration et qui se frayait un chemin à Science Po, avec le choc de la culture de classes associée à sa trajectoire.
Regards sur la ville
J’aurais pu classer les contenus consacrés à la ville avec ceux consacrés à la géographie, mais il s’agit ici de vidéastes qui traitent de la ville à l’échelle des humains. Je pense en premier lieu à deux chaînes consacrées à l’architecture.
Le nouveau programme est une chaîne qui parle d’architecture et d’architectes, qui replonge dans l’histoire des grandes réalisations. On s’y intéresse du point de vue artistique et technique, de manière pointue et enthousiaste.
Les auteurs nous proposent des images originales, J’ai par exemple beaucoup aimé la vidéo consacrée aux piscines tournesol, celle consacrée au parc de la Villette que je connaissais mal, ou encore ce portrait d’un immeuble-pont à Alger.
Je pense aussi à Architekton, qui traite la question de l’architecture un contenu plus politique, avec un montage dynamique et empruntant à de nombreuses références audiovisuelles pour illustrer le propos.
On peut par exemple en apprendre plus au sujet du Crystal Palace de Londres, qui prend la forme d’un temple au capitalisme, ou celle consacrée à la question de déconstruire l’architecture.
Enfin, d’une manière un peu différente, Altis play propose de regarder et comprendre la ville depuis la selle d’un vélo. Accessibilité, mobilités, interactions entre usagers, infrastructures, tout est passé au crible, d’abord à Paris, mais aussi dans d’autres villes.
Altis play est par exemple revenu sur les circonstances de l’accident qui a eu lieu à la Rochelle, et qui a secoué la communauté des usagers du vélo. On regarde avec lui les infrastructures, ses imperfections, et la manière de possiblement améliorer les choses. Il propose aussi de réfléchir à des dispositifs comme les sens interdits sauf vélo qui peuvent être considérés comme dangereux, ou encore explore la question de la place pour toutes les mobilités dans la ville.
Conclusion
Il y a bien sûr pleeeein d’autres contenus intéressants, que l’on découvre souvent au hasard des clics, des discussions ou des lectures. Je suis toujours curieux d’en découvrir plus, alors si vous avez des suggestions de visionnages, ça m’intéresse !
Je l’avais annoncé sur les pages de ce blog, septembre a été l’occasion de bénéficier d’une disponibilité, avec l’espoir d’améliorer mon quotidien. Un peu plus de six mois se sont écoulés depuis cette date, et je peux déjà en tirer quelques conclusions.
Y’a eu du changement
Je ne prends pas assez de temps pour alimenter ce blog, aussi les derniers mots sur ce blog datent d’août. À l’époque, je me préparais donc à quitter l’université pour rejoindre l’équipe recherche et développement (R&D) d’une entreprise, à hauteur de quatre jours par semaine.
Les premiers mois ont été très chouettes, j’ai eu la chance d’être super bien accueilli par Thierry Château et les autres personnes de l’équipe R&D. Les missions que je portais étaient amusantes, pas tant éloignées de mes activités universitaires passées.
Malheureusement, la direction de l’entreprise Logiroad a progressivement fait comprendre à l’équipe R&D qu’elle avait changé ses objectifs, et qu’elle allait nettement réduire sa recherche pour se focaliser sur une commercialisation à court terme. Courant décembre, j’ai donc décidé de démissionner, en espérant participer à un mouvement qui permettrait à une partie de l’équipe R&D d’être maintenue dans ses activités.
J’avais entre temps eu la chance de recevoir la proposition de rejoindre BBS Slama afin de participer au développement de logiciels de calcul thermiques pour le bâtiment. De la géométrie, de la modélisation sémantique, du calcul scientifique, et du développement logiciel. Bref, des choses que j’aime bien !
C’est ainsi que j’ai rejoins l’entreprise début 2024, cette fois-ci en décidant de réduire encore mon temps de travail, pour passer à trois jours par semaine. En effet, la MDPH assure enfin une prise en charge financière partielle du temps que je passe auprès de ma fille comme proche aidant.
Réduction de la charge mentale
Malgré les perturbations liées à la fin du premier contrat, et bien que je passe encore du temps à accompagner les étudiants en thèse, mon engagement à l’activité salariée a radicalement changé.
Quand mon quotidien était celui d’un maître de conférences, je travaillais tous les jours de la semaine, plusieurs soirs par semaine, souvent les week-ends. Je recevais près d’une centaine d’emails par jour, dont au moins une trentaine qui nécessitaient une réaction immédiate. Je passais mon temps à courir après les urgences, parfois pertinentes, souvent absurdes car liées aux manques de ressources de l’université, et au fonctionnement en mode projet. Et puis l’enseignement, si j’espère l’avoir toujours pratiqué avec engagement et sérieux, je n’ai jamais aimé ça.
Depuis septembre, quand je ferme la session de mon ordinateur professionnel, à la fin de la journée de travail, je n’ai plus l’obligation morale de vérifier toutes les heures qu’il n’y a pas d’urgence. Je n’ai pas à corriger des copies, à préparer des cours, à me faire un sprint nocturne de montage de dossier ou de rédaction d’article. Ce luxe incroyable est probablement lié au type de métier que je pratique maintenant, mais aussi parce que j’ai décidé de m’engager dans une désintoxication au travail salarié.
Focaliser mon attention sur les besoins de ma fille, dont les besoins croissants nécessitent de prendre en charge énormément de logistique, de coordination, d’attentions de chaque instant, c’est déjà énormément de pression, et je pense que c’était le bon moment de relâcher la tension professionnelle.
Développer du logiciel propriétaire
Depuis septembre, je développe donc des logiciels propriétaires, c’est-à-dire dont le code source n’aura pas pour vocation à être diffusé largement. C’est quelque chose que je n’avais jamais fait en plus de 20 ans de développement logiciel, car je n’avais produit jusqu’à présent que du logiciel libre (dont une partie est par exemple disponible sur github).
Ce qui change, c’est bien sûr la certitude d’avoir des utilisateurices. De l’extérieur, on pourrait penser que cela nécessite d’être plus soigneux dans la conception et la finition de ces logiciels. Mais plus j’observe et je réfléchis à ce que cela implique, moins je suis convaincu de cela.
Car quand on développe du logiciel libre, on ne sait pas qui va utiliser le code source ni le logiciel. Dans la pratique du logiciel libre, je redouble en général d’attention à rendre ma production la plus facile à prendre en main. Au niveau du logiciel lui-même bien sûr, mais aussi en prêtant une grande attention au code source, à son architecture, à sa documentation. C’est peut-être aussi une déformation de mon parcours d’étudiant puis d’enseignant en informatique à l’université.
Cette attention, je suis convaincu que l’urgence de produire du logiciel commercial et fermé ne l’impose pas, et que suivant la culture personnelle de chaque développeureuse, cette dernière peut facilement produire du code source toufu, complexe, et des logiciels aux interfaces de niche pas forcément flexibles.
J’espère donc pouvoir au fil des années apporter aux entreprises qui m’accueilleront ce que je pense être une des réelles forces de la pratique du logiciel libre : l’attention à faciliter l’intégration de nouvelles personnes dans une équipe de développement en concevant le code source dans ce sens. Je suis convaincu que c’est un investissement indispensable pour tendre vers un logiciel de meilleure qualité.
Être proche aidant
En continuité de ce qui se passait depuis le printemps 2023, je suis donc proche aidant à mi-temps, au rythme de la garde alternée, auprès de ma fille maintenant âgée de 19 ans.
Comme je l’indiquais plus haut, cela nécessite une attention de chaque instant à la logistique, pour que les interventions des professionnels qui nous accompagnent s’enchaînent au mieux, suivant les aléas des conditions de santé, assurer l’approvisionnement en matériels médicaux, paramédicaux, nutritionnels, de bien-être, etc. Cela nécessite de mettre en place une machine bien rodée pour faire fonctionner le quotidien, mais aussi de pouvoir bouleverser à chaque instant tout cela pour gérer les urgences.
Parfois ce sont de gros bouleversements, avec une hospitalisation d’urgence pendant plusieurs jours, parfois c’est plus court, avec une ou deux journées où ma fille se retrouve alitée puis en convalescence. Il faut alors pouvoir continuer d’assurer les besoins vitaux, et assurer aussi les plaisirs qui font que la vie est douce.
La logistique est d’autant plus importante en prévision de ces possibles situations que je suis seul à faire fonctionner le foyer au quotidien. Il faut donc avoir du stock, gérer les approvisionnements, organiser les espaces pour ne pas se retrouver en difficulté physique ou psychologique.
En plus de cela, il faut apprendre à gérer les nouveaux dispositifs qui facilitent la santé, continuer d’adapter les équipements aux nouveaux besoins, tout en continuant à penser des espaces de plaisir et d’activités épanouissantes.
Ce que je trouve le plus compliqué, c’est le grand écart entre l’injonction à continuer à s’impliquer dans les activités de la cité, et l’énergie et le temps nécessaire à assurer les besoins de la personne que l’on accompagne. Au milieu de ça, le besoin de ménager son corps et son esprit pour qu’il tienne sur la durée se fait sentir, mais tout n’est pas conciliable… Et il arrive souvent que l’on ressente à la fois sentiment de grande solitude et un mal-être grandissant de ne pas pouvoir souffler, ne serait-ce qu’une journée.
Bon, mais il y aurait énormément à écrire sur cette question, et je pense de plus en plus à lancer la saison 3 du podcast Quand même pas, Papa !
Faire du logiciel libre
Ce qui peut être étonnant, c’est que j’ai malgré tout du temps libre. Tout ces moments où je suis aux côtés de ma fille mais qu’elle écoute des histoires (sa grande passion), et même si je dois rester vigilant et à chaque instant pouvoir interrompre mes activités, je dispose régulièrement d’une poignée d’heures pour lire, ou mais aussi fabriquer des trucs.
J’ai donc entamé depuis septembre le développement d’un outil logiciel, pour l’instant confidentiel, mais qui devrait s’annoncer pour la rentrée 2024 : un agenda culturel qui sera alimenté le plus automatiquement possible depuis les ressources existantes. Je ne suis pas seul sur le projet, et c’est chouette d’avoir des copaines pour concevoir un tel projet. Allez hop, une image pour montrer à quoi ça ressemble en ce moment :
Faire de la radio
L’une de mes soupapes de sécurité, celle qui fait que j’arrive à continuer à vivre malgré le brun qui commence à gronder partout dans le monde, c’est la radio des tas.
