Partage de connaissances par vidéo

Peertube et seipa search, l'alternative réaliste à Youtube

Hier avec les copains et copines du cri de la girafe, on tra­vaillait sur notre pro­chaine émis­sion. Au fil des dis­cus­sions, on a beau­coup par­lé de la place que prennent les tech­no­lo­gies dans nos quo­ti­dien. S’op­po­saient alors deux points de vue : d’un côté on enten­dait que ces tech­niques sont l’ou­til de contrôle des puis­sants et il faut s’en débar­ras­ser, et de l’autre il se disait qu’il est pos­sible de se réap­pro­prier col­lec­ti­ve­ment la tech­nique pour choi­sir com­ment on l’utilise.

Évi­dem­ment, vous l’au­rez com­pris, je suis par­ti­san de la deuxième équipe, celle qui croit que la meilleure manière de lut­ter contre l’emprise des GAFAM (les géants du Web : Google, Apple, Face­book, Ama­zon et Micro­soft) passe par une mise en com­mun des savoirs, et par une réap­pro­pria­tion col­lec­tive de ces tech­niques. Évi­dem­ment, c’est une ques­tion com­plexe. Mais le mou­ve­ment du logi­ciel libre, de l’édu­ca­tion popu­laire, ou encore des réseaux d’A­MAP per­met ça : se struc­tu­rer pour que celles et ceux qui explorent un sujet puissent en faire pro­fi­ter les autres, en toute trans­pa­rence, en don­nant les moyens aux autres de s’ap­pro­prier ces outils et tech­niques s’ils le souhaitent.

S’affranchir des GAFAM

Alors bien sûr, on peut faire tout ça sans uti­li­ser ni ordi­na­teur ni inter­net, en uti­li­sant des fan­zines, en s’é­chan­geant loca­le­ment les savoir-faire, en ayant des col­por­teurs de connais­sances qui tra­versent le pays. Mais l’ou­til inter­net existe. Et mieux, il a été conçu dès ses débuts pour être un espace d’é­change sans contrôle cen­tral. Alors bien sûr, les GAFAM mettent aujourd’­hui bien à mal ce méca­nisme. Heu­reu­se­ment, régu­liè­re­ment des ini­tia­tives naissent pour redon­ner à l’in­ter­naute l’in­dé­pen­dance, et redon­ner le contrôle au col­lec­tif.

En France, on peut saluer le tra­vail de la qua­dra­ture du net, qui agit poli­ti­que­ment et léga­le­ment au quo­ti­dien pour pro­té­ger les liber­tés indi­vi­duelles, et par là même l’i­dée ori­gi­nale de ce réseau d’é­changes de connais­sance. Et puis bien sûr, il est impos­sible de ne pas s’ar­rê­ter sur l’énorme tra­vail de Fra­ma­soft, qui agit de manière concrète pour pro­po­ser des outils de dégoo­gli­sa­tion d’in­ter­net, ou plus géné­ra­le­ment d’in­dé­pen­dance aux GAFAM, et à leur inter­net décérébrant.

Quels outils numériques pour la diffusion de connaissance

Par­mi les outils usuels que l’on uti­lise pour se par­ta­ger de la connais­sance sur inter­net, il y a pen­dant long­temps eu IRC, dont les usages res­semblent à la manière dont on uti­lise aujourd’­hui dis­cord ou twitch, les forums, rem­pla­cés pro­gres­si­ve­ment dans les usages par les groupes facebook. 

Mais une très grande par­tie de l’ap­pren­tis­sage auto­nome passe par l’u­sage des vidéos. You­tube est évi­dem­ment aujourd’­hui LA pla­te­forme incon­tour­nable pour ces par­tages de connais­sance, ce qui n’est pas satis­fai­sant pour plein de rai­sons, notam­ment parce qu’elle nous rend dépen­dant à l’in­fra­struc­ture et aux ser­veurs de Google, mais aus­si parce qu’elle ali­mente en reve­nus cette entre­prise, notam­ment grâce à la publi­ci­té, en s’ap­puyant sur le sui­vi de nos acti­vi­tés indi­vi­duelles sur la pla­te­forme. Il s’a­git donc de trou­ver d’autres alternatives.

Peertube et ses fédérations

Depuis 2018, Fra­ma­soft a sou­te­nu puis aidé au déve­lop­pe­ment puis déploie­ment de Peer­Tube, un logi­ciel libre de par­tage de vidéos. Ce déve­lop­pe­ment a notam­ment été pos­sible grâce au finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif, une manière concrète de se fédé­rer col­lec­ti­ve­ment pour construire nos propres outils.

