Voilà maintenant bientôt une année que l’on a pris l’habitude forcée de se rencontrer virtuellement. C’est toujours quelque chose d’un peu déroutant, voire pesant, quand il s’agit de moments que l’on aurait voulu vivre « en vrai ». Je me souviens de ce petits moments de gêne quand on se retrouvait en famille ou pour des échanges avec les copains et les copines, parce que tout le monde n’avait pas la même aisance avec l’outil.
Évidemment, quand on enseigne, c’est pareil. On n’a pas forcément la pleine maîtrise des outils que l’on doit solliciter pour animer un cours à distance, ni la maîtrise des conditions matérielles nécessaires. Les étudiants et étudiantes non plus n’ont pas forcément l’environnement propice, ni l’aisance technique pour trouver leur chemin dans cette nouvelle manière de partager.
En une petite année, j’ai adapté ma pratique, puisé dans différentes expériences passées, adapté, imaginé les choses. C’est venu assez vite finalement, et je pense avoir suffisamment réfléchi et expérimenté pour faire un premier retour d’expérience ici.
Ce qui alimente ma pratique
Depuis mon entrée à l’université, de nombreuses activités associatives, étudiantes et professionnelles m’ont amené à utiliser les outils du numérique et d’internet. Bien sûr en tant que participant actif, avec les listes de diffusion, les espaces de discussions textuelles en direct (IRC, chats, discord, etc.), avec les outils de rédaction collaborative (wikis, etherpads, documents partagés, etc) et les outils de dessin collaboratif, mais aussi avec des espaces de vulgarisation, comme ce blog par exemple. C’est aussi comme spectateur régulier de chaînes YouTube de vulgarisation (mais pas que), et plus récemment des pratiques de vidéo en direct, notamment sur la plateforme twitch que je me suis approprié des mécanismes d’animation de vidéo.
De ces expériences émergent naturellement des réflexes, une culture (celle de la netiquette par exemple), une facilité à penser un contenu multimédia.
Mais peut-être plus fondamentalement encore, plus de dix années de pratiques radiophoniques m’ont amené à progressivement penser mes enseignements comme des émissions de radio, en utilisant nombre de mécanismes d’animation, de structuration, de construction de séances.
La bascule en enseignement à distance m’a amené à réunir et consolider toutes ces pratiques avec un seul objectif : rendre la modalité d’enseignement à distance la moins douloureuse pour mes étudiants et étudiantes, en leur proposant le format le plus adapté que je pouvais à la situation.
Dans la suite de ce texte, je vous propose quelques réflexions, développements et idées de pratiques issues de cette consolidation. C’est bien sûr intimement lié à ma pratique des outils numériques, et assurément il existe plein d’autre manières de faire.
La relation aux étudiants et étudiantes
À l’arrivée dans nos vies quotidiennes de la visio universelle, nombre étaient les personnes à souffrir de la dimension déshumanisante du dispositif. Il est certain que les pratiques de la vie réelle sont énormément imprégnées d’éléments de communication non verbales qui facilitent la compréhension, aident à construire des liens, à faciliter les échanges.
Avec les enseignements à distance, il est indispensable de trouver des mécanismes pour remplacer ces facilitateurs de transmission. L’un des enjeux de cette problématique consiste pour moi à créer les conditions pour que toutes les personnes qui participent à un échange par visio aient conscience qu’elles sont toutes des humaines et des humains qui s’approprient des outils et des mode de fonctionnement ensemble.
Les mécanismes de narration, d’usage de l’image, du son et des modalités participatives sont je crois des ingrédients importants de cette ré-humanisation, et je prendrai le temps de les développer plus bas.
Mais plus encore, je suis convaincu que la distance imposée par les écrans ne peut qu’amener à des mécanismes d’humilité, à l’opposé des pratiques que l’on rencontre parfois dans les amphis où un cours magistral est déroulé depuis une position de sachant absolu. Alors bien sûr, le sujet que l’on porte en cours est un sujet que nous maîtrisons, et il s’agit de transmettre aux étudiants et étudiantes notre expertise. Mais il ne faut pas cacher tout ces petits détails d’approximations liés aux outils (après tout, un enseignant grogne quand une craie se casse au tableau noir, l’analogie est de ne pas dissimuler un petit bug). Au delà de ça, il faut aussi accepter l’idée que les participants et participantes aient accès, en même temps que la séance se déroule, à des moteurs de recherche qui leur permettent d’explorer les connaissances humaines sur le sujet que l’on développe. Considérer cela me semble indispensable. L’intégrer dans sa pratique pédagogique est une piste intéressante, qui pousse naturellement à l’animation de séances avec modalités participatives (j’en reparlerai plus bas).