Une fois par mois, avec les copaines tas, on prend le chemin des studios de Radio Campus pour une émission en direct, qui fait du bien au moral. Même si on ne cause pas que de trucs rigolos, on parle de ce qui nous anime, nous indigne, nous garde en vie.
Activité associative
Difficile de ne pas s’impliquer dans l’association Vaincre les Maladies Lysosomales, tellement les missions de l’association résonnent avec notre quotidien.
Après avoir participé au conseil d’administration pendant quelques années, j’ai finalement proposé d’en être le trésorier, et on a lancé quelques commissions pour continuer à animer l’association.
Cette année plus que les précédentes, les enjeux sont importants, car si nous n’arrivons pas à augmenter les sources de financement, nous devrons réduire la voilure, et sans doute ne pas maintenir les activités qui font le sens de l’association : rencontre annuelle des adhérent·e·s, financement d’activités de recherche ciblées sur les maladies lysosomales…
Conclusion
En conclusion, je peux dire que si depuis septembre je ne m’ennuie pas, le niveau de stress a nettement diminué, et j’arrive à trouver un équilibre bienvenu dans mon quotidien, afin de vivre les engagements que j’ai raconté ici, mais aussi tous les autres péripéties de la vie. Affaire à suivre !
Il y a deux ans, je donnais un aperçu des activités qu’assurent un enseignant-chercheur, en racontant comment ces missions avaient évolué avec le temps, éloignant de plus en plus ce quotidien de ce que j’ai envie de vivre. Alors bien sûr, la dimension recherche est passionnante, mais tout le reste devient trop coûteux.
J’ai donc choisi de prendre une année de disponibilité pour me consacrer un peu plus aux besoins grandissants de ma fille et pour faire une pause de cet environnement que je trouve de plus en plus toxique. J’en développe ci-dessous les motivations.
Les besoins d’une personne non autonome
Comme je le raconte depuis bientôt deux ans dans le podcast quand même pas, papa !, la maladie de ma fille progresse beaucoup ces derniers temps, et sans accompagnement de chaque instant, elle ne pourrait pas assurer sa survie. Je suis heureux d’être là pour elle, et de lui apporter, en plus du vital, les éléments qui font le bonheur de la vie. Ce printemps, la structure qui l’accueillait dans la journée est arrivée au bout de ses capacités d’adaptation, et a mis fin à cet accueil.
La moitié du temps ma fille est donc à la maison (l’autre moitié du temps, elle est chez sa maman), et même si on s’organise pour obtenir les aides dont elle peut bénéficier, j’ai envie et besoin d’être là pour elle.
Les aspects pratiques du métier d’enseignant-chercheur sont donc difficilement compatibles avec ces besoins grandissants :
Les enseignements se passent à l’université, et sont répartis au fil de la semaine et au fil des mois de manière fragmentée. Impossible d’avoir un emploi du temps compatible avec les engagements à la maison auprès de ma fille.
Les différentes urgences administratives qu’on nous impose, la préparation des cours, la correction des copies, tout cela implique de travailler régulièrement le soir et les week-ends, entraînant une grande fatigue physique, et là aussi se collisionnant aux engagements de proche aidant.
Il me fallait donc trouver une solution pour un engagement professionnel plus flexible et moins volumineux. Un temps partiel, avec des missions plus simples à assumer en parallèle de la proche aidance.
Avalanche de tâches administratives
Je l’avais déjà abordé dans le précédent article, mais les tâches administratives s’accumulent chaque année un peu plus sur les épaules des personnels enseignants-chercheurs de l’université, au point qu’elles finissent par devenir une grande partie du quotidien.
Pour donner un simple exemple, sur l’un des projets de recherche dans lequel je me suis un tout petit peu impliqué, on doit remplir chaque mois, à la demande du financeur, un tableau qui indique jour par jour les tâches que l’on a menées, qu’elles fassent partie du projet, ou que ce soient d’autres tâches, avec une phrase explicative pour chaque entrée correspondant au projet. Le tout sur un site internet pas du tout ergonomique, où il faut cliquer à la main pour donner chaque jour la répartition du temps de travail.
Et ça pourrait paraître anecdotique si ça n’était pas comme cela pour chacune des actions que l’on mène à l’université : pour chaque mission de recherche ou d’enseignement, de responsabilités, d’animation scientifique, de vulgarisation, on se retrouve à devoir produire des rapports, remplir des formulaires, valider une procédure, faire un appel d’offre ou obtenir 3 devis. C’est d’un fastidieux qui embourbe complètement toutes les activités, au point que mener sa propre activité de recherche devient un luxe qu’il faut payer en vampirisant du temps personnel.
Politique d’affectation des enseignements
Il y a deux ans, je racontais comment j’avais trouvé un intérêt aux missions d’enseignement en intervenant dans des formations assez diverses, et qui à chaque fois étaient d’un bien plus grand intérêt que l’affectation principale pour laquelle j’avais été recruté : enseigner l’informatique pour les étudiant·e·s en IUT Gestion des Entreprises et Administrations.
Cependant, à l’occasion d’un changement de direction à l’IUT et avec l’arrivée de règles de plus en plus précises imposées par l’université, on m’a demandé de ne plus m’engager autre part qu’en GEA, sauf en heures supplémentaires.
N’ayant pas le luxe de pouvoir me permettre d’heures supplémentaires, j’ai donc été contraint de chercher des remplaçants ou de fermer les cours que j’animais dans les autres formations, et d’assumer des heures d’enseignement en GEA sur des sujets loin de mes thématiques d’expertise. C’est ainsi que je me suis trouvé à enseigner les mathématiques à des jeunes gens complètement désintéressés des sciences, à passer des heures à expliquer comment additionner deux fractions, ou résoudre une équation du premier degré.
Je me suis donc retrouvé englué dans cette « formation », dont le rôle est plutôt d’assurer la salle d’attente entre le lycée et des emplois peu qualifiés du tertiaire, à accompagner des étudiant·e·s pour la majeure partie peu intéressé·e·s à leurs études, et souvent en grande difficulté scolaire. Un contexte où j’ai peiné deux ans à trouver l’épanouissement dont j’aurais eu besoin pour y maintenir un engagement durable.
Envies de changement
Ces différents éléments combinés m’ont poussé à envisager une voie hors de l’université. Nous, fonctionnaires, avons la chance de pouvoir solliciter une mise en disponibilité, permettant de quitter temporairement la fonction publique pour y revenir après un court temps au même poste.
C’est donc ce que j’ai choisi de faire, en assurant en même temps que je trouvais un nouvel employeur, pour y mener une activité plus proche de mes envies actuelles. C’est ainsi que je rejoins pour un an Logiroad, en tant que chercheur senior, où je pourrai exploiter au mieux l’expertise que j’ai construite au fil de mon début de carrière professionnelle : gestion de projets, recherche et développement en géométrie, en géomatique, en intelligence artificielle, avec une dimension open source et open data. J’envisage aussi d’y explorer la problématique de l’accessibilité, en adéquation avec les offres commerciales de l’entreprise, tout en y ajoutant le regard et les connaissances acquises ces dernières années.
Je suis heureux de commencer une nouvelle aventure, qui je l’espère évitera que je m’éparpille en autant de missions inutiles qu’à l’université.
Et puis à y réfléchir, les étudiant·e·s qui arrivent cette année à l’université ont l’âge de ma fille, et je me dis que le hasard fait bien les choses, car j’aurais je pense trouvé difficile d’enseigner à ces jeunes gens la journée, tout en m’occupant le reste du temps de cette jeune adulte qui se bat pour vivre avec cette maladie…
Dans cet article, je reviens sur la manière dont je réalise ce podcast, et je partage avec vous quelques podcasts qui m’ont marqué cette année.
Comment j’enregistre quand même pas, Papa !
Ce podcast, c’est un moyen pour moi de réfléchir à ce que nous traversons avec ma fille, cette maladie qui s’installe toujours un peu plus et bouleverse nos vies.
D’un point de vue pratique, je prépare les épisodes en prenant régulièrement des notes sur les sujets que j’ai envie de traiter. Je prend des notes sous forme de phrases très simples, avec les grandes idées, que je structure en listes à puce par exemple, voire garde en forme télégraphique. L’idée est d’avoir la trame et les idées principales sous les yeux au moment d’enregistrer, puis ensuite de laisser la spontanéité de la parole non écrite.
Une fois toutes les une ou deux semaines, je m’installe donc dans mon salon pour une session d’enregistrement, de montage et mixage. L’équipement est identique à celui que j’utilise pour enseigner à distance : une carte son, un micro, un pré pré-ampli, et un casque.
Je réalise le montage en même temps que l’enregistrement, avec le logiciel ardour, un équivalent libre de reaper. Ma session est prête, avec l’habillage (les petites ambiances sonores) du podcast, et une piste avec les réglages habituels que j’utilise sur ma voix (compression, égalisation). Je lance l’enregistrement, puis suit le fil de l’épisode. Je fais régulièrement des pauses dans l’enregistrement, pour reprendre une tournure de phrase qui ne me convient pas, pour ajuster une idée, tout en faisant toujours attention à garder la même intention dans la voix, la même proximité au micro. Je n’ai pas envie que ça s’entende trop à l’écoute.
Je ne corrige rien de la diction, des petits bruits parasites, et j’ai choisi un micro classique, dans une pièce non traitée, afin d’avoir un son le plus naturel possible, et pour ne pas avoir à travailler trop sur cet aspect en réalisant le podcast.
Chaque épisode fait environ 10 minutes, et j’enregistre en 10 à 20 prises, en prenant à chaque fois soin d’ajouter une petite virgule sonore au moment de changer de thème. Avec le temps, j’ai gagné en efficacité, et si l’épisode est prêt dans ma tête et dans mes notes (je le prépare souvent la veille pour y penser avant d’enregistrer), il me suffit d’une heure pour boucler un épisode et le mettre en ligne.
Découvertes récentes
Raconter comment on fabrique de la baladodiffusion c’est cool, mais en écouter c’est très chouette aussi.
Si vous n’avez pas eu l’occasion d’écouter la radio des tas, je vous invite à réécouter les 9 épisodes de cette année sur le site internet de l’émission, ou à écouter plus spécifiquement la série de chroniques à la source, réalisées par Jordi et Cécile pour cette émission.
Et puis j’ai aussi récemment découvert d’autres podcasts que trouve très bien faits, et que je vous propose de découvrir ci-dessous.
