Depuis deux ans maintenant, j’ai commencé à apprendre beaucoup sur la musique. À part la flûte au collège, et des bidouilles avec FastTraker2 sans lendemain au lycée, je n’avais jamais eu l’occasion de comprendre comment tout cela marchait.
Il y a plein de manières d’apprendre. J’ai bien sûr suivi la voie classique en lisant sur la théorie de la musique. Mais il y avait finalement dans ma pratique des portes plus évidentes.
D’une part, depuis la physique du son, on peut comprendre plein de choses sur les harmoniques, la matière même de la musique, sur la manière de fabriquer des instruments… De ces explorations, j’ai produit un document à destination des enseignant·e·s en mathématiques qui parle de son et mathématiques, et un poster qui raconte ce qu’est le son. Tout cela permet aussi de comprendre plein de choses à la mode, comme le son binaural.
Une autre porte d’entrée naturelle depuis ma pratique vers la musique est le chemin qui part de l’expression radiophonique. Là aussi, au fil de mes explorations, j’ai compris plein de choses, que j’ai tenté de retransmettre régulièrement ici : réalisation d’un conducteur dynamique, utilisation d’un enregistreur, ou encore quelques éléments d’une pièce radiophonique, qui commence à s’interroger sur la manière de construire une émission de radio avec des outils que pourrait solliciter un musicien.
Une dernière porte évidente, c’est la musique electronique. J’en écoute depuis toujours, j’aime énormément lire à ce sujet, et je me suis amusé il y a quelques étés à proposer sous forme de carte mentale interactive quelques éléments de l’histoire de cette pratique musicale. Dans ma pratique d’artisan du son pour la radio, j’ai progressivement affiné ma compréhension des outils informatiques, pour monter, mixer, mais aussi produire du son synthétique. Je racontais ces découvertes il y a quelques temps sur ce blog, en évoquant les logiciels pour le montage son sous GNU/Linux.
Bien sûr, j’ai beaucoup lu sur ces questions, et discuté avec des gens qui font, à Radio Campus Clermont, à Utopie Sonore, et dans plein d’autres endroits aussi. Mais il ne faut pas oublier la puissance des vidéos en ligne, qui permettent de découvrir plein de contenus, souvent très pédagogiques, parfois drôles, toujours enrichissants. Je voulais proposer ici une liste non exhausive des chaînes youtube qui ont marqué mon apprentissage, et le jalonnent encore.
Monter, mixer, et travailler du son en numérique
Unfa, c’est grâce à lui que j’ai identifié une grande partie des logiciels que j’utilise au quotidien pour faire du son. Dans ses vidéos, il axe principalement son propos sur la production de musique, mais les approches qu’il présente sont utilisables pour tout type de production sonore.
Voici par exemple une vidéo qui propose un aperçu des logiciels qu’ils utilise :
Au fil des mois, j’ai trouvé sur sa chaîne plein d’exemples très bien illustrés d’égalisation, de compresseurs, d’amplis, de traitements side chain. Une mine d’information, que l’on peut facilement transposer à d’autres logiciels, car Unfa explique soigneusement les choses, et pas uniquement sur l’aspect interface logiciel.
J’avais déjà écrit sur le site du cri de la girafe au sujet d’Étienne Tremblay, de la machine à mixer. J’aime beaucoup son énergie, les exemples variés qu’il propose, là aussi pour mixer/masteriser de la musique. On y trouve des choses très pointues, mais aussi des choses plus simples, comme cette vidéo sur le low cut :
Sur d’autres sujets, plus orientés vers la création vocale, on peut aussi écouter ce que fait Roomie, comme par exemple cette vidéo sur l’autotune :
Il existe plein de manières de travailler le son pour le studio. J’aime beaucoup le travail d’Andrew Huang, et la manière dont il se promène entre numérique et électronique (voir plus bas). Dans les vidéos qu’il propose, on trouve notamment ce petit défi lancé à des producteurs-youtubeurs, qui partent de la même banque de sons pour produire chacun un morceau différent :
Capter du son
Quand on devient un geek du micro et de l’enregistrement, on en arrive vite à repérer la chaîne Booth Junkie. On y apprend plein de choses sur les micros, sur la manière de traiter une cabine d’enregistrement, sur la manière de poser sa voix, d’utiliser un filtre anti-pop, … Les vidéos sont assez techniques, mais l’auteur est enthousiaste, dynamique, et je ne me lasse jamais de son travail.
