Revue de lecture : bruit, musique, sociologie

Tiens, ça fai­sait long­temps que je n’a­vais pas pour­sui­vi la série revue de lec­tures sur ce blog. J’a­vais com­men­cé en sep­tembre der­nier avec l’i­dée de nour­rir la réflexion autour de la créa­tion sonore.

Une des rai­sons, c’é­tait bien sûr de pré­pa­rer au mieux l’a­te­lier du SUC consa­cré à la réa­li­sa­tion d’une balade sonore. La semaine der­nière, c’é­tait d’ailleurs l’i­nau­gu­ra­tion de la balade réa­li­sée par les étu­diants dans le cadre des sono­gra­phies. Même si beau­coup de choses seraient à revoir dans l’a­ni­ma­tion de cet ate­lier, j’ai été très content d’ac­com­pa­gner ces jeunes dans la décou­verte d’une expres­sion artis­tique pleine de possibilités.

J’ai bien sûr conti­nué mes lec­tures en élar­gis­sant les thèmes au fil des ren­contres et des dis­cus­sions. Voi­ci donc quelques titres pour com­plé­ter les lec­tures pré­cé­dentes, sur des sujets assez vastes, mais qui je trouve ali­mentent bien la réflexion sur la ques­tion du son, et de la créa­tion sonore en particulier.

des livres sur une table

Le Groupe de Recherches Musicales – Cinquante ans d’histoire

Une partie de la couverture de l'histoire du GRM

Dif­fi­cile de pas­ser à côté du Groupe de Recherches Musi­cales (GRM) quand on s’in­té­resse à la créa­tion radio­pho­nique. Pierre Schaef­fer et tous les gens qui ont gra­vi­té dans cet uni­vers ont explo­ré pen­dant plu­sieurs dizaines d’an­nées l’u­ni­vers du son. Cet ouvrage, que l’on doit à Éve­lyne Gayou, retrace au plus près cette aven­ture, per­met­tant de com­prendre les défis aux­quels a été confron­té ce groupe, l’é­ten­due des inno­va­tions, le nombre de par­ti­ci­pants (Jean-Michel Jarre par exemple a béné­fi­cié des for­ma­tions pro­po­sées par le GRM). Avant d’a­voir lu ce livre d’his­toire, j’a­vais du mal à cer­ner l’é­ten­due du GRM.

Penser la musique aujourd’hui, Pierre Boulez

une partie de la couverture du livre de Pierre Boulez

Si d’un côté Pierre Schaef­fer expé­ri­men­tait la créa­tion musi­cale par l’ex­pé­ri­men­ta­tion, Pierre Bou­lez explo­rait en même temps l’é­cri­ture musi­cale avec la méthode d’un algé­briste, par géné­ra­tion de par­ti­tions à par­tir de motifs et de règles. J’ai ten­té de me frot­ter à l’un de ses écrits fon­da­teurs, Pen­ser la musique aujourd’­hui. J’a­voue man­quer de maî­trise dans le domaine musi­cal pour appré­hen­der cor­rec­te­ment les écrits, mais ma sen­si­bi­li­té mathé­ma­tique est gran­de­ment satis­faite par les méca­nismes et les idées développées.

Le paysage sonore, R. Murray Schafer

une partie de la couverture du livre de Murray Schafer

On confond sou­vent R. Mur­ray Scha­fer avec Pierre Schaef­fer. C’est une erreur que l’on ne peut plus faire quand on a fini de lire le pay­sage sonore. En effet, Scha­fer n’ex­plore pas du tout la créa­tion musi­cale à par­tir des moyens tech­no­lo­giques de son temps, il s’in­té­resse au prin­cipe d’é­co­lo­gie sonore. Rédi­gé dans les années 70, cet ouvrage déve­loppe le concept de la pol­lu­tion sonore, de l’im­por­tance des pay­sages sonores, il décor­tique la manière dont le son a tra­ver­sé la construc­tion cultu­relle de nos socié­tés. On découvre aus­si le tra­vail de Scha­fer, qui a tra­vaillé aux pre­miers pro­jets d’en­re­gis­tre­ment de sons à tra­vers le monde.

En s’in­té­res­sant à cette démarche, on entre dans la bande des gens qui écoutent la ville, à la manière de ce que Gilles Mala­tray avait pro­po­sé au fes­ti­val SONOR#9.

Politiques sonores

Une partie de la couverture de politiques sonores

À la suite des cultu­ral stu­dies, le maga­zine Poli explore habi­tuel­le­ment la poli­tique de l’i­mage. Pour un numé­ro, en 2015, l’é­quipe s’est jointe à la Phi­lar­mo­nique de Paris pour pro­po­ser une étude des poli­tiques sonores. On y parle du genre, de la ville, de ter­rains d’é­coute. Une autre manière de com­prendre le son, et la manière dont ils marquent nos sociétés.

Prêter l’oreille

Une partie de la couverture de «prêter l'oreille»

Peter Szen­dy pro­pose ici la retrans­crip­tion d’une confé­rence pro­po­sée à des enfants autour de l’é­coute. On y ren­contre plein d’i­dées inté­res­santes, comme par exemple l’exis­tence d’une voix de l’in­té­rieur que l’on entend quand on lit un texte. Un texte rafraîchissant.

Musique et technique

Une partie de la couverture d'un numéro de Musique et technique

Publiée par l’ITEMM, la revue Musique et tech­nique pro­pose une pro­me­nade entre tech­nique et musique. J’ai eu la chance de tom­ber sur ce numé­ro chez un bou­qui­niste. Chaque article de cette revue est un petit bijou pour le curieux du son : étude de la forme des pre­miers archets à tra­vers l’i­co­no­gra­phie, ana­lyse lin­guis­tique du dis­cours des musi­ciens et accor­deurs de pia­no (où l’on apprend qu’ai­gu ne veut pas dire la même chose pour tout le monde), ou encore étude de la qua­li­té sonore d’une gui­tare élec­trique. Une telle revue ne pou­vait venir que du Mans.

La phonétique

Une partie de la couverture du que sais-je sur la phonétique

Les que sais-je sont sou­vent des petits bijoux. Le moyen rapide et effi­cace d’ex­plo­rer un sujet, en pro­fi­tant de l’é­tat de l’art des connais­sances dans le domaine. J’ai beau­coup aimé lire celui consa­cré à la pho­né­tique, qui s’in­té­resse non seule­ment aux tech­niques de nota­tion, mais aus­si à l’a­na­to­mie, aux aspects cultu­rels asso­ciés. On apprend par exemple que l’o­reille de l’en­fant s’ac­cou­tume très tôt à sa langue mater­nelle, au point de très vite ne plus être capable de dif­fé­ren­cier des sons pour­tant dif­fé­rents, mais qui ont le même sens dans sa langue.

Le bruit

Une partie de la couverture du que sais-je sur le bruit

Bien qu’un peu ancien, ce que sais-je consa­cré au bruit explore les dif­fé­rents outils que la socié­té a mis en place pour mesu­rer, réduire, ou modi­fier le bruit ambiant. L’ou­vrage com­mence par une intro­duc­tion très acces­sible de ce que sont les sons, et per­met de com­prendre com­bien il est dur de mesu­rer de manière abso­lue ce qu’est le son, alors que notre échelle de mesure (l’o­reille) sait s’a­dap­ter à beau­coup de situations.

L’audition

Une partie de la couverture du que sais-je sur l'audition

Ce que sais-je date des années 90. Il fait l’é­tat des connais­sances sur la manière dont le sys­tème audi­tif fonc­tionne, en évo­quant éga­le­ment l’his­toire de nos connais­sances sur ce sens. On découvre que nos savoirs sont encore assez flous sur le rôle que joue le cer­veau dans la mesure de ces sons. Le fonc­tion­ne­ment de chaque par­tie du sys­tème audi­tif est détaillé, on fait le lien entre phé­no­mène phy­sique et sen­sa­tion. Essen­tiel pour com­men­cer à faire le lien entre phy­sique et perception.

Maladies rares

J’ai par­ti­ci­pé il y a une semaine au week-end orga­ni­sé par l’as­so­cia­tion VML. Plein de belles ren­contres, des échanges très enri­chis­sants, pour mieux com­prendre les enjeux et défis des mala­dies rares que sont les mala­dies lyso­so­males. J’en suis reve­nu avec un docu­men­taire sonore qui donne en un gros quart d’heure l’es­prit qui réuni ces familles.


Le château du domaine de Chalès vu depuis l'autre côté du lac.

Au cours de cette jour­née, j’ai décou­vert l’exis­tence des plans natio­naux mala­dies rares, dont le troi­sième a été annon­cé cette année. Le pre­mier plan avait notam­ment été l’oc­ca­sion de mettre en place les centres de réfé­rences, qui ont pour mis­sion d’ac­com­pa­gner les familles et les por­teurs de mala­dies rares, en regrou­pant en un centre toute l’ex­per­tise cor­res­pon­dant à chaque maladie.

Pen­dant ces jour­nées, j’ai aus­si décou­vert grâce à Mar­tine Gabolde la manière dont est pra­ti­quée l’ap­proche pal­lia­tive dans les ser­vices de pédia­trie pal­lia­tive comme PALIPED. S’il y a 30 ans, les soins pal­lia­tifs étaient pen­sés comme une approche faute de mieux, quand les thé­ra­pies clas­siques ne fonc­tion­naient plus, aujourd’­hui la dis­ci­pline a évo­lué. L’ob­jec­tif du spé­cia­liste en soins pal­lia­tifs est d’être atten­tif au bien-être du patient à tout moment de son accom­pa­gne­ment par les équipes médi­cales spé­cia­li­sées dans la mala­die dont il souffre. Le prin­cipe consiste à pro­po­ser un regard exté­rieur, afin d’ai­der l’é­quipe médi­cale, le patient et les familles à faire les meilleurs choix pos­sibles, en pre­nant en compte le confort de vie du quo­ti­dien. Il per­met notam­ment d’é­vi­ter de foca­li­ser l’at­ten­tion sur les thé­ra­pies de soin dont la mise en pra­tique peut par­fois rendre le quo­ti­dien invivable…

Le sys­tème médi­cal fran­çais est très bien struc­tu­ré, les pra­ti­ciens sont com­pé­tents, et très sou­vent au cou­rant des avan­cées de la recherche médi­cale, mais je suis tou­jours sur­pris de voir com­bien il est dif­fi­cile d’a­voir accès à ces infor­ma­tions, ces struc­tures et ser­vices qui semblent essentiels…

Qui est-ce ? tactile

Quand on est non voyant, le nombre de jeux dis­po­nibles est net­te­ment réduit, et sou­vent on ne peut pas jouer à armes égales… Heu­reu­se­ment, comme les pra­tiques de jeux de socié­té explosent depuis quelques années, les édi­teurs et les asso­cia­tions deviennent de plus en plus sen­sibles à ces ques­tions. On peut pen­ser par exemple à l’ex­cel­lente asso­cia­tion Acces­si­Jeux, qui fait un tra­vail remar­quable sur inter­net. Mais par­fois, ce qu’ils pro­posent ne cor­res­pond pas aux besoins spécifiques.

Un jour, par hasard, j’ai décou­vert les adap­ta­tions et créa­tions de jeux pro­po­sées par le Centre péda­go­gique pour élèves han­di­ca­pés de la vue, basé en Suisse. Et en par­ti­cu­lier, leur qui es-ce ? tac­tile.

un exemple de qui est-ce tactile

Après quelques hési­ta­tions, et pas mal de réflexions, je me suis lan­cé dans la réa­li­sa­tion d’une ver­sion locale. C’est un gros chan­tier, car pour cha­cun des per­son­nages, on doit réa­li­ser trois copies : une pour chaque joueur, plus une pour la pioche. J’ai donc pas mal dis­cu­té autour de moi, et nombre d’i­dées inté­res­santes sont venues enri­chir le pro­jet. En vrac, voi­ci quelques idées :

  • uti­li­ser des boules de poly­sty­rène pour for­mer les têtes, des petits bâtons de bois plats pour le pied (simi­laires à des bâtons de glace). On uti­lise de la colle cya­no­lite (type super glue) pour fixer les dif­fé­rents éléments.
  • uti­li­ser de la laine, de la feu­trine pour les che­veux et la barbe. Pen­dant plu­sieurs jours, j’ai hési­té pour la fabri­ca­tion des che­veux, et fina­le­ment, une piste semble inté­res­sante : fabri­quer des per­ruques à l’aide d’un col­lant à tra­vers duquel on fau­file des brins de laine. Il semble en effet beau­coup plus simple de col­ler une telle per­ruque sur la boule plu­tôt que chaque brin…
  • uti­li­ser des bou­tons plats, cou­pés en deux pour for­mer les deux demies lunes des oreilles.
  • uti­li­ser de la pein­ture volu­mique pour for­mer la bouche.
  • col­ler une perle ou des aiguilles à bâtir avec une boule de plas­tique pour le nez.
  • écrire en braille et en noir sur le bâton le nom du per­son­nage, pour pou­voir poser la ques­tion finale (« est-ce que ton per­son­nage est… »).
  • fabri­quer quelques acces­soires, comme des lunettes et des chapeaux.
  • uti­li­ser des yeux mobiles en plas­tique, for­més d’une petite bulle en plas­tique trans­pa­rent, et d’une perle mobile noire à l’in­té­rieur… Ça fait du bruit en secouant, et il en existe de plu­sieurs tailles.
  • usi­ner deux sup­ports de jeux dans les­quels il sera facile de repo­si­tion­ner les per­son­nages… Je pense à des empla­ce­ment adap­tés aux formes des bâtons de bois, qui seraient res­ser­rés au fond, mais en forme d’en­ton­noir pour que le posi­tion­ne­ment ne soit pas trop dur, avec peut-être un rail de posi­tion­ne­ment. À réfléchir.