Finalement, on se retrouve dans la situation de celui ou celle qui apprend à apprendre. Plutôt que de déverser un savoir dans un flux unidirectionnel, nous sommes poussés à transmettre notre manière d’explorer un sujet nouveau. C’est alors l’occasion de partager une des expertises que nous avons en tant que chercheurs et chercheuses, celles d’être des experts de la construction de synthèses, de la vision d’ensemble de l’existant.
Voir et faire voir
La configuration de travail qui me semble indispensable à l’animation d’une séance réussie intègre (au moins) deux écrans.
Le premier sera l’écran partagé, celui que l’on montre aux personnes qui assistent à la séance. Il ne contient rien qui puisse déranger la vue, pas de barre de menu, pas d’icônes. C’est un tableau vierge, sur lequel on va venir présenter des documents.
Le second écran sera nos coulisses. Il contient à la fois le logiciel de visio et nos notes de cours personnelles. Il est indispensable d’avoir régulièrement son regard qui glisse vers la fenêtre du logiciel de visio, car les participantes et participants peuvent utiliser le chat pour intervenir à l’écrit, ou utiliser les mécanismes de main levée pour demander la parole s’ils n’osent pas le faire directement. Je décrirais plus tard les techniques que j’utilise pour solliciter ces retours, et ainsi avoir une séance vivante.
Les notes de cours ne sont pas obligatoires si on a bien en tête son déroulé, mais il m’arrive aussi d’animer des séances avec d’autres intervenants et intervenantes, et il est alors indispensable d’avoir un déroulé de séance rédigé pour réussir à garder une bonne synchronisation (cela nécessite plus d’attention que quand on est dans la même salle).
Sur l’écran que je partage avec les participantes et participants, il y a toujours ou presque quelque chose d’affiché. Soit j’utilise un support de cours préparé à l’avance, soit j’utilise un logiciel de dessin (j’aime bien mypaint et son image virtuellement infinie), avec une tablette graphique pour noter les points principaux, exactement comme je le ferai au tableau dans une salle, soit j’utilise un éditeur de texte pour prendre des notes structurées. Je navigue d’ailleurs très souvent entre un support préparé à l’avance et un document que je construis devant leurs yeux, et que je leur enverrai à la fin de la séance.
Bien sûr, je rappelle aux étudiants qu’ils se doivent de prendre des notes, car les documents écrits que je partage avec eux ne sont pas complet, on dit des choses qui ne sont pas écrites. Cependant, je n’ai pas envie qu’ils perdent de temps à faire des captures d’écran de ce que je projette, donc j’essaye de partager avec eux tout ce qui est passé par l’écran, ou j’utilise le copier/coller dans le chat de la visio, par exemple pour les liens des sites projetés.
J’utilise aussi facilement un moteur de recherche, wikipédia, etc. pour connecter ce dont je parle au reste des supports qu’ils pourront retrouver ensuite. Et j’utilise souvent des outils collaboratifs, j’en parlerai plus bas.
Se faire entendre
Que ce soit sur les chaînes Youtube, dans les émissions de radio, ou même dans une salle d’amphi, je trouve que l’élément fondamental pour suivre un exposé, c’est de bien entendre l’orateur. C’est sans doute une déformation liée à une pratique radiophonique régulière, mais je prends un grand soin à proposer une captation sonore la plus propre possible à mes étudiants et étudiantes. J’utilise donc un micro dynamique destiné à la voix, souvent utilisé sur scène (en l’occurrence un AKG D5, moins cher mais assez équivalent à l’incontournable Shure SM58), et une carte son externe pour régler au mieux la prise de son et le retour casque.
Car oui, pour éviter tout écho désagréable, il est indispensable de porter un casque quand on fait de la visio. Si on ne le fait pas, le logiciel de visio doit utiliser des algorithmes de filtrage pour que le son reste audible, et ça entraîne de grosses baisses de qualité…
J’installe mon micro sur un pied, équipé d’une bonnette, et il pointe vers ma bouche sans être exactement dans l’alignement pour éviter tous les problèmes de saturation des plosives.