Ça fait boom
Si vous avez envie d’écouter une émission où la forme est aussi soignée que le fond, si vous avez envie d’accompagner Noémi dans ses questionnements, ses rencontres, ses coups de gueule et ses belles idées, je vous invite très fort à aller écouter ça fait boom, l’émission qu’elle anime sur Radio Galère à Marseille, et qu’elle propose en réécoute sur le site du cri de la girafe.
C’est beau, c’est sensible, des fois c’est dur, parfois c’est drôle, toujours c’est beau.
Apothicast
Apothicast est un podcast consacré à l’histoire de la santé et des sciences sociales, et est réalisé par Bastien Delattre, un pharmacien passionné d’histoire de la santé. J’avais adoré le premier épisode consacré à l’histoire de la cocaïne, et de son usage notamment médical.
Chaque épisode explore un sujet, avec un invité expert de la question. Les échanges sont riches, précis, on retrouve dans les problématiques évoquées à la fois les facettes scientifiques et de santé publique, mais aussi la dimension sociétale des sujets abordés.
Le site internet du podcast est aussi riche de nombreuses références et liens qui invitent à poursuivre l’exploration des sujets abordés.
Deux connards dans un bibliobus
Deux connards dans un bibliobus, c’est un podcast à la forme détendue, deux gars qui causent dans un micro sans se prendre la tête, et qui abordent des questions passionnantes liées à leur activité professionnelle, dans le monde de la bibliothèque.
Même si initialement, on entend que le podcast est conçu par et pour des bibliothécaires, j’y trouve plein d’intérêts, plein de sujets qui alimentent mes réflexions et font écho à des problématiques qui sont plus générales.
Je m’y retrouve d’abord parce que je suis un rat de bibliothèque. L’un des premiers articles sur ce blog parlait de retard dans les bibliothèques. C’était en 2005, ça ne nous rajeunit pas…
Mais aussi parce qu’ils abordent des questions importantes sur ce que devrait être un service public ouvert à toutes et à tous. On accompagne les deux protagonistes dans une discussion sur la question de la neutralité, sur l’idée que les médiathèques soient des lieux à vocation inclusive, ou encore sur les biais culturels et sociaux des personnels, en proposant à chaque fois des références universitaires, des travaux de bibliothécaires, des outils de réflexion et mise en pratique.
Et enfin, avec leur position turbo-gauchiste (comme dirait l’ami Thierry) au cœurs d’institutions parfois très conservatrices et contraintes par les injonctions libérales et les restrictions budgétaires, ils racontent quelque chose qui ressemble à ce que je vis au sein de l’université.
Fronde(s) !
Fronde(s) !, c’est un podcast réalisé par Geoffrey Dorne, dont on retrouve les différentes productions sur le site hckr.fr.
Dans ce podcast, sous-titré « le podcast qui explore le design des luttes contemporaines », l’auteur propose à dans chaque court épisode un tour d’horizon des pratiques et techniques utilisées à travers le monde pour organiser ou agir dans les luttes : apprendre à protéger ses communications, comment créer une radio pirate, se protéger des caméras et de leurs algoritmes, ou encore stratégies d’anticipation pour les manifestants courageux.
La réalisation sonore extrêmement soignée de ce podcast n’enlève rien à la clarté du propos et à la qualité de l’analyse des différentes pratiques, qui reprennent en les approfondissant parfois les idées développées dans l’ouvrage « Hacker, protester : guide pratique des outils de lutte citoyenne » , du même auteur.
Le travail de vulgarisation et de synthèse est très soigné, ce qui rend accessible les différentes propositions, et donne même très envie de s’y essayer. Et peut-être de partager avec l’auteur d’autres questionnements, et d’autres bonnes idées.
L’arrivée d’un vélo neuf a bouleversé mes pratiques de mobilité. Sa fiabilité et son efficacité sont à la hauteur d’un usage quotidien, même dans une ville à fort dénivelé comme Clermont-Ferrand. Les sorties hors de la ville deviennent un vrai plaisir. Mais il faut pour cela disposer d’un bon outil pour choisir ses itinéraires, car la qualité de l’infrastructure pour les cyclistes est plutôt inconsistante autour de chez moi.
Nouvelles pratiques de mobilité
Il y a quelques mois, j’ai décidé de changer mes habitudes de déplacements quotidiens, en remplaçant les transports en commun par le vélo pour les déplacements qui sortent de la ville du quart d’heure à pied.
Si je n’ai jamais utilisé la voiture pour les déplacements urbains, j’avais gardé par principe communiste l’utilisation des transports en communs. Mais il faut avouer que le réseau clermontois atteint un niveau d’inefficacité qui a fini par me faire privilégier souvent la marche, et maintenant le vélo en complément.
Je n’avais jamais acheté de vélo neuf, mais plutôt bricolé des vieux biclous grâce au guidon dans la tête. Cependant, après de nombreuses galères techniques, j’ai fini par me convaincre d’acheter un vélo neuf. J’ai ainsi fait confiance à Tempo pour choisir la nouvelle bicyclette de ma vie. En identifiant les pratiques envisagées, nous avons confirmé l’intuition de l’ami Thierry Toth, et j’ai ainsi opté pour un gravel de chez Marin.
Quel plaisir gigantesque d’avoir de vrais freins puissants, des pièces solides, un dérailleur qui fonctionne super fluidement, et une cassette avec 12 (!) pignons, qui assure à la fois de pouvoir avancer sans peine entre 6km/h pour les giga montées, jusqu’à 45km/h voire 50km/h pour les belles descentes.
La super montée (7 à 9% de pente) entre mon domicile et le campus universitaire n’est même plus du tout impressionnante, le trajet se faisant plus rapidement qu’en transport en commun ou en voiture (aux heures de forte circulation), même avec ce dénivelé.
Avec un porte-bagages, quelques tendeurs et un caisse en bois au besoin pour compléter tout ça, on peut même transporter pas mal de choses.
J’avais déjà rejoint VéloCité63 pour participer à la veille sur l’accessibilité piétonne et fauteuil roulant à Clermont-Ferrand (ce sont des usages qui sont dans leurs statuts). Avec cette intensification de ma pratique cycliste, je suis content de pouvoir échanger avec les autres personnes adhérentes sur ces questions de mobilité, pour mieux comprendre les infrastructures existantes, mais aussi participer à les faire évoluer.
Sorties Occasionnelles de Flânerie Touristique (SOFT)
En plus des déplacements urbains et utilitaires, j’ai aussi commencé à faire quelques sorties, pour renouer avec une pratique que j’avais oublié depuis près de 20 ans. Si je n’ai jamais pu rejoindre la Dôme Urban Ride (DUR), cette sortie mensuelle nocturne proposée par des cyclistes clermontois, je me suis construit mon petit programme, avec les Sorties Occasionnelles de Flânerie Touristique (SOFT). Un peu moins agressif comme intitulé, et qui pourrait ressembler aux suggestions de sorties proposées par Clermont sans voiture.
Si j’étais monté depuis Clermont-Ferrand jusqu’au château de Chazeron à vélo, les plus de 500 mètres de dénivelé positif m’auraient pris bien plus de temps que ce que mon emploi du temps me permettait. J’ai donc pris le car TER SNCF jusqu’à Volvic (on peut embarquer son vélo sous réserve de place disponible), puis poursuivi pendant une grosse demie-heure suivant un itinéraire assez plat et très agréable, au milieu d’un paysage que je ne connaissais pas. Une très belle promenade pour retrouver les ami·e·s et passer la soirée à profiter du cadre. J’ai ensuite repris la route vers Clermont-Ferrand (en descente c’est plus simple) sans encombre, grâce à de bonnes lumières.
Calculateur d’itinéraire et application de guidage
Si la plupart des bases de données géographiques (IGN, ViaMichelin, Google Maps, etc) et les applications de routage grand public sont très bien adaptées au déplacement automobile, on ne peut pas dire la même chose quand il s’agit de se déplacer à vélo.
Car d’une part, les infrastructures sont en moyenne peu adaptées à cette pratique, avec de nombreuses voies très dangereuses, inconfortables, voire impraticables. Mais aussi parce que les bases de données citées plus haut ne contiennent pas les informations liées à l’infrastructure cycliste (présence de pistes cyclables, sections carrossables ou non, etc). Et enfin parce que la plupart des outils de calcul d’itinéraire n’intègrent pas les besoins élémentaires du déplacement cyclable, comme la considération du dénivelé par exemple, en plus de l’équipement de la voirie.
Heureusement, OpenStreetMap a été depuis plusieurs années un espace numérique de contribution des usagers cyclistes, en faisant probablement la base de données la plus précise et à jour sur la question. Et comme cette base de données géographique arrive avec de nombreux outils, on retrouve avec plaisir des solutions dédiés aux cyclistes, comme le super outil de calcul d’itinéraires brouter-web, dont certaines instances sont très complètes pour le vélo.
L’outil est très pratique, on peut régler plein de paramètres pour ajuster l’itinéraire à son véhicule, ses capacités et ses envies, il propose une visualisation très complète et pratique d’utilisation, et a l’énorme avantage d’être complètement adapté aux usages cyclistes.
Cependant, quand on part en itinérance, on peut vouloir utiliser une solution débranchée, ne nécessitant pas d’avoir un accès à internet.
OsmAnd
La première application à installer pour bénéficier de toutes les informations d’infrastructure contenues dans OpenStreetMap, c’est bien sûr OsmAnd. Cette application permet de télécharger les données département par département (mais aussi sur des plus grands territoires), et embarque un calculateur d’itinéraire qui fonctionne très bien. Alors bien sûr, il ne connaît pas l’état du trafic, mais il fait bien le job, même quand on se déplace en voiture.
L’application est super configurable, avec apparence de la carte, du tracé, activation d’un guidage sonore, différents profils d’itinéraires, possibilité d’enregistrer des coordonnées favorites, ou encore d’enregistrer sa trace GPS.
La version installée depuis Google Store est verrouillée sur certaines fonctionnalités, et il faut payer pour les débloquer. Cependant, si on choisi d’installer l’application par F‑Droid, on dispose d’une version complètement déverrouillée. À privilégier.
Les algorithmes de routage embarqués dans OsmAnd sont plutôt corrects, cependant si on a pris goût à la qualité du routage de brouter-web, on peut avoir envie d’en disposer également en itinérance. Pour cela, il faut compléter l’installation par une deuxième application, BRouter Offline Navigation.