Après avoir com­men­cé à ras­sem­bler le maté­riel, j’ai fait quelques essais : petits et grands yeux (ça marche), fixer le bâton dans une boule, y écrire en braille et en noir le nom du per­son­nage (ça marche)…

Et puis il faut res­pec­ter l’é­qui­libre des attri­buts, de sorte que le jeu ne soit pas trop facile, trop dés­équi­li­bré. Dans le jeu clas­sique, il y a 21 per­son­nages, et chaque cri­tère est équi­li­bré non pas en 50/50, mais plu­tôt en 5/16, pour évi­ter une recherche dicho­to­mique trop rapide. Nous avons donc com­men­cé à construire les cri­tères, pour les attri­buer aux per­son­nages. L’ou­til est encore per­fec­tible, mais il contient déjà une syn­thèse per­met­tant de visua­li­ser si un per­son­nage est trop banal, ou au contraire réunit trop de carac­tères rares.

une feuille de tableur qui permet d'équilibrer le jeu

Le début d’une grande aventure !

Carte ancienne de Clermont-Ferrand

Il y a quelques jours, j’ai assis­té à une balade orga­ni­sée par la biblio­thèque du patri­moine de Cler­mont-Fer­rand, autour de la rue Bal­lain­vil­liers et le quar­tier du Tour­net. La pré­sen­ta­tion disait :

Avec ses nom­breuses petites mai­sons très res­ser­rées, ses ruelles et ses impasses, le quar­tier du Tour­net ne répon­dait pas aux règles de l’ur­ba­nisme pla­ni­fié ! Des années 1930 aux années 1970, il fut presque entiè­re­ment rasé pour lais­ser la place à des immeubles de loge­ment et des édi­fices publics. Dans la seconde moi­tié du XVIIIe siècle, les inten­dants d’Au­vergne avaient déjà ordon­né des tra­vaux impor­tants. Ils firent abattre les murailles qui enser­raient le Tour­net à l’est, au sud et à l’ouest. Sur l’emplacement des fos­sés, ils enga­gèrent l’a­mé­na­ge­ment de larges bou­le­vards (actuels voies Bal­lain­vil­liers, Mal­freyt et Clé­men­ceau). Après 1790, des opé­ra­tions d’a­li­gne­ment furent aus­si menées dans le quar­tier, tan­dis qu’au nord, après la des­truc­tion de l’é­glise Saint-Genés, une place fut créée. Aujourd’­hui, de nom­breux bâti­ments inté­res­sants embel­lissent le quar­tier, par exemple la halle au blé, la poste cen­trale, l’im­meuble Bar­goin, mais aus­si l’o­bé­lisque du monu­ment Desaix.

La mati­née a com­men­cé par la visite de quelques pièces conser­vées aux archives, des plans his­to­riques du quar­tier, des pro­jets archi­tec­tu­raux de façades et de l’o­bé­lisque. Puis la déam­bu­la­tion nous a ame­né le long du quar­tier, où nous avons appris un peu plus sur ce quar­tier, son his­toire, son évo­lu­tion. C’é­tait tout sim­ple­ment passionnant.

Datation d’une carte

De retour chez moi, je me suis rap­pe­lé de la carte du centre de Cler­mont-Fer­rand que j’a­vais ache­té pour une poi­gnée d’eu­ros des années aupa­ra­vant. Je me suis empres­sé d’y jeter un coup d’œil…

Carte de Clermont-Ferrand

Je m’é­tais déjà inter­ro­gé sur la date exacte de la publi­ca­tion de cette carte, dont le feuillet a été extrait d’un atlas édi­té par la mai­son Fayard de Paris. Aucune infor­ma­tion n’aide à dater direc­te­ment le des­sin. Mais grâce à la visite orga­ni­sé par la biblio­thèque du patri­moine, j’ai quelques indices : la carte date d’a­près le redres­se­ment du bou­le­vard Lafayette, après que la place Lecoq ait été dépla­cée vers le nord. Cepen­dant, le musée Bar­goin n’ap­pa­raît pas sur la carte, le fond de Jaude et le quar­tier du Tour­net autour de la poste Saint-Eloi sont encore un dédale de vieilles bâtisses, mais le mur d’en­ceinte a dis­pa­ru. J’ai donc col­lec­té puis daté quelques infor­ma­tions, et voi­là ce que l’on peut dire :

  • La carte date d’après 1858, car on y voit le che­min de fer de Paris à Nîmes. Or, la ligne Paris – Cler­mont-Fer­rand a été ouverte en 1858.
  • il n’y a pas encore le musée Bar­goin, dont l’i­nau­gu­ra­tion a eu lieu en 1903. Nous sommes donc avant 1903.
  • l’é­cole des sages-femmes est limite hors carte, mais ne semble pas encore construite. Elle date de 1892. Nous serions donc avant 1892.
  • la com­po­si­tion du 13e corps d’ar­tille­rie, visible sur la carte date de 1870. Nous sommes donc après 1870.
  • Le petit lycée, aujourd’­hui bâti­ment B du lycée Jeanne d’Arc a été édi­fié de 1877 à 1880. On le voit par­fai­te­ment sur la carte. Cepen­dant, l’ex­ten­sion vers l’ouest du lycée (aujourd’­hui le bâti­ment A) a été réa­li­sée en 1899. Nous sommes donc entre 1880 et 1899.

L’é­tat de mes connais­sances m’empêche de dater plus pré­ci­sé­ment cette carte, il fau­drait que je me rende à la biblio­thèque du patri­moine, mais déjà on obtient une four­chette de 20 ans, ce qui est très raisonnable.

Cartothèque numérique

En menant cette enquête, je suis tom­bé une nou­velle fois sur le site très inté­res­sant de la car­to­thèque en ligne de la biblio­thèque du patri­moine, où l’on retrouve de nom­breuses cartes à la consul­ta­tion. Mais aucune ne cor­res­pond aux années de la mienne. Peut-être est-ce pour des ques­tions de droit d’au­teur ? La sec­tion contri­buer invite à envoyer ses cartes numé­ri­sées. Je vais suivre cette voie, et vous tien­drai au cou­rant de la suite de cette aventure…

Longueur d’ondes 2017

Il y a une semaine, c’é­tait Lon­gueur d’ondes à Brest. Là grande ren­contre annuelle de la famille radio. J’y ai rejoins
l’é­quipe de Radio Cam­pus France avec une ving­taine de béné­voles de toutes les radios cam­pus de France. Nous avons cou­vert le fes­ti­val en réa­li­sant une heure d’é­mis­sion ven­dre­di et same­di, dans une belle ambiance. C’é­tait aus­si l’oc­ca­sion d’é­cou­ter pas mal de créa­tion sonore, et d’as­sis­ter à plu­sieurs tables rondes et dis­cus­sions autour du monde de la radio… Par­mi les moments qui m’ont mar­qués, une pré­sen­ta­tion de la manière dont on réa­lise La fabrique de l’his­toire, ou encore une inter­ven­tion de Clé­ment Lebrun qui racon­tait com­ment il fait vivre Le cri du patch­work, deux émis­sions que j’aime par­ti­cu­liè­re­ment écouter.

Ma par­ti­ci­pa­tion à l’é­mis­sion de Radio Cam­pus France s’est concré­ti­sée par l’in­ter­view de plu­sieurs acteurs des radios en lutte, que l’on peut réécou­ter en ligne :

Une autre ren­contre qui m’a par­ti­cu­liè­re­ment mar­qué, c’est le témoi­gnage de Mylène Par­doen, cher­cheuse au CNRS à Lyon, qui tra­vaille à l’ar­chéo­lo­gie du pay­sage sonore, en recom­po­sant les sons du Paris du XVIIe siècle. La pré­sen­ta­tion de son pro­jet Bre­tez, que je ne connais­sais que super­fi­ciel­le­ment a été pas­sion­nante. Après cette pré­sen­ta­tion, Mylène a gen­tille­ment accep­té de répondre à mes ques­tions.

Afin de rendre compte de l’im­por­tance de ces moments de ren­contre autour de la créa­tion sonore, nous avons donc dédié l’é­mis­sion 100% créa sonore de ce dimanche au fes­ti­val, avec plu­sieurs inter­views, ain­si que quelques pièces qui étaient pro­po­sées à l’é­coute sur la webra­dio de Cam­pus France. Le pod­cast de l’é­mis­sion est bien sûr acces­sible sur le site de Radio Cam­pus Clermont-Ferrand :

Réaliser un conducteur dynamique

Quand on par­ti­cipe à une émis­sion de radio en tant que tech­ni­cien, réa­li­sa­teur, ani­ma­teur ou encore chro­ni­queur, on a besoin de savoir ce qui va se pas­ser, et quand. En fait, une émis­sion est pré­pa­rée minute par minute, et tous les par­ti­ci­pants par­tagent un docu­ment que l’on appelle conducteur.

Réa­li­ser un tel docu­ment, ça néces­site juste de la rigueur, et un tout petit peu de savoir-faire avec un tableur. Pour faci­li­ter la prise en main de cet outil par les débu­tants, je viens de réa­li­ser un rapide tuto­riel vidéo, mon tout premier !

Audiodescription

L’au­dio­des­crip­tion, ça consiste à décrire par des paroles des infor­ma­tions qui ne seraient pas acces­sibles autre­ment. On peut audio­dé­crire une illus­tra­tion, un décors de théâtre, les actions d’un film, une situa­tion dans la rue, les étals d’un maga­sin… Quand on côtoie un non-voyant, c’est un exer­cice qua­si quo­ti­dien, que l’on fait en direct, au fil de l’eau. Mais il arrive aus­si que l’on tra­vaille un peu plus en amont pour audio­dé­crire une œuvre, et ain­si la rendre acces­sible au mal­voyants et non voyants.

ADVOXPROJECT

Avec deux amies, nous avons com­men­cé nos acti­vi­tés com­munes autour de l’ac­cès à la culture en février 2016. Ces pro­jets se sont vite cris­tal­li­sés autour du col­lec­tif ADVOXPROJECT : AD pour audio­des­crip­tion, vox pour la voix, et pro­ject parce que nous sommes en pleine construc­tion. L’ob­jec­tif du col­lec­tif est de faci­li­ter l’ac­cès aux pro­po­si­tions cultu­relles exis­tantes aux per­sonnes atteintes de céci­té. Pour cela, nous tra­vaillons sur plu­sieurs fronts :

  • Sen­si­bi­li­ser les struc­tures cultu­relles exis­tantes (théâtres, fes­ti­vals, opé­ra, etc.) à la ques­tion de la défi­cience visuelle, en les aidant à faci­li­ter l’ac­cès à ces pro­po­si­tions à un public défi­cient visuel. Cette action est par­tie du constat que fré­quem­ment les offres étaient acces­sibles, mais que les accom­pa­gne­ments ou l’in­for­ma­tion aux défi­cients visuels était com­plè­te­ment igno­rée par ces acteurs culturels.
  • Sen­si­bi­li­ser les futurs pro­fes­sion­nels du domaine à ces pro­blé­ma­tiques. L’an­née der­nière, j’a­vais ani­mé une confé­rence-débat sur la ques­tion. Cette année, avec un groupe d’é­tu­diants, je pré­pare une série de tables rondes qui réuni­ra je l’es­père des pro­fes­sion­nels de domaines cultu­rels, des étu­diants de ces domaines, et des publics intéressés.
  • Pro­po­ser un agen­da cultu­rel réunis­sant les offres des acteurs cultu­rels du bas­sin clermontois.
  • Enfin, pro­duire des outils de média­tion, avec notam­ment de l’audiodescription.

L’an­née der­nière, nous nous étions entraî­nés sur un court-métrage, en tra­vaillant à son audio­des­crip­tion. Cette année, on est pas­sés à l’ac­tion, avec deux réa­li­sa­tions qui seront pro­chai­ne­ment accessibles !

Audiodescription d’un carnet de voyage

La pre­mière réa­li­sa­tion que nous avons com­men­cé à tra­vailler sérieu­se­ment concerne un car­net de voyage qui a été pré­sen­té lors du Ren­dez-vous du car­net de voyage en novembre 2016. Pour l’ins­tant, le pre­mier quart est dans la boîte, et on tra­vaille au mixage et à l’en­re­gis­tre­ment de la suite. Le car­net de voyage s’in­ti­tule La vue par l’ouïe, comme Braille à Paris, et retrace la virée à Paris d’un groupe du comi­té cler­mon­tois de l’as­so­cia­tion Valen­tin Haüy. Outre une trans­crip­tion audio du texte, le plus gros tra­vail concerne l’au­dio­des­crip­tion des illus­tra­tions (pho­tos, des­sins) qui par­sèment le carnet.