Peer­Tube est donc un logi­ciel qui per­met de déployer rapi­de­ment sur son site inter­net un équi­valent à You­Tube. L’ou­til offre la pos­si­bi­li­té de mettre en ligne des vidéos, de pro­po­ser aux inter­nautes d’in­te­ra­gir sous forme de com­men­taires, de s’a­bon­ner, etc.

Dans cette pre­mière ver­sion, on a donc un outil local, sur son ser­veur, mais qui ne per­met pas d’a­voir une gigan­tesque base de don­nées unique où aller cher­cher et dif­fu­ser de l’in­fo. On appelle cha­cun de ces ser­veurs des ins­tances.

La pre­mière pro­po­si­tion tech­nique pour désen­cla­ver les ins­tances Peer­Tube s’ap­pelle les fédé­ra­tions. Chaque ins­tance peut en effet choi­sir les autres ins­tances qu’elle suit. Les vidéos des ins­tances qu’elles suit seront alors visibles de manière trans­pa­rente depuis la pre­mière ins­tance, de même que toutes les inter­ac­tions (com­men­taires, abon­ne­ments, j’aime, etc.). 

Les ins­tances et fédé­ra­tions peuvent aus­si se réfé­ren­cer sur le site prin­ci­pal de Peer­Tube. Cela per­met aux inter­nautes de cher­cher sui­vant des thé­ma­tiques les ins­tances qui se sont réfé­ren­cées, pour ensuite pour­quoi pas s’y ins­crire, et en suivre les dif­fu­sions à la manière de ce qu’on ferait sur YouTube.

Sepia search

Mais com­ment décou­vrir de nou­velles ins­tances qui regroupent du conte­nu qui nous inté­resse, à part la recherche citée plus haut ?

En sep­tembre 2020, Fra­ma­soft a offi­cia­li­sé la mise en ligne de sepia search, un outil qui per­met de recher­cher par­mi toutes les vidéos conte­nues dans les ins­tances indexées. Et là, ça ouvre la porte à beau­coup plus de possibilités. 

Admet­tons que je m’in­té­resse au pain au levain. Je peux donc cher­cher avec le mot clé levain sur sepia search. Au moment où j’é­cris cet article, on trouve 19 résul­tats sur les 591 sites web Peer­Tube indexés.

Cap­ture d’é­cran des résul­tats à la recherche « levain » sur Sepia Search

Un outil à faire grandir

Évi­dem­ment, face à la masse de conte­nus dis­po­nibles sur You­Tube, on est encore très loin du compte. Il y a trois ans, quand Peer­Tube est appa­ru, on n’i­ma­gi­nait cepen­dant pas la vitesse à laquelle il allait se déployer, deve­nant aujourd’­hui un outil certes nais­sant, mais aux fonc­tion­na­li­tés et aux pos­si­bi­li­tés crédibles. 

En sen­si­bi­li­sant les groupes mili­tants, les gens qui s’in­té­ressent au par­tage de connais­sance, les acteurs de l’é­du­ca­tion popu­laire à uti­li­ser cet outil — qui cor­res­pond d’ailleurs exac­te­ment à leurs valeurs — je suis convain­cu que l’on peut faire de cet outil un espace d’é­man­ci­pa­tion et de par­tage de connais­sances à la hau­teur du défi auquel on doit faire face. 

Et un jour peut-être pour le son ?

En tant que pro­duc­teur et écou­teur de conte­nu audio, je rêve que l’ou­til s’é­man­cipe pro­gres­si­ve­ment des fonc­tion­na­li­tés de You­Tube, pour héber­ger un jour du conte­nu 100% audio ! 

Un moyen là aus­si de pro­po­ser une solu­tion indé­pen­dante, arti­sa­nale et décen­tra­li­sée aux pla­te­formes de pod­cast existantes.

Enregistrer une interview à distance

Dans un article récent, je pré­sen­tais quelques outils pour tra­vailler avec le son avec les outils les plus simples que vous puis­siez avoir : un smart­phone, un ordinateur. 