BRouter Offline Navigation
BRouter Offline Navigation est une application qui n’a pas d’interface de consultation, mais sera interrogée par osmand pour fournir des itinéraires. On installe donc l’application, puis on télécharge les données sur l’emprise qui nous intéresse (oui, ça fait deux fois les données sur son téléphone, une fois dans osmand, et une fois dans brouter, mais c’est le prix à payer pour un calcul de qualité).
Enfin, on relance l’application pour choisir le profil de calcul qui sera utilisé par osmand (et les applications tierces utilisant BRouter). Si on veut retrouver les itinéraires de brouter-web intitulés « Cyclotourisme » (avec ou sans variante), à ce moment-là il faut choisir « trekking », ou une de ses variantes.
Je n’ai pas essayé, mais je pense que l’on peut exporter un profil ajusté sur brouter-web et le ranger dans le bon dossier de l’application pour qu’il devienne sélectionnable dans cette liste.
OsmAnd et BRouter Offline Navigation
Dans OsmAnd, il faut ensuite créer un nouveau profil dédié. L’interface propose de partir d’un profil existant. J’ai choisi de décliner le profil vélo d’OsmAnd, et dans ses paramètres de guidage, j’ai ajusté le type de navigation en sélectionnant un type hors ligne et externe (en bas de la liste), où apparaît alors BRouter.
C’est une petite gymnastique pour réussir à configurer ça, mais ça vaut vraiment le coup, car les itinéraires sont super soignés avec cet algorithme.
J’ai perdu l’habitude de partager ici les lectures du moment, qui pourtant n’ont jamais cessé, comme le montre ce petit bout de ma bibliothèque qui grandit.
Cette année, j’ai cependant régulièrement parlé de livres dans l’émission la radio des tas, avec la chronique l’étagère que dalle. Alors, pas que des livres, mais toujours des choses à lire.
Fin de saison oblige, je fais le tour des livres dont on a parlé.
Où sont les « gens du voyages », inventaire critique des aires d’accueil
Pour la première chronique j’ai parlé d’un livre qui m’a marqué cette année : où sont les « gens du voyage », inventaire critique des aires d’accueil, de William Acker. L’auteur y raconte la violence d’état et la violence systémique que vivent les Voyageurs et Voyageuses, que l’administration appelle « gens du voyage » alors qu’iels n’ont pas accès à 94% du territoire. Ce livre m’a permis de comprendre qu’il me restait des angles morts dans ma perception de l’intersectionnalité.
Une chronique à retrouver dans la première émission de la radio des tas.
La privatisation numérique, déstabilisation et réinvention du service public
Dans cette nouvelle chronique de l’étagère que dalle, j’ai suivi le fil de La privatisation numérique, déstabilisation et réinvention du service public, de Gilles Jeannot et Simon Cottin-Marx, publié en 2022 aux éditions Raisons d’agir. Les auteurs y décortiquent les mécanismes qui font cette privatisation, laquelle dépasse largement la vente ou de la mise en concurrence des entreprises publiques. Blablacar, Google Maps, Doctolib, StopCovid, voici quelques exemples qui illustrent ces mécanismes. Mais certains acteurs, fonctionnaires ou associations, tentent de proposer des alternatives. On pense ici aux Communs entre l’IGN et OpenStreetMap, ou encore à Framasoft, ou la Quadrature du Net.
Une chronique à retrouver dans la deuxième émission de la radio des tas.
Collectif Cabrioles
Pour la troisième émission, j’ai choisi de ne pas parler d’un livre, mais du collectif Cabrioles, qui permet de penser l’autodéfense sanitaire, à un moment où l’état et une grande majorité des partis politiques et mouvements sociaux ferment les yeux sur une sous-classe virale.
Dans l’étagère que dalle, Jean-Marie a parcouru Opération Vasectomie d’Élodie Serna (éditions Libertalia, 2021), dans lequel on découvre les différentes appropriations de cette technique de stérilisation, à la fois utilisée par des gouvernements eugénistes, mais également revendiqué comme un outil d’émancipation par les courants anarchistes des années 30.
De gré et de force, comment l’état expulse les pauvres
Alors que la loi anti-squat continue son processus d’acceptation parlementaire, l’étagère que dalle présente « De gré et de force, comment l’état expulse les pauvres » de Camille François, une enquête à lire pour comprendre la violence institutionnelle à laquelle doivent faire face les classes précarisées.
Une chronique à retrouver dans la sixième émission de la radio des tas.
La surveillance algorithmique
Dans sa chronique L’État gère que dalle, j’ai choisi de parler d’une question d’actualité : comment la loi sur les JO et paralympiques de 2024 étend un peu plus l’usage de la surveillance algorithmique et les perspectives qu’ouvre son article 7. On peut lire ce billet de la quadrature du net, qui fait le point sur la question.
Une chronique à retrouver dans la huitième émission de la radio des tas.
Q comme Qomplot, comme les fantasmes de complot défendent le système
Dans la dernière émission de la saison, je suis revenu sur le livre « Q comme Qomplot — comment les fantasmes de complot défendent le système », de Wu Ming 1, traduit de l’italien et publié en France chez Lux en 2022. Le livre commence par une enquête sur QAnon, entre Europe et États-Unis, revient sur les courants conspirationnistes, et permet de comprendre plein de choses, notamment sur la manière dont on peut réagir, puisque le debunk ne fonctionne pas.
En fin d’émission, j’ai aussi parlé de de « Hacker Protester : guide pratique des outils de lutte citoyenne » de Geoffrey Dorne, qui donne plein d’idées pour s’organiser. Et si on préfère la forme podcast, on peut découvrir quelques-uns des thèmes explorés dans le livre dans son podcast d’ailleurs Fronde(s) !
Vous connaissez les défis auxquels ma fille doit faire face. Celles et ceux qui l’entourent l’accompagnent au mieux, mais parfois on se sent seul, c’est dur.
L’association Vaincre les Maladies Lysosomales aide à ne pas se sentir seul face à cette maladie rare. Savoir que vous adhérez à l’association, que vous soutenez ses actions, ça me ferait du bien, ça donnerait de la force aux actions qu’elle porte, ça donnerait de l’énergie à toutes les personnes qui vivent avec l’une de ces maladies lysosomales.
Pour comprendre ce que l’on vit, vous pouvez écouter le podcast Quand même pas, Papa !, dont la deuxième saison vient de commencer !
Vous pouvez aussi consulter le site d’information et de vulgarisation sur la maladie de Batten, dont est porteuse ma fille : cln.jmfavreau.info.
L’adhésion est seulement à 20 euros, et vous pouvez aussi soutenir l’association en faisant un don, partiellement déductible si vous payez des impôts. Rendez-vous sur la page d’adhésion du site de l’association.
Ma fille ne pouvant plus tenir la position debout, le suivi de son poids nécessite un pèse-personne adapté. Une chaise pèse-personne, ça coûte vraiment cher, même en location. Alors pourquoi ne pas adapter une balance domestique pour le même résultat ?
Voilà comment j’ai procédé. Puisqu’à chaque étape on peut faire d’autres choix que ceux présentés, j’ai détaillé la conception pour partager ce que j’ai identifié d’important, et pour montrer comment je suis arrivé à une solution fonctionnelle.
À noter, avant de commencer, que je n’ai pas conçu ce dispositif pour qu’il soit manipulable (repose-pied rétractable, lecture de la mesure) par la personne concernée, car elle n’est pas autonome pour cela.
Choix du pèse-personne
J’avais initialement choisi une balance (Salter 9275 BK3R) capable d’encaisser mon poids et celui de ma fille, avec l’idée de nous peser tous les deux. Mais la porter à chaque fois pour la pesée m’a finalement paru bien risqué. On doit pouvoir se faciliter la vie.
Le pèse-personne que j’ai choisi a plusieurs avantage, pour la transformation que l’on va réaliser :
il dispose d’un plateau assez large, permettant de facilement y adapter un cadre de support,
ses pieds sont relativement éloignés, ce qui lui assure une bonne stabilité,
son affichage grande taille n’est pas gênant pour une lecture sous la chaise,
son prix raisonnable (de l’ordre de 30 euros suivant les revendeurs).
Pèse-personne Salter 9275 BK3R, juste à côté des pieds d’une chaise
Création du cadre adapté
La première étape consiste à créer un cadre qui s’adapte au pèse-personne, et qui puisse supporter la chaise. Voici quelques éléments que j’ai considéré quand je l’ai imaginé :
S’assurer que le cadre ne touche pas le sol.
S’assurer que le cadre soit bloqué sur la balance, qu’il ne puisse glisser ni avant-arrière, ni gauche-droite.
S’assurer que les pieds de la chaise ne soient pas trop en dévers par rapport à la balance.
S’assurer que l’on puisse facilement poser la chaise sur le cadre, mais qu’elle ne glisse ni ne bascule.
S’assurer que le centre de masse de la personne assise soit bien au centre de la balance, voire légèrement un peu en arrière.
Quelques astuces classiques quand on fabrique quelque chose avec du bois :
Éviter de mesurer, privilégier le report de longueur. C’est ainsi que j’ai assemblé le cadre autour de la balance, en plaçant un petit écarteur (une fine lame de scie) pour m’assurer que le cadre n’était pas trop resserré autour du cadre
Utiliser si possible du bois de récupération. J’ai ici utilisé des chutes d’un cadre de lit et sommier qui s’était cassé. Les traverses très larges et les lattes fines mais rigides font très bien le job.
Quand on visse dans le sens du bois, il faut choisir des vis plus longues. Évidemment, dans l’autre sens, s’assurer que les vis ne dépassent pas les deux planches, tout en prenant assez la seconde.
Faire des pré-trous sur la planche du dessus quand on réalise un assemblage, pour être sûr que l’assemblage soit solide (pas d’écart entre les deux planches), et pour éviter de fendre les planches
Deux vis suffisent à assurer l’orthogonalité de l’assemblage. Orthogonalité que l’on assure par l’assemblage autour de la balance plutôt que par mesure.
J’ai donc choisi d’avoir deux traverses de soutien pour les pieds de chaise orientés dans le sens devant-derrière. Elles sont assemblées grâce à deux traverses fines perpendiculaires, qui encadrent soigneusement la balance pour éviter le glissement devant-derrière. Puis on ajoute deux cales en dessous pour éviter le glissement gauche-droite.