Audiodescription d’un court-métrage

À Cler­mont-Fer­rand, l’é­vé­ne­ment incon­tour­nable, c’est le fes­ti­val inter­na­tio­nal du court-métrage. Depuis trois ans main­te­nant, je pro­fite de l’é­vé­ne­ment pour inter­vie­wer Bru­no Darles et ses lycéens, qui sont à l’o­ri­gine des séances en audio­des­crip­tion. Cette année, avec les copines d’AD­VOX­PRO­JECT, on a donc déci­dé de réa­li­ser nous aus­si l’au­dio­des­crip­tion d’un film. La date de sou­mis­sion était fixée à la fin décembre, et le film audio­dé­crit est donc main­te­nant dans les mains des orga­ni­sa­teurs du fes­ti­val, alors je n’en dirai pas beau­coup plus, mais ce qu’on peut dire, c’est que c’est une film vrai­ment drôle, qui a été très appré­cié l’an­née dernière.

Audio­dé­crire un film, c’est un véri­table défi : on se place au ser­vice du réa­li­sa­teur, pour per­mettre de com­prendre au défi­cients visuels le film sans déna­tu­rer ou trop révé­ler du film. Il faut trou­ver le juste équi­libre, iden­ti­fier les détails essen­tiels, puis trou­ver com­ment les décrire en quelques mots. Il faut aus­si sla­lo­mer entre les élé­ments de la bande son ori­gi­nale : ne rien dire pen­dant les dia­logues, pré­ser­ver les sons essen­tiels à la com­pré­hen­sion, etc. Un véri­table défi !

Quelques mots sur la technique

Quand on fait de la créa­tion sonore pour la radio, on uti­lise un échan­tillon­nage numé­rique à 44,1 MHz. Cela veut dire que chaque seconde est décou­pée en 44 100 inter­valles de temps. On peut com­pa­rer ça à des pixels sonores : l’or­di­na­teur aura une unique des­crip­tion du son pour cha­cun de ces 44 100 inter­valles. Or, étran­ge­ment, ce n’est pas la norme qui a été choi­sie pour le ciné­ma, où l’é­chan­tillon­nage se fait à 48 000 inter­valles par seconde. La pre­mière chose à pen­ser quand on enre­gistre du son, c’est donc de se deman­der si on va tra­vailler pour du son seul, ou pour du son avec de l’i­mage. Et il faut régler son enre­gis­treur en consé­quence, ain­si que toute sa chaîne de trai­te­ment du son. Pour ma part, j’u­ti­lise le ser­veur de son jack, et il faut donc prendre soin de le régler convenablement.

L’autre point impor­tant, lorsque l’on pro­duit un tel conte­nu où la voix est nue, ou super­po­sée à la bande son d’un film pro­fes­sion­nel, c’est de s’as­su­rer de la qua­li­té de ce que l’on pro­duit. Pour ces audio­des­crip­tions, j’ai donc tra­vaillé avec un micro cou­plé à un pré-ampli FetHead, pour avoir le moins de bruit pos­sible. Et puis j’ai tra­vaillé l’é­ga­li­sa­tion de la voix avec un coup-bas, afin d’at­té­nuer les défauts de la prise de son.

ardour avec une vidéo intégrée

Ensuite, le calage des pas­sages audio­dé­crits se fait avec une grande pré­ci­sion grâce à l’in­ter­face d’ar­dour qui per­met d’im­por­ter une vidéo, et d’a­voir ain­si une syn­chro­ni­sa­tion entre image, bande son ori­gi­nale, et bande d’au­dio­des­crip­tion. Le vignet­tage aug­men­té d’un time­code per­met de visua­li­ser avec une très grande pré­ci­sion le dérou­le­ment du temps.

Si ardour est très déve­lop­pé, il ne per­met pas pour autant d’ex­por­ter une ver­sion fina­li­sée de la vidéo avec la bande son com­plète. La solu­tion pour laquelle j’ai opté consiste à expor­ter la ses­sion son d’ar­dour en wav caden­cé à 48KHz, puis à uti­li­ser ffm­peg (le cou­teau suisse du son sous GNU/Linux) afin de fina­li­ser l’export.

Le film que l’on nous avait confié était enco­dé en mp4, avec une bande son en AAC. J’ai donc uti­li­sé la ligne de com­mande sui­vante pour reco­pier de la vidéo ori­gi­nale le son et les sous-titres, et pour inté­grer la bande son que j’a­vais géné­rée (dans cet exemple, on a trois variables pré­dé­fi­nies, qui sont les fichiers de la vidéo, de la piste son, et du fichier destination) :

ffmpeg -i "$VIDEO" -i "$AUDIO" -map 0:v -map 1:a -c:v copy -c:s copy -c:a libfdk_aac -b:a 256k -shortest "$OUT"

L’a­van­tage de cette approche, c’est que la vidéo ori­gi­nale n’est pas du tout abî­mée, on a juste rem­pla­cé la bande son ori­gi­nale par la bande son mélan­gée, sans avoir jamais quit­té l’é­chan­tillon­nage à 48KHz. On peut noter ici que le fichier géné­ré est spé­ci­fique à l’u­ti­li­sa­tion qui va en être faite par les équipes du fes­ti­val inter­na­tio­nal du court-métrage : ils ne s’in­té­ressent qu’à la ver­sion audio­dé­crite. Une autre solu­tion consis­te­rait à ajou­ter une piste son sup­plé­men­taire dans le mp4, afin de lais­ser le spec­ta­teur choi­sir la ver­sion de son choix (à la manière des choix VO vs VF).

Ce qui est cer­tain, c’est qu’il me tarde de décou­vrir notre audio­des­crip­tion sur un écran géant d’une salle de ciné­ma. Ren­dez-vous début février !

Édit : la clô­ture du fes­ti­val du court-métrage, c’é­tait hier soir. Très bel accueil de la séance en audio­des­crip­tion, avec un public nom­breux et enthou­siaste. Nous avons éga­le­ment dif­fu­sé dans l’é­mis­sion 100% créa sonore a bande son audio­dé­crite de Pre­mière séance, un peu com­pres­sée pour la radio. À réécou­ter dès main­te­nant en pod­cast !

Sensation

Il y a peu, je par­ta­geais avec vous ma joie de démar­rer une nou­velle sai­son radio­pho­nique pleine de pro­jets pas­sion­nants. À ce sujet, ne man­quez pas chaque semaine la sélec­tion du 100% créa sonore : on conti­nue de débus­quer de belles pépites sonores pour cha­cun de vos dimanche soirs.

Par­mi les nou­veaux pro­jets de cette année, je suis super content de démar­rer une nou­velle émis­sion avec Lise et Cécile. L’é­mis­sion s’ap­pelle Sen­sa­tion. On se pro­pose d’ex­plo­rer une fois par mois un sens. Pour la pre­mière émis­sion, nous nous sommes inté­res­sés au tou­cher. Pour cette émis­sion, nous réa­li­sons des docu­men­taires, repor­tages et créa­tions sonores, puis nous échan­geons en direct avec un invi­té autour de dif­fé­rentes ques­tions liées au sens explo­ré, en mul­ti­pliant les pro­blé­ma­tiques : scien­ti­fiques, socié­tales, poé­tiques, phi­lo­so­phiques, artistiques…

Pour la pre­mière émis­sion, nous nous sommes ren­dus avec Cécile à l’ar­moire à cuillères, pour échan­ger avec Mal­lo­rie sur la place du tou­cher dans la pâtis­se­rie. J’ai aus­si pris le temps d’al­ler enre­gis­trer les sons de sa cui­sine, pour réa­li­ser le por­trait sonore qui suite :

Pen­dant cette émis­sion, on entend éga­le­ment un repor­tage au Centre de Réédu­ca­tion pour les Défi­cients Visuels, où l’on apprend un peu plus du tou­cher chez les non voyants. On découvre aus­si com­ment une dan­seuse tra­vaille sa rela­tion aux autres par le tou­cher, et on en apprend plus sur le métier de micro­ki­né… Pre­nez le temps d’é­cou­ter l’é­mis­sion, elle est dis­po­nible en pod­cast sur le site de Radio Cam­pus, et sur notre site internet :

Cette émis­sion sera l’oc­ca­sion pour moi d’ex­plo­rer tout au long de l’an­née de nou­velles formes d’ex­pres­sion radio­pho­niques sous contrainte. Un exer­cice de style que je suis super content de par­ta­ger avec mes deux amies…

Cartographie et urbanisme

Il y a deux semaines, j’é­tais à Londres pour quelques jours. C’est vrai­ment une ville où je me sens bien, avec sa mul­ti­tude de facettes incroyables. C’est la ville cita­dine par excel­lence, mul­tiple, cos­mo­po­lite, cultu­relle, vivante. Bon, c’est quand même la ville au loyers les plus chers d’Eu­rope, avec des prix qua­si­ment deux fois plus éle­vés qu’à Paris…

Pen­dant cette visite, ma sœur m’a fait la sur­prise d’une soi­rée au Ron­nie Scott’s jazz club, ce lieu mythique des nuits lon­do­niennes… Et quel lieu ! Dou­ceur, élé­gance, clas­siques et impro­vi­sa­tion, une superbe soirée !

J’en ai aus­si pro­fi­té pour aller décou­vrir la superbe expo­si­tion Maps and the 20th cen­tu­ry : dra­wing the line. Une belle occa­sion pour par­ta­ger ici quelques-unes de mes lec­tures récentes sur la car­to­gra­phie, topo­gra­phie et sur l’ur­ba­nisme… en conti­nuant à ouvrir les rayons de ma biblio­thèque.

livres-sur-les-cartes

Paris-Londres

extrait de la couverture de paris-londres

Un mois avant cette virée lon­do­nienne, j’a­vais décou­vert à la librai­rie de la BNF un livre par­fai­te­ment adap­té à un voyage en euros­tar : Paris-Londres, ouvrage diri­gé par Dana Arnold et Jean-Louis Cohen, publié en 2016. Recueil d’ar­ticles pré­sen­tés à l’oc­ca­sion de deux sémi­naires regrou­pant des cher­cheurs aux domaines d’é­tudes assez variés, on se pro­mène dans Paris-Londres entre urba­nisme, archi­tec­ture, his­toire de l’art, influence poli­tique et socio­lo­gie. Les articles sont tous plus inté­res­sants les uns que les autres. Ils illus­trent l’op­po­si­tion mar­quante des deux villes, qui se sont construites en paral­lèle, pui­sant cha­cune leur futur dans une vision fan­tas­mée de l’autre. On découvre aus­si com­bien la culture poli­tique des deux pays a influen­cé la struc­ture glo­bale des cités, avec par exemple à Londres les parcs pri­vés, à Paris les pro­me­nades arbo­rées. On apprend à décons­truire des idées reçues sur les grandes restruc­tu­ra­tions du baron Hauss­mann, on en apprend plus sur le rôle majeur des fleuves dans les déve­lop­pe­ments propres aux deux villes.

Cette étude com­pa­rée, majo­ri­tai­re­ment ancrée avant le ving­tième siècle, aide à com­prendre les deux villes d’au­jourd’­hui, où l’on retrouve à chaque coin de rue un héri­tage de ces périodes…

Catalogue de l’exposition Maps and the 20th century : drawing the line

extrait de la couverture du catalogue d'exposition de maps-20th

L’ex­po­si­tion Maps and the 20th cen­tu­ry : dra­wing the line, jus­qu’au 1er mars 2017, raconte com­ment la carte a joué un rôle clé au XXe siècle, que ce soit comme outil de guerre, mais aus­si comme moyen d’en­tre­te­nir la paix, en dif­fu­sant auprès des peuples des valeurs et idées paci­fistes. La pro­pa­gande, notam­ment au moment de la guerre froide, n’est pas en reste. Et puisque l’ex­po­si­tion se tient à Londres, on découvre aus­si com­bien le monde était bri­tan­nique au XXe siècle, avec la lec­ture géo­gra­phique don­née par le Commonwealth.

L’ex­po­si­tion est très belle, avec un nombre impres­sion­nant de cartes, toutes plus per­ti­nentes les unes que les autres. J’ai par­ti­cu­liè­re­ment aimé le début de l’ex­po­si­tion, qui est struc­tu­rée en une suc­ces­sion de dip­tyques, chaque duo de cartes sélec­tion­né par les orga­ni­sa­teurs de l’ex­po­si­tion éclai­rant une réflexion pro­po­sée par le car­tel commun.

Le cata­logue de l’ex­po­si­tion est aus­si très inté­res­sant, per­met­tant comme sou­vent au visi­teur de pro­lon­ger la réflexion.

Catalogue de l’exposition Cartes et figures de la terre

extrait de la couverture de cartes et figures de la terre

En flâ­nant chez les bou­qui­nistes du centre de Cler­mont-Fer­rand, j’ai trou­vé rue ter­rasse, grâce aux conseils de Florent, un exem­plaire du cata­logue de l’ex­po­si­tion Cartes et figures de la terre qui a eu lieu en 1980 au centre Pom­pi­dou. Aux vues de ce cata­logue, l’ex­po­si­tion devait être pas­sion­nante ! Les articles, qui se suivent sans se res­sem­bler dans ce cata­logue, explorent toutes les ques­tions des rôles et des formes que peuvent prendre les cartes, dans la repré­sen­ta­tion du monde. On y trouve des thé­ma­tiques scien­ti­fiques, his­to­rio­gra­phiques, artis­tiques, jour­na­lis­tiques… On y retrouve aus­si de belles repro­duc­tions de cartes mar­quantes, qui illus­trent les points de vue pro­po­sés. Très acces­sible et en même temps poin­tu, j’ai ado­ré l’ouvrage.