Tout ça c’est mignon, mais si on est confi­nés chez soi, on ne peut pas rejoindre phy­si­que­ment ses interlocuteur·ices pour un entre­tien à plu­sieurs. Quels outils a‑t-on à notre dis­po­si­tion pour enre­gis­trer une inter­view à dis­tance ? Dans cet article, je vous pro­pose quelques solu­tions, qui néces­sitent plus ou moins de maî­trise tech­nique, et qui s’ap­puient sur dif­fé­rents outils de communication. 

Bien sûr, la qua­li­té du son de ces enre­gis­tre­ments dépen­dra de votre micro, et de la manière dont vous vous ins­tal­le­rez pour enre­gis­trer. Je vous invite donc à lire l’ar­ticle sur le son nomade pour trou­ver vos bonnes pratiques.

Enregistrer un appel téléphonique

Sur les télé­phones intel­li­gents, il existe des appli­ca­tions qui per­mettent d’en­re­gis­trer les conver­sa­tions télé­pho­niques, telle Call Recor­der. Cepen­dant, cette solu­tion n’est sou­vent pas rete­nue, pour dif­fé­rentes raisons. 

Tout d’a­bord, le son des com­mu­ni­ca­tions télé­pho­niques est d’une qua­li­té bien moindre que celle des autres solu­tions pré­sen­tées en des­sous. Il s’a­git de l’hé­ri­tage d’un temps où les com­mu­ni­ca­tions étaient moins bonnes, et où on choi­sis­sait de fil­trer la voix en ne gar­dant que les fré­quences medium pour éco­no­mi­ser de la bande pas­sante. D’autre part, de plus en plus de res­tric­tions sont impo­sées par les fabri­cants des appa­reils, qui brident la ver­sion d’An­droid, afin que les appli­ca­tions ne puissent plus enre­gis­trer ces com­mu­ni­ca­tions. À vous donc d’es­sayer sur votre télé­phone, vous décou­vri­rez peut-être que tout marche encore pour vous. Ou pas. 

Une solu­tion alter­na­tive consiste à mettre le télé­phone en haut par­leur pen­dant la conver­sa­tion, et à enre­gis­trer le son avec un autre appa­reil, par exemple un second télé­phone en mode dic­ta­phone. Mais la qua­li­té sonore des deux inter­lo­cu­teurs sera très différente.

Utiliser une application dictaphone sur chacun des téléphones

Pour peu que les deux inter­lo­cu­teurs soient un peu agiles avec leur télé­phone, une solu­tion simple à mettre en place consiste à s’ap­pe­ler avec des smart­phones, tout en uti­li­sant sur chaque appa­reil une appli­ca­tion dic­ta­phone, comme celles citées dans l’article dédié à l’en­re­gis­tre­ment nomade. Il ne reste plus alors qu’à assem­bler les fichiers son.

Utiliser le mode enregistrement d’une visio

Cer­taines pla­te­formes de com­mu­ni­ca­tion visio ou audio pro­posent l’en­re­gis­tre­ment inté­gré. La qua­li­té du son sur ces pla­te­formes est sou­vent bien meilleure que celle des appels télé­pho­niques. Cepen­dant, on peut noter que ces pla­te­formes réa­lisent tout de même sou­vent un trai­te­ment sur le son : détec­tion des silences, filtres anti-bruit, ou encore com­pres­sion ou fil­trages de fré­quences. Il s’a­git donc de choi­sir la pla­te­forme dont la qua­li­té de son et dont les capa­ci­tés d’en­re­gis­tre­ment cor­res­pondent à vos besoins et usages.

L’ou­til qui semble le plus robuste pour cela est skype, qui docu­mente pré­ci­sé­ment com­ment enre­gis­trer une conver­sa­tion sur son site inter­net. C’est une des solu­tions cou­ram­ment uti­li­sées par les radios asso­cia­tives pour mener leurs inter­views à dis­tance. Les expé­riences que j’ai pu réa­li­ser montrent que le son est par­ti­cu­liè­re­ment com­pres­sé1Lise dirait que c’est un son à la NRJ.. L’en­re­gis­tre­ment est dis­po­nible pen­dant 30 jours en télé­char­ge­ment, au for­mat mp3.

Les pla­te­formes Teams de Micro­soft et Zoom (atten­tion cepen­dant au res­pect du RGPD) per­mettent éga­le­ment d’en­re­gis­trer une conver­sa­tion, de même que les outils Jit­si et Big Blue But­ton, si la fonc­tion a été acti­vée sur le ser­veur que vous uti­li­sez. On trouve aus­si des solu­tions un peu tech­niques pour les conver­sa­tions Dis­cord, qui néces­sitent par exemple d’u­ti­li­ser un bot dédié.