L’intérêt principal des petites cartes son comme celle que j’utilise, c’est qu’en plus d’entendre dans le casque les sons qui viennent de l’ordinateur, on peut doser la proportion de son en provenance directe du micro. Comme à la radio, je dose les retours afin de m’entendre à peu près au même niveau que quand les étudiants et étudiantes parlent. Ça me permet de placer ma voix, de m’apercevoir si je ne parle pas assez fort, ou encore de moduler conjointement la proximité du micro et l’intensité de ma voix pour changer d’intention. C’est aussi un moyen très pragmatique de réduire l’impression de parler dans le vide.
Passer régulièrement d’une voix posée et proche du micro à une voix plus puissante et éloignée du micro permet de casser la monotonie, d’associer une intention aux différents moments de la séance… Comme à la radio, les étudiants et étudiantes nous entendent souvent sans nous voir (s’ils regardent un document que l’on partage). Il est donc essentiel de marquer les intonations, de jouer son personnage, de placer un sourire dans sa voix, pour faciliter l’écoute.
Animer une séance
On retrouve dans les live Facebook, Youtube ou Twitch, dans l’animation d’une émission de radio et l’animation d’un cours des pratiques communes, notamment dans les interactions avec les participants et participantes, et dans les mécanismes de préservation de l’attention. Ce sont ces mécanismes, au service des étudiants et des étudiantes, qui me semblent aujourd’hui les plus intéressants à déployer pour leur permettre tout l’épanouissement possible dans cette situation confinée.
Tout d’abord, je fais mon possible pour démarrer la visio au moins 5 minutes avant le début du cours, tout comme j’ouvre ma salle un peu en avance, et laisse le temps aux jeunes de s’installer. Dans ces moments-là, je ne laisse pas le silence s’installer, je commence des discussions informelles avec les premiers et premières arrivées, en leur offrant la possibilité de discuter notamment de leurs conditions d’études, mais aussi en partageant les informations universitaires qui auraient pu leur échapper. Je laisse doucement tout le monde arriver, puis quand la majorité est là, je commence la séance, en rappelant le sujet du cours, les points abordés les séances passées, en replaçant la séance dans une continuité. Je prends le temps d’une présentation du déroulé de la séance, pourquoi pas d’un rappel des modalités d’évaluation et des séances importantes à venir. Je n’hésite pas à les interroger sur les conditions du déroulé du cours, pour ajuster éventuellement les choses.
Pendant la séance, de manière générale, j’essaye d’avoir au moins toutes les 2 à 5 minutes un retour des étudiants et étudiantes, en leur demandant de répondre à l’écrit ou à l’oral. Chaque groupe, chaque formation a son mode opératoire. Les plus à l’aise, souvent en petits groupes, vont allumer leur micro (parfois leur caméra, et c’est cool) pour poser une question ou répondre à une des miennes. Parfois, ils répondrons à l’écrit, voire avec un like sur la réponse d’un camarade.
Pour pousser à la participation, je dose entre questions ouvertes et questions fermées, suivant leur degré de réactivité. Si j’ai envie d’avoir des réponses plus collégiales, j’utilise les mécanismes de sondages instantanés que proposent les plateformes de visio.
Et puis je fais très attention à rebondir sur chacune de leurs interventions, par exemple en notant leurs idées sur le tableau virtuel que j’alimente, en mettant en évidence la diversité de leurs réponses, en précisant si nécessaire. Quand une réponse écrite me semble intéressante, je demande à l’auteur s’il est d’accord pour la développer pour ses camarades à l’oral.
Sauf exception, en aucun cas je ne pousse à la participation. Je propose des modes d’interaction, en essayant de ne pas présumer des possibilités techniques et matérielles des étudiants.
J’essaye aussi de changer régulièrement au fil de la séance la forme que prend l’intervention : discussion collective, discours plus professoral, construction d’un raisonnement par le dessin, exploration d’une problématique sur un moteur de recherche spécialisé, etc. Et quand je sens que c’est trop long, je propose une pause de quelques minutes. Je suis convaincu que ces mécanismes sont indispensables pour que l’expérience ne soit pas trop désagréable. Les silences que je laisse à l’antenne sont donc maîtrisés, annoncés. Le reste du temps, je fais attention à ce que l’espaces sonore soit bien alimenté, sans pour autant être un flux monotone et régulier. Il s’agit de penser au rythme, comme dans une émission.
