Enseigner à distance

Voi­là main­te­nant bien­tôt une année que l’on a pris l’ha­bi­tude for­cée de se ren­con­trer vir­tuel­le­ment. C’est tou­jours quelque chose d’un peu dérou­tant, voire pesant, quand il s’a­git de moments que l’on aurait vou­lu vivre « en vrai ». Je me sou­viens de ce petits moments de gêne quand on se retrou­vait en famille ou pour des échanges avec les copains et les copines, parce que tout le monde n’a­vait pas la même aisance avec l’outil.

Évi­dem­ment, quand on enseigne, c’est pareil. On n’a pas for­cé­ment la pleine maî­trise des outils que l’on doit sol­li­ci­ter pour ani­mer un cours à dis­tance, ni la maî­trise des condi­tions maté­rielles néces­saires. Les étu­diants et étu­diantes non plus n’ont pas for­cé­ment l’en­vi­ron­ne­ment pro­pice, ni l’ai­sance tech­nique pour trou­ver leur che­min dans cette nou­velle manière de partager.

En une petite année, j’ai adap­té ma pra­tique, pui­sé dans dif­fé­rentes expé­riences pas­sées, adap­té, ima­gi­né les choses. C’est venu assez vite fina­le­ment, et je pense avoir suf­fi­sam­ment réflé­chi et expé­ri­men­té pour faire un pre­mier retour d’ex­pé­rience ici.

Ce qui alimente ma pratique

Depuis mon entrée à l’u­ni­ver­si­té, de nom­breuses acti­vi­tés asso­cia­tives, étu­diantes et pro­fes­sion­nelles m’ont ame­né à uti­li­ser les outils du numé­rique et d’in­ter­net. Bien sûr en tant que par­ti­ci­pant actif, avec les listes de dif­fu­sion, les espaces de dis­cus­sions tex­tuelles en direct (IRC, chats, dis­cord, etc.), avec les outils de rédac­tion col­la­bo­ra­tive (wikis, ether­pads, docu­ments par­ta­gés, etc) et les outils de des­sin col­la­bo­ra­tif, mais aus­si avec des espaces de vul­ga­ri­sa­tion, comme ce blog par exemple. C’est aus­si comme spec­ta­teur régu­lier de chaînes You­Tube de vul­ga­ri­sa­tion (mais pas que), et plus récem­ment des pra­tiques de vidéo en direct, notam­ment sur la pla­te­forme twitch que je me suis appro­prié des méca­nismes d’a­ni­ma­tion de vidéo.

De ces expé­riences émergent natu­rel­le­ment des réflexes, une culture (celle de la neti­quette par exemple), une faci­li­té à pen­ser un conte­nu multimédia.

Mais peut-être plus fon­da­men­ta­le­ment encore, plus de dix années de pra­tiques radio­pho­niques m’ont ame­né à pro­gres­si­ve­ment pen­ser mes ensei­gne­ments comme des émis­sions de radio, en uti­li­sant nombre de méca­nismes d’a­ni­ma­tion, de struc­tu­ra­tion, de construc­tion de séances. 

Pen­dant Uto­pie Sonore. Pho­to : Clém Ence.

La bas­cule en ensei­gne­ment à dis­tance m’a ame­né à réunir et conso­li­der toutes ces pra­tiques avec un seul objec­tif : rendre la moda­li­té d’en­sei­gne­ment à dis­tance la moins dou­lou­reuse pour mes étu­diants et étu­diantes, en leur pro­po­sant le for­mat le plus adap­té que je pou­vais à la situation.

Dans la suite de ce texte, je vous pro­pose quelques réflexions, déve­lop­pe­ments et idées de pra­tiques issues de cette conso­li­da­tion. C’est bien sûr inti­me­ment lié à ma pra­tique des outils numé­riques, et assu­ré­ment il existe plein d’autre manières de faire.