Pre­nez donc le temps de lire la docu­men­ta­tion de vos outils de visio habi­tuels, et d’es­sayer leurs pos­si­bi­li­tés. Cela pour­rait conve­nir à vos besoins.

Utiliser les deux entrées d’un enregistreur 

Si ces solu­tions ne vous conviennent pas, mais que vous avez à votre dis­po­si­tion un enre­gis­treur muni de deux entrées, comme un Zoom H4n ou un Tas­cam DR-40, et que vous avez quelques câbles et un micro, vous pou­vez connec­ter la sor­tie casque d’un ordi­na­teur sur l’une des entrées de votre enre­gis­treur, et uti­li­ser un micro pour enre­gis­trer votre voix. En réglant cor­rec­te­ment votre enre­gis­treur, et en uti­li­sant un outil de visio de votre choix, vous obtien­drez ain­si un enre­gis­tre­ment com­por­tant dans l’un des canal votre voix, et dans l’autre canal toutes les autres voix de vos cor­res­pon­dants. Et pour écou­ter la conver­sa­tion en direct, bran­chez un casque sur l’enregistreur !

Utiliser une solution dédiée

Il existe des pla­te­formes dédiées à l’en­re­gis­tre­ment d’in­ter­views à dis­tance. Je pense en par­ti­cu­lier à zen­cas­tr, qui pro­pose en cette période de confi­ne­ment un accès gra­tuit à sa pla­te­forme pour les amateur·ices.

Une fois créé un compte, on peut créer des épi­sodes, et y invi­ter des participant·e·s. Lorsque qu’on lance la ses­sion d’en­re­gis­tre­ment, l’ou­til enre­gistre sépa­ré­ment chaque participant·e, et à la fin de la ses­sion, autant de fichiers mp3 sont dis­po­nibles au téléchargement.

L’ap­pli­ca­tion zen­cas­tr avec un seul participant.

La qua­li­té du son est ici dif­fé­rente de celle de Skype, avec moins de com­pres­sion, mais avec un gate (détec­teur de silence) qui est réglé un peu trop bru­ta­le­ment, et qui peut rendre dif­fi­cile l’ex­ploi­ta­tion de l’en­re­gis­tre­ment, sui­vant les usages.

Si cet outil ne vous convient pas exac­te­ment, il existe d’autres outils assez simi­laires comme Clean­feed par exemple. Le compte gra­tuit de cette pla­te­forme per­met notam­ment d’en­re­gis­trer au for­mat wave, mais sans avoir une piste par intervenant. 

Choisir une solution générique

Si on maî­trise com­plè­te­ment le rou­tage des sons entre logi­ciels dans son sys­tème d’ex­ploi­ta­tion, par exemple en uti­li­sant pul­seau­dio sous GNU/Linux, on peut uti­li­ser n’im­porte quel outil de com­mu­ni­ca­tion audio (skype, meet, jit­si, etc.), et le com­bi­ner à un logi­ciel d’en­re­gis­tre­ment (auda­ci­ty, ardour, rea­per, …) . Les vidéos ci-des­sous raconte com­ment faire ça sous GNU/Linux et Win­dows 10 (je n’ai pas pu tes­ter cette solution) :

Enre­gis­trer n’im­porte quelle dis­cus­sion audio sous GNU/Linux
Enre­gis­trer n’im­porte quelle dis­cus­sion audio sous Win­dows 10

J’ai aus­si écrit depuis un article pour expli­quer com­ment faire cela sous GNU/Linux, avec jack ou Pulseaudio.

On trouve aus­si des outils clé en main pour faire cet enre­gis­tre­ment, mais ils sont majo­ri­tai­re­ment dédiés à l’en­re­gis­tre­ment audio ET vidéo, comme par exemple OBS. Il fau­dra alors extraire l’au­dio de l’en­re­gis­tre­ment vidéo, et on aura peu de maî­trise sur la qua­li­té de l’au­dio enregistré.

Utiliser un plugin pour DAW

Les sta­tions audio­nu­mé­riques (ou DAW en anglais) telles que Rea­per, Ardour, Pro Tools ou encore Auda­ci­ty peuvent sou­vent être équi­pées de plu­gins (ou VST) per­met­tant une dif­fu­sion du son entre plu­sieurs ordi­na­teurs. Il faut pour cela que les participant·e·s dis­posent de ce type de logi­ciel, et d’un moyen d’enregistrement. 