J’ai ensuite ajouté une planche de butée sur toute la partie arrière, afin de faciliter le positionnement de la chaise dans le sens avant-arrière, puis deux cales collées à la superglue pour que les pieds avant soient contraints dans la direction gauche-droite.
le cadre sur le pèse-personnele verso du cadre avec les cales pour éviter qu’il ne glissela chaise posée sur le cadre, lequel est posé sur le pèse-personne
Création d’un repose-pieds rétractable
Après le premier essai, il était clair qu’il fallait ajouter un repose-pied, car en utilisant le pèse-personne, on risque trop facilement de toucher le sol. J’ai donc imaginé un repose-pieds rétractable, en profitant de planches de la même taille que celles déjà utilisé.
Le principe d’usage est de s’asseoir avec le repose-pieds rétracté, puis le tirer pour l’usager ensuite.
Là encore, il faut penser une butée en avant, et une en arrière du repose-pieds tiroir. J’ai choisi d’avoir une butée sur le montant avant inférieur pour l’avant du tiroir, et une butée sur le montant avant supérieur (ajouté afin d’assurer la tenue du tiroir). J’ai d’ailleurs ajouté un morceau de carton plié en deux sous les deux vis latérales au moment de fixer ce montant au cadre, afin d’avoir un léger jeu nécessaire pour coulisser l’ensemble. Ici aussi, je n’ai rien mesuré, mais assemblé directement au milieu du cadre déjà assemblé, en utilisant une fine lame pour assurer un léger écart gauche-droite. Il est également important de s’assurer que les deux butées ainsi ajoutées ne touchent ni le sol (pour celle de devant), ni la balance (pour celle de derrière).
le cadre augmenté d’un repose-pieds tiroir, pour l’instant rétracté.le cadre augmenté d’un repose-pieds tiroir ouvert.
À l’usage, ce repose-pieds fonctionne parfaitement. Le dévers n’est pas trop important, on n’observe pas de risque de bascule vers l’avant.
Astuce pour faciliter la lecture
Dernier point, mais pas des moindres, le logiciel de la balance est conçu pour allumer l’écran dès que l’on s’installe sur la balance. Une fois la mesure réalisée, il affiche le poids pendant quelques secondes avant d’éteindre l’écran. Ce dernier ne se rallume qu’à condition que l’on se retire de la balance puis qu’on s’y repositionne.
Je n’avais pas identifié ce problème au début, et il s’est avéré assez contraignant, car quand on aide la personne à s’installer, on ne peut pas regarder l’écran en même temps, et une fois que tout est réglé, l’écran est déjà éteint.
J’ai d’abord imaginé déporter les 3 piles AAA dans un boîtier accompagné d’un interrupteur pour permettre d’allumer la balance à distance. Malheureusement, quand on rallume la balance avec un poids déjà positionné dessus, il ne rallume pas l’écran.
J’ai finalement trouvé une autre solution, pour contourner ce problème : le pèse-personne dispose sous la balance d’un bouton permettant par pressions successives de changer l’unité d’affichage (kg, livre, stone). Or, quand on active ce bouton pendant que l’écran est éteint, à la première pression la balance allume l’écran sans changer l’unité.
La seule difficulté était alors de donner accès à ce bouton situé sous la balance, alors que la garde n’est que de quelques millimètres. J’ai commencé par modifier le bouton en l’agrémentant d’un chapeau fait d’un disque de punaise métallique, puis j’ai détourné une cuillère en la redressant, afin de faire un levier facile à manipuler pour presser sur le bouton.
la fourchette redressée pour se glisser facilement sous la balance, et la tête de punaise pour faciliter la manipulation du bouton.la cuillère glissée sous la balance, on vise le point jaune dessiné sur la balance, en glissant la cuillère sous les traits pointillés.
On peut noter que cette astuce permet également de mesurer le poids du combiné chaise + cadre à vide (dans mon cas 8,9kg), afin de le soustraire à chaque pesée réalisée avec le dispositif.
Début décembre, Saucisse Records, le fameux collectif électronique d’expérimentation sonore à géométrie variable et topologie convexe s’est réuni pour une cession de 24 heures dans les murs du pôle 22 bis, sur l’invitation de Radio Campus Clermont.
La session a été diffusée sur Radio Campus Clermont, mais aussi Radiocratie et Radiosupeyres. J’ai profité d’un peu de temps pour mettre en ligne sur un site tout neuf l’archive de cette session, ainsi que de la session précédente, dont j’avais déjà parlé ici. Les supers visuels sur le site ont été réalisés par Nawk.
Nous prendrons bien sûr le temps d’alimenter le site dans les temps prochains, avec les archives des sessions 1 et 2, mais aussi avec les prochaines sessions.
Après plusieurs années sans émission sur Radio Campus Clermont, je reprend le chemin des ondes avec la bande la plus cool du monde pour une nouvelle émission : la radio des tas.
Nous sommes cinq : Aurélie, Cécile, Lise, Thierry et moi-même. La ligne éditoriale de cette émission n’est pas très simple à définir, peut-être Thierry dirait que c’est une émission de gauchistes. En tout cas, on parle de trucs qui nous intéressent, nous font réagir, des choses qu’on a envie de partager.
On a écrit cette petite présentation, qui donne le ton :
C’est clairement une envie de sortir du cadre, et de tout reprendre à zéro qui a fait naître la Radio des tas. On prend l’antenne de Radio Campus tous les deuxièmes mardis du mois de 21h à 22h. L’idée est de sortir du placard à covid pour révéler qu’en fait, on est sociaux, on peut réfléchir, analyser et partager nos réflexions. On va tenter de participer à y voir plus clair, ne pas se noyer dans la conspi, l’anxiété, la dép. Se faire du bien en étant vivant, en réfléchissant, en rigolant aussi.
l’équipe de la radio des tas
Quelques chroniques s’installent sur plusieurs épisodes, comme la chronique sur la chourse proposée par Thierry, la chronique à la source où Jordi raconte au micro de Cécile la génèse et l’histoire des mythes du néo-libéralisme, ou encore l’étagère que dalle, où je partage une lecture qui m’a marqué.
L’étagère que dalle
Dans la première émission, j’avais très envie de parler du livre où sont les « gens du voyage », inventaire critique des aires d’accueil, de William Acker. L’auteur y raconte la violence d’état et violence systémique que vivent les Voyageurs et Voyageuses, que l’administration appelle « gens du voyage ». Les aires d’accueil, seuls lieux de halte autorisées, ne sont présentes que dans 6% des communes de France, interdisant de fait aux Voyageurs et Voyageuses 94% du territoire.
Dans la deuxième émission, j’ai suivi le fil de La privatisation numérique, déstabilisation et réinvention du service public, de Gilles Jeannot et Simon Cottin-Marx, publié en 2022 aux éditions Raisons d’agir. Les auteurs y décortiquent les mécanismes qui font cette privatisation, laquelle dépasse largement la vente ou de la mise en concurrence des entreprises publiques. Blablacar, Google Maps, Doctolib, StopCovid, voici quelques exemples qui illustrent ces mécanismes. Mais certains acteurs, fonctionnaires ou associations, tentent de proposer des alternatives. On pense ici aux Communs entre l’IGN et OpenStreetMap, ou encore à Framasoft, ou la Quadrature du Net.
Technique
Pour la première fois, j’ai annoncé officiellement participer à réaliser la technique de l’émission, ce qui jusqu’à présent m’effrayait au plus haut point. Mais après deux émissions, ça commence déjà à aller mieux.
Et comme une émission de radio ne vient jamais seule, on a installé un petit wordpress des familles, et on l’a enrichie de fonctionnalités podcast grâce à l’extension Seriously Simple Podcasting, pour laquelle j’ai développé un petite extension supplémentaire bien pratique, SSP setposition, qui permet d’ajouter à un épisode des liens marque-page pour aller directement écouter une chronique. Vous retrouverez tout ça sur le site de l’émission, à l’adresse laradiodestas.org. Merci à Thierry Toth pour les visuels !
L’émission est d’ailleurs disponible sur la plupart des plateformes de podcast, n’hésitez donc pas à vous y abonner !
J’ai régulièrement une discussion avec les personnes défendant l’habiter à la campagne, qui sont convaincues que la ville n’est pas une solution soutenable et compatible avec une pensée écologiste. Mais ce qui ressort toujours de ces discussions, c’est que ce point de vue s’arqueboute sur un statut-quo. Puisque les usages collectifs actuels et de la ville sont incompatibles avec une vie décroissante, la seule solution est de réinvestir les zones rurales.
On comprend l’argument, mais pour plein de raisons, je le trouve limité.
Sortir de l’opposition dogmatique à la ville comme solution à vivre
Tout d’abord, ce sont ces mêmes rurbains qui viennent avec leurs bagnoles densifier le trafic des grandes villes. Ils ignorent ainsi la plupart du temps dans leur raisonnement la quantité de kilomètres de routes nécessaires à ce que leur solution impose. Et même quand ils sont d’accord pour se séparer de leurs solutions individuelles de mobilité, ils ne confrontent pas leur vision à la densité du réseau de voies de transport nécessaire à ce fonctionnement.
un espace rural rempli de champs, au loin la ville (image générée par Stable Diffusion)
Ils continuent de confronter la vision dystopique d’une mégalopole avec la douce vision bucolique d’un paisible arrière-pays, oubliant au passage que tant que l’humain s’étale, il empêche les autres espèces vivantes de s’épanouir. Car bien peu de territoires sont aujourd’hui de réels espaces de liberté pour les espèces non asservies à l’humain. 1Sur une question connexe, je conseille la lecture de Biomasse – une histoire de richesse et de puissance, de Benoît Daviron, publié aux éditions Quæ en 2020.
Je suis convaincu qu’il est nécessaire de repenser la ville et l’usage que nous faisons de nos déplacements, pour préserver au maximum de l’empreinte humaine les territoires nécessaires à l’épanouissement d’une biodiversité non productive pour l’humain. Et pour cela, il faut redonner à la ville les moyens d’être un espace à vivre.
Mettre fin à l’arrogance automobile
Quand on regarde l’espace urbain de manière objective, par exemple avec le super outil The arrogance of space, on constate qu’une quantité très importante de la surface des villes est consacrée aux véhicules motorisés individuels.
L’automobile omniprésente, c’est un vrai fléau pour la ville et pour les humains qui y vivent. Sur ce sujet, je vous invite à écouter le podcast Bagnole City, réalisé par Aurélie du cri de la girafe.