La relation aux étudiants et étudiantes

À l’ar­ri­vée dans nos vies quo­ti­diennes de la visio uni­ver­selle, nombre étaient les per­sonnes à souf­frir de la dimen­sion déshu­ma­ni­sante du dis­po­si­tif. Il est cer­tain que les pra­tiques de la vie réelle sont énor­mé­ment impré­gnées d’élé­ments de com­mu­ni­ca­tion non ver­bales qui faci­litent la com­pré­hen­sion, aident à construire des liens, à faci­li­ter les échanges.

Avec les ensei­gne­ments à dis­tance, il est indis­pen­sable de trou­ver des méca­nismes pour rem­pla­cer ces faci­li­ta­teurs de trans­mis­sion. L’un des enjeux de cette pro­blé­ma­tique consiste pour moi à créer les condi­tions pour que toutes les per­sonnes qui par­ti­cipent à un échange par visio aient conscience qu’elles sont toutes des humaines et des humains qui s’ap­pro­prient des outils et des mode de fonc­tion­ne­ment ensemble.

Les méca­nismes de nar­ra­tion, d’u­sage de l’i­mage, du son et des moda­li­tés par­ti­ci­pa­tives sont je crois des ingré­dients impor­tants de cette ré-huma­ni­sa­tion, et je pren­drai le temps de les déve­lop­per plus bas.

Mais plus encore, je suis convain­cu que la dis­tance impo­sée par les écrans ne peut qu’a­me­ner à des méca­nismes d’hu­mi­li­té, à l’op­po­sé des pra­tiques que l’on ren­contre par­fois dans les amphis où un cours magis­tral est dérou­lé depuis une posi­tion de sachant abso­lu. Alors bien sûr, le sujet que l’on porte en cours est un sujet que nous maî­tri­sons, et il s’a­git de trans­mettre aux étu­diants et étu­diantes notre exper­tise. Mais il ne faut pas cacher tout ces petits détails d’ap­proxi­ma­tions liés aux outils (après tout, un ensei­gnant grogne quand une craie se casse au tableau noir, l’a­na­lo­gie est de ne pas dis­si­mu­ler un petit bug). Au delà de ça, il faut aus­si accep­ter l’i­dée que les par­ti­ci­pants et par­ti­ci­pantes aient accès, en même temps que la séance se déroule, à des moteurs de recherche qui leur per­mettent d’ex­plo­rer les connais­sances humaines sur le sujet que l’on déve­loppe. Consi­dé­rer cela me semble indis­pen­sable. L’in­té­grer dans sa pra­tique péda­go­gique est une piste inté­res­sante, qui pousse natu­rel­le­ment à l’a­ni­ma­tion de séances avec moda­li­tés par­ti­ci­pa­tives (j’en repar­le­rai plus bas). 

Fina­le­ment, on se retrouve dans la situa­tion de celui ou celle qui apprend à apprendre. Plu­tôt que de déver­ser un savoir dans un flux uni­di­rec­tion­nel, nous sommes pous­sés à trans­mettre notre manière d’ex­plo­rer un sujet nou­veau. C’est alors l’oc­ca­sion de par­ta­ger une des exper­tises que nous avons en tant que cher­cheurs et cher­cheuses, celles d’être des experts de la construc­tion de syn­thèses, de la vision d’en­semble de l’existant.

Voir et faire voir

La confi­gu­ra­tion de tra­vail qui me semble indis­pen­sable à l’a­ni­ma­tion d’une séance réus­sie intègre (au moins) deux écrans. 

Le pre­mier sera l’é­cran par­ta­gé, celui que l’on montre aux per­sonnes qui assistent à la séance. Il ne contient rien qui puisse déran­ger la vue, pas de barre de menu, pas d’i­cônes. C’est un tableau vierge, sur lequel on va venir pré­sen­ter des documents.