Roomie (dont j’ai parlé plus haut) est un youtubeur qui raconte beaucoup de choses de sa vie de chanteur. Parmi ses vidéos orientées plus performances, il propose parfois du contenu autour de la captation du son, de la voix pour le micro :
Dans un style très différent, beaucoup plus ingénieur du son, on peut regarder la chaîne Sound speed, avec des vidéos comme cutting thru the mix, qui raconte les fréquences produites par la voix, captées par les micros, enceintes de monitoring, leur réponse, évoque la presbycousie, puis comment filtrer les fréquences pour garder la clarité d’une voix parmi un mix :
Travailler le son en électronique
Dans les chaînes présentées jusqu’à présent, on aborde plus la question du mixage par une station de travail numérique (un ordinateur, quoi). Mais il existe plein de matériel électronique pour faire de la musique : synthétiseurs (modulaires ou non), oscillateurs, équaliseurs, filtres, etc.
Pour découvrir les pratiques actuelles, j’aime bien regarder ce que fait Andrew Huang, car il s’intéresse à la fois aux pratiques historiques, mais n’hésite pas à combiner dans sa pratique des machines plus récentes, et même l’ordinateur :
Alex Ball quant à lui est un fondu des synthétiseurs et instruments analogiques anciens, qui propose des démonstrations live de ses installations. Pour en prendre plein les yeux, et plein les oreilles :
Les bidouilleurs de machines
True Cuckoo est un bidouilleur de son qui propose des vidéos sur plein de matériel, outils, délires autour du son et de la musique. J’aime son enthousiasme et sa curiosité délicate :
Si vous aimez la grosse bidouille, la soudure, les arduino et l’impression 3D, vous connaissez forcément Evan Kale. Ou alors allez voir ses vidéos, au rythme décoiffant, plein d’essais-erreurs, de tests, d’explorations, et de terribles réussites.
Il y a aussi Simon The Magpie, qui soude, casse, assemble, distord à peu près tout ce qui lui passe dans la main, en essayant d’être le moins politiquement correct.
Et si on continue d’explorer les limites de l’impossible, on tombe vite sur Look mum no computer, un grand malade qui assemble un maximum de machines qui ne sont pas des ordinateurs (ou du moins pas plus récents que des 486) pour faire du son… Qui sonne bien. Game boys, furbies, circuits maison, tout devient éléments de son énorme synthétiseur modulaire…
Comprendre et écrire la musique
Avant de s’intéresser à la manière d’écrire de la musique, il est intéressant d’avoir les clés pour écouter et comprendre la musique existante. Parmi les chaînes youtube intéressantes sur la question, je trouve le travail de pvnova super accessible aux non experts. J’aime bien par exemple sa série expérience, qui raconte comment créer un morceau de musique actuelle, en s’imposant successivement 28 styles différents. Ça permet de décortiquer soigneusement ces styles musicaux, sous une forme vraiment ludique.
Andrew Huang, dont j’ai parlé plus tôt, anime une communauté très enthousiaste. Quand il s’intéresse à la composition, ça peut donner ça :
Dans un style plus pointu, et où l’on découvre la pratique quotidienne d’une compositrice-interprète, j’aime bien regarder le travail de Nahre Sol. Plein d’idées, et de propositions d’activités, comme par exemple ces exercices simples au clavier :
Il y a aussi Ben Levin, guitariste qui en met plein les yeux et les oreilles, qui sait emmener son auditeur dans une analyse fine de la pratique. Sur sa chaîne, on trouve des choses très variées, comme par exemple ce qu’est réellement écrire une chanson :
Adam Neely est aussi quelqu’un que j’aime beaucoup écouter. Il faut ici une bonne maîtrise du solfège pour comprendre pleinement ce qu’il explore. Ce n’est pas mon cas, mais j’y trouve tout de même mon compte. Je le trouve très bon vulgarisateur, il donne une bonne intuition des problématiques de la composition et des arrangements. Ici par exemple, il présente un travail de réharmonisation d’un morceau, pour que les accords traduisent l’intention émotionnelle du texte :
Enfin, j’aime écouter David Bruce, un compositeur qui raconte sa pratique, mais propose aussi de parcourir un grand nombre de registres et de thèmes de la composition. Il parle d’orchestration, de théorie de la musique, de rythme, d’instruments… On trouve sur sa chaîne plein de choses amusantes pour les geeks de la musique, comme cette vidéo dédiée à la question de la composition avec une seule note :
Il existe encore bien sûr une foule d’autres canaux pour découvrir cette question, sans doute des podcasts j’imagine. Si vous en connaissez que je n’ai pas cité, n’hésitez pas à les indiquer en commentaire, ça m’intéresse énormément !