SOS Papa

Je suis l’heu­reux papa depuis quelques temps d’une petite fille char­mante. Je ne vis pas avec elle, mais j’ai la chance de la voir très souvent.

Comme beau­coup de pères dans ma situa­tion, j’ai par­fois recher­ché des conseils et des sou­tiens autour de moi, dans les moments de doute, quand la dis­tance n’est pas simple à gérer, quand le futur inquiète. J’ai la chance d’a­voir des amis atten­tifs, et une famille qui m’a beau­coup aidé. J’ai aus­si sur­fé sur le net pour trou­ver d’autres pères comme moi. On trouve plein de choses dif­fé­rentes sur la toile, des bonnes et des moins bonnes.

Ce billet est consa­cré à l’as­so­cia­tion SOS Papa, qui fait par­tie des moins bonnes choses.

Lors­qu’on visite pour la pre­mière fois leur site, lors­qu’on lit les témoi­gnages d’un oeil atten­tif mais rapide, et qu’on a encore au coeur la dou­leur d’un père loin de ses enfants, je suis sûr qu’on peut se lais­ser embo­bi­ner. Leurs textes sont tra­vaillés pour ne pas cho­quer, leurs forums sont sur­veillés pour qu’au­cun pro­pos ne puisse être pris contre eux, leurs com­mu­ni­ca­tions s’af­finent au fil des mois (cer­tains pro­pos un peu justes ont semble-t-il dis­pa­ru de leurs pages).

Mais il n’empêche, mal­gré tout le mal qu’ils se donnent pour paraitre poli­ti­que­ment cor­rect, mal­gré l’a­vis favo­rable de l’U­NAF à leur égard, leur côté mal­sain n’ar­rive pas à dis­pa­raitre. En voi­ci quelques illustrations.

Manipulation des chiffres

Lors­qu’un chiffre offi­ciel sort, sur le nombre d’en­fants voyant leur père régu­liè­re­ment, sur le nombre d’en­fants pas­sant noël loin de leur père, ou sur tout autre chiffre lié à la pater­ni­té, l’as­so­cia­tion reprend rapi­de­ment ce chiffre et le bran­dit comme une preuve sup­plé­men­taire du cal­vaire des pères. Sou­vent dans ce genre de pro­pos, on remarque les jeux de pour­cen­tages : le chiffre est don­né sur la popu­la­tion des familles sépa­rées, il est rame­né à la popu­la­tion glo­bale. On remarque aus­si des inco­hé­rences beau­coup plus gros­sières : le chiffre de papas qui pas­se­ront noël sans leur enfant est sup­pé­rieur au nombre de parents séparés…

Bref, on sent la bidouille des chiffres, qu’ils se font fort de por­ter en étan­dard, ou de taire quand défi­ni­ti­ve­ment aucune bidouille n’est possible.

Citation d’un pédopsychiatre contesté

Par­mi les spé­cia­listes sou­vent cités, G. Ney­rand, fort de son appar­te­nance au comi­té d’hon­neur de l’as­so­cia­tion, voit ses thèses reprises et sou­te­nues. Outre son dis­cours sur la garde alter­née, régu­liè­re­ment mon­trée du doigt par de nom­breuses asso­cia­tions de défense des enfants et par ses confrères, ce socio­logue par­tage cer­taines idées avec celles de Richard Gard­ner et Ralph Under­wa­ger, qui défendent des thèses pro-pédo­cri­mi­nelles.

Prises de position au relan de paternalisme malsain

Bien qu’ils se défendent d’être pater­na­listes (rôle du père chef de famille, qui décide pour les autres, réduc­tion du rôle de la mère, patriar­cat oppres­sant, etc), les affir­ma­tions sur le rôle du père au fil de leurs pages est net­te­ment orien­té dans cette direc­tion. le rôle de la mère y est tou­jours mini­mi­sé. On peut ima­gi­ner qu’il s’a­gisse d’une posi­tion extrê­miste visant à lut­ter contre les posi­tions extrêmes inverses, mais ces posi­tions sont glo­ba­le­ment mal­ve­nues, et per­mettent cer­tai­ne­ment aux hommes qui se sentent lèsés par une sépa­ra­tion bru­tale de trou­ver une jus­ti­fi­ca­tion à leurs reven­di­ca­tions per­son­nelles et nombrilistes.