Paris

extrait de la couverture de Paris

La plu­part d’entre nous ont déjà arpen­té Paris, ses bâti­ments et bou­le­vards mythiques. Mais à quoi res­sem­blait la ville avant ! Et com­ment s’est construit cet enche­vê­tre­ment de bâti­ments tous plus impres­sion­nants les uns que les autres ! J’ai trou­vé au puces il y a quelques mois un petit bou­quin plu­tôt chouette, édi­té par la docu­men­ta­tion fran­çaise en 1963, qui pro­pose en 20 pages de retra­cer l’his­toire archi­tec­tu­rale de la ville, puis décrit en 50 pages la place que joue dans les années 60 cette ville à l’é­chelle du pays, com­ment elle est struc­tu­rée, com­ment elle fonc­tionne en terme de cir­cu­la­tion, d’ha­bi­tat, d’ac­ti­vi­tés indus­trielles… Enfin, le livre fini par une pro­jec­tion inti­tu­lée vers le Paris de l’an 2000, où l’on res­sent tous les espoirs de futurs propres à cette époque, mais où l’on décèle déjà dans la plume des auteurs les craintes réa­listes en terme de cir­cu­la­tion, de sur­po­pu­la­tion et de pol­lu­tion. Illus­tré de pho­tos contem­po­raines en noir et blanc, c’est une très belle pro­me­nade dans un Paris qui n’existe plus vraiment.

Éléments de topographie

extrait de la couverture d'éléments de topographie

La car­to­gra­phie a petit à petit pris de plus en plus de place dans mes centres d’in­té­rêts, notam­ment parce que mes acti­vi­tés de recherche tournent autour de la topo­lo­gie et la géo­mé­trie. Or, la topo­gra­phie est un sujet très proche, qui allie sciences et tech­niques pour répondre à un pro­blème concret : com­ment mesu­rer la géo­gra­phie. J’a­vais par­ti­cu­liè­re­ment aimé regar­der le docu­men­taire La nais­sance d’une carte qui raconte le tra­vail de l’I­GN dans les années 50.

C’est par hasard que je suis tom­bé sur ces Élé­ments de topo­gra­phie, édi­té chez Gabriel. Il s’a­git d’un manuel per­met­tant à de futurs fonc­tion­naires de pré­pa­rer des concours d’é­tat qui incluent des épreuves d’ar­pen­tage, de levé de plans, du nivel­le­ment et du tra­cé des vois de com­mu­ni­ca­tions. Dif­fi­cile de dater cet ouvrage, mais au fil du texte, on arrive à le situer aux alen­tours de 1920. C’est un manuel pra­tique, qui décrit les outils uti­li­sés pour construire des rele­vés. On apprend aus­si beau­coup de la manière de des­si­ner les cartes de manière moderne, scien­ti­fique et acces­sible, ain­si que l’art de mesu­rer le réel en vue de récol­ter toutes les infor­ma­tions néces­saires à ces cartes. À la fois tech­niques et scien­ti­fiques, ces outils sont pré­sen­tés en uti­li­sa­tion dans des cas pra­tiques. On trouve aus­si une par­tie his­to­rique, décri­vant la manière dont le métier a évo­lué pour arri­ver à ce niveau de pré­ci­sion. Super­be­ment illus­tré de gra­vures, cartes et pho­tos, l’ou­vrage se ter­mine par une des­crip­tion des tech­niques les plus modernes de pho­to­to­po­gra­phie, les­quelles sont évo­quées dans le docu­men­taire de l’I­GN. Une manière de com­prendre toute l’his­toire de ces métiers au long du ving­tième siècle. J’ai dévo­ré ce bou­quin en 3 jours, tel­le­ment il est captivant !

Les lieux disparus de Lyon

extrait de la couverture des lieux disparus de Lyon

Par­mi les villes où j’aime traî­ner mes guêtres, il y a Lyon aus­si bien sûr. L’an­née der­nière, en me pro­me­nant sur les berges, j’a­vais trou­vé un exem­plaire des lieux dis­pa­rus de Lyon, dans une ver­sion légè­re­ment dif­fé­rente de celle dis­po­nible à la consul­ta­tion sur Gal­li­ca, avec une belle carte ancienne sur la cou­ver­ture. C’est cette gra­vure qui m’a­vait don­né envie de l’a­che­ter. Le texte lui-même est inté­res­sant aus­si, même si son style fait beau­coup pen­ser à ces ouvrages d’au­teurs régio­naux, pas­sion­nés par leurs ter­ri­toires, mais au style sou­vent lourd et mal­adroit. Mais pour qui aime se pro­me­ner le nez en l’air dans une ville en ima­gi­nant son pas­sé, c’est un livre qui vaut le détour.

La carte, mon nouveau sujet de recherche

Vous l’au­rez com­pris, la ques­tion de la repré­sen­ta­tion du monde motive énor­mé­ment mes lec­tures ces der­niers temps, tout comme la ques­tion de l’ac­ces­si­bi­li­té. C’est donc natu­rel­le­ment que je me suis rap­pro­ché de l’é­quipe COGIT, et plus pré­ci­sé­ment de Guillaume Touya, avec une pro­po­si­tion de sujet de recherche com­mune, autour de l’u­ti­li­sa­tion d’OpenS­treet­Map (le wiki­pé­dia de la car­to­gra­phie) pour offrir de nou­velles pos­si­bi­li­tés en terme de sup­ports pour l’ac­ces­si­bi­li­té. Cette année, on construit un pro­to­type, et l’an­née pro­chaine, on com­mence à explo­rer les nœuds scien­ti­fiques asso­ciés… Res­tez connectés !

Rentrée radiophonique

Ça y est, Radio Cam­pus Cler­mont-Fer­rand a fait sa ren­trée ! Plein de belles choses en pers­pec­tive, que j’ai envie de par­ta­ger avec vous.

Atelier création sonore du SUC

Si je me suis lan­cé depuis quelques mois dans une lec­ture com­pul­sive autour de la créa­tion sonore, ça n’é­tait pas un hasard. Cette année, je co-anime avec les per­ma­nents de la radio un ate­lier du SUC dédié à la créa­tion sonore. Les deux pre­mières ses­sions ont été plu­tôt chouettes, et nous avons déjà une idée du quar­tier où la balade sonore ira tendre l’o­reille. J’en pro­fite pour par­ta­ger ici quelques notes sous forme télé­gra­phiques qui regroupent des idées sur la créa­tion sonore. C’est bien sûr un docu­ment qui sera étof­fé au fil du temps.

Le CRDV à Radio Campus

Depuis que je suis membre du CA de Radio Cam­pus, je pense presque chaque mois à un ate­lier radio à des­ti­na­tion de défi­cients visuels. Après tout, la radio est le média qui leur est le plus adap­té. Et bien c’est enfin chose faite ! Depuis une semaine, cinq jeunes de 15 à 17 ans du CRDV découvrent le monde de la radio. Pen­dant quelques mois, nous allons tra­vailler ensemble à la construc­tion d’his­toires sonores, à la manière de José le sca­ra­bée. On attend avec impa­tience de les entendre !

100% créa sonore

100creasonore

La créa­tion sonore, c’est ce qui motive énor­mé­ment mes écoutes radio­pho­niques ces der­nières années. Évi­dem­ment, quand on écoute des choses, on a envie de les par­ta­ger. Et puis je ne suis pas le seul dans ce cas-là, Théo et Noé­mie ont les mêmes curio­si­tés. On a donc démar­ré cette année un cré­neau d’une heure par semaine, afin de vous pro­po­ser notre pro­gram­ma­tion d’ob­jets sonores 100% créa sonore, de la musique contem­po­raine à la . Gar­dez l’o­reille ouverte, en direct ou en pod­cast !

La Campusienne, saison 2

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La Cam­pu­sienne, le maga­zine qui parle d’ac­tua­li­té locale, poli­tique, fémi­niste ou alter­na­tive reprend du ser­vice. Sans Noé­mie cette année, l’é­mis­sion com­mence dou­ce­ment, sous forme d’une men­suelle. Pour la pre­mière émis­sion, nous avions comme invi­tés quelques béné­voles du PARCC Oasis, le nou­veau pro­jet de tiers-lieu qui démarre tout juste à Clermont-Ferrand.

La Collective parle de l’ITSRA

Après avoir cou­vert l’a­ven­ture Nuit Debout dans la col­lec­tive, en emprun­tant l’é­mis­sion à Théo et Adam, j’ai par­ti­ci­pé il y a deux semaines à une nou­velle émis­sion de la Col­lec­tive qui cou­vrait les actua­li­tés à l’ITS­RA, cette ins­ti­tut de for­ma­tion pour tra­vailleurs sociaux (on enten­dra par exemple édu­ca­teurs spé­cia­li­sés). Là-bas, tout se passe mal en ce moment, et il fal­lait que Radio Cam­pus en parle.

Invitation à Veganez-vous

veganez-vous

Et puis par­fois, au lieu d’a­ni­mer une émis­sion, on est invi­té par une toute jeune équipe radio­pho­nique. C’est ain­si que j’ai été inter­viewé par Isa­belle et Auré­lien de Véga­nez-vous. Nous avons par­lé de végé­ta­lisme et végé­ta­risme, en évo­quant l’a­ven­ture Végé­web qui date d’il y a déjà 10 ans, ou encore le mili­tan­tisme autour de la cause ani­male avec la griffe, par exemple.

Et ce n’est pas fini…

Et puis avec Lise et Cécile, on pré­pare avec un grand soin une nou­velle émis­sion, dont j’au­rais l’oc­ca­sion de vous par­ler un peu plus tard ici…

Expos et visites à Paris : quid de l’accessibilité

La semaine der­nière, j’ai pro­fi­té d’une esca­pade à Paris où je par­ti­ci­pais à une for­ma­tion orga­ni­sée par Ani­ma­fac pour me pro­me­ner quelques jours en tou­riste à Paris, avec une amie. Nous avons pris du temps pour ren­con­trer plu­sieurs de nos amis fran­ci­liens, et pour aller visi­ter quelques expo­si­tions et lieux forts de la capi­tale. Quand on vit dans une petite ville comme Cler­mont-Fer­rand, ça fait du bien de pou­voir se pro­cu­rer sa dose de culture de temps en temps…

L’a­mie que j’ac­com­pa­gnais se déplace en fau­teuil rou­lant élec­trique. Je ne ren­tre­rai pas dans les détails de l’ac­ces­si­bi­li­té des trans­ports pari­siens, mais ce que l’on peut rete­nir, c’est que la SNCF est bien mieux pré­pa­rée que la RATP. Il faut pri­vi­lé­gier le RER, véri­fier à chaque sta­tion en entrant que l’as­cen­seur de la sta­tion de sor­tie est fonc­tion­nelle, ne pas avoir peur de reve­nir en arrière, avoir des choses à faire le long de la ligne 14, ou ne pas avoir peur des bus et de leurs chauf­feurs qui ne maî­trisent pas les rampes d’ac­cès… Un défi de chaque minute, que l’on doit en plus pla­ni­fier la veille avant 20h si l’on veut être pris en charge… Heu­reu­se­ment, pas­sé cette bar­rière, il reste plein de choses accessibles.

L’esprit du Bauhaus

quelques documents de l'exposition

Cela fai­sait quelques semaines que j’a­vais lu sur le site poin­ty­po- l’an­nonce d’une expo­si­tion très allé­chante au musée des arts déco­ra­tifs : l’es­prit du Bau­haus. Cette école artis­tique, dis­soute par le régime fas­ciste en 1933, a influen­cé beau­coup de cou­rants artis­tiques au XXe siècle, aus­si bien en archi­tec­ture que chez les plas­ti­ciens amé­ri­cains. Cepen­dant, les valeurs plus poli­tiques du Bau­haus n’ont pas pu pro­fi­ter de la même dif­fu­sion. Cette expo­si­tion retrace à la fois le par­cours artis­tique et le pro­jet poli­tique de cette école, qui prô­nait le faire ensemble, et l’im­por­tance des pra­tiques arti­sa­nales dans la construc­tion des démarches artis­tiques. L’ex­po­si­tion est visible jus­qu’au 26 février 2017, et per­met de décou­vrir la joyeuse vie qui ani­mait les par­ti­ci­pants à ce projet.

Les globes à la BNF

globesune carte tactile qui décrit la salle des globes

J’a­vais beau­coup lu sur les globes du Roi-Soleil, car ils marquent l’his­toire de la vul­ga­ri­sa­tion car­to­gra­phique, à une époque où la géo­gra­phie était un art et une science en pleine explo­sion. Mais jamais je n’a­vais pris le temps d’al­ler les voir à la BNF. C’est vrai­ment quelque chose à faire. La salle d’ex­po­si­tion est très simple, sans détails super­flus, et dis­pose de plu­sieurs outils de média­tion pour les publics défi­cients visuels. Saluons ici ce bel effort qui per­met de pro­fi­ter plei­ne­ment de ces globes.

L’ex­po­si­tion en cours dans l’al­lée ouest est consa­crée aux estampes contem­po­raines. Quelques pièces et auteurs sont vrai­ment inté­res­sants. J’ai par exemple beau­coup aimé les œuvres de Rémy Jac­quier, gra­vures sur linoléum.

