Cette année à Utopie Sonore, il y a eu pas mal d’installations et de performances présentées. Certaines réalisées à l’avance, d’autre construites pendant les quatre jours à la cour des Aulnays. Évidemment, il était impossible d’assister à toutes les propositions, car les journées étaient bien remplies : participation aux tâches collectives, animation et participation à des ateliers, travail de montage pour participer aux appels à contribution…
Parmi les installations que j’ai vu, je crois que c’est Transmerdunor qui m’a le plus marqué. On nous l’avait présenté comme une expérience comme prendre du LSD. Les deux protagonistes s’étaient enfermés dans une pièce du manoir, et pendant la première journée et la première nuit, on n’a rien pu voir, rien pu entendre. On les a vu traverser la cour des Aulnays en long, en large et en travers, ramenant dans leur nid des tuyaux, des objets, des bidules. Et puis enfin on a pu rentrer. 8 tuyaux qui diffusent du son, agencés pour immerger complètement l’auditeur dans un univers intriguant, variant, parfois silencieux,
parfois hyperflippant, souvent drôle. Et des jeux de lumière, sublimes mécaniques délicates, pour accompagner le puzzle sonore. Un truc complètement dingue.
Juste en sortant du Transmerdunor, on tombait sur un projet du collectif Étrange Miroir, intitulé Téléphones sauvages. Un dispositif d’écoute très réussi, avec des téléphones à cadran rotatif pour choisir la piste à écouter, et un projet audio vraiment très chouette : des discussions téléphoniques en tout genre, empreinte absurde de nos échanges avec les standards téléphoniques.
Il y a eu aussi le projet Éponges d’une nuit d’été, un projet collectif proposé par Leslie Doumerc & Arthur Lacomme. Les participants d’Utopie Sonore étaient invités à enregistrer leurs premiers mots du matin, autour du rêve. Un groupe a ensuite travaillé à mettre en forme une restitution mêlant enregistrements de voix, et sons produits en direct. Le résultat était drôle et captivant.
L’année dernière déjà, la radio cousue main était là. Cette année, c’était une radio cousue main à distance, depuis Istambul, et la Little Syria, pour une représentation en direct à travers les internets très émouvante.
Un peu plus loin dans la cour, dans un ancien bâtiment un peu délabré, en pierre, et joliment rebaptisé les ruines de la révolution, un rideau, et un nom intriguant : le Sonomate. Chacun était invité à y aller seul, et à découvrir le dispositif. Installé sur une table, un boîtier en bois et en verre, duquel sortaient un interrupteur et un micro. La curiosité invitait à presser le bouton. Une lumière et un mécanisme s’activaient. À l’intérieur du boîtier, un tic-tac sonore, produit par un minuteur, et un enregistreur k7. Vous aviez quelques dizaines de secondes pour y laisser votre message. Le résultat est surprenant, poétique, drôle, multiple, à l’image des quatre jours.
Et puis, un des moments que j’ai le plus aimé, c’est l’écoute collective de créations sonores, pendant toute la nuit, dans la chapelle. Des matelas, des canapés, des fauteuils, et des gens dans des duvets, à regarder la charpente voûtée de ce superbe volume.
Il y a eu plein d’autres choses encore, que l’on peut retrouver sur la page des restitutions de l’édition 2017 d’Utopie Sonore !