Le second écran sera nos cou­lisses. Il contient à la fois le logi­ciel de visio et nos notes de cours per­son­nelles. Il est indis­pen­sable d’a­voir régu­liè­re­ment son regard qui glisse vers la fenêtre du logi­ciel de visio, car les par­ti­ci­pantes et par­ti­ci­pants peuvent uti­li­ser le chat pour inter­ve­nir à l’é­crit, ou uti­li­ser les méca­nismes de main levée pour deman­der la parole s’ils n’osent pas le faire direc­te­ment. Je décri­rais plus tard les tech­niques que j’u­ti­lise pour sol­li­ci­ter ces retours, et ain­si avoir une séance vivante. 

Les notes de cours ne sont pas obli­ga­toires si on a bien en tête son dérou­lé, mais il m’ar­rive aus­si d’a­ni­mer des séances avec d’autres inter­ve­nants et inter­ve­nantes, et il est alors indis­pen­sable d’a­voir un dérou­lé de séance rédi­gé pour réus­sir à gar­der une bonne syn­chro­ni­sa­tion (cela néces­site plus d’at­ten­tion que quand on est dans la même salle).

cap­ture d’é­cran d’une séance de TP consa­crée à la géo­mé­trie algo­rith­mique. Écran du haut : l’in­ter­face de blen­der avec un script python en cours de rédac­tion. Écran du bas : la fenêtre de Teams, l’ou­til de visio que l’U­CA nous demande d’utiliser.

Sur l’é­cran que je par­tage avec les par­ti­ci­pantes et par­ti­ci­pants, il y a tou­jours ou presque quelque chose d’af­fi­ché. Soit j’u­ti­lise un sup­port de cours pré­pa­ré à l’a­vance, soit j’u­ti­lise un logi­ciel de des­sin (j’aime bien mypaint et son image vir­tuel­le­ment infi­nie), avec une tablette gra­phique pour noter les points prin­ci­paux, exac­te­ment comme je le ferai au tableau dans une salle, soit j’u­ti­lise un édi­teur de texte pour prendre des notes struc­tu­rées. Je navigue d’ailleurs très sou­vent entre un sup­port pré­pa­ré à l’a­vance et un docu­ment que je construis devant leurs yeux, et que je leur enver­rai à la fin de la séance.

Bien sûr, je rap­pelle aux étu­diants qu’ils se doivent de prendre des notes, car les docu­ments écrits que je par­tage avec eux ne sont pas com­plet, on dit des choses qui ne sont pas écrites. Cepen­dant, je n’ai pas envie qu’ils perdent de temps à faire des cap­tures d’é­cran de ce que je pro­jette, donc j’es­saye de par­ta­ger avec eux tout ce qui est pas­sé par l’é­cran, ou j’u­ti­lise le copier/coller dans le chat de la visio, par exemple pour les liens des sites projetés.

J’u­ti­lise aus­si faci­le­ment un moteur de recherche, wiki­pé­dia, etc. pour connec­ter ce dont je parle au reste des sup­ports qu’ils pour­ront retrou­ver ensuite. Et j’u­ti­lise sou­vent des outils col­la­bo­ra­tifs, j’en par­le­rai plus bas.

Se faire entendre

Que ce soit sur les chaînes You­tube, dans les émis­sions de radio, ou même dans une salle d’am­phi, je trouve que l’élé­ment fon­da­men­tal pour suivre un expo­sé, c’est de bien entendre l’o­ra­teur. C’est sans doute une défor­ma­tion liée à une pra­tique radio­pho­nique régu­lière, mais je prends un grand soin à pro­po­ser une cap­ta­tion sonore la plus propre pos­sible à mes étu­diants et étu­diantes. J’u­ti­lise donc un micro dyna­mique des­ti­né à la voix, sou­vent uti­li­sé sur scène (en l’oc­cur­rence un AKG D5, moins cher mais assez équi­valent à l’in­con­tour­nable Shure SM58), et une carte son externe pour régler au mieux la prise de son et le retour casque.