Pour ces pères, que leur enfant porte leur nom est cru­cial (ils conseillent de recon­naitre leur enfant avant la mère, pour assu­rer le nom de leur pro­gé­ni­ture), ils vont éga­le­ment jus­qu’à conseiller de kid­nap­per les enfants avant un juge­ment, dans le cas où la mère est par­tie avec les enfants (Tou­te­fois, pour un jeune enfant, le (la) magistrat(e) pour­ra vous repro­cher ensuite d’a­voir osé reti­rer l’en­fant sic).

La vio­lence conju­gale des hommes est même par­tiel­le­ment excu­sée, la nature ayant dotés [les hommes] d’une mus­cu­la­ture et d’un sys­tème hor­mo­nal qui leur donnent une supé­rio­ri­té phy­sique. Tout est bon à prendre pour défendre l’homme et son omni­pré­sence écra­sante au sein de la famille.

Dans tout leur dis­cours, la dia­bo­li­sa­tion de la mère est omni­pré­sente. La mère est celle qui part avec les enfants, enlève au pauvre père qui n’a rien fait sa pro­gé­ni­ture. Le par­ti-pris non construc­tif est constant, la remise en ques­tion n’a jamais lieu, on ne lit aucune modé­ra­tion dans les propos. 
Ils font le choix de défendre l’i­dée de garde alter­née coûte que coûte, à tout âge, et sans envi­sa­ger un choix réflé­chi du mode de garde en fonc­tion de la situa­tion géo­gra­phique, des besoins des enfants, de leur âge, etc. En pré­sen­tant leur posi­tion comme moderne et visant l’é­ga­li­té des deux parents, ils font dis­pa­raitre com­plè­te­ment l’in­té­rêt des enfants.

On note éga­le­ment que l’argent est une pré­oc­cu­pa­tion essen­tielle de ces pères : leurs forums regorgent de méthodes pour payer moins de pen­sion à la mère, leurs pages prin­ci­pales militent pour une sup­pres­sion de la néces­si­té de payer une pen­sion ali­men­taire en cas de sup­pres­sion d’au­to­ri­té paren­tale. Après leur petite per­sonne de père, ces hommes défendent leur argent… Vient en der­nier l’in­té­rêt des enfants, qu’on pour­rait presque croire cité comme pré­texte au reste du discours.

Petite odeur de fascisme

Pour conclure, je trouve que ce site suinte le Tra­vail, Famille, Patrie, et qu’il est impor­tant d’y prê­ter atten­tion : il s’a­dresse à des per­sonnes (hommes en pleine sépa­ra­tion d’a­vec leur conjoint, la plu­part du temps ayant de jeunes enfants) qui sont fra­giles. Le site ne fait qu’at­ti­ser un malaise, et en pro­fite pour trans­mettre leurs idées assez limite. Berf, cette asso­cia­tion n’aide en rien les papas et leur famille. Pire, il enferme les pères dans une atti­tude revan­charde, où le prin­cipe est de dénon­cer et de tirer les draps à soi au lieu de dis­cu­ter. Au final, les enfants en sont pro­ba­ble­ment les pre­miers à en pâtir.

Leur action de lob­bying de plus en plus active auprès d’une presse véri­fiant peu ses sources, ain­si qu’au­près d’hommes poli­tiques peu regar­dant des moti­va­tions pro­fondes des asso­cia­tions qu’ils consultent n’est pas faite pour rassurer.

Notes et liens
  • Je vous invite à signer la péti­tion qui dénonce la récente recon­nais­sance par l’U­NAF de SOS Papa
  • Les asso­cia­tions homo­sexuelles aus­si en lutte contre SOS Papa
  • Un site anti-patriar­cat à visi­ter, pour se tenir infor­mé sur ces prises de posi­tions patriar­cales type SOS Papa
  • Un dos­sier très com­plet sur le mas­cu­li­nisme sur le site d’arte
  • N’ayant aucune envie de faci­li­ter le réfé­ren­ce­ment de ce site, aucun lien vers leur site n’est pré­sent dans ce billet. Je ne vous demande pas de me croire sur parole, mais je conci­dère que moins on leur fait de la pub, mieux c’est.