On peut notam­ment citer le plu­gin lis­ten­to de chez Audio­mo­vers, Source-Connect, vst-connect ou encore Audreio. À chaque solu­tion ses pos­si­bi­li­tés tech­niques et ses contraintes finan­cières. On peut aus­si aller pui­ser du côté des outils dédiés à la créa­tion sonore col­la­bo­ra­tive.

Mettre en place son propre serveur

Un peu plus tech­nique, mais bien plus confi­gu­rable, on peut aus­si choi­sir d’ins­tal­ler puis de régler son propre ser­veur de confé­rences. Team­Talk est un de ces outils, assez simple à déployer, que l’on peut ensuite uti­li­ser très sim­ple­ment. On peut aus­si citer des outils plus com­plexes mais extrê­me­ment flexibles comme Aste­risk ou dar­kice, qui sont sou­vent une des briques élé­men­taires des autres outils cités ici.

Se débrouiller autrement

Quand on n’a pas trou­vé une solu­tion satis­fai­sante avec les pro­po­si­tions lis­tées ci-des­sus, une solu­tion bri­co­lée est tout de même pos­sible. Il s’a­git d’u­ti­li­ser sur un ordi­na­teur sup­plé­men­taire un logi­ciel du type Auda­ci­ty pour enre­gis­trer la conversation. 

En effet, on peut faci­le­ment réus­sir à enre­gis­trer le son qui sort d’un logi­ciel de cette manière. Le défaut prin­ci­pal est que cette solu­tion ne per­met sou­vent pas d’en­re­gis­trer la voix de l’utilisateur·ice de l’or­di­na­teur d’en­re­gis­tre­ment. On uti­lise donc cette machine sup­plé­men­taire comme un enre­gis­treur de la conver­sa­tion, et on s’y connecte chacun·e avec son propre ordi­na­teur ou télé­phone. Pour 5 participant·e·s, on aura donc 6 connexions à la conver­sa­tion… Mais ça marche !

Les outils nomades pour faire du son

J’ai beau­coup par­lé sur ce blog des tech­niques d’en­re­gis­tre­ment et des outils pour le mon­tage et mixage du son. Cepen­dant, on n’a pas tou­jours accès à du maté­riel dédié, ni la pos­si­bi­li­té d’ins­tal­ler des logi­ciels sur une sta­tion de travail. 

Dans cet article, je vous pro­pose d’é­vo­quer quelques outils faciles à uti­li­ser pour faire les choses avec les moyens du bord.

Enregistrer sans matériel dédié

Quand on n’a pas d’en­re­gis­treur, de carte son externe ou de micro spé­ci­fique, on se croit par­fois dému­ni. Or, vous avez fort pro­ba­ble­ment à votre dis­po­si­tion un ou deux appa­reils munis d’un micro (notam­ment en ces temps de visio) : un télé­phone intel­li­gent, un ordinateur. 

Sur un smart­phone, il suf­fit d’u­ti­li­ser une appli­ca­tion de type dic­ta­phone, ou enre­gis­treur audio (audio recor­der). Il en existe de nom­breuses libres et gra­tuites, cha­cune avec ses avan­tages et incon­vé­nients. N’ou­bliez pas de bien repé­rer la posi­tion du micro, pour avoir une prise la plus propre pos­sible. On trouve même des appli­ca­tions pour modi­fier sa voix.

Enre­gis­trer sa voix avec un smartphone

Sur un ordi­na­teur por­table, le micro inté­gré est aus­si un outil fonc­tion­nel, même si en géné­ral, le micro est moins bon que celui d’un télé­phone intel­li­gent. À noter que la direc­ti­vi­té des micros peut beau­coup varier d’un modèle à l’autre. Il semble que les micros des Macs soient très direc­tifs : si vous n’êtes pas tout à fait en face, on vous entend à peine. À l’in­verse, beau­coup de modèles de PC seraient plus omni­di­rec­tion­nels. À confirmer.

Sur un ordi­na­teur, on peut ins­tal­ler un logi­ciel dédié à l’en­re­gis­tre­ment, comme par exemple Auda­ci­ty, un logi­ciel assez simple, mais effi­cace. Mais en mode nomade, on peut être encore plus éco­nome en pré­pa­ra­tion : le site inter­net Online Voice Recor­der pro­pose un outil d’en­re­gis­tre­ment basique mais effi­cace, pour enre­gis­trer un son :

Enre­gis­tre­ment avec Online Voice Recorder
Écoute et ajus­te­ments d’un son enre­gis­tré via Online Voice Recorder

Une fois l’en­re­gis­tre­ment ter­mi­né, on peut écou­ter la prise, ajus­ter le début et la fin du son, puis le sau­ver sur son ordinateur.

