Depuis quelques mois je fais mon pain. J’avais raconté dans un précédent billet ce que j’avais compris du processus, et comment je faisais mon pain. Depuis, les choses ont un peu changé.
Mais surtout, j’ai repris le chemin de l’université, après plus de 6 mois en télétravail. Dans mon métier, on travaille de 8 à 14 heures par jour suivant les périodes.1Que fait un enseignant-chercheur : préparation des cours, cours, préparation des examens, correction de copies, tâches administratives d’enseignement, montage de dossiers pour obtenir des financements, gestion des projets financés, recrutement, accueil et réunion avec les collègues chercheurs recrutés, développement d’outils pour la recherche, explorations et expérimentations scientifiques, recherche proprement dite, rédaction d’articles, diffusion des activités de recherche auprès du grand public, animation de groupes de recherche, relecture d’articles, organisation d’événements, etc. Quand on travaille de chez soi, il est souvent possible de faire une pause pour pétrir son pain. Mais quand on est loin de chez soi de 7h30 à 20h30, comment fait-on pour continuer à faire son pain tout en gardant une hygiène de sommeil satisfaisante ?
J’ai trouvé une organisation qui marche très bien, et qui m’a même permis d’améliorer ma pratique. Cela nécessite d’avoir deux soirs à suivre où l’on peut passer un peu de temps chez soi, au lieu de rentrer pour juste dormir.
Faire son pain en deux soirs
Le premier soir, je sors mon levain du frigo, je lui donne un peu de farine, puis je le laisse une heure se réchauffer. Quand il est prêt, je prépare mon pâton, et je le pétris. Je le laisse monter toute la nuit dans un saladier recouvert d’un torchon humidifié. Cette première levée dure quelque chose comme 7 ou 8 heures.
Quand je me lève le matin, je mets le saladier au frigo, et je pars pour ma journée.
Le deuxième soir, je sors mon pâton du frigo, et je le laisse revenir à chaleur ambiante pendant une heure environ. Là je façonne, puis je cuis.
Dans mes derniers essais, je suis revenu à une température de 260 degrés, car je trouvais qu’à 270° le cœur du pain n’était pas toujours bien cuit. Je cuis donc un peu plus longtemps, quelque chose comme 30 minutes pour un pain de 400 grammes (quantité à la louche, car je ne pèse rien).
La pousse longue durée comme je pratique ici (soit quasiment 24 heures en tout) amène le pâton à former de grandes alvéoles, qui quand le pain cuit produisent un réseau assez irrégulier, mais une mie très très souple. Je peux sans difficulté garder mon pain 5 à 6 jours, ce qui m’amène à faire un peu plus d’une fournée par semaine, un rythme qui me convient bien, d’autant que les opérations à mener les deux soirs sont très simples, et demandent peu de temps.
Cet été, j’ai fait une pause dans le développement de Pictoparle, l’outil de communication alternative et augmentée que je développe depuis le début de l’année 2020. Le site internet présente son fonctionnement actuel, et l’avancée de son développement.
Pendant l’été, j’ai identifié des limitations dans cette première version, et la semaine qui vient de s’écouler a été l’occasion de commencer à fabriquer un deuxième exemplaire de Pictoparle, car le premier est maintenant dans les mains d’une utilisatrice et de ses accompagnant·e·s. J’ai aussi pu échanger avec de nombreuses personnes, afin de faire une synthèse des besoins. Je suis maintenant prêt à reprendre le développement de Pictoparle. Peut-être pas à la même fréquence que pendant la première partie de l’année, mais régulièrement, j’apporterai des améliorations. Pictoparle deviendra de plus en plus adapté aux besoins.
Dans la suite de ce billet, je fais l’état des lieux des besoins d’amélioration identifiés.
Améliorations des interactions
Pendant l’été, nous avons utilisé Pictoparle dans plein de situations différentes. Nous avons repéré quelques difficultés d’usage. Pictoparle doit donc être modifié, ce qui a déjà en partie été initié :
il arrive que la paume de la main déclenche involontairement le son associé à un pictogramme de bas de tablette quand la main explore le haut. Le double tap devra être amélioré pour éviter ces désagréments.
il arrive que le double tap marche mal. Il faudra régler le délai entre deux taps. Il s’agit plus d’ajustements qu’autre chose.
quand il y a beaucoup de lumière alentours, la détection du QRcode se passe mal, et parfois même Pictoparle ne détecte pas le fait que la planche ait été posée. J’ai identifié quelques raisons de ce dysfonctionnement, et commencé à modifier en conséquence la forme des planches. Les prochaines semaines seront l’occasion de vérifier que cette correction suffit.
Améliorations de la présentation des planches
En discutant avec des accompagnant·e·s qui découvraient le prototype, nous avons fait le constat qu’il pouvait manquer sur la planche des informations permettant de s’approprier facilement le dispositif. En particulier, j’ajouterai prochainement :
Pour chaque pictogramme, un sous-titre écrit sur la planche qui indique ce que décrit le pictogramme, à destination des accompagnant·e·s. On pourra par exemple l’imprimer dans une couleur pâle pour qu’elle ne soit pas thermogonflée.