La dépendance collective que nous avons aux déplacements quotidiens imposera certainement pendant encore un long moment que la ville soit traversée par des moyens de locomotion. Plusieurs pistes existent, évidemment, pour en diminuer l’empreinte spatiale et écologique. On pense bien sûr aux transports en communs, à la bicyclette, à la marche. Mais il faut pour ça que la ville se transforme. C’est un vaste virage dans l’usage des espaces, et pour l’instant cela semble difficile à imprimer.
Le végétal dans la ville
Mais pour que la ville soit réellement un espace à vivre, il faut qu’elle évolue aussi sur d’autres points. Et si les espaces dédiés aux voitures se réduisent petit à petit, on peut imaginer plein de choses. Pendant longtemps, la ville et ses faubourgs étaient cultivés : arbres fruitiers, jardins individuels, cultures professionnelles, espaces communaux.
La ville d’aujourd’hui est bien peu verte (il a fallut faire place à la bagnole), et ces arbres vont bien mal, comme le raconte David Happe dans son dernier livre Au chevet des arbres, réconcilier la ville et le végétal (le mot et le reste, 2022). En réduisant l’espace destiné aux bagnoles, on imagine pouvoir aussi redonner de la place au végétal.
Et puis sinon, on passe toutes les rues de la ville en rue à sens unique, on récupère une voie automobile et une rangée de stationnement pour faire une vraie double piste cyclable, et un parc tout en longueur, avec des arbres qui font de l’ombre, pour de vrai. pic.twitter.com/aRpKHW0Wsf
Quels moyens avons-nous d’observer ces évolutions ? OpenStreetMap est un bon outil de veille collective sur les espaces publics et la présence de végétaux. En choisissant un rendu approprié, on peut consulter cette base de données géographique en filtrant les objets pour ne retenir que les arbres.
Les arbres référencés dans OpenStreetMap autour du centre de Clermont-Ferrand
On voit qu’il manque encore beaucoup d’informations, comme l’essence des arbres des rues, places et jardins publics. Mais OpenStreetMap est une base de données évolutive et contributive, alors on peut organiser des cartoparties arboricoles pour améliorer ces descriptions, voire pourquoi pas dans une démarche de science participative en faire un observatoire du vivant et de l’état de santé des arbres.
Sans être une solution révolutionnaire, de petits gestes sont imaginables. Il y a quelques années, on voyait les bacs à légumes des incroyables comestibles pousser à Clermont-Ferrand. On regarde aussi les expérimentations de végétalisation qui suivent la démarche légale du permis de végétaliser mis en place par Clermont Auvergne Métropole, comme dans plein d’autres grandes villes. La plupart de ces initiatives sont ornementales, mais sont peut-être les graines d’une mutation, où enfin on arrêtera de désherber à tout prix.
J’ai aussi découvert récemment l’existence à Paris, aux États-Unis et un peu partout de la guerrilla des greffeurs. Il s’agit ici de greffer des fruitiers sur les arbres de la ville, pour leur faire produire des fruits.
Il y a quelques années, je postais sur ce blog des photos d’un bâtiment abandonné, l’hôpital sanatorium Sabourin. Après une réhabilitation, ce bâtiment emblématique accueille aujourd’hui l’école d’archi de Clermont. C’est probablement le fait qu’il ait été classé qui l’a préservé de la démolition.
À l’autre bout de Clermont, au sud, un bâtiment n’a pas eu cette chance. Il a pourtant accueilli de pas mal de nouveaux arrivants en Auvergne. C’est un bâtiment qui a marqué la vie de nombreuses personnes. Radio Campus y avait tourné une balade sonore, la bibliothèque des glyphs ; l’AMTA y avait tourné un carnet sonore, plein de la mémoire des habitants et habitantes ; La Montagne a régulièrement envoyé ses journalistes raconter la vie de la muraille, en immersion avec les derniers habitants de la Muraille de Chine à Clermont-Ferrand.
Et aujourd’hui, après la démolition de la première tour du site, c’est le début du démantèlement du bâtiment principal. Voici donc quelques photos de ce jour qui montrent le début du chantier.
Une pelle mécanique et des gravats en bas de la Muraille de Chine.
Un monte-charge installé sur le flanc du bâtiment.
Une benne de collecte de déchets au milieu des gravats.
Benne pour les déchets, gravats et monte-charge au pied du bâtiment.
La Muraille de Chine, où régulièrement on a commencé à percer des trous dans le premier étage.
Depuis le parc, vue en contre-plongée sur le bâtiment qui a déjà perdu toutes ses boiseries.
Mise à jour : depuis quelques jours, on peut aussi écouter Murs-Mûrs, la bande du projet de labo théâtral lancé par la compagnie La Transversale sur le quartier Saint Jacques de Clermont-Ferrand en 2019.
À l’approche de la prochaine édition du bœuf électronique Saucisse Records, j’ai commencé à repérer quelques outils de synthèse qui permettent d’explorer la production de matière sonore d’une manière intéressante et ludique. Mon critère était que cela fonctionne avec GNU/Linux, éventuellement en web, de préférence capable de fonctionner avec jack, de sorte à pouvoir récupérer dans ardour le son généré, et ainsi pouvoir l’enrichir à la volée de traitements supplémentaires.
Je suis bien sûr attiré par la synthèse modulaire, qu’elle soit virtuelle ou matérielle, mais la courbe d’apprentissage semble importante, et j’avais envie en premier lieu de trouver des dispositifs plus simples à prendre en main.
Pink Trombone
L’année dernière, j’avais pas mal joué avec Pink Trombone, l’outil de synthèse de son phonatoire. L’interface présente une coupe de la bouche et du nez de côté, et propose de jouer avec la forme de la bouche, la position de la langue, et les différents autres paramètres qui pilotent la production de son par la voix, via le clic. Bien sûr, c’est un synthétiseur plutôt simple et naïf, mais il permet de faire déjà pas mal de chose.
Comme c’est un synthétiseur, on peut aussi le pousser au delà de ses limites, et réussir à produire du son pas prévu par le simulateur, c’est rigolo :
Pink Trombone en action, d’abord calmement, puis de manière un peu énervée.
PixelSynth
Cette année, l’un des premiers outils avec lequel j’ai commencé à joué, c’et PixelSynth. Le principe pourrait un peu faire penser à rawdodendron, cet outil de synthèse que l’avais fabriqué il y a quelques temps pour convertir une image en son, et réciproquement.
PixelSynth a lui l’avantage de proposer une interface interactive, où l’on voit pendant la génération du son la lecture de l’image scannée de gauche à droite. L’image est interprétée en niveau de gris, les points les plus lumineux déclenchant un son dont la hauteur dépend de la position du pixel dans l’axe vertical.
L’interface épurée de PixelSynth, où une image en noir et blanc représentant un ciel nuageux et nocturne est griffée de trois traits. La ligne rose verticale est interrompue à l’endroit où l’image est très lumineuse.
L’interface permet de changer d’image, d’en charger une personnelle, et d’ajouter des traits blancs continus en forme libre, pour alimenter le son généré d’une série de notes en progression contenue.
Ce mode de génération de son est clairement inspiré du synthétiseur historique ANS, conçu entre 1937 et 1957 par l’ingénieur russe Evgeny Murzin.
Virtual ANS
On trouve d’ailleurs d’autres projets qui se réclament explicitement de l’héritage de l’ANS, avec Virtual ANS, qui dans sa version 3 fonctionne parfaitement sous GNU/Linux.
L’interface est assez ludique, elle permet de dessiner des formes qui serviront ensuite à jouer des sons avec la même mécanique de déplacement de la barre de lecture, et de hauteur de note suivant la position verticale. Ne nombreuses possibilités de dessin sont offertes, on peut superposer des calques, et les paramètres permettent de régler le comportement global de la lecture.
Une démo de Virtual ANS
On se prend très vite au jeu, les possibilités étant multiples, combinant les plaisirs du dessin à celui de la synthèse de son. Les dégradés permettent de produire les nappes, et les marqueurs de temps précis invitent à explorer les possibilités rythmiques de l’outil. Très amusant !
Frontières
Frontières est une reprise libre non officielle d’un synthétiseur conçu par Chris Carlson, Borderlands. Elle fonctionne sous GNU/Linux, sur une approche complètement différente d’ANS.
Ici, on positionne dans l’espace des échantillons de sons (samples), puis on place des nuages sur l’espace, qui régulièrement produisent un événement. Chaque particule, positionnée dans l’espace, produit un petit extrait de son en le puisant dans les échantillons positionnés sur l’espace plan.
On peut alors piloter plein de choses : trajectoires et formes des nuages, enveloppe, aléatoire, superposition des grains, ajouts de déclencheurs…
Un exemple d’utilisation de Frontières
On peut séparer chacun des nuages sur une sortie jack différente, et ensuite utiliser ardour par exemple pour y ajouter des effets supplémentaires… Toute une aventure :)
Cela faisait plusieurs années que je n’avais pas eu l’occasion de m’éloigner de Clermont-Ferrand pour participer à des rencontres scientifiques. Ces dernières années n’étaient pas propices aux rencontres, et beaucoup de choses se passaient en visio.
Cette année, je suis allé présenter avec les gens de mon équipe Compas plusieurs travaux en cours ou récemment réalisés, d’une part à la rencontre annuelle des contributeurs et contributrices à OpenStreetMap France (SOTM-fr), et d’autre part à la conférence annuelle de l’Association of Geographic Information Laboratories in Europe (AGILE).
La foule des personnes réunies à Nantes pour SOTM-fr 2022L’amphi mis à disposition par l’université de Vilnius pour AGILE 2022 (photo Thomas Bartoschek)
La première intervention que j’ai proposé à SOTM donnait à voir un état des lieux des données ouvertes disponibles pour décrire l’accessibilité. Après avoir fait le tour des bases de données publiques en cours de construction (géostandard accessibilité CNIG, accès libre), j’ai présenté ce qu’OpenStreetMap contient sur cette problématique, et raconté comment nous pourrions travailler pour améliorer ces données :
OpenData pour l’accessibilité
Un peu plus tôt, j’étais invité par Jean-Louis Zimmermann à participer à sa présentation, intitulée « Comprendre l’accessibilité et la cartographier ». Nous y avons raconté comment une base de données géographique peut être un outil de recensement des dispositifs d’accessibilités existants (ou non), comment la sémantique d’OpenStreetMap peut servir de support et être encore étendue pour modéliser ces infrastructures :
Comprendre l’accessibilité et la cartographier
Avec Jérémy Kalsron et Samuel Braikeh, nous avons également présenté les avancées du projet ANR ACTIVmap, qui permet de produire des cartes interactives et en relief à partir des données d’OpenStreetMap. En assemblant le travail des différents chercheurs impliqués dans le projet, nous proposons de générer des représentations tactiles et sonores de carrefours, pour en faciliter la compréhension par une lecture en autonomie :
Production de cartes interactives pour déficients visuels à partir d’OpenStreetMap
Cette chaîne de traitement part d’une première brique, l’identification à partir des données du périmètre et de la structure d’un carrefour. J’ai ainsi proposé cette année une méthode originale pour répondre à cette question, et c’est ce que j’ai présenté à AGILE 2022. La présentation n’a pas été filmée, mais vous pouvez retrouver mon article ainsi que le code source associé en libre accès :
Cet été, nous poursuivons au LIMOS ces travaux qui visent à rendre compréhensible et lisible les espaces publics urbains à toutes et tous. Affaire à suivre !