Accessibilité à la cinémathèque

Une carte tactileUn guide au sol qui mène à une borne parlante

Tou­jours en quête de ques­tion­ne­ments autour de la manière de rendre acces­sible les bâti­ments aux défi­cients visuels, j’ai été agréa­ble­ment sur­pris de décou­vrir les pan­neaux et guides de dépla­ce­ment pro­po­sés à la ciné­ma­thèque : des plans tac­tiles du bâti­ment, ain­si que des guides au sol qui mènent à des bornes par­lantes per­met­tant d’ob­te­nir des infor­ma­tions pra­tiques sur le lieu. Ces ins­tal­la­tions sont notam­ment réfé­ren­cées sur le site accessible.net, que je découvre à l’instant.

Les archives nationales, et celles de la maison de la radio

La grosse décou­verte de cette virée à Paris a été pour moi l’ac­cès aux archives natio­nales, dans ce nou­veau bâti­ment ins­tal­lé à Pier­re­fitte-sur-Seine. Je vous invite à y aller le lun­di, pour pro­fi­ter à 14h de la visite gui­dée du bâti­ment, qui per­met de com­prendre les défis et le fonc­tion­ne­ment des archives nationales.

un document de mon cartonune lectrice aux archives nationalesles dossiers de mon carton

En tant qu’u­sa­ger, il est donc pos­sible de réser­ver sur le site inter­net les docu­ments de votre choix. Une fois arri­vé sur place, et pas­sé les bar­rières de sécu­ri­té de rigueur, on vous donne accès à un bureau, dans une grande salle de lec­ture, et les docu­ments choi­sis vous sont confiés (un car­ton par un carton).

Chaque car­ton contient un ensemble de dos­siers, qui à leur tour peuvent conte­nir plu­sieurs cen­taines de docu­ments. Pour ma part, j’a­vais choi­si d’ex­plo­rer les archives per­son­nelles d’A­gnès Tan­guy, car je m’in­té­res­sais à la dif­fu­sion des tra­vaux du GRM. Les docu­ments étaient très riches d’in­for­ma­tion, sur la manière de pré­pa­rer les émis­sions, sur la manière dont les enre­gis­tre­ments étaient réa­li­sés, ou encore sur les moyens mis à la dis­po­si­tion de la créa­tion radio­pho­nique dans les années 60. Fina­le­ment, visi­ter les archives, c’est comme se pro­me­ner dans un musée qui trai­te­rait exac­te­ment du thème de son choix. Incroya­ble­ment passionnant.

Le len­de­main, nous nous sommes aus­si ren­dus aux archives de la mai­son de la radio, pour conti­nuer nos explo­ra­tions. C’est là que nous avons com­pris le début de la chaîne d’ar­chi­vage qui amène les docu­ments pro­duits par les ser­vices publics jus­qu’à Pier­re­fitte-sur-Seine. En par­ti­cu­lier, nous avons décou­vert que les docu­ments sont sou­vent sau­vés de la benne, car les gens qui pro­duisent des objets radio­pho­niques oublient sou­vent que ce n’est pas uni­que­ment l’ob­jet sonore final qui consti­tue une archive : toute la pro­duc­tion écrite en amont est aus­si quelque chose de très riche…

Bref, vous l’au­rez com­pris, ces quatre jours ont été intenses, et par­ti­cipent à ali­men­ter mes ques­tion­ne­ments actuels, autour de la créa­tion sonore et de l’ac­ces­si­bli­té. Sur ce der­nier sujet, res­tez connec­té au blog, je racon­te­rai bien­tôt quelques-uns de mes pro­jets en cours, en cette fin d’an­née 2016…

Revue de lectures : son, bruit, radio

C’est une habi­tude qui com­mence à s’ins­tal­ler sur ce blog : la revue de lec­tures autour du thème de la créa­tion sonore. Après m’être pro­me­né du côté de la musique concrète, autour des tech­niques de pro­duc­tion de sons, en pas­sant par la voix, nous voi­ci avec une nou­velle série mar­quée par la ques­tion du bruit, et par l’a­mour de la radio. Si vous avez raté les épi­sodes pré­cé­dents, il n’est pas trop tard : le pre­mier épi­sode et le deuxième sont bien sûr encore en ligne !

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Il y a peu, j’é­tais à Nantes avec quelques copains de Radio Cam­pus Cler­mont-Fer­rand pour par­ti­ci­per à la neu­vième édi­tion du fes­ti­val [SONOR]. Beau­coup de dis­cus­sions et de décou­vertes inté­res­santes, comme le super Gilles Mala­tray qui ouvre les portes de l’é­coute urbaine, ou encore le tra­vail sur la voix et machines d’Anne-Julie Rol­let et Anne-Laure Pigache avec leur pro­jet Par­lo­pho­nie. Il y avait beau­coup à voir et à entendre, cer­taines tables rondes étaient vrai­ment intéressantes.

Pen­dant toute la durée du fes­ti­val, le Trem­po­li­no accueillait un espace librai­rie, où j’ai eu du mal à me rete­nir de buti­ner. J’ai tout de même été rai­son­nable, et ne suis repar­ti qu’a­vec trois livres sous le bras. Et depuis, j’ai eu entre les mains deux autres livres plu­tôt chouettes et com­plé­men­taires, que j’a­vais envie de par­ta­ger ici.

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Locus sonus, 10 ans d’expérimentation en art sonore, de Jérôme Joy et Peter Sinclair

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Par­mi les livres réunis jus­qu’à pré­sent dans les pages de ce blog, il man­quait tout un pan de l’ex­pres­sion en musique contem­po­raine, celle qui ques­tionne la manière de dif­fu­ser les œuvres pro­po­sées. Locus sonus répond en bonne par­tie à ces attentes. Il s’a­git d’un lieu consa­cré à la fois à la recherche et à la créa­tion sonore, qui ques­tionne les nou­veaux moyens de dif­fu­sion du son, notam­ment à tra­vers les outils du numé­rique. Ce livre recueille une série d’ar­ticles rédi­gés au fil des ans par les dif­fé­rents par­ti­ci­pants à ce pro­jet, ini­tié par Jérôme Joy et Peter Sin­clair. On y découvre nombre de ques­tion­ne­ments qui font sens pour qui envi­sage de réa­li­ser des objets sonores à dif­fu­ser au delà de la FM.

Histoire de la la radio

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Avant de lire ce livre, j’é­tais un peu per­du sur la chro­no­lo­gie de la radio­dif­fu­sion en France : com­ment était-on pas­sé des débuts très ama­teurs et épar­pillés à une radio d’é­tat qui avait le mono­pole des ondes ? Com­ment s’é­tait dif­fu­sé l’u­sage de la radio dans les foyers, et com­ment pro­dui­sait-on la radio dans les décen­nies pas­sées ? Mais aus­si, com­ment s’é­taient suc­cé­dées les évo­lu­tions tech­niques ? Mes idées là-des­sus étaient bien vagues, et cet ouvrage col­lec­tif réa­li­sé à l’oc­ca­sion d’une expo­si­tion du Musée des arts et métiers en 2012 per­met de balayer tout cet his­to­rique, pour com­prendre l’his­toire des gens et des tech­niques qui ont fait ce média.

Le goût de la radio et autres sons

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Les textes pré­sen­tés dans ce petit livre de 130 pages ont été choi­sis par Tho­mas Baum­gart­ner. Il invite le lec­teur à se pro­me­ner par­mi les auteurs qui ont mar­qué l’i­ma­gi­naire col­lec­tif sur la ques­tion du son, depuis les paroles gelées de Rabe­lais jus­qu’à la visite de la mai­son de la radio par Jacques Rou­baud, qui fait vibrer la sono­ri­té des mots, en pas­sant par le témoi­gnage de Kriss, ani­ma­trice-pro­duc­trice sur France Inter qui évoque l’in­fi­ni de la pro­pa­ga­tion sonore. Une belle manière de pour­suivre les lec­tures plu­tôt tech­niques jus­qu’à présent.

L’art des bruits, manifeste futuriste, de Luigi Russolo (1913)

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Par­mi les textes cités dans le recueil de Tho­mas Baum­gart­ner, il y a un court extrait de ce texte de 1913, l’art des bruits, mani­feste futu­riste. Quelle puis­sance, quelle clair­voyance quant à l’é­vo­lu­tion de la musique et de la créa­tion sonore&nbps;! Ce texte, vision­naire, place les bases de ce qui a fait la musique et la créa­tion sonore dans le siècle qui a sui­vi. Un incontournable.

Une histoire de la modernité sonore, Jonathan Sterne

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En dis­cu­tant avec Cécile (nous pré­pa­rons à trois avec Lise une nou­velle émis­sion pour la ren­trée, j’en par­le­rai bien­tôt ici) de mes lec­tures récentes, elle m’a très vite invi­té à lire Jona­than Sterne. L’ou­vrage est dense, poin­tu, il invite à prendre le temps pour bien mesu­rer l’his­toire dense de la moder­ni­té sonore, qu’il fait naître avec les outils médi­caux tels que le sté­to­scope. Il ques­tionne les pro­blé­ma­tiques la repro­duc­tion confron­tée à l’o­ri­gine, inter­roge les dimen­sions sociales de ces moyens de dif­fu­sion. Par­se­mé d’exemples issus de l’his­toire éta­su­nienne de l’en­re­gis­tre­ment et de la radio­dif­fu­sion, l’ou­vrage est éga­le­ment très riche­ment illus­tré, et n’ayant que lu l’in­tro­duc­tion, j’ai déjà du mal à me rete­nir de le par­cou­rir par bonds suc­ces­sifs et curieux, tant les cha­pitres semblent plus pas­sion­nants les uns que les autres, mal­gré la forme exi­geante de la langue.

Édit : la suite des lec­tures sur le son, quelques mois plus tard, à lire sur Revue de lec­tures : bruit, musique, socio­lo­gie.

Création sonore : continuons à lire

Il y a une poi­gnée de semaines, je par­lais ici de quelques livres pas­sion­nants, autour de la créa­tion sonore. Depuis ce billet, j’ai fini de lire Le son, trai­té d’acoulogie de Michel Chion. C’est un livre pas­sion­nant, qui reprend les idées théo­riques et expé­ri­men­tales de Pierre Schaef­fer, en les éten­dant. On y lit par exemple une caté­go­ri­sa­tion des sons qui dépasse le strict assez pauvre envi­sa­gé par la musique, qui se res­treint à la hau­teur, la lon­gueur, la puis­sance… Schaef­fer et Chion arrivent avec 7 échelles de carac­té­ri­sa­tion, qui per­mettent de décrire pré­ci­sé­ment un son. Il faut avouer que sans une grille de ce type, on est assez dému­nis pour décrire un son, car le voca­bu­laire nous manque.

Et puis j’ai conti­nué à lire, au gré de mes trou­vailles. Voi­ci donc trois nou­veaux livres à explo­rer, tous les trois très intéressants.

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Le guide ultime du sound designer, Ric Viers

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Quand on réa­lise des docu­ments sonores, tôt ou tard on a envie de com­prendre com­ment marche un micro, ce qu’est un enre­gis­treur, com­ment choi­sir son équi­pe­ment… Ce n’est pas le sujet pre­mier du guide ultime du sound desi­gner , mais toute la pre­mière par­tie est consa­crée à ça. Si vous avez lu mon article récent sur l’a­mé­lio­ra­tion de la chaîne d’en­re­gis­tre­ment, et que ça a atti­sé votre curio­si­té, c’est le moment de lire les pre­miers cha­pitres de ce guide.

Dans la deuxième par­tie, le livre aborde ce qu’il annonce dans le titre : la manière de conce­voir du son, en pro­po­sant de réflé­chir à la manière d’en­re­gis­trer du son qui ser­vi­ra ensuite d’élé­ment pour des créa­tions sonores, que ça soit en envi­ron­ne­ment « réel », ou sur un pla­teau de brui­tage. Très orien­té vers la pra­tique, il donne des pistes de bonnes pra­tiques, évoque les déboires que l’on peut faci­le­ment évi­ter, et pro­pose à la fin une liste impres­sion­nante d’i­dées pour réa­li­ser des brui­tages réa­listes. Sont aus­si abor­dés la manière de se fabri­quer un pla­teau de brui­tage, une sta­tion de mon­tage, de se consti­tuer un équi­pe­ment de reportage.

Un bou­quin à conseiller pour qui veut apprendre de la prise de son.

Le documentaire radiophonique, Christophe Deleu

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Publié en 2013 aux édi­tions INA, ce livre est un essai scien­ti­fique, une ten­ta­tive de défi­ni­tion de ce qu’est le docu­men­taire sonore. L’au­teur, Chris­tophe Deleu, est un ensei­gnant-cher­cheur en sciences de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion à l’u­ni­ver­si­té de Stras­bourg. Avec lui, on cherche à com­prendre ce qui dis­tingue le docu­men­taire radio­pho­nique des autres formes d’ex­pres­sions sonores. On prend ensuite le temps de décom­po­ser cha­cun des sous-genres du docu­men­taires, qu’il pro­pose de dis­tin­guer en : docu­men­taire d’in­te­rac­tion, docu­men­taire poé­tique, docu­men­taire d’ob­ser­va­tion, et docu­men­taire fic­tion. Évi­dem­ment, ces sous-genres ne sont pas imper­méables, et les exemples qu’il cite à lon­gueur d’ou­vrage aident à en sai­sir les contours poreux.