Pour chaque planche, une inscription qui nomme la planche, pour les accompagnant·e·s.
On pourra aussi imaginer une version en relief de cette identification de planche.
Création de nouvelles planches
Après les trois premières planches qui sont maintenant utilisées (repas, activités de loisir et fun), nous sommes en train de concevoir avec une ergothérapeute et une éducatrice spécialisée deux nouvelles planches, l’une destinée aux jeux de société, et l’autre destinée à l’activité de cuisine.
De nouveaux pictogrammes sont dessinés, et ces deux planches viendront prochainement rejoindre les trois premières.
Amélioration des plans de fabrication de la boîte
J’ai profité de la réouverture du Débrouillo’Lab, le fablab des Petits Débrouillards installé récemment à la Goguette pour aller découper une nouvelle boîte, et ainsi fabriquer un deuxième prototype.
La découpeuse laser du Débrouillo’Lab
Pendant la fabrication, et en échangeant avec Jennifer et Samuel, j’ai identifié de nombreuses améliorations possibles :
Il faut mesurer avec une grande précision les planches, sinon l’assemblage se passe difficilement. Par exemple, j’avais trouvé des planches medium A4 à un peu plus d’un euro la planche, avec une épaisseur annoncée de 2 millimètres. Dans les faits, elle mesurent 2,3 millimètres, et j’aurais dû ajuster cette épaisseur dans la fabrique de Pictoparle.
Il faut bien choisir le kerf. Dans la construction que nous avons faite, nous avions réglé un kerf de 3/10 de millimètres, mais c’était trop large. On pourrait indiquer sur la page qu’un kerf trop fin est préférable à un kerf trop large, puisqu’après l’assemblage, on colle.
L’assemblage n’est pas facile car il manque des inscriptions. Une idée consisterait à graver sur les pièces une numérotation des pièces et de leur lieu de fixation.
On pourrait placer les pièces dans l’ordre d’assemblage sur la planche.
Certains crénelages sont peut-être orientés dans le mauvais sens, et leur assemblage est complexe.
Il pourrait être pertinent d’arrondir les coins des crénelages, pour que l’assemblage se fasse plus facilement.
On pourrait imaginer déplacer les crénelages d’assemblage pour en faire aussi des détrompeurs d’orientation des pièces.
On pourrait aussi ajouter une gravure pour localiser l’endroit où coller le QRcode et le papier thermogonflé, pour en faciliter l’assemblage.
De manière générale, il faudra aussi revoir le contenu des pdf qui permettent d’imprimer QRcode et feuille thermogonflée, pour que le numéro de la planche reste écrit à côté du QRcode, et que le pdf contienne les paramètres (nom de la planche, type de tablette, mise à l’échelle, etc.). Cela permettra de vérifier que les documents sont les bons avant l’impression.
Correction de bugs dans la fabrique
À l’occasion de la découpe pour le nouveau prototype, conçu autour d’une tablette de modèle différent, nous avons constaté quelques bugs dans la fabrique :
La génération de certains crénelages rate complètement quand la planche devient très fine. Les deux parties ne s’assemblent plus.
Quand on a voulu fabriquer la planche, le choix du modèle de tablette n’a pas été pris en compte, et on a découpé deux fois une planche pour le mauvais modèle de tablette. Les fichiers générés pourrait porter le nom du modèle de tablette, en plus du nom de la planche.
Faciliter la contribution
En discutant avec Jérémy, une personne intéressée à la partie logicielle du projet, j’ai remarqué que la manière d’ajouter un nouveau modèle de tablette à l’application n’était pas facile. Je prévois donc dans les temps prochains :
D’utiliser les mêmes fichiers xml côté fabrique et côté application Android, et de réduire au maximum les endroits où il faut ajouter des informations.
De rédiger un document qui explique comment mesurer une tablette existante pour pouvoir l’ajouter facilement à celles proposées par la fabrique de Pictoparle.
Le fichier zip généré par la fabrique devrait aussi contenir les informations de fabrication, et notamment le type de tablette. Cela permettrait de régler automatiquement les résolutions dans l’application sans devoir passer par le menu de configuration. Cela permettrait aussi de sauver l’édition d’une planche pour la reprendre plus tard, en gardant aussi les réglages de fabrication.
Ajout d’un lecteur multimédia
La première utilisatrice de Pictoparle est une très grande consommatrice d’histoires audio. Les différents endroits où elle est accueillie lui proposent des activités, mais il serait intéressant que Pictoparle permette aussi d’écouter des histoires.
L’idée serait cette année d’étendre Pictoparle pour qu’en plus des planches de communication, il y ait des planches d’activité. On pourrait par exemple avoir une planche contenant quelques pictogrammes : petite histoire, moyenne histoire, longue histoire pour lancer une histoire, puis un pictogramme pause. Le déclenchement d’un pictogramme histoire lancerait une nouvelle histoire, après avoir dit son nom et sa durée grâce à la synthèse vocale, en choisissant la prochaine dans la liste correspondante. Le pictogramme pause permettrait d’arrêter la lecture, ou de la reprendre (en indiquant le nom de l’histoire, et la durée restante).