Enfin, la toute fin de la séance est le moment d’une synthèse de ce qui a été exploré dans la séance, pour la replacer dans la continuité des séances du cours. Si l’organisation me le permet, j’essaye aussi de rester quelques minutes de plus après la fin du cours pour échanger de manière plus informelle avec les étudiants et étudiantes, afin de fluidifier ces échanges qui sinon pourraient être trop formels.
Travaux en groupe, outils collaboratifs
Quand la matière et la modalité d’enseignement le permettent, je propose régulièrement aux étudiants et étudiantes de travailler en groupe. Soit pendant toute la séance si c’est un TP, soit pendant de petites plages de 10 ou 15 minutes. Je commence quasiment toujours la séance par une visio collective, puis les participants et participantes sont répartis en groupe. Chaque groupe rejoint un canal de discussion séparé, et y lance une visio. Ils peuvent alors partager leur écran, discuter, travailler à un document commun. Quand ces activités en groupe sont lancées, je circule alors virtuellement de groupe en groupe pour aller échanger directement avec eux. Ce sont des moments très conviviaux, où ils se sentent plus libres de poser les questions, ou ils expérimentent, échangent…
Évidemment, dans ces moments-là les outils collaboratifs deviennent indispensables : framapad et son etherpad, hedgedoc, l’instance OnlyOffice de notre université pour rédiger, mais aussi excalidraw pour dessiner, ou plus spécifiquement slack, github, … Ce ne sont que quelques exemples mais qui me paraissent indispensables à un travail en groupe à distance, en plus de l’incontournable partage d’écran. Si je sens les participantes et participants peu agiles techniquement, je commence par une démonstration des outils en partageant mon écran, mais souvent ils sont autonomes.
Les retours en séance plénière permettent aux groupes de partager leurs explorations, de mettre en commun, etc.
Interagir hors des séances
Je trouve aussi intéressant de profiter des outils de messagerie, des ENT ou des courriels pour prolonger les échanges en envoyant après la séance des compléments d’information, des liens qui auraient pu manquer, et bien sûr en les invitant à me contacter pour toute demande, pour tout échange supplémentaire.
Cette continuité me semble indispensable, mais je veille à éviter de leur imposer un engagement, en proposant sans juger celles et ceux qui ne répondent pas, et en proposant un volume d’activités raisonnable.
Est-ce que ça marche ?
J’ai expérimenté ces différentes idées à plus ou moins grande échelle suivant les formations, l’âge des étudiants et étudiantes, le nombre de participants aux séances. J’ai ainsi expérimenté des groupes de 10 à 120 personnes, dans des formations variées, comme l’IUT, des masters, une école d’ingénieur, un atelier du SUC, … Parfois ça marche hyper bien, souvent j’ai l’impression que c’est correct. Parfois j’ai l’impression que c’est un peu raté, et je réfléchis à ajuster les choses pour les séances suivantes. C’est une expérimentation continuelle, mais finalement comme toujours en enseignement !
Être enseignant, c’est toujours s’adapter aux besoins des étudiants et étudiantes, s’adapter et aux circonstances, aux nouveautés, à la société qui évolue, à l’évolution de notre propre regard sur notre discipline… Enseigner avec les outils numériques, c’est pour moi une continuité dans cette adaptation, un défi qui nous est lancé, et que je trouve riche d’apprentissages.
Je suis convaincu que cet environnement est en train de changer ma manière d’enseigner, dans un sens qui me plaît, en plaçant encore plus l’étudiant et l’étudiante au centre de la démarche. Le jour où l’on reprendra durablement le chemin de l’université, je suis convaincu que j’aurai du mal à me passer des mécanismes et techniques que j’aurai exploré.
Bonjour Jean-Marie, ton expérience radiophonique et l’équipement technique que tu as sélectipnné te permettent effectivement d’être un super émetteur d’enseignement à distance. Mais quid, côté récepteur, des étudiants qui n’ont qu’un petit ordinateur portable, pas de micro performant, ni de poste de travail ergonomique ? Peuvent-ils vraiment garder une bonne capacité d’écoute et d’attention ?
En général, je ne demande pas aux étudiants d’allumer leur caméra, et si quelqu’un n’a pas de micro (ça arrive), je ne considère pas ça comme un handicap. Ils écrivent au clavier à la place, et on s’en arrange.