L’au­teur prend aus­si le temps de décom­po­ser l’his­toire de la radio, évo­quant le radio­re­por­tage, évo­quant le rôle crois­sant joué par les jour­na­listes dans le média. Il sou­ligne ici la dif­fé­rence notable entre le docu­men­taire et le tra­vail de jour­na­lisme, lequel cherche à retrans­crire pour l’au­di­teur le réel, se met­tant en scène comme média­teur. À l’in­verse, le docu­men­taire est un objet qua­si­ment artis­tique, le créa­teur se pla­çant sou­vent à l’ex­té­rieur du cadre offert par le micro, sauf s’il est lui-même l’ob­jet du documentaire.

Pour Chris­tophe Deleu, si le docu­men­taire est un genre mineur de par le volume qu’il occupe sur les fré­quences FM, il s’a­git d’une expres­sion radio­pho­nique à la richesse tou­jours renou­ve­lée. Agré­men­tant son dis­cours de réfé­rences à des émis­sions régu­lières ou à des docu­men­taires en par­ti­cu­lier, il invite le lec­teur à pour­suivre l’ex­plo­ra­tion par l’é­coute. On appré­cie­ra aus­si la très large bibliographie.

Le docu­men­taire radio­pho­nique tel qu’il est pré­sen­té par Chris­tophe Deleu cor­res­pond gros­siè­re­ment au chaî­non man­quant entre un tra­vail de repor­tage et une pièce de musique concrète telle qu’elle est abor­dée par Michel Chion. L’in­ter­valle entre les deux modes d’ex­pres­sion est gigan­tesque, et l’on com­prend lar­ge­ment pour­quoi il existe une telle diver­si­té d’ex­pres­sions docu­men­taires, telles que les décrit Chris­tophe Deleu.

Les carnets de Synthone

syntone

Si vous vous inté­res­sez au monde radio­pho­nique, vous êtes cer­tai­ne­ment tom­bés plus ou moins par hasard sur le site Syn­tone, sous-titré actua­li­té & cri­tique de l’art radio­pho­nique. On y lit régu­liè­re­ment de belles contri­bu­tions, qui offrent un ins­tan­ta­né de l’ex­plo­ra­tion radio­pho­nique. Bien que rela­ti­ve­ment poin­tu, je le trouve assez acces­sible. Dif­fi­cile alors de ne pas avoir envie de les sou­te­nir en sous­cri­vant à l’a­bon­ne­ment des car­nets de Syn­thone, tri­mes­triel papier à la maquette soignée.

J’ai reçu la semaine der­nière mon pre­mier exem­plaire (le numé­ro 7), qui traite d’une aven­ture radio­pho­nique aux Bau­mettes, sur la recons­ti­tu­tion (qui fait écho au tra­vail du sound desi­gner évo­qué plus haut), ou encore l’in­ter­view d’un audio­na­tu­ra­liste. Les illus­tra­tions et le papier choi­si, la qua­li­té d’im­pres­sion, tout invite à col­lec­tion­ner ces petits carnets.

Édit : la suite des lec­tures sur la créa­tion sonore, quelques semaines plus tard, à lire sur Revue de lec­tures : son, bruit, radio.

Toi aussi, enregistre en qualité pro

Il y a un mois, on dis­cu­tait sur ce blog de la manière d’a­mé­lio­rer la qua­li­té du son quand on enre­gistre quelque chose avec un enre­gis­treur numé­rique. Une des pistes évo­quées était d’u­ti­li­ser un pré-pré­am­pli. Avant de dire un peu plus sur le Fethead de Tri­to­nAu­dio, qui est ABSOLUMENT GÉNIAL (!!!), j’ai envie de reve­nir sur la chaîne de trai­te­ment du son. Parce que sinon, on ne com­prend pas.

Le sché­ma ci-des­sous raconte en image ce qu’est la chaîne du son. Tout com­mence par une source, qui pro­duit une vibra­tion de l’air. Cette vibra­tion est cap­tée par un micro, dont le rôle est de trans­for­mer cette vibra­tion en signal élec­trique (ou signal ana­lo­gique). Sou­vent, ce signal est faible, alors on uti­lise un pré-ampli­fi­ca­teur pour l’aug­men­ter. Enfin, on uti­lise un conver­tis­seur numé­rique pour trans­for­mer ce signal en signal numé­rique (com­po­sé de 0 et de 1), com­pré­hen­sibles et sto­ckables par un ordinateur.

Cha­cune des étapes (micro, pré-ampli­fi­ca­teur, conver­tis­seur numé­rique) peut être réa­li­sée par du maté­riel de plus ou moins bonne qua­li­té, avec des tech­no­lo­gies très variées. Les enre­gis­treurs numé­riques comme le Zoom h4n ou le Tas­cam DR-40 contiennent l’en­semble de ces trois com­po­sants, dans une ver­sion assez simple, plu­tôt grand public.

Quand on com­mence à s’in­té­res­ser à la qua­li­té de tout ça, il arrive sou­vent que l’on veuille amé­lio­rer sa chaîne de trai­te­ment du son. La pre­mière étape que j’ai fran­chie a consis­té à chan­ger de micro. En fait, si on veut amé­lio­rer le pas­sage son/signal élec­trique, la seule solu­tion, c’est de chan­ger de micro. De la même manière, amé­lio­rer la conver­sion analogique/numérique, cela impose de chan­ger le conver­tis­seur. Mais ça, ce n’est pas pos­sible dans un enre­gis­treur numé­rique. Par contre, on peut très bien rem­pla­cer ou com­plé­ter le pré-ampli­fi­ca­teur interne par un autre pré-ampli­fi­ca­teur. Et bien c’est cette his­toire-là que je vais racon­ter aujourd’hui.

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Le pré-ampli TritonAudio FetHead

Le Fethead de Tri­to­nAu­dio est un pré-ampli­fi­ca­teur, que l’on place avant le pré-ampli­fi­ca­teur de l’en­re­gis­treur, afin de réhaus­ser la puis­sance du signal venant du micro. Vous allez me dire : mais pour­quoi le faire avant, alors que c’est le rôle du pré-ampli­fi­ca­teur de l’en­re­gis­treur ? Et bien il faut l’a­vouer, ces pré-ampli inté­grés sont d’une qua­li­té assez médiocre. Ils sont bien sûr flexibles (on peut régler le gain, c’est-à-dire de com­bien on aug­mente le signal), mais ils ajoutent du bruit. Le bruit, c’est ce souffle conti­nu que l’on entend sur un enre­gis­tre­ment de mau­vaise qua­li­té. Quand on enre­gistre, on cherche à n’en­tendre que ce qui était devant le micro, et on ne veut pas que la chaîne de trai­te­ment ajoute quelque chose.

Le FetHead est un tout petit appa­reil, qui se loge dis­crè­te­ment entre l’en­re­gis­treur et le câble du micro, et qui pro­pose une qua­li­té d’am­pli­fi­ca­tion sans égal, pour une somme très rai­son­nable (envi­ron 70 euros sur le site du fabri­cant). Ce pré-ampli n’est pas réglable, mais il aug­mente de 28dB la puis­sance du signal, et sans ajou­ter une larme de bruit ! Il fal­lait que je teste ça, et que je vous en parle.

Il existe plu­sieurs modèles de ce pré-ampli. Dans tous les cas, ils uti­lisent l’a­li­men­ta­tion fan­tôme pour fonc­tion­ner. Il existe une ver­sion qui laisse pas­ser l’a­li­men­ta­tion fan­tôme (pour ampli­fier un micro sta­tique), et une ver­sion qui réa­lise un coupe-bas (afin de fil­trer les basses fré­quences). J’ai choi­si le troi­sième modèle, qui semble être le plus stan­dard, et cor­res­pond mieux à mes besoins. Il ne laisse pas pas­ser l’a­li­men­ta­tion fan­tôme, et n’a pas de coupe-bas.

Les tests

J’ai sui­vi la même démarche de test avec deux micros dif­fé­rents, en enre­gis­trant une courte phrase avec et sans le Fethead. J’ai bien sûr dû ajus­ter le gain du pré-ampli de l’en­re­gis­treur que j’ai uti­li­sé, pour arri­ver à un signal presque équi­valent à l’oreille.

Micro Sennheiser MD 21

Le pre­mier micro avec lequel j’ai tes­té le pré-ampli, c’est le Senn­hei­ser MD 21. Un micro mythique, qui a fait l’his­toire de la radio, avec lequel on peut par­tir en repor­tage sans crainte de rame­ner du son inex­ploi­table. Un bijou, mais qui manque de puis­sance, son desi­gn datant des années 50. L’un de ses défauts, c’est de man­quer de sen­si­bi­li­té. Ça veut dire que le signal qu’il pro­duit est très faible, et qu’il faut beau­coup l’amplifier.

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Spectres tem­po­rels des enre­gis­tre­ments à com­pa­rer (Senn­hei­ser MD 21)

Dans l’ordre : sans le Fethead, puis avec Fethead

Il faut cli­quer sur les spectres don­nées ci-des­sus pour bien com­prendre la dif­fé­rence. Ce que l’on voit, c’est qu’a­vec le Fethead, il n’y a pas cet espèce de fond « mou­che­té » qui recouvre toutes les par­ties noires du spectre. Et c’est jus­te­ment ce mou­che­té qui est le bruit, ce qu’on entend comme un souffle constant… La qua­li­té à l’é­coute est tout sim­ple­ment géniale avec le fethead : on arrive à une qua­li­té impos­sible à atteindre nor­ma­le­ment avec un maté­riel d’en­trée de gamme comme ces petits enregistreurs !

J’ai aus­si pris le temps de regar­der le résul­tat de l’a­na­lyse de spectre pro­po­sée par ardour, qui fait une syn­thèse du signal sur toute la durée des extraits. 

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Spectres glo­baux des enre­gis­tre­ments à com­pa­rer (Senn­hei­ser MD 21)

Dans l’ordre : sans le Fethead, puis avec Fethead

On constate clai­re­ment une meilleure réso­lu­tion dans le signal. Par contre, j’ai du mal à ana­ly­ser de manière com­pré­hen­sible la zone noire en bas du spectre issu de l’en­re­gis­tre­ment avec Fethead. Si un lec­teur com­prend ça, je suis intéressé.

Micro AKG D5

J’ai ensuite fait le même test avec un micro récent, dyna­mique aus­si. C’est un micro net­te­ment plus sen­sible, et je me deman­dais si on aurait le même type d’a­mé­lio­ra­tion, puisque l’on pousse moins le pré-ampli de l’en­re­gis­treur… Le résul­tat est là aus­si très parlant !

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Spectres tem­po­rels des enre­gis­tre­ments à com­pa­rer (AKF D5)

Dans l’ordre : sans le Fethead, puis avec Fethead

Là encore, le spectre est très par­lant, et l’é­coute des fichiers le confirme : l’u­ti­li­sa­tion de ce pré-ampli aug­mente gran­de­ment la qua­li­té de l’enregistrement.

J’ai aus­si repro­duit ci-des­sous l’a­na­lyse spec­trale glo­bale d’ardour…

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Spectres glo­baux des enre­gis­tre­ments à com­pa­rer (AKF D5)

Dans l’ordre : sans le Fethead, puis avec Fethead

Je suis moins à l’aise avec la lec­ture de ces dia­grammes, si quel­qu’un a un mot à dire, je serais content !

La conclusion

La conclu­sion, c’est que ce petit appa­reil une tue­rie ! Il me semble indis­pen­sable avec un micro dyna­mique, d’au­tant qu’il est peu sen­sible comme le MD 21, et que l’on a un pré-ampli de médiocre qualité.

À noter tout de même que l’on ne peut pas régler le gain sur le Fethead. Il faut donc faire atten­tion à ne pas avoir un son trop puis­sant en entrée, ou un micro très sen­sible, car alors on aura beau mettre le gain du pré-ampli inté­gré à zéro, on ris­que­ra d’a­voir de la saturation.

Enfin, une ques­tion me taraude : ne pour­rait-on pas uti­li­ser direc­te­ment sur le Fethead un conver­tis­seur analogique/numérique indé­pen­dant, et ain­si aban­don­ner défi­ni­ti­ve­ment l’en­re­gis­treur ? Évi­dem­ment, un enre­gis­treur ne pro­pose pas que cela, mais c’est une idée intéressante…

Création sonore : quelques lectures

Depuis cet été, j’ai com­men­cé à col­lec­ter quelques lec­tures pour ali­men­ter mes réflexions sur la créa­tion sonore telle qu’elle est envi­sa­gée à la radio. Je vous pro­pose un tour d’ho­ri­zon de mes décou­vertes récentes, cer­taines trou­vées au hasard des pro­me­nades chez les bou­qui­nistes, d’autres pro­po­sées lors de dis­cus­sions avec des pas­sion­nés du son, et d’autres encore déni­chées grâce à l’internet.

quelques livres sur le son

Mais d’a­bord, il faut bien dire que créa­tion sonore, c’est un terme bien vaste. Sui­vant qui le dit, et d’où il parle, ça peut vou­loir dire : docu­men­taire, inter­view, repor­tage, musique concrète, contem­po­raine, brui­tage, théâtre enre­gis­tré, voire même musique actuelle ! C’est par­fois le pro­pos qui défi­nit l’ob­jet radio­pho­nique comme créa­tion sonore, par­fois l’in­ten­tion dans le choix des tech­niques, par­fois le pro­cé­dé de construc­tion, d’as­sem­blage, ou même le pro­cé­dé de diffusion.

