Ville et mobilités durables
est le titre d’un supplément du numéro 398 de La Recherche, un magazine de vulgarisation scientifique que j’ai eu le temps de parcourir ce week-end (merci Elise). Il est sous-titré Habiter et se déplacer à l’heure du changement climatique, et ses articles sont tous plus intéressants les un que les autres.
On y parle urbanisme, transport en commun, fausses solutions envisagées par le passé, construction de maisons passives, etc. Voici quelques pistes de lecture et mots clés sur ces sujets, picorés dans ces différents articles (donc sans ordre précis):
- La Cité Radieuse du Corbusier avait beau être un pas en avant gigantesque par rapport au quartier du vieux port sur de nombreux points, elle n’en était pas moins surnommée la maison du fada par les marseillais : une amélioration des conditions de vie n’est pas toujours acceptée par les populations, il faut les aider à changer leurs habitudes.
- D’un point de vue purement théorique, on pourrait penser que la plus grande fluidité des communications conduirait à la dissémination de la population (télé-travail par exemple), or toutes les expériences sur le sujet que l’on a nous font penser le contraire.
- Les choix de conception et (re)modelage urbains sont rarement fait à la bonne échelle, car souvent de tels projets sont gérés par plusieurs structures à la fois (ville, région, état, UE), qui ont des intérêts contradictoires ; aucune réflexion à l’échelle des agglomérations, ou très peu.
- Les villes sont imaginées comme des produits finis, sans évolution possible (les faubourgs sont shuntés)
- Actuellement,
les règles urbaines vont toutes vers l’espacement. On isole les bâtiments les uns des autres
. Mouvement qui pousse à l’individualisation. De plus, ces règles ne facilitent pas la modification des habitats pour les adapter aux besoins des habitants (extensions, séparation en plusieurs logements, etc) comme cela était pratiqué auparavant : les gens ne restent plus au même endroit. On observe cependant depuis quelques temps un petit mieux sur ce point, avec de plus en plus de quartiers aux habitats moins séparés, mais sans le terme d’habitat collectif qui fait peur. - Les lotissements sont à l’exact opposé des villages (rues et cours, habitat proche sont inexistants en lotissement). or, les gens qui font construire en zone pavillonnaire recherchent justement une vie de village pour fuir une vie des villes.
- La maison idéale en terme de surface d’échange thermique / volume est la maison cubique. Pour des questions d’esthétique, on lui préfère des bâtiments moins regroupés.
- Labels de bâtiments à énergie positive : Minergie en Suisse, Passivhaus en Allemagne, Zero Energy Home aux États-Unis d’Amérique, ou encore Sekisui Houses au Japon.
- L’idée d’une voiture électrique qui apporterait de l’énergie quand la maison en manquerait et vice-versa est intéressante (Toyota Dream House).
- Les villes conçues comme des maillages réguliers et espacés sont imaginées pour des déplacement essentiellement en automobile. Concept à opposer aux villes développées autour de nombreux pôles, reliés entre eux par différents moyens de transports.
- Mobilité contrainte, coût de la vie dans les hypercentres. Les cadres sont privilégiés quant à l’utilisation des moyens de transports.
- Mesure d’une ville : le temps de déplacement, et plus la distance (le centre de Paris plus près du centre de Lille que ne le sont deux banlieurs de Paris). Définition d’une nouvelle métrique ?
- Les villes ne sont pas adaptées aux handicapés : les aveugles vont avoir besoin de hauts trottoires pour se guider avec leur canne, alors que les gens en fauteuils auront besoin de trottoirs les plus bas possibles. Peu de villes font de réels efforts pour l’accessibilité, et aucune norme n’existe (signalisation sonore, rugosités au sol, etc).
Encore plein de choses, mais j’arrête là pour ce soir. Bien sûr, nombre de ces idées semblent évidentes pour qui y a déjà un peu réfléchit, mais mises bout à bout, elles forment les bases de les réflexions autour des Ville et mobilités durables
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