Je suis très flexible sur les modalités de rendu des travaux pratiques, en adaptant la forme au public : en école d’ingénieur en informatique, je sais qu’ils seront équipés et qu’ils maîtriseront l’outil. En IUT gestion des entreprises et administration, je les invite à écrire sur une feuille, à la prendre en photo et à me l’envoyer par email, ou par l’outil proposé par l’université.
J’essaye de ne jamais considérer une condition matérielle comme un filtre d’accès au contenu, j’essaye de toujours verbaliser ce que je partage à l’écran, pour que celles et ceux qui ont un petit écran puissent comprendre ce qui se passe.
Je pense que dans le cas des formations hors informatique, un smartphone et un casque audio suffit à suivre un cours. Bien sûr, si les jeunes ont accès à un ordinateur, ils seront plus confortables.
Ce n’est pas l’idéal, mais je suis convaincu que la bienveillance et les choix techniques des enseignants sont pour beaucoup dans les conditions d’étude des étudiants…
Merci pour cette réflexion approfondie sur l’outil internet et son utilisation.
Hello JM, personnellement, j’ai aussi installé un poste de « confort » pour les enseignements distanciels. En terme de micro, j’ai choisi un snow blue ball pour la captation d’ambiance car je n’arrive pas à être statique et que je ne voulais pas couper les bruits d’ambiance, les bruits de vie d’une certaine manière. J’ai eu un peu de réticence à aseptiser le son au point d’accéder à un statut de diffusion de haute qualité pour ne pas faire de certains des spectateurs en lieu et place de participants. J’ai donc choisi de laisser un peu de bruit d’ambiance. Ceci étant la qualité du micro est suffisante pour considérer que la diffusion peut se faire dans d’excellente condition.
Concernant la tablette graphique, j’ai longtemps hésité et j’ai fini par prendre une huion kamvas gt-191. Elle est compatible linux, c’est important pour mon organisation, et surtout c’est un écran à la base donc tu écris sur l’écran. Ca permet d’avoir un deuxième écran justement alors que je n’en n’ai qu’un à l’origine. Je trouve que c’est un bon compromis et abordable en prix. Pour l’espace, j’ai monté la tablette sur un support à roue afin de pouvoir l’avancer et la reculer sur le bureau comme, quand je ne l’utilise pas je la retire de mon champ d’action et je la récupère en 2 s en cas de besoin. Côté soft, j’ai beaucoup utilisé krita (je sais c’est pas sa fonction au départ ! :) mais la gestion des effets de pression sont parfaits pour la tablette que j’ai choisi. J’ai également testé mypaint et ça a l’air d’aller.
Je rajoute que pour se passer des GAFA, OBS Studio est un must pour la captation et shotcut pour le montage est compréhensible même pour des non initiés. Ca permet de rapidement faire des coupes, des reprises, des incrustations sans se prendre la tête.
Point capital : faire intervenir les étudiants et c’est le plus dur. Je leur donne toujours les droits de partage d’écran et je les incite à prendre la parole quand bon leur semble. Ils gèrent eux même le bon moment et n’ont pas tendance à m’interrompre. Du coup, l’échange est fluide. Environ 40 % sont en chat texte donc effectivement il faut un 2e écran pour faire de la veille.
Point bloquant : toute action distanciel liée à une notation est une catastrophe. Hormis les chat ouverts entre eux pour discuter – ce qui ne gène pas forcément si l’on a prévu que cela allait se produire – il y a pas mal d’étudiants qui ne sont pas dans de bonnes conditions d’études et qui du coup prennent le sujet, déconnectent de la plateforme et reviennent à la fin pour rendre. Tu perds donc tout contact et il n’y a pas moyen de le récupérer. J’ai essayé, ça n’a pas marché. Donc pas de notation pour moi si on veut garder de l’interactif.
Comme toi, j’utilise peu la caméra, plus le partage d’écran et surtout la voix. Je pense que l’échange oralisé en dialogue sur leur écran à eux qui est partagé est un must pour les rassurer car on se concentre sur eux, leur situation. Comme toi, j’ouvre en avance les cours, et je suis là pour discuter. J’essaye de commencer toujours en prenant de leurs nouvelles et en donnant des informations. Pour ce qui est des consignes, j’écris tout ! :)
Il ne faut pas non plus se faire d’utiliser, qui dit outil numérique dit enregistrement. Certain.e.s étudiant.e.s sont équipé.e.s pour faire de bons enregistrements. D’autres ne le sont pas du tout et si ceux qui le font – on passe sur le problème de propriété intellectuelle évidemment – ne les mettent pas nécessairement à disposition. Dès lors, personnellement j’enregistre et met à disposition. Pour le moment, je plaide coupable j’ai utilisé YouTube car il me donne séquence par séquence dans une vidéo le nombre de vues donc cela peut aider pour voir là où les étudiants sont le plus revenus voir. J’ai aussi expérimenté la photo d’une feuille papier, c’est parfait en tout point pour ceux qui sont réticents.