Car oui, pour évi­ter tout écho désa­gréable, il est indis­pen­sable de por­ter un casque quand on fait de la visio. Si on ne le fait pas, le logi­ciel de visio doit uti­li­ser des algo­rithmes de fil­trage pour que le son reste audible, et ça entraîne de grosses baisses de qualité…

un micro, une carte son

J’ins­talle mon micro sur un pied, équi­pé d’une bon­nette, et il pointe vers ma bouche sans être exac­te­ment dans l’a­li­gne­ment pour évi­ter tous les pro­blèmes de satu­ra­tion des plo­sives.

L’in­té­rêt prin­ci­pal des petites cartes son comme celle que j’u­ti­lise, c’est qu’en plus d’en­tendre dans le casque les sons qui viennent de l’or­di­na­teur, on peut doser la pro­por­tion de son en pro­ve­nance directe du micro. Comme à la radio, je dose les retours afin de m’en­tendre à peu près au même niveau que quand les étu­diants et étu­diantes parlent. Ça me per­met de pla­cer ma voix, de m’a­per­ce­voir si je ne parle pas assez fort, ou encore de modu­ler conjoin­te­ment la proxi­mi­té du micro et l’in­ten­si­té de ma voix pour chan­ger d’in­ten­tion. C’est aus­si un moyen très prag­ma­tique de réduire l’im­pres­sion de par­ler dans le vide.

Pas­ser régu­liè­re­ment d’une voix posée et proche du micro à une voix plus puis­sante et éloi­gnée du micro per­met de cas­ser la mono­to­nie, d’as­so­cier une inten­tion aux dif­fé­rents moments de la séance… Comme à la radio, les étu­diants et étu­diantes nous entendent sou­vent sans nous voir (s’ils regardent un docu­ment que l’on par­tage). Il est donc essen­tiel de mar­quer les into­na­tions, de jouer son per­son­nage, de pla­cer un sou­rire dans sa voix, pour faci­li­ter l’écoute.

Animer une séance

On retrouve dans les live Face­book, You­tube ou Twitch, dans l’a­ni­ma­tion d’une émis­sion de radio et l’a­ni­ma­tion d’un cours des pra­tiques com­munes, notam­ment dans les inter­ac­tions avec les par­ti­ci­pants et par­ti­ci­pantes, et dans les méca­nismes de pré­ser­va­tion de l’at­ten­tion. Ce sont ces méca­nismes, au ser­vice des étu­diants et des étu­diantes, qui me semblent aujourd’­hui les plus inté­res­sants à déployer pour leur per­mettre tout l’é­pa­nouis­se­ment pos­sible dans cette situa­tion confinée.

Tout d’a­bord, je fais mon pos­sible pour démar­rer la visio au moins 5 minutes avant le début du cours, tout comme j’ouvre ma salle un peu en avance, et laisse le temps aux jeunes de s’ins­tal­ler. Dans ces moments-là, je ne laisse pas le silence s’ins­tal­ler, je com­mence des dis­cus­sions infor­melles avec les pre­miers et pre­mières arri­vées, en leur offrant la pos­si­bi­li­té de dis­cu­ter notam­ment de leurs condi­tions d’é­tudes, mais aus­si en par­ta­geant les infor­ma­tions uni­ver­si­taires qui auraient pu leur échap­per. Je laisse dou­ce­ment tout le monde arri­ver, puis quand la majo­ri­té est là, je com­mence la séance, en rap­pe­lant le sujet du cours, les points abor­dés les séances pas­sées, en repla­çant la séance dans une conti­nui­té. Je prends le temps d’une pré­sen­ta­tion du dérou­lé de la séance, pour­quoi pas d’un rap­pel des moda­li­tés d’é­va­lua­tion et des séances impor­tantes à venir. Je n’hé­site pas à les inter­ro­ger sur les condi­tions du dérou­lé du cours, pour ajus­ter éven­tuel­le­ment les choses.