En traversant régulièrement la ville avec ma fille qui utilise un fauteuil roulant, j’ai commencé à affiner ma compréhension de l’accessibilité de l’espace urbain. La modélisation de ces infrastructures est d’ailleurs devenu l’un de mes sujets d’étude.
Afin d’illustrer ce que je perçois de ces espaces, j’ai proposé sur twitter un fil consacré à l’étude de l’une des places du plateau central à Clermont-Ferrand, que je traverse très régulièrement. Elle se situe dans ans ce quartier commerçant, touristique et résidentiel qu’est l’hyper-centre de Clermont-Ferrand, aussi appelé plateau central.
Place importante, elle connecte la place Sugny vers Jaude, la place de la Victoire, la rue Massillon vers les petites rues du vieux centre, la rue terrasse et la rue Saint-Genès, très commerçantes.
image @CRAIG 2019
On identifie deux passages piétons matérialisés, un pour franchir la place Sugny, l’autre pour traverser la rue Massillon. Le passage piéton permettant de traverser la rue Saint-Genès se situe quelques dizaines de mètres en amont. Un des territoires privilégier des incivilités automobiles…
Illustration de l’incivilité automobile (#GCUM)
En terme d’accessibilité, la place Sugny est très en pente. L’un des trottoirs commence par un escalier ou par un trottoir étroit entre un mur et des voitures. L’autre trottoir impose de franchir l’un des spots de parking sauvage #GCUM les plus prisés du centre-ville.
Les trottoirs de la place Sugny sont peu accessibles
Le passage piéton permettant de traverser la place Sugny est d’ailleurs souvent impossible à utiliser, les #GCUM ayant pris l’habitude de le considérer comme une zone de stationnement. Mais même sans stationnement, le dévers important rend très difficile son accès.
Illustration d’un stationnement #CGUMLe dévers important de la traversée piétonne place Sugny
Dans ce virage, les #GCUM masquent souvent les piétons, qui lorsqu’ils s’engagent malgré tout sur la chaussée prennent souvent le risque de se faire écraser, car ici aussi, ça roule vite et maladroitement, pour négocier la grande pente en montée, et pour négocier la sortie de cette place encombrée.
On voit donc que la place Sugny et la rue terrasse sont peu accessibles, de même que le trottoir couvert par les arcades de la rue Saint-Genès. Ces voies de circulation piétonnes sont quasiment déconnectées des autres rues au niveau de la place royale. Et je n’ai même pas parlé de l’encombrement de la rue terrasse, infranchissable en fauteuil quand la nuit tombe et que les terrasses sont de sortie.
Schémas de la non accessibilité des cheminements à l’ouest de la place
Prenons un peu de recul, maintenant qu’on a vu la non accessibilité à l’ouest pour regarder ce qui se passe au nord et à l’est.
Zones de cheminements piétons autour de la place royale
Le deuxième passage piéton de la place, qui traverse la rue Massillon est fonctionnel, même si les stationnements intempestifs sur les emplacements marqués en jaune (stationnement interdit) rendent la co-visibilité assez difficile.
Illustration par un tweet de la co-visibilitéMauvaise co-visibilité du passage piéton traversant la rue Massillon
Continuons avec la dernière traversée, celle de l’entrée de la place de la Victoire. Le trottoir de gauche est tout simplement infranchissable. Une alternative consisterait à emprunter la chaussée jusqu’au début de la place Sugny, mais on a déjà dit que c’était un espace de choix des #GCUM.
Accès impossible.
Un trottoir infranchissable
On peut aussi imaginer poursuivre le long du trottoir pour trouver plus loin un moyen de franchissement. Effectivement, un peu plus loin, on trouve un franchissement à niveau. Mais on tombe alors dans le royaume des terrasses, qui encombrent les espaces de circulation publiques, rendant impossible le franchissement.
Une bonne nouvelle pour les usages piétons de la place de la Victoire à @ClermontFd, où la privatisation des espaces publics rendait quasiment impossible le cheminement piéton sur les trottoirs de la place…https://t.co/oQUMHd9Jjm
Peut-être un jour ces terrasses permettront le passage des usagers piétons de la placeLe passage à niveau encombré de terrasses
À noter qu’une fois engagés sur la place de la victoire depuis le trottoir de droite, on est très vite contraints de rejoindre la chaussée pavée, laquelle est bordée d’un côté par les terrasses, de l’autre par une marche de plus de 10 cm pour rejoindre le milieu de la place. Si une voiture arrive, t’es foutu.
Rue piétonne, véritable canyon urbain pour les usagers en fauteuil roulant
En conclusion, voici donc une place quasiment infranchissable, peu importe d’où l’on vienne.
Description : un plan récapitulatif de tous les trajets impossibles aux abords de cette place.
Alors bien sûr, j’ai simplifié. Je n’ai pas parlé des revêtements des trottoirs souvent très mauvais, des dalles manquantes, des nombreux dévers inutiles, des automobiles qui foncent dans les aires piétonnes où il n’y a pas de trottoir refuge. Les abords de cette place sont particulièrement impratiquables.
À bientôt pour une nouvelle chronique de la non accessibilité ordinaire !
Ma fille est touchée par une maladie génétique rare, qui entraîne beaucoup de conséquences sur sa santé et sur le quotidien, comme j’en ai notamment parlé dans le podcast Quand même pas, Papa !.
On peut parfois se sentir démuni malgré l’accompagnement des professionnels qui entourent notre proche malade, et être un peu perdus quand il s’agit de comprendre la maladie, et de suivre l’avancée des prises en charge médicales et des avancées de la recherche.
Dans cet article, je raconte comment je procède pour me tenir informé de ces actualités, afin d’y puiser des idées d’accompagnement et d’aménagements pour ma fille, mais aussi pour prendre du recul par rapport au quotidien, en regardant ce que les scientifiques et médecins apprennent régulièrement sur la maladie.
Identifier les sources d’information utiles
Faire une veille sur les avancées d’une maladie, ça n’est jamais simple. D’une part parce que l’information est éparpillée à plein d’endroits, mais aussi parce que ces sources sont souvent très techniques, scientifiques, pointues. Plutôt que de chercher à tout lire, il est préférable d’identifier quelques sources qui font un travail de synthèse et de sélection de l’information.
On peut par exemple repérer et suivre les publications des associations nationales qui regroupent des personnes directement ou indirectement concernées par la maladie. Dans le cas de la maladie de ma fille, il y a l’association française Vaincre les Maladies Lysosomales, l’association anglaise BDFA, ou encore l’association américaine BDSRA. Parfois ces associations sont regroupées en fédération internationale, qui peut être plus ou moins active. Pour la maladie de ma fille, on repère la Batten Disease Internationale Alliance, mais qui n’est pas très active.
Certaines équipes de recherches ou centres cliniques spécialisés proposent des sites internet regroupant une information fiable et complète sur la maladie. Dans mon cas, je peux par exemple consulter le site NCL ressource, animé par une chercheuse (Sara Mole) spécialisée sur la question, ou encore NCL-Net, alimenté par deux chercheurs et praticiens hospitaliers (Alfried Kohlschütter et Angela Schulz).
Avec ces quelques sources, on peut suivre efficacement l’actualité de la maladie. Mais si on veut aller plus loin, on peut aussi regarder régulièrement ce que publient les laboratoires qui travaillent sur ces maladies, commeAmicus Therapeutics dans le cas de la maladie de Batten.
Pour le suivi et la prise en charge quotidienne, on peut trouver de l’aide et des idées auprès des associations de proches aidants, ou encore en suivant les publications d’équipes spécialisées dans la veille sur ces questions, comme par exemple le centre de documentation de l’Équipe Relais Handicap Rares d’Auvergne Rhône-Alpes.
Il existe aussi des particuliers qui font un travail de veille et de synthèse, et qui publient sur internet ce travail, comme par exemple le site que j’anime sur la maladie de ma fille : https://cln.jmfavreau.info/.
S’organiser pour ne pas passer trop de temps
Une fois qu’on a identifié les sources possibles d’information, il faut s’organiser pour les suivre. Beaucoup de ces sources sont en anglais, ce qui est un frein à la compréhension. Il existe heureusement aujourd’hui de très bons outils qui proposent une traduction automatique permettant d’accéder à une version française (un peu maladroite, mais fonctionnelle) de ces documents. Je pense par exemple à l’impressionnant outil en ligne deepl : https://www.deepl.com/.
On peut ensuite identifier les listes de diffusion disponibles, et s’y abonner. On reçoit ensuite régulièrement un email, généralement sous forme de newsletter, qui fait la synthèse de l’actualité de la maladie. C’est ce que proposent par exemple BDFA, BDSRA, ou le centre de documentation de l’équipe relais handicap rare, des structures citées plus haut. Une bonne pratique consiste alors ranger ces messages dans un dossier dédié de sa boîte mail, soit en les déplaçant à la main à la réception, soit en créant des filtres pour que ces messages se rangent automatiquement. On peut alors les consulter une fois par semaine ou par mois par exemple.
On peut aussi repérer les pages facebook de ces différentes associations, et s’y abonner (en configurant l’abonnement pour que les publications soient montrées en priorité).
Enfin, certains sites intéressants n’ont pas ces mécanismes de notification, et j’essaye d’aller les consulter de temps en temps.
Il existe aussi des outils comme les alertes des moteurs de recherche qui permettent d’avoir régulièrement une synthèse des pages internet récemment publiées sur un sujet, mais ça commence à faire beaucoup de trafic.