Enfin, je pense que l’on devrait désormais enseigner aux étudiants à être à distance car c’est également un moyen de les familiariser avec leur ordinateur quand ils en ont. En DUT GEA, trop de personnes ont des mac et ne se savent pas du tout s’en servir. Faire une session à distance, permets de régler tous ces détails. Si rien ne remplace le présentiel, je crois qu’une présence audio et qu’un échange bienveillant permet de leur dire qu’on est tous ensemble dans la situation. De temps en temps, je leur explique le synopsis du cours donc ils savent ce que j’ai voulu faire et pourquoi je le fais de telle ou telle manière. C’est quelque chose que je vais garder en présentiel. Je garderai du distanciel pour accompagner le présentiel à l’avenir.
Hi Fabien. Merci pour ton retour ! :-) Il est complémentaire du mien, et je trouve vraiment important d’avoir une diversité dans les témoignages, sur ces ressentis et accompagnements. Clairement, les cours à distance sont plus simples avec des étudiants de master en informatique qu’avec des étudiants GEA.
Parmi les outils que je n’ai pas cité, il y a aussi jack, qui me permet de maîtriser très précisément le son que j’envoie et que je récupère du logiciel visio. Je pense que je documenterai bientôt ça un peu mieux que ce que j’ai écrit sur twitter. En tout cas, j’arrive à faire des enregistrements d’étudiants à distance pour du montage d’audiodescription, ça marche impec.
De mon côté, je n’ai pas encore utilisé l’enregistrement vidéo, je reste sur de l’écrit, et comme toi je double toute consigne orale d’une consigne écrite. Pour l’évaluation, je trouve que les projets avec rendu sont ce qui marche mieux, en tout cas mieux que les exercices ponctuels. Mais bien sûr, ça dépend des promos.
Pour le partage de vidéos, il y a bien sûr peertube, mais aussi un service de l’UCA. Je n’ai encore expérimenté aucun des deux.
Salut JM, super intéressant que l’on partage nos expériences. De mon côté, je n’étais pas satisfait de mes interactions avec les étudiants au premier confinement où j’ai tout fait en visio.… J’ai donc changé mon approche à 100%. Je fais des vidéos de cours que je mets à dispositions sur l’ENT.
– Pour les cours en amphi, j’ai réécrit entièrement mon cours avec plein de couleurs (tu sais que c’est une partie importante de mon approche pédagogique) à la main sur papier… Ensuite, j’ai scanné et l’ai intégré ligne par ligne dans des diaporamas. Du coup, j’ai 400 slides pour un cours d’une trentaine de pages écrites en gros, qui dure entre 1h20 et 1h50… Cela me permet de faire défiler chaque point, un par un, avec un petit cadre sur la page qui encadre le dernier point que je viens de faire apparaître. Ce cadre ajoute de la lisibilité quand la page commence à être chargée. Ce support est très long à préparer mais il a une écriture manuscrite, qui me semble plus lisible. Ensuite j’enregistre la vidéo avec Xsplit broadcaster, ce qui me permet d’afficher toutes les fenêtres que je souhaite
=> une image webcam (quasiment tout le temps) de ma tronche en haut à droite
=> des animations géogebra quand le sujet s’y prête
=> des vidéos glanées sur le web autour du sujet…
=> les slides du diaporama de cours (que je partage aussi sur l’ENT)…
A noter, que je n’ai pas investi dans un micro et que le son de la webcam était déplorable : j’utilise une appli qui me permet de me servir du micro de mon téléphone : WO MIC https://wolicheng.com/womic/ C’est certainement moins bien qu’un vrai micro mais c’est une alternative intermédiaire… (Wo mic et xsplit broadcaster sont des trucs qui viennent de Loïc)
Ensuite la vidéo est mise à disposition sur l’ENT…
– pour les TD, je fais une vidéo de correction à la tablette graphique, donc comme au tableau, avec un encart webcam… La tablette, c’est une wacom one, à 400€ qui me donne entière satisfaction. Je n’étais pas habitué aux tablettes et comme j’aime beaucoup dessiner, j’ai pris une tablette avec un écran… je vois sous ma main ce que j’écris et pour moi, c’est beaucoup plus confortable.