Pen­dant la séance, de manière géné­rale, j’es­saye d’a­voir au moins toutes les 2 à 5 minutes un retour des étu­diants et étu­diantes, en leur deman­dant de répondre à l’é­crit ou à l’o­ral. Chaque groupe, chaque for­ma­tion a son mode opé­ra­toire. Les plus à l’aise, sou­vent en petits groupes, vont allu­mer leur micro (par­fois leur camé­ra, et c’est cool) pour poser une ques­tion ou répondre à une des miennes. Par­fois, ils répon­drons à l’é­crit, voire avec un like sur la réponse d’un camarade. 

Pour pous­ser à la par­ti­ci­pa­tion, je dose entre ques­tions ouvertes et ques­tions fer­mées, sui­vant leur degré de réac­ti­vi­té. Si j’ai envie d’a­voir des réponses plus col­lé­giales, j’u­ti­lise les méca­nismes de son­dages ins­tan­ta­nés que pro­posent les pla­te­formes de visio.

Et puis je fais très atten­tion à rebon­dir sur cha­cune de leurs inter­ven­tions, par exemple en notant leurs idées sur le tableau vir­tuel que j’a­li­mente, en met­tant en évi­dence la diver­si­té de leurs réponses, en pré­ci­sant si néces­saire. Quand une réponse écrite me semble inté­res­sante, je demande à l’au­teur s’il est d’ac­cord pour la déve­lop­per pour ses cama­rades à l’oral.

Sauf excep­tion, en aucun cas je ne pousse à la par­ti­ci­pa­tion. Je pro­pose des modes d’in­te­rac­tion, en essayant de ne pas pré­su­mer des pos­si­bi­li­tés tech­niques et maté­rielles des étudiants.

J’es­saye aus­si de chan­ger régu­liè­re­ment au fil de la séance la forme que prend l’in­ter­ven­tion : dis­cus­sion col­lec­tive, dis­cours plus pro­fes­so­ral, construc­tion d’un rai­son­ne­ment par le des­sin, explo­ra­tion d’une pro­blé­ma­tique sur un moteur de recherche spé­cia­li­sé, etc. Et quand je sens que c’est trop long, je pro­pose une pause de quelques minutes. Je suis convain­cu que ces méca­nismes sont indis­pen­sables pour que l’ex­pé­rience ne soit pas trop désa­gréable. Les silences que je laisse à l’an­tenne sont donc maî­tri­sés, annon­cés. Le reste du temps, je fais atten­tion à ce que l’es­paces sonore soit bien ali­men­té, sans pour autant être un flux mono­tone et régu­lier. Il s’a­git de pen­ser au rythme, comme dans une émission.

Enfin, la toute fin de la séance est le moment d’une syn­thèse de ce qui a été explo­ré dans la séance, pour la repla­cer dans la conti­nui­té des séances du cours. Si l’or­ga­ni­sa­tion me le per­met, j’es­saye aus­si de res­ter quelques minutes de plus après la fin du cours pour échan­ger de manière plus infor­melle avec les étu­diants et étu­diantes, afin de flui­di­fier ces échanges qui sinon pour­raient être trop formels.

Travaux en groupe, outils collaboratifs

Quand la matière et la moda­li­té d’en­sei­gne­ment le per­mettent, je pro­pose régu­liè­re­ment aux étu­diants et étu­diantes de tra­vailler en groupe. Soit pen­dant toute la séance si c’est un TP, soit pen­dant de petites plages de 10 ou 15 minutes. Je com­mence qua­si­ment tou­jours la séance par une visio col­lec­tive, puis les par­ti­ci­pants et par­ti­ci­pantes sont répar­tis en groupe. Chaque groupe rejoint un canal de dis­cus­sion sépa­ré, et y lance une visio. Ils peuvent alors par­ta­ger leur écran, dis­cu­ter, tra­vailler à un docu­ment com­mun. Quand ces acti­vi­tés en groupe sont lan­cées, je cir­cule alors vir­tuel­le­ment de groupe en groupe pour aller échan­ger direc­te­ment avec eux. Ce sont des moments très convi­viaux, où ils se sentent plus libres de poser les ques­tions, ou ils expé­ri­mentent, échangent…