Faire la synthèse
Une fois qu’on s’est organisés pour recueillir toutes ces informations, on peut s’organiser pour en faire la synthèse. Pour ma part, c’est ce que je fais par exemple sur le site que j’alimente sur la maladie de Batten, ou sur la page facebook dédiée. Mais ça peut aussi être dans un document sur son ordinateur, ou sur un cahier. Cela me permet d’avoir un endroit où retrouver toutes les informations qui m’ont semblé importantes, et d’avoir un moyen de les partager à l’occasion avec les personnes qui s’intéressent à la même maladie.
Je trouve aussi important de partager ces recherches avec d’autres personnes. Dans mon cas, je partage cette veille scientifique avec ma sœur Émeline Favreau, que je remercie ici pour son accompagnement depuis toujours. je trouve que les groupes privés facebook sont aussi de bons moyens pour partager ces informations avec d’autres parents. Sur la maladie qui focalise mon attention, je suis inscrit à plusieurs groupes en langue française et anglaise, et nous y échangeons à un rythme variable de plein de questions liées à la maladie. Un bon endroit pour parler de l’actualité, mais aussi des choses concrètes de la vie ! Il faut tout de même ne pas oublier que les informations qui sont échangées dans ces groupes ne peuvent être considérées comme des vérités, il est important à chaque fois de repérer les sources à l’origine de ces informations, en faisant confiance aux informations issues d’acteurs de confiance (équipes de recherche, équipes médicales, etc).
Aller encore plus loin
Quand on est curieux, que l’on a du temps, et qu’on a l’habitude de lire beaucoup d’articles scientifiques, on peut aussi choisir de faire une veille scientifique complète sur la maladie.
On s’intéresse alors aux projets de recherche spécialisés sur la question, dans mon cas comme le projet BATcure qui était porté par Sara Mole. Ou encore en identifiant les conférences dédiées à cette maladie, où les chercheurs viennent présenter leurs avancées. Dans mon cas, il s’agit de la conférence NCL, qui a lieu une fois tous les 18 mois.
On peut aussi utiliser les moteurs de recherche dédiés aux publications scientifiques, comme google scholar, et activer des notifications sur les articles qui traitent de la maladie.
Mais faire une telle veille demande énormément de temps, et d’expertise, ce que tout le monde ne peut pas déployer. Heureusement, c’est le travail assuré par les associations dont je parlais en début d’article. On peut donc leur faire confiance pour suivre toutes ces actualités et les partager avec nous !
Depuis que la maladie de ma fille est connue, je m’intéresse à la recherche médicale, et à la manière dont les produits pharmaceutiques sont évalués, puis commercialisés. J’ai résumé ces idées dans une page dédiée sur le site que je maintiens au sujet de la maladie de ma fille. J’ai aussi progressivement consolidé mes connaissances en biologie cellulaire, pour comprendre les mécanismes en jeu dans sa maladie, ce que j’ai aussi tenté de vulgariser dans une page dédiée.
Je propose donc dans cet article de formuler de manière posée et vulgarisée comment fonctionne un essai clinique, et ce que les vaccins sont parmi les traitements médicaux. En effet, les différentes discussions que j’ai pu avoir ces derniers mois me font penser que beaucoup de personnes n’ont pas eu l’occasion d’avoir accès à un résumé clair de ce qu’est un vaccin, ou un essai clinique.
Les essais cliniques
Les essais cliniques sont la dernière phase dans la recherche médicale, quand on conçoit une solution thérapeutique. Elle arrive après les essais pré-cliniques, lesquels sont généralement réalisés sur des tissus vivants plus ou moins complexes : tissus biologiques in vitro, espèces unicellulaires, modèles animaux plus ou moins gros.
Les essais cliniques sont très encadrés par les différentes agences des médicaments (aux États-Unis d’Amérique, en Europe, etc), qui valident ou non les demandes des firmes, en se basant sur les résultats des étapes précédentes pour valider ou non chacune des phases.
Ainsi, dans le cas du développement d’une solution thérapeutique, on observe toujours les mêmes phases, que l’on peut représenter par ce schéma. Évidemment, les durées sont ici données à titre indicatif, et correspondent aux pratiques dans le cas général, hors pandémie.
Les différentes étapes dans le développement d’une solution thérapeutique
Sur cette frise chronologique, on retrouve les étapes suivantes :
La recherche pré-clinique : pendant cette étape, on part d’une idée originale, et on explore scientifiquement tous les aspects de cette piste, depuis sa réalisation jusqu’aux possibles conséquences non désirées.
La production et l’autorisation : une fois qu’une approche semble pertinente, on se prépare aux essais cliniques. Il faut pour cela produire le traitement en assez grande quantité, et en parallèle obtenir l’autorisation des autorités nationales pour pratiquer ces tests cliniques.
Premiers essais cliniques, phase I et IIa : pendant cette première étape, on utilise un protocole très précis pour tester le traitement sur quelques patients. Dans cette étape, on étudie la dose optimale, et les possibles effets secondaires non désirés.
Essais cliniques, phase IIb et III : pendant cette deuxième étape, on utilise un protocole plus large pour tester le traitement sur un nombre plus important de patients. Dans cette étape, on compare l’efficacité du traitement, par rapport à d’autres solutions, ou à un placebo.
Démarches pour l’obtention d’une licence de commercialisation : cette étape est spécifique à chaque pays ou union de pays, et prend généralement une année.
Ainsi, quand on entend que les différents vaccins contre le COVID sont en phase III, et donc n’ont pas encore été testés, il s’agit là d’une mauvaise interprétation de ces différentes étapes : la phase I et II, servant à évaluer les effets secondaires et à ajuster les dosages a déjà eu lieu. La phase III quant à elle sert à évaluer l’efficacité du vaccin, et c’est cette phase qui n’était pas encore finalisée au moment de l’utilisation massive du vaccin sur la population mondiale.
Enfin, les vaccins contre le covid sont les thérapies ayant été le plus suivies sur ses effets secondaires, notamment par l’ampleur de son utilisation. Toute personne intéressée peut consulter le point mensuel proposé par l’ANSM, très détaillé, qui observe en tant qu’acteur public les conséquences de l’utilisation de ces vaccins. Aucun autre essai clinique ni thérapie n’a fait l’objet d’autant d’études, de contre-évaluations, et d’observation de résultats à grande échelle. Pourtant, tous les autres médicaments sont aussi passés par les mêmes étapes (recherche pré-clinique, production et autorisation, essais cliniques phases I et II, phase III, puis obtention d’une licence de commercialisation), exception faite de l’homéopathie qui en général n’arrive pas à montrer son efficacité en phase III.
Les vaccins
Le principe d’un vaccin, peu importe sa technologie, vise à consolider le système immunitaire pour le préparer à se défendre face à un virus. Pour rappel, le système immunitaire est capable d’identifier une cellule étrangère grâce à des marqueurs chimiques. Il fabrique alors des anticorps pour lutter contre les cellules étrangères. Cette connaissance des cellules étrangères passées est assurée notamment par les globules blancs et les lymphocytes T, qui peuvent relancer la production d’anticorps si une cellule étrangère déjà connue est de nouveau identifiée.
Le principe des vaccins consiste donc à présenter au système immunitaire une cellule inoffensive mais à la signature chimique semblable à un virus que l’on veut combattre, pour que le système immunitaire apprenne à la reconnaître, et qu’il soit plus tard en mesure de se défendre quand il rencontrera le virus correspondant.
Si beaucoup de vaccins nécessitent un ou plusieurs rappels, c’est parce que le niveau de défense immunitaire atteint grâce à une dose de vaccin décline au fil du temps, et ne permet pas ensuite au système immunitaire d’être assez réactif pour réagir face au virus.
Chaque virus étant différent (vitesse de mutation, vitesse de propagation, dangerosité, etc), et les vaccins n’étant jamais efficaces à 100%, on observe donc des recommandations différentes suivant les virus.
Les vaccins à ARN messagers qui sont au cœur de la campagne de vaccination contre le COVID fonctionnent non pas en introduisant en entier une cellule étrangère inoffensive, mais en permettant à nos cellules de produire temporairement les marqueurs chimiques imitant la présence de ces cellules indésirables. Le système immunitaire réagit alors de la même manière qu’avec un vaccin classique, en apprenant à reconnaître ces marqueurs. Après quelques temps, on observe un arrêt de la production de ces marqueurs, correspondant à la destruction de l’ARN messager introduit (ces protéines n’ayant qu’une durée de vie limitée). Pour lire plus en détail sur cette question, on peut par exemple lire cet article intitulé « Comment fonctionnent les vaccins à ARN (et à ADN) ? ».
Le braille fait partie des outils bien connus pour écrire et lire avec les doigts. C’est un outil essentiel de l’accès à la culture et à l’éducation pour les personnes en situation de handicap visuel.
Mais comment écrire les mathématiques, qui souvent utilisent des figures, et des équations complexes. Et d’ailleurs, comment ça marche vraiment, le braille ? Et quel est le rapport avec le LaTeX, ce langage d’écriture de documents scientifiques ?
L’activité de l’association VML est essentielle pour plein de raisons : elle permet aux personnes concernées (porteuses de maladies lysosomales, proches) de trouver de l’information, du soutien, des moments de répit, elle structure et met en relation les différents acteurs au niveau national et international autour de ces maladies, elle réalise une veille sur l’actualité de recherche, et même finance la recherche sur des sujets qui parfois ne sont pas soutenus par les autres financeurs.
Chaque année, le premier dimanche d’octobre, les membres de l’association organisent un peu partout en France et ailleurs la balade du lysosome. Cette année, nous y participons aussi en organisant une marche intitulée « Ensemble pour VML à Clermont-Ferrand ». C’est le 3 octobre, et on se retrouve à 15h au parc du Bois-Beaumont (plus d’infos sur la carte dessinée, ou en me contactant directement) pour parcourir le chemin vert, le long de l’artière.
Cliquez sur la carte pour retrouver le trajet et les détails d’organisation.
Pour les personnes qui vivent au quotidien avec la maladie, ce moment est important car il permet de se sentir entourées, de sentir que l’entourage et même un peu plus ont conscience de cette maladie, et sont solidaires, pour vaincre les maladies lysosomales.
Et puis que vous participiez ou non à la balade du lysosome le 3 octobre, je vous demande de participer (même pour quelques euros) à la cagnotte que j’ai initiée avec ma fille en soutien à Vaincre les Maladies Lysosomales à l’occasion de cet événément.