En parallèle de ce matériel vidéo à disposition sur l’ENT, ils ont les pdf de tout cela : cours, sujet de TD et correction typographiées et correction manuscrite issue de la tablette. Et on termine avec une session en visio qui est entièrement consacrée aux questions…
Je trouve que c’est bien pour que tous les étudiants puissent bosser quand ils ont le temps. La vidéo enregistrée, ça permet aux étudiants de revenir dessus quand ils veulent. Inconvénient : ça limite les interactions directes… et tout le monde ne vient pas sur les sessions de questions ce que je trouve dommage… Enfin voilà, c’est énormément de travail, mais je crois que mes étudiants bénéficient d’un matériel de qualité pour bosser. Pour eux, je crois même que c’est mieux que les cours en amphi, dont on connaît tous les limites. Mais je suis beaucoup moins pointu sur l’aspect « interactions sociales » dont nos étudiants manquent cruellement.
Merci beaucoup Yan pour ce partage, je trouve ça super intéressant de voir la diversité des pratiques, ça permet de réfléchir aux siennes, et de les faire évoluer suivant le profil des étudiants et le type de cours !
Beau témoignage initial, généreux, riche et motivant ! Merci, JM. Les divers partages d’expérience en commentaires ajoutent une belle plus-value. Le mien illustrera plutôt la rubrique de Teams pour les nuls.
Mon profil utilisatrice se caractérise par une pratique ponctuelle (une fois par semaine) pour un atelier de 2 heures en coanimation. Une dizaine de séances plus tard, force est de constater que réflexes et confiance en soi (et en Teams) sont encore « en construction ». J’ai dépassé le mode survie mais mon salut est assuré par une dépendance avérée aux compétences du coanimateur expert que je ne nommerai pas.
Etre en mode distanciel ne génère pas d’effort particulier pour ce qui est de la dimension pédagogique (depuis la préparation du conducteur jusqu’aux rouages d’une coanimation dynamique en passant par le soin de ne laisser aucun étudiant isolé ou silencieux. La différence apportée se trouve peut-être dans le suivi par mail envoyé au groupe deux jours plus tard en vue de créer un pont et de projeter le groupe vers la séance suivante avec au passage quelques pistes de travail, des documents ou des outils. Ce rituel expliquerait-il la fidélité remarquable du groupe au fil des séances ?
En revanche, côté technique, me fait encore défaut l’agileté dans :
– l’alternance visio grand groupe et envoi des étudiants en TP par groupe composé spontanément sur des canaux créés instantanément en parallèle ;
– La prise de contact avec un groupe pour s’assurer que tout va bien tandis que les autres travaillent ;
– le lancement d’une discussion en aparté avec un étudiant tandis que les échanges se poursuivent en grand groupe ou en groupes éclatés (à l’écran, je ne distingue pas d’indicateur susceptible de me rassurer quant à la confidentialité de l’échange.)
– le lancement d’un document audio ou video en visio ;
– La gestion rapide des documents et travaux réalisés en petit groupe pour une mutualisation lors du retour en visio ;
– Le recours au tableau blanc.
Matériel utilisé et étourderies :
Ordinateur (donc 1 seul écran) + Micro Logitech (très économique) + écouteurs de mon i‑phone.
Résultat pour les participants et pour moi satisfaisant sauf lorsqu’en début de connexion, un problème de son survient parce que j’ai oublié que mes écouteurs étaient branchés et que je m’attends à ce qu’il vienne du haut-parleur de mon ordinateur…
Ou encore lorsque m’échappe le réflexe Micro éteint – Micro ouvert, et que je passe en mode mime ou pire lorsque je chantonne ou monologue « à découvert ».
On l’aura compris, il me reste une belle marge de progression… et le bon espoir de développer des yeux de caméléon, bougeant indépendamment l’un de l’autre afin de saisir instantanément différents éléments à l’écran. Au temps pour moi.
Merci pour ce témoignage Dominique, qui vient compléter d’un point de vue encore différent les échanges au dessus.
Une belle manière d’écrire aussi ensemble ici que notre co-animation a trouvé malgré la forme numérique imposée un bel équilibre, à la fois fonctionnel, plaisant et dynamique ! :-)