Depuis quelques mois, j’utilise Twitter, pour suivre l’actualité sur les sujets qui m’intéressent. C’est comme ça que j’ai vu passer plusieurs des livres qui sont devenues mes lectures estivales.
MAD MAPS, l’atlas qui va changer votre vision du monde, de Nicolas Lambert et Christine Zanin
Je lis souvent avec intérêt les posts de Nicolas Lambert, le cartographe encarté. Avec sa collègue Christine Zanin, ils viennent de sortir chez Armand Colin un super atlas intitulé Mad Maps.
C’est un condensé de représentations du monde comme on aime les voir, intelligentes et percutantes. J’ai adoré le parcourir, notamment certaines doubles-pages très bien conçues, à la représentation proposée super pertinente. Je pense par exemple à cette carte qui propose d’observer le ratio cadre/ouvriers dans chaque ville de France, d’une efficacité redoutable.
Très bon outil pour partager sa passion pour les cartes avec un entourage qui s’intéresse à la politique, à l’écologie, ou plus globalement qui est curieux du monde qui l’entoure.
Pour la recherche urbaine, ouvrage collectif
La revue Urbanités proposais en juillet de découvrir l’ouvrage collectif Pour la recherche urbaine. Très théorique, plutôt animé par des chercheurs et chercheuses il interroge la pratique de la recherche autour de la ville. À travers cette série d’articles, on parcourt les dimensions sociales, écologiques, politiques, matérielles de la ville.
L’article « Big city, smart data ? » questionne par exemple les pratiques de pratiques scientifiques et techniques répandues dans les disciplines scientifiques où je pratique ma recherche, notamment sur la mobilité et sur la e‑santé.
Je n’ai pas eu le temps de lire tous les articles, mais j’y reviendrai avec plaisir et intérêt. Les textes sont denses, et il faut prendre le temps de les apprécier.
L’architecture de la voie, Histoire et théories, d’Éric Alonzo
C’est sur Facebook que j’ai découvert récemment le travail d’Éric Alonzo. Par chance, la librairie les Volcans avait dans ses rayons un exemplaire de l’architecture de la voie, ouvrage de l’auteur qui m’attirait le plus.
Le contenu est à la hauteur de mes attentes, car il retrace l’histoire des écrits et pratiques de la conception de voies de circulation, urbaines et extra-urbaines, depuis l’antiquité jusqu’à la fin du XXe siècle. Richement illustré de reproduction extraites des livres qui sont cités, on se promène parmi les pratiques et les convictions des observateurs et des bâtisseurs de voies de circulation. Des cartes, des plans, des schémas, des vues en coupes, transversales ou longitudinales, des gravures, des photos… On y retrouve illustrées les pratiques de près de 20 siècles de tracé et de fabrication des voies. D’architecture de la voie, finalement.
Très accessible, fourni en références et citations, il rappelle dans une certaine mesure, en plus vulgarisé et moins technique, le manuel Éléments de topographie, qui s’intéressait lui à décrire uniquement la pratique du début du XXe siècle. Tout simplement passionnant.
Contrôle, comment s’inventa l’art de la manipulation sonore, de Juliette Volcler
J’aime beaucoup le travail de Juliette Volcler, que je lisais dans Syntone, que j’avais rencontré à Utopie Sonore, recroisé à Longueur d’ondes (en 2018 peut-être ?), que j’avais découvert derrière feu perce-oreilles, l’annuaire de podcasts furieusement bien fourni…
Et depuis quelques mois, je tombais régulièrement sur des posts facebook de lecteurs de son bouquin Contrôle, comment s’inventa l’art de la manipulation sonore. Une lecture stimulante en cet été d’une année 2020 pour le moins étrange.
Le fil conducteur du livre, c’est Harold Burris-Meyer, qui semble avoir été de toutes les expérimentations du