Alors évi­dem­ment, les livres qui ont rete­nu mon atten­tion ces der­niers mois ne couvrent pas tout le spectre, c’est le début d’un rayon de ma biblio­thèque per­son­nelle que j’es­père étof­fer au fil du temps, et qui répond mon début de col­lec­tion des moyens de cap­ta­tion, à l’a­morce de banque de son qui s’ins­talle tran­quille­ment sur mon disque dur, à la pano­plie de logi­ciels de trai­te­ment de son que j’ap­prends à uti­li­ser petit à petit… Je sais qu’il manque des choses pour cou­vrir rai­son­na­ble­ment le spectre : par exemple, je n’ai pas encore trou­vé d’ou­vrage sur le son vu par un acous­ti­cien, sur les dif­fé­rentes formes d’in­ter­view radio­pho­niques, sur la com­po­si­tion de musique de film, sur l’his­toire de la radio du point de vue de ceux qui l’ont faite…

Pour une écriture du son, Daniel Deshays (2006)

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C’est l’un des livres dans lequel j’ai pris conscience du plus de choses sur la fabri­ca­tion d’ob­jets sonores. Daniel Deshays a construit la bande-son de nom­breuses pièces de théâtre et de films, il est res­pon­sable de l’en­sei­gne­ment du son à l’École natio­nale supé­rieure des arts et tech­niques du théâtre. Dans ce bou­quin, on prend conscience de la spé­ci­fi­ci­té du son par rap­port à l’i­mage, on com­prend l’é­coute comme accès ins­tan­ta­née sans vue glo­bale, on conçoit le son comme incar­nant le geste plu­tôt que l’ob­jet, on com­prend pour­quoi il faut recons­truire l’am­biance sonore que l’on veut rendre plu­tôt que de l’en­re­gis­trer d’un bloc…

On peut aus­si regar­der une de ses confé­rences récentes qui s’a­dresse là un peu plus aux gens du ciné­ma, et donc plus aux fai­seurs d’i­mages. Mais on y com­prend quand même pas mal de choses.

Le son, traité d’acoulogie, Michel Chion (2000)

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Celui-là, je viens de le récu­pé­rer, je l’ai com­man­dé grâce à chez mon libraire, le site qui per­met de trou­ver un livre chez les libraires près de chez soi, ou de les commander.

Michel Chion est un com­po­si­teur de musique concrète. De ce que j’ai vu pour l’ins­tant, son livre est très acces­sible, qui aborde notam­ment la ques­tion de l’é­coute, de ce qu’est le bruit au regard de la musique, il ques­tionne la place des ins­tru­ments élec­tro­niques face à ceux dit acous­tiques. Il décrit et étend les réflexions de Pierre Schaef­fer.

Dictionnaire de la radio, Robert Prot (1997)

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C’est un dic­tion­naire au sens pre­mier du terme, qui com­mence avec Aber­gel (Jacques), et fini avec Zur­fluh (Éliane). C’est un dic­tion­naire qui s’in­té­resse plu­tôt à la radio du point de vue de l’au­di­teur : peu de choses au sujet des élé­ments qui com­posent une émis­sion (pas d’en­trée pour conduc­teur par exemple), mais beau­coup d’in­for­ma­tions sur les acteurs de la radio, depuis les débuts jus­qu’à 1997. La radio fran­co­phone, prin­ci­pa­le­ment en France, avec les repor­ters, créa­teurs radio­pho­niques, res­pon­sables d’é­mis­sions. Les émis­sions impor­tantes ont aus­si leur entrée. En pre­mière par­tie, un texte d’une tren­taine de pages retrace l’his­toire de la radio, depuis les bal­bu­tie­ments tech­niques jus­qu’à la RNT.

Le guide de la voix, Yves Ormezzano (2000)

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Le doc­teur Yves Ormez­za­no est ORL-pho­niatre. C’est un doc­teur de la voix. En près de 500 pages, avec un ton très acces­sible, il vul­ga­rise pour le lec­teur non expert toutes les ques­tions liées à la voix : l’a­na­to­mie, les méca­nismes de pro­duc­tion de la voix, les mala­dies, les risques asso­ciés à la pra­tique. Il s’a­dresse aux chan­teurs, acteurs, gens de radio, ensei­gnants, à tout ceux qui tra­vaillent avec leur voix. Plein de choses inté­res­santes, qui aident à com­prendre des com­ment tra­vailler la voix : le méca­nisme lourd et le méca­nisme léger, la varia­tion de la voix au fil de la jour­née, de la vie, la manière de se pla­cer pour bien exploi­ter sa voix… Voi­là une réfé­rence inté­res­sante, car la voix est un élé­ment impor­tant de la créa­tion sonore.

Guide de la théorie de la musique, Claude Abromont et Eugène de Montalembert (2001)

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Ce guide per­met à un néo­phyte comme moi d’a­voir les points d’en­trée théo­riques sur ce qu’est la musique, depuis la construc­tion des notes jus­qu’à l’é­cri­ture musi­cale, en pas­sant par les concepts de rythmes, durées, tona­li­tés, accords, etc. J’aime par­ti­cu­liè­re­ment l’ap­proche scien­ti­fique de la construc­tion du livre, qui fait écho à l’as­pect très scien­ti­fique de la construc­tion de la musique.

Musiques contemporaines, perspectives analytiques, 1950–1985, Jean-Yves Bosseur et Pierre Michel (2007)

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Il y a quelques années, j’ai eu l’oc­ca­sion d’in­ter­vie­wer Jean-Yves Bos­seur lors de son pas­sage à Cler­mont-Fer­rand pour le fes­ti­val Musiques Déme­su­rées. Direc­teur de recherche CNRS et com­po­si­teur, il avait par­lé à mon micro de l’é­cri­ture de la musique… Le livre pro­po­sé ici par­court trente œuvres cen­trales dans l’his­toire de la musique contem­po­raine, et pour cha­cune d’elles pro­pose quelques élé­ments de la par­ti­tion, et détaille l’ob­jet de la pièce. Un peu loin de la créa­tion sonore, il consti­tue tout de même des élé­ments de réflexions sur les ques­tions de rythme, de struc­ture, d’é­cri­ture et de composition.

Les fous du son, Laurent de Wilde (2016)

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Il y a quelques mois, j’a­vais par­lé ici de ce livre, dans un billet consa­cré à la musique élec­tro­nique. Avant de lire ce livre, j’a­vais du mal à com­prendre ce qu’é­tait un syn­thé­ti­seur, pour­quoi c’é­tait un ins­tru­ment inté­res­sant, ce qu’il per­met­tait de pro­duire… Main­te­nant, j’en ai un peu moins peur, jus­qu’à l’in­té­grer dans une créa­tion sonore récente.

Et après…

Évi­dem­ment, lire c’est impor­tant, mais il faut écou­ter aus­si, et faire.

Suite aux conseils de plu­sieurs amies, je suis en train d’é­cou­ter Grande tra­ver­sée : Women’s power, les nou­veaux fémi­nismes, une série pro­po­sée cet été par Char­lotte Bie­nai­mé. Plus loin dans le spectre, j’é­coute aus­si beau­coup Radio Mulot, une radio nan­taise, mani­feste poé­tique. Beau­coup de belles pro­po­si­tions. On peut aus­si aller fure­ter sur le perce-oreilles, un site qui agrège plein de contenus…

En ce moment, je suis en train de réa­li­ser le deuxième volet d’Inter­face, une fic­tion radio­pho­nique avec ma fille, et je com­men­ce­rai bien­tôt l’ha­billage de Sen­sa­tion, la nou­velle émis­sion que je com­mence cette année avec Lise et Cécile. Que du bon !

Et puis je pré­pare avec une grande assi­dui­té l’a­te­lier que je vais co-ani­mer cette année avec les gens de Radio Cam­pus, pour le Ser­vice Uni­ver­si­té Culture : l’a­te­lier balade sonore, avec un bel objec­tif de créa­tion sonore… Res­tez connectés !

Édit : la suite des lec­tures sur la créa­tion sonore, quelques semaines plus tard, à lire sur créa­tion sonore : conti­nuons à lire.

Régler le pré-ampli de son enregistreur

Il y a eu un bon paquet de dis­cus­sions tech­niques à Uto­pie Sonore, notam­ment avec Serge aka Blast. L’une de nos dis­cus­sions a por­té sur la qua­li­té des pré-ampli dans les appa­reils tels que le zoom H4n ou le Tas­cam DR40. Pour peu qu’on le couple avec un micro dyna­mique un peu vieux tel que le seinn­hei­ser MD 21, on se retrouve très vite avec du souffle (aus­si appe­lé bruit). Un léger para­site qui empêche d’en­tendre le silence, et qui nuit sou­vent à l’es­thé­tique de la prise de son.

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Par­mi les pistes évo­quées pen­dant nos dis­cus­sions pour réduire ce souffle, deux sem­blaient intéressantes.

La stratégie du pré pré-ampli

La pre­mière consiste à uti­li­ser un pré pré-ampli. Oui, ça fait bizarre comme ça, mais l’i­dée consiste à pla­cer avant l’en­re­gis­treur un petit ampli­fi­ca­teur tel que le FetHead Tri­to­nau­dio ou le Cloud­lif­ter CL‑1, qui ampli­fient de 22dB le signal en uti­li­sant l’a­li­men­ta­tion fan­tôme de l’en­re­gis­treur, et semblent être très plats. l’i­dée est d’é­vi­ter de trop sol­li­ci­ter le pré-ampli en le lais­sant dans sa zone « de confort ». On ren­contre sur inter­net quelques sites inter­net qui évoquent cette idée. Bon, mais c’est un petit inves­tis­se­ment, alors n’y a‑t-il pas autre chose de plus simple à faire ?

La stratégie du ‑12dB

La description

Tou­jours d’a­près Serge, l’af­fi­chage des niveaux sur les enre­gis­treurs numé­riques ne repré­sente pas réel­le­ment le niveau tel qu’on l’en­tend en ana­lo­gique (c’est-à-dire n’est pas un VU-mètre), mais serait plu­tôt un Qua­si PPM, qui sui­vant les normes aurait l’é­qui­valent du zéro ana­lo­gique plus proche du niveau de test, c’est-à-dire aux alen­tours de ‑12dB (voire plus bas d’a­près Serge). Au delà de cette valeur, les pré-ampli de ces petits appa­reils seraient sur-exploités.

Une piste pour réduire le souffle serait donc de ne pas pous­ser l’en­re­gis­treur jus­qu’à 0dB, mais plu­tôt de le faire pla­fon­ner à ‑12dB, tout en enre­gis­trant avec une qua­li­té numé­rique éle­vée (wav à 24 bits). Il suf­fi­rait ensuite d’u­ti­li­ser une nor­ma­li­sa­tion numé­rique afin de retrou­ver un niveau de voix cor­recte, sans pour autant perdre trop de détails. Pen­dant les dis­cus­sions, on a tout de même évo­qué le pro­blème du casque de moni­to­ring, qui devient qua­si­ment inuti­li­sable, car le son enre­gis­tré est très faible. Là encore, la sug­ges­tion serait d’u­ti­li­ser un casque avec une faible impé­dance, comme un casque de smartphone…

Les tests

Je me suis dit que c’é­tait quelque chose de facile à tes­ter. Il suf­fit en effet de faire deux enre­gis­tre­ments dis­tincts (l’un à 0dB, l’autre à ‑12dB), puis de com­pa­rer les deux. Dans l’i­déal, on devrait enre­gis­trer exac­te­ment la même chose pour faci­li­ter la com­pa­rai­son. Alors j’ai pris mon enre­gis­treur et mon micro, je les ai ins­tal­lés face à une enceinte de moni­to­ring, et j’ai joué deux fois de suite le même son…

J’ai alors récu­pé­ré les deux sons, puis je les ai nor­ma­li­sés, et j’ai ensuite écou­té et regar­dé le spectre des deux enre­gis­tre­ments pour ten­ter de les différencier.