Les conditions de la prise de son

Quel que soit l’ou­til que vous uti­li­sez pour enre­gis­trer, il faut bien sûr prê­ter une grande atten­tion à l’es­pace dans lequel on est. Par exemple, l’en­vi­ron­ne­ment doit être calme si on veut enre­gis­trer une voix seule. Sui­vant l’ef­fet choi­si, on fera aus­si atten­tion à l’a­cous­tique de la pièce. Le son peut y être brillant ou mat, on peut entendre un cer­tain écho, ou au contraire entendre un son feu­tré. L’é­qui­libre entre ces deux pre­miers extrêmes doit être trou­vé sui­vant ce que l’on souhaite.

Au fil du temps, j’ai par exemple uti­li­sé un dres­sing ou un pla­card ouvert rem­pli de vête­ments pour étouf­fer le maxi­mum de réver­bé­ra­tions pos­sibles, et avoir un son de voix la plus « neutre » pos­sible (une voix off par exemple), un salon pour que l’au­di­teur entende que je suis dans un espace convi­vial, le son sem­blant plus natu­rel, une salle de bain ou un cou­loir aux murs car­re­lés et assez nus, pour un effet de réver­bé­ra­tion, un jar­din public pour entendre un petit bruit de fond, …

Poser sa voix est aus­si impor­tant, trou­ver une ambiance, … Si cette ques­tion vous inté­resse, vous trou­ve­rez cer­tai­ne­ment dans l’ar­ticle réa­li­ser de la fic­tion audio quelques idées pour ali­men­ter vos réflexions.

Un autre aspect impor­tant est la dis­tance et la posi­tion par rap­port au micro. Évi­dem­ment, les micros embar­qués dans les télé­phones et les ordi­na­teurs ne sont pas pré­vus pour un enre­gis­tre­ment soi­gneux, même s’ils per­mettent déjà de faire pas mal de choses. Il arrive aus­si qu’un trai­te­ment soit réa­li­sé sur votre enre­gis­tr­ment sans que vous ne puis­siez le contrô­ler (sup­pres­sion de cer­tains sons, fil­trage, etc.). La meilleure solu­tion est donc de faire des tests, en fai­sant atten­tion aux bruits de tou­ché de l’ap­pa­reil, aux plo­sives (que l’on n’a pas envie de trai­ter a pos­te­rio­ri), à la dis­tance et à l’o­rien­ta­tion du micro par rap­port à notre bouche…

Faire du montage depuis n’importe où

Une fois que les enre­gis­tre­ments sont faits, on récu­père des fichiers son, au for­mat wav ou mp3. Sur la qua­li­té des enre­gis­tre­ments, on peut lire l’in­tro­duc­tion de cet article sur le bon usage d’un enre­gis­treur, tout en gar­dant à l’es­prit que la solu­tion que vous aurez choi­sie (appli­ca­tion, logi­ciel) ne vous per­met­tra peut-être pas une telle finesse de réglages.

Pour assem­bler ces fichiers en un son fina­li­sé, on uti­lise géné­ra­le­ment un logi­ciel de mon­tage, de mixage, et de mas­te­ring. On peut bien sûr choi­sir d’ins­tal­ler des logi­ciels com­plexes et dédiés, comme ceux évo­qués dans cet article sur le mon­tage son. Auda­ci­ty, cité pré­cé­dem­ment, est une solu­tion très simple pour com­men­cer, même si elle ne per­met pas toute la palette des trai­te­ments existants. 

Mais si on ne veut ou ne peut pas ins­tal­ler de logi­ciel, il existe tout de même des solu­tions. Sur ordi­na­teur, je vous conseille­rai l’u­ti­li­sa­tion d’Audio­Mass, une appli­ca­tion en ligne uti­li­sable direc­te­ment et sans créa­tion de compte.

inter­face d’Au­dio­mass, un logi­ciel en ligne de mon­tage son

Et si vous uti­li­sez un smart­phone, le site d’Au­da­ci­ty pro­pose éga­le­ment un tour d’ho­ri­zon des appli­ca­tions qui per­mettent de faire du mon­tage son sur ce type d’appareil.