Évi­dem­ment, dans ces moments-là les outils col­la­bo­ra­tifs deviennent indis­pen­sables : fra­ma­pad et son ether­pad, hed­ge­doc, l’ins­tance OnlyOf­fice de notre uni­ver­si­té pour rédi­ger, mais aus­si exca­li­draw pour des­si­ner, ou plus spé­ci­fi­que­ment slack, github, … Ce ne sont que quelques exemples mais qui me paraissent indis­pen­sables à un tra­vail en groupe à dis­tance, en plus de l’in­con­tour­nable par­tage d’é­cran. Si je sens les par­ti­ci­pantes et par­ti­ci­pants peu agiles tech­ni­que­ment, je com­mence par une démons­tra­tion des outils en par­ta­geant mon écran, mais sou­vent ils sont autonomes.

Les retours en séance plé­nière per­mettent aux groupes de par­ta­ger leurs explo­ra­tions, de mettre en com­mun, etc.

Interagir hors des séances

Je trouve aus­si inté­res­sant de pro­fi­ter des outils de mes­sa­ge­rie, des ENT ou des cour­riels pour pro­lon­ger les échanges en envoyant après la séance des com­plé­ments d’in­for­ma­tion, des liens qui auraient pu man­quer, et bien sûr en les invi­tant à me contac­ter pour toute demande, pour tout échange supplémentaire.

Cette conti­nui­té me semble indis­pen­sable, mais je veille à évi­ter de leur impo­ser un enga­ge­ment, en pro­po­sant sans juger celles et ceux qui ne répondent pas, et en pro­po­sant un volume d’ac­ti­vi­tés raisonnable.

Est-ce que ça marche ?

J’ai expé­ri­men­té ces dif­fé­rentes idées à plus ou moins grande échelle sui­vant les for­ma­tions, l’âge des étu­diants et étu­diantes, le nombre de par­ti­ci­pants aux séances. J’ai ain­si expé­ri­men­té des groupes de 10 à 120 per­sonnes, dans des for­ma­tions variées, comme l’IUT, des mas­ters, une école d’in­gé­nieur, un ate­lier du SUC, … Par­fois ça marche hyper bien, sou­vent j’ai l’im­pres­sion que c’est cor­rect. Par­fois j’ai l’im­pres­sion que c’est un peu raté, et je réflé­chis à ajus­ter les choses pour les séances sui­vantes. C’est une expé­ri­men­ta­tion conti­nuelle, mais fina­le­ment comme tou­jours en enseignement !

Être ensei­gnant, c’est tou­jours s’a­dap­ter aux besoins des étu­diants et étu­diantes, s’a­dap­ter et aux cir­cons­tances, aux nou­veau­tés, à la socié­té qui évo­lue, à l’é­vo­lu­tion de notre propre regard sur notre dis­ci­pline… Ensei­gner avec les outils numé­riques, c’est pour moi une conti­nui­té dans cette adap­ta­tion, un défi qui nous est lan­cé, et que je trouve riche d’apprentissages.

Je suis convain­cu que cet envi­ron­ne­ment est en train de chan­ger ma manière d’en­sei­gner, dans un sens qui me plaît, en pla­çant encore plus l’é­tu­diant et l’é­tu­diante au centre de la démarche. Le jour où l’on repren­dra dura­ble­ment le che­min de l’u­ni­ver­si­té, je suis convain­cu que j’au­rai du mal à me pas­ser des méca­nismes et tech­niques que j’au­rai exploré.