Ce billet a été l’ob­jet d’une mise à jour suite à une erreur d’in­ter­pré­ta­tion pré­sente dans la ver­sion originale

Edit : Après un an, un nou­veau billet vient com­plé­ter celui-ci, annon­çant la créa­tion d’un col­lec­tif pour la défense des enfants dans ces conflits : sos enfance par­ta­gée.

303 thoughts on “SOS Papa”

  1. Papille dit :

    Com­pa­rer un enfant à un aspi­ra­teur est tout à fait révé­la­teur …d’autant plus que le tableau que j’ai recopié :

    “tain, on a une vedette, là !

    Ca me rap­pelle mon « enquê­teur spa­tial », « expert » décon­no­logue près la cour d’ap­pel de Rennes.

    Je lui explique explique, lors de son intru­sion, au demeu­rant illé­gale, dans ma vie pri­vée, que « Madame s’est bar­rée avec tout : l’en­fant, les meubles et le chien », et il en conclut que je suis « inca­pable de dif­fé­ren­cia­tion entre l’en­fant et l’a­ni­mal de compagnie » !

    C’est grand,
    C’est beau,
    C’est noble,
    C’est « expert »,
    Ca bou­sille des familes entières,
    Ca se fout de la gueule des juges depuis 6 ans à Rennes,
    C’est signé COLDEFY.

    Sans com­men­taire.

    .

  2. a lili75
    Il serait bon que vous pre­niez connais­sance des besoins et des rythmes d’at­ta­che­ment du bébé puis de l’en­fant. La socié­té moderne est très dif­fé­rente de celle de nos grands mères certes, mais la psy­cho­lo­gie enfan­tine est res­tée la même. Et il me semble, qu’à par­tir du moment où l’on a déci­dé de mettre au monde des enfants, il faut en assu­mer les responsabilités.

  3. tou­jours à Lili75 : P.S. :  » Les dis­po­si­tions de la garde alter­née imposent à cha­cun des parents sépa­rés de dis­po­ser d’une pièce pour accueillir chaque enfant « . Garde alter­née ou pas (éloi­gne­ment géo­gra­phique), cette néces­si­té maté­rielle s’im­pose aus­si pour le parent qui n’en a pas la garde (WE, vacances), mais on ne fait aucun cas de ce der­nier, nulle part, jamais, consi­dé­ré comme un céli­ba­taire. Il ne rentre d’ailleurs pas dans les sta­tis­tiques des familles mono­pa­ren­tales. Pour­quoi selon vous ?
    Per­son­nel­le­ment, je reste très scep­tique sur la garde alter­née à temps stric­te­ment égaux. Je pense qu’il est néces­saire que les parents sépa­rés s’en­tendent, avant tout et s’ar­rangent au mieux de leurs pos­si­bi­li­tés res­pec­tives, en sou­plesse. Il y a d’une part, une pres­crip­tion des tri­bu­naux qui obligent en consi­gnant, et d’autre part, la bonne volon­té des gens dans la vie quo­ti­dienne : dès lors, ils doivent par­ve­nir à un modus viven­di accep­table par les deux dans l’in­té­rêt de l’en­fant et sans se faire la guerre, en tenant compte des élé­ments qui peuvent chan­ger (démé­na­ge­ment, muta­tion…). La garde alter­née est une notion très rigide deman­dée par des pères dans un sou­ci de pari­té et d’é­ga­li­té de temps. En Cali­for­nie, la garde est attri­buée à celui des deux parents divor­cés qui est le moins pos­ses­si­ve­ment exi­geant, qui est le plus libé­ral vis-à-vis de l’autre parent. Je trouve cela très bien car cela encou­rage une impro­vi­sa­tion per­ma­nente qui doit se faire dans le res­pect, de la part des 2 parents. Que les juges n’in­ter­viennent pas, c’est mieux.

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