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Spectres des enre­gis­tre­ments à comparer

Dans l’ordre : avec le pré-ampli à ‑2dB, avec le pré-ampli à ‑18dB

Les spec­tro­grammes ne per­mettent pas de dif­fé­ren­cier les deux enre­gis­tre­ments… Je mets ici aus­si pour com­pa­rai­son les deux fichiers (conver­tis en mp3) pour une com­pa­rai­son à l’oreille :


À l’o­reille aus­si, il est dif­fi­cile de dis­tin­guer les deux enre­gis­tre­ments. En conclu­sion, la dif­fé­rence entre les deux enre­gis­tre­ments n’a pas été per­cep­tible dans mon cas de test. Peut-être est-ce dû au bruit ambiant (les enceintes ont un tout petit souffle). À rées­sayer dans d’autres condi­tions donc, peut-être avec une voix en direct…

La présidentielle n’aura pas lieu

Il y a quelques jours, nous étions à Uto­pie Sonore avec Noé­mie et Théo de Radio Cam­pus. Pen­dant cette ren­contre, les orga­ni­sa­teurs avaient pré­vu des dis­cus­sions et des échanges, mais aus­si pré­pa­ré quelques défis à la créa­tion. C’est ain­si qu’en arri­vant nous avons décou­vert l’in­vi­ta­tion à créa­tion inti­tu­lée la pré­si­den­tielle n’au­ra pas lieu, qu’ils décri­vaient ainsi :

Sous ce titre et en échos à la pro­po­si­tion lit­té­raire de Lun­di Matin, construire de petites cap­sules fic­tion­nelles, d’anticipation, dis­cur­sives ou juste vénères. En matières préa­lables, vous dis­po­sez des rushes des par­ti­ci­pants ayant enre­gis­tré pen­dant le mou­ve­ment du prin­temps. Les fichiers-matière sont courts (quinze minutes maxi­mum) et expli­ci­te­ment nom­més.
Les cap­sules pré­si­den­tielles ne devront idéa­le­ment pas dépas­ser les dix minutes. En fin de réa­li­sa­tion, elles seront notam­ment pro­po­sées à Radio Cayenne pour une dif­fu­sion Place du Bouf­fay, à Nantes (pen­dant l’Université d’été des luttes).

Proposition initiale

Le top départ a été lan­cé 24 heures avant la res­ti­tu­tion, mais nous étions tous tel­le­ment pris dans les ate­liers et ren­contres que c’est quelques heures avant l’heure fati­dique que nous nous sommes lan­cés dans la créa­tion. Noé­mie a tra­vaillé de son côté avec une amie pour réa­li­ser sa réponse à la contrainte.

Microkorg

Avec Théo, nous avons aus­si déci­dé de répondre à l’ap­pel. Dès le début, nous avions envie de pla­cer notre créa­tion en contre­point de la contrainte. Nous n’a­vons donc pas uti­li­sé la banque de sons pro­po­sée, mais avons plu­tôt pris du temps pour construire nos propres sons, en enre­gis­trant dif­fé­rentes tex­tures et matières. Nous avons bien sûr inté­gré le for­mi­dable lar­sen micro-contact dans notre créa­tion, mais c’est je crois la décou­verte d’un Micro­KORG qui a le plus ali­men­té notre créa­tion. Ajou­tez à ça un micro seinn­hei­ser MD 21 satu­ré à outrance, et notre com­po­si­tion était prête.

Dans notre pro­po­si­tion, l’é­tat d’ur­gence est gui­dé par des inté­rêts finan­ciers, et les citoyens sont invi­tés à mar­cher au pas, à se goin­frer de frivolité.

(télé­char­ger la ver­sion stu­dio)

Le soir même, cette pièce de 2mn21 a été dif­fu­sée en intro­duc­tion des autres pro­po­si­tions. L’o­ri­gi­na­li­té de sa forme réson­nait comme un géné­rique de début à cette série de diffusions.

Version live

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Et puis le len­de­main matin, pen­dant le petit déjeu­ner, on réflé­chis­sait avec Théo à ce que nous allions pro­po­ser à l’an­tenne de Radio Fri­ture. Il n’a pas fal­lut attendre long­temps pour que l’on se décide à rejouer la pièce en live, avec le Micro­KORG et le seinn­hei­ser MD 21 pour les sons en direct, et un contrô­leur midi pour rejouer les sons enregistrés.

Il faut dire que les copains de Fri­ture sont des gens bien gen­tils, parce qu’ils ont tout de suite accep­té notre pro­po­si­tion. On a donc pas­sé une ou deux heures à pré­pa­rer nos outils et à révi­ser notre set. On avait tout de même pré­vu une par­ti­tion pour ne pas par­tir dans tous les sens…

Au final, on a un peu fait évo­luer la pièce pour le live, et on l’a un peu ral­lon­gée, mais l’es­prit est res­té le même, et on s’est vrai­ment éclatés !

(télé­char­ger le live)

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Mes projets radiophoniques

Je pro­fite de ce billet pour glis­ser un lien vers le site où je regroupe toutes mes créa­tions radio­pho­niques. On y retrouve notam­ment notre ver­sion de la pré­si­den­tielle n’au­ra pas lieu, dans ses deux versions.

Fabriquer son micro contact

En arri­vant à Uto­pie Sonore, j’a­vais dans mes valises un peu de maté­riel, pour impro­vi­ser des ate­liers autour du fait main et de l’ex­pé­ri­men­ta­tion. Je ne savais pas si ça allait inté­res­ser des gens, alors je n’a­vais rien annon­cé en amont de l’é­vé­ne­ment. Pen­dant la réunion de pré­sen­ta­tion, j’ai tout de même évo­qué les deux idées que j’ap­por­tais : la réa­li­sa­tion de bon­nettes de micro, et l’ex­pé­ri­men­ta­tion autour de micro contacts, ou disques pié­zo-élec­triques.

Et bien il faut le dire, les deux ate­liers ont plu­tôt bien mar­ché : j’ai écou­lé tout mon stock de tis­su, et au moins 8 par­ti­ci­pants sont repar­tis avec des bonnettes.

fabrication de bonnettes
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Les bon­nettes, j’en avais déjà fait, mais jouer avec un micro contact, c’é­tait la pre­mière fois. Pour faire simple, il s’a­git d’u­ti­li­ser un petit disque d’un maté­riau un peu spé­cial, qui trans­forme les vibra­tions en cou­rant élec­trique. En col­lant la pas­tille sur une sur­face, on récu­père donc ses vibra­tions, et on en fait du son. Un jouet idéal pour bidouilleurs de son, d’au­tant que ça coûte moins d’un euro !

Et pour com­plé­ter cette pre­mière idée, une par­ti­ci­pante d’U­to­pie Sonore a évo­qué dans sa pré­sen­ta­tion l’en­ceinte qu’elle avait ame­née : une enceinte sans mem­brane, mais qui trans­forme n’im­porte quel objet en un haut-par­leur.

Rock R2

Et comme j’é­tais avec Théo, le bidouilleur fou de Radio Cam­pus Cler­mont-Fer­rand, on s’est très vite deman­dés : peut-on faire un lar­sen avec un micro contact et une enceinte de son par vibra­tion ? Il ne fal­lait pas plus pour ini­tier un ate­lier improvisé…

soudure

Nous avons donc démar­ré un ate­lier sou­dure, pour assem­bler une prise XLR, un câble blin­dé audio et un contact pié­zo­élec­trique. Après quelques bri­co­lages, et à l’aide d’un enre­gis­treur, nous avons ain­si assem­blé l’en­ceinte et le micro-contact, puis nous nous sommes pré­ci­pi­tés sur la cuve métal­lique aban­don­née der­rière la mai­son de Gene­viève… Et nous avons obte­nu très vite la réponse : oui, on peut faire un lar­sen avec ce mon­tage ! Et il est beau en plus ! L’en­re­gis­treur que nous avons uti­li­sé a quelques pro­blèmes de para­sites dans la prise, donc le son n’est pas pur, mais je vous laisse tout de même y jeter une oreille…

Ce qui est par­ti­cu­liè­re­ment amu­sant avec ce lar­sen, c’est que même si on approche émet­teur et récep­teur, il ne part pas dans des niveaux de volumes à tout cas­ser : il reste stable… On peut donc jouer très faci­le­ment avec !

On était tel­le­ment fiers de notre per­for­mance qu’on est allés le racon­ter au micro de Radio Fri­ture, une super radio iti­né­rante qui a posé ses micros à Uto­pie Sonore pen­dant tout le week-end. On leur a même refait un lar­sen en direct en uti­li­sant une petite boîte en métal comme caisse de résonance…

Radio Cousue Main

Le week-end der­nier, c’é­tait Uto­pie Sonore. J’ar­rive tout juste à m’en remettre en repre­nant une vie normale.

Le pre­mier ate­lier auquel j’ai par­ti­ci­pé, c’est celui pro­po­sé par les gens de l’é­mis­sion Radio Cou­sue Main. Le prin­cipe est simple : un unique micro mono, et plein de gens, vous avez vingt minutes. L’é­quipe qui réa­lise l’é­mis­sion orga­nise régu­liè­re­ment des per­for­mances où ils accueillent des néo­phytes comme nous l’é­tions au début du week-end. Ils nous ont donc fait pra­ti­quer quelques tech­niques, obser­ver et consta­ter que l’on pou­vait jouer avec la dis­tance pour créer des plans dif­fé­rents, tra­vailler des tex­tures sonores, uti­li­ser une direc­tion à la manière d’un chef d’or­chestre, ou encore jouer avec le silence. Bref, tout ce qu’on fait à la radio ou avec un logi­ciel de mon­tage, mais en direct, et sans aucun appa­reil élec­trique (excep­té le micro).

Pen­dant deux périodes de deux heures, nous avons donc expé­ri­men­té, en sépa­rant le groupe de trente en plu­sieurs petits groupes, les uns devant le micro, les autres devant l’en­ceinte de restitution…

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Et puis petit à petit une pro­po­si­tion s’est cris­tal­li­sée, et le soir de la repré­sen­ta­tion, nous étions prêts. Un enre­gis­teur traî­nait dans un coin, l’oc­ca­sion pour vous d’é­cou­ter la per­for­mance, qui com­por­tait aus­si un aspect de mise en scène, dif­fi­ci­le­ment per­cep­tible ici.


(télé­char­ger la per­for­mance)

Nor­ma­le­ment, vous m’a­vez recon­nu dans le solo de la goutte d’eau, mais je ne joue pas que ça, hein !

Utopie Sonore 2016

Le week-end der­nier, nous avons pris la route avec Noé­mie et Théo en direc­tion du Maine-et-Loire pour par­ti­ci­per à Uto­pie Sonore, un ras­sem­ble­ment pro­po­sé par le col­lec­tif Brui­ta­gène. Pen­dant ces trois jours, nous avons ren­con­tré près de cent fon­dus de créa­tion radiophonique.

Utopie Sonore

Ces trois jours ont été abso­lu­ment for­mi­dables. Tous les ingré­dients d’un évé­ne­ment réus­si étaient réunis.

Tout d’a­bord, un lieu for­mi­dable, la Cour des Aul­nays, où Gene­viève insuffle une séré­ni­té et une proxi­mi­té à la nature et aux ani­maux. On aime vivre au rythme de cet ancienne métai­rie, prendre le temps de flâ­ner autour du lac, aller enre­gis­trer le cri des poules et du cochon, tou­cher les vieilles pierres, mar­cher pied nu sur les sols bat­tus, prendre son temps dans les anciennes étables, au frais…

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Il y a eu bien sûr une équipe orga­ni­sa­trice au top, qui mal­gré l’afflux de par­ti­ci­pants (90 per­sonnes au lieu des 50 pré­vues ini­tia­le­ment) a su orga­ni­ser les choses et invi­ter les par­ti­ci­pants à mettre la main à l’ou­vrage : toi­lettes sèches, douches à l’eau du puits avec une superbe logis­tique d’a­li­men­ta­tion, des repas végé­ta­riens pour res­pec­ter l’in­fluence anti­spé­ciste du lieu, des ins­tal­la­tions de dif­fu­sion de son, et logis­tique pour assu­rer tout ça…

Au delà d’un lieu de vie col­lec­tive, les trois jours ont été l’oc­ca­sion d’é­chan­ger autour de nos pra­tiques de créa­tion sonore. Les par­ti­ci­pants avaient tous une rela­tion propre à la ques­tion, et toutes les dis­cus­sions ont été pas­sion­nantes : ques­tion­ne­ments tech­niques, approches de la réa­li­sa­tion, échanges autour des fes­ti­vals et lieux de dif­fu­sion, des écoutes de l’an­née, ébauches d’ou­tils et échanges d’i­dées pour amé­lio­rer la dif­fu­sion de ces œuvres… Tout cela s’est pas­sé pen­dant les moments pré­vus au pro­gramme, mais aus­si pen­dant des dis­cus­sions infor­melles, ou pen­dant des ren­contres spontanées.

un repas végétarien

Un autre aspect impor­tant de ces ren­contres a été l’é­change de savoir-faire lors d’a­te­liers et de dis­cus­sions annon­cées au pro­gramme. Il y en avait pour tous, et ce que j’ai énor­mé­ment appré­cié, c’est la liber­té offerte à cha­cun et cha­cune de par­ti­ci­per sui­vant ses envies : aucune pres­sion, aucune contrainte, et une masse incroyables de belles envies…

des micros pendant une émission de radio

une captation

Et puis une telle ren­contre ne serait rien sans la réa­li­sa­tion de créa­tions sonores. Plu­sieurs défis avaient été lan­cés, qui ont été tous rele­vés par les par­ti­ci­pants. Je pren­drai le temps dans quelques pro­chains billets sur ce blog d’en dire un peu plus sur ce qu’on a pu y faire. J’ai aus­si col­lec­té quelques liens récol­tés au fil des dis­cus­sions du week-end, que j’ai clas­sé dans mon outil de signets en ligne.

Edit : vous pou­vez déjà lire les billets sui­vants au sujet d’U­to­pie Sonore :

Mer­ci à Dom pour toutes les pho­tos qui ponc­tuent ce billet, et que l’on peut retrou­ver sur le site de Brui­ta­gène, dans la par­tie res­ti­tu­tion d’U­to­pie Sonore.