Aujourd’hui, j’ai entendu Jack Lang dire que la révision de la Constitution était quelque chose d’important, que ce n’était pas comme une petite loi, pas comme la loi sur les OGMs par exemple.
J’avoue avoir fait un bond. Ce n’est pas la question de la Constitution qui m’a interpelé ici, mais la légèreté avec laquelle J. Lang a traité la question de la loi sur les OGMs. Je crois que c’est l’une des rares lois qui aient été votées en France à être irréversible. En effet, quand la loi s’applique à des comportements humains, régit la manière dont le gouvernement influe sur la vie publique, ou modifie la taxe sur la valeur ajoutée, on peut revenir en arrière.
À l’inverse, introduire des OGMs dans le paysage est quelque chose d’irréversible : ces plantes vont se reproduire, hors du contrôle des agriculteurs (c’est normal, ça se passe toujours ainsi avec les cultures agricoles), et va s’installer de manière irrémédiable dans les campagnes. Et il sera impossible de les supprimer.
Hier je discutais avec plusieurs personnes, et nous nous faisions la remarque que cette loi sur les OGMs qui a été adoptée récemment l’était contre l’avis de la majorité des Français. Nous avons comparé cette situation à la loi d’abolition de la peine de mort, que l’on cite souvent dans cette situation comme la loi qui allait contre l’opinion des Français d’alors, mais qui maintenant en rallie une majorité. C’est vrai. Mais il y a une différence majeure entre ces deux lois : si l’État a forcé la main aux citoyens sur la question de la peine de mort, c’est une décision qui aurait pu être inversée lors d’une décision ultérieure. Avec cette loi sur les OGMs, non seulement on assiste à un choix anti-démocratique, mais en plus, il est immuable.
Ce choix est à mes yeux le symbole d’un véritable malaise dans le fonctionnement de notre pays. On ne devrait pas pouvoir imposer à un peuple quelque chose qu’il ne pourra défaire par la suite. Enfin, l’important est qu’on continue de croire que l’on vit dans une démocratie… Du pain et des jeux !
Your are right, but these plants don’t know borders, I think. So if France is not the first state, say, in Europe to allow to cultivate genetically modified plants — this law is not important in the sense you are talking about, cause, I think, they (the plants) will come to France from some other country just by means of self-reproducing.
Contrary, if France IS the first to adopt these plants — then the law is even more important, than you say it is, because it actually influences the situation in other states !
You’re right. Forbidding GMOs is an international decision. However, Mosanto and other huge multinational companies are also very influencial.
I think it is more like a theorical position of states to allow or not GMOs on their farmlands…
Je te trouve bien optimiste quant à la pérennité des OGM en milieu naturel. Je tombe rarement sur un champ de maïs sauvage (le champ hein, pas le maïs) quand je me promène en campagne. Sans le soin apporté par l’agriculteur, ces plantes ne semblent pas prospérer en dehors de tout contrôle dans nos belles campagnes. Alors je ne nie pas que du matériel génétique trafiqué risque de se répandre, mais je doute qu’on soit confronté dans un proche avenir à l’invasion du maïs mutant.
D’autre part, et je me doute que je vais rencontrer une certaine opposition, je m’interroge sur la nocivité supposé des OGM en milieu naturel. Si on adhère aux thèses évolutionnistes, il semble que le chemin logique que suivrait ces plantes dans leur milieu serait celui qu’on leur impose en laboratoire : une meilleure défense face aux prédateurs, une plus grande efficacité energétique, etc. (je ne nie toutefois pas que ces « améliorations » puissent être nocives à l’humain). Partant de là, la modification est-elle si dangereuse que ça ? Le seul problème que je peux voir est que les espèces qui interagissent avec les organismes modifiés sont confrontées directement aux modifications sans qu’il y ait co-évolution, donc adapation réciproque des intéressés. Toutefois, la colonisation du milieu naturel se fera probablement relativement lentement, puisque les plantes modifiées seront en concurrence avec les plans « normales ». La faune aurait probablement le temps de s’adapter : il est probable que des individus résistants émergent parmi les prédateurs.
En bref, je trouve curieux qu’on se complaise à décrire l’apocalypse végétal que représente les OGM. Il y a une possibilité non négligeable que le milieu s’adapte à ces nouveaux organismes. Je ne dis pas que cela se fera sans perte, mais c’est en quelque sorte l’histoire de la vie sur Terre non ? Des milliers d’espèces disparues jusqu’à l’atteinte d’un équilibre relatif. Et puis une nouvelle phase de différenciation pour s’adapter au plus proche à son milieu et ainsi de suite. Bon le mauvais plan ce serait qu’on fasse partie des espèces éliminées au cours du processus.
J.> À propose des champs sauvages, le chemin que j’emprunte sur le campus tous les matin est bordé d’épi de blé « sauvages ». Et nos rivières sont envahies par une plante importée du Japon.
Tout ça pour dire, qu’on n’est pas sûr a priori des effets que pourrait avoir des plants GM, mais le risque encourru est grand. Car contrairement à des croisements traditionnels, là on modifie profondément la plante, et notament ses propriétés par rapport à son environnement. Hors par le passé, la liste des catastrophes liés à l’introduction d’organismes étrangers à notre environnement est assez impressionnante.
Tu parles d’équilibre naturel, mais la Terre est plutôt habituée à des petits ajustements. Le mauvais plan, comme tu dis, serait que nous ne puissions plus apprivoiser notre écosystème auquel nous sommes adapté.
Au delà de ces risques d’invasion, il y a aussi le fait que prôner les OGMs c’est en général prôner la production intensive à l’aide d’intrants de synthèse. Sans parler des risques alimentaires qui sont aussi imprévisibles. Bref, on court vers un beau bordel …
JM> « Ce choix est à mes yeux le symbole d’un véritable malaise dans le fonctionnement de notre pays. » Je dirai même que ce n’est pas caractéristique pour notre pays, mais que plus généralement, c’est le symbole d’un gouvernement piloté par les intérêts financiers.
En étant plus terre à terre (si j’ose dire ;-)), quelle urgence y avait-il à voter cette loi ?
On craint la famine en France ? Les greniers sont vides ?
Je suis d’accord avec toi, ce qui m’inquiète c’est que ses lois sont adopter sans que personne ne bronche, ou si peu (et pourtant il me semble qu’il y a une opposition dans ce pays), pour celle des OGMs entre autre mais il y en a d’autres.
L’argent aurait donc le pouvoir de manipuler nos dirigeants, à une époque pas si lointaine on parlait de Mafia, je crois qu’on en est pas bien loin.
A pluche.
pour J, tu ne dois pas bien regarder autour de toi ou bien tu ne vois pas la réalité en face : t’es-tu parfois demandé d’où venaient les superbes tournesols sur le bord et même au milieu des grandes routes à deux fois deux voies ?
je pense vraiment qu’on ne peut pas réellement maitriser la culture des OGM, alors abstenons nous avant de savoir…
Ah ! Mais je viens de réaliser que les boîtes en aluminium ne poussent pas à même la plante. C’est pour ça que je ne les reconnais pas.
Et euh non, je dois avouer qu’à part aux abords immédiats des champs, je n’ai jamais remarqué de tournesols ou de maïs. Le blé de toute façon je ne pense pas être capable de le reconnaître.
Anyway, je suis un sale scientiste et j’avoue que les manipulations génétiques me fascinent beaucoup. J’imagine que c’est la raison pour laquelle je tends à minimiser les risques de dérapage. J’ai l’impression qu’on obtient par manipulation ce qu’on aurait obtenu par un fastidieux travail de croisement et que la mauvaise perception de la manipulation est juste due à une sacralisation irrationnelle de la Nature. Notez que tout cela me semble aussi intéressant en serre qu’en champ. Je suis juste perplexe par rapport à la réaction épidermique vis-à-vis du sigle OGM.
En fait je me demande quelles sont les craintes au sujet de ces organismes. je sais qu’il y a un problème de stérilité potentiel qui risquerait d’infecter les organismes natures, mais si l’OGM arrive à se reproduire, c’est que sa stérilité merde quelque part non ? Il y a la question de l’éradication des insectes, mais certains d’entre eux se sont adaptés à des agressions pesticides, il n’y a pas de raison qu’ils ne le fassent pas avec les nouveaux organismes. Et sinon quoi ? Ça tue la biodiversité ? Comme les croisements finalement. Et ?
On ne peut pas prévoir les développements de l’expérience, c’est vrai. Mais on ne le pourra jamais. Comme il est impossible de prédire les développements de n’importe quelle activité humaine. Un exemple rigolo : le compostage à Montréal a contribué à propager des maladies végétales. On ne préconise pourtant pas l’abandon de cette pratique, on s’ajuste.
Bref, la menace que représentent les OGM me semble toujours nébuleuse, opportunément floue. Une sorte de punition surnaturelle qui serait infliger à l’Homme qui oserait jouer dans la chasse-gardée de forces qui le dépassent.
Penses-tu sincèrement que par croisement, on aurait pu arriver à des maïs capables de produire des pesticides ?
Je pense que la course aux pesticides est une énorme ânerie, car c’est une course sans fin, et les OGMs actuels sont clairement inscrits dans ce cycle… Or, des solutions alternatives existent.
Et je pense aussi que la surproduction et les rendements excessifs imposés aux sols qui s’usent ne sont pas nécessaires dans l’absolu, mais plus guidés par notre mode de consommation…
Bein honnêtement, oui, je crois qu’on peut arriver à ce genre de résultats par croisement. De la même façon qu’on peut obtenir des souches résistantes à certaines maladies : on expose à la menace, on fait se reproduire les survivants et ainsi de suite. C’est laborieux et soumis au hasard, mais je crois qu’on finirait par obtenir des plantes qui seraient toxiques pour leurs prédateurs, ou plus adaptées à des sols pauvres, ou moins gourmandes en eau.
Après que ce soit une approche intelligente de l’agriculture ou pas, je n’ai pas vraiment d’opinion.
Mais je trouve ton commentaire intéressant, parce qu’il laisse entendre qu’on effectue par manipulation génétique quelque chose qui ne serait pas concevable par des moyens naturels. J’ai l’impression que cet argument est utilisé pour souligner le caractère condamnable de cette pratique, ce qui est à mon avis inepte. D’une part parce que je crois que les manipulations génétiques sont un raccourci permettant d’adapter rapidement un organisme selon nos besoins, d’autre part parce qu’il laisse entendre que la Nature est bien faite et qu’elles n’autoriseraient pas ce genre de choses. On en revient à la thèse du « viol » de la Nature, acte condamnable par essence et pas seulement pour ses résultats.
Et je trouve dommage cette position, parce que personnellement je n’y adhère pas du tout.
Mais, comme expliqué précédemment, je suis probablement un peu trop complaisant et permissif quand il s’agit de sciences.
Je pense que le comportement naturel des organismes est de s’adapter, en économisant au maximum l’énergie. Forcer un organisme, par croisement, à avoir un comportement très éloigné de son comportement naturel, c’est comme chercher le minimum local d’une fonction très loin du minimum local courant : c’est coûteux, et assez hasardeux. La nature suivra la courbe pour trouver le minimum local le plus proche…
D’autre part, ce dont un organisme végétal a besoin pour vivre (et les réponses qu’il apportera aux conditions extérieures) ne sont pas les mêmes que ce qu’on va lui demander en tant qu’exploitant.
Avoir un « beau » grain n’est pas vital pour un blé. Se voir manger les fruits par les oiseaux n’est pas ennuyeux pour un arbre fruitier…
Bref, ce que je veux illustrer par ces propos, c’est que la nature peut faire beaucoup de choses, sans l’intervention de l’homme, mais que parmi toutes ces choses, il est très peu probable que le meilleur pour elle soit se qu’on lui impose.
Alors, autant minimiser au maximum les modifications qu’on apporte à ces êtres vivants : de complexes chaînes alimentaires et biologiques en dépendent, inutile de continuer à déplacer des cartes du chateau de carte pour voir comment ça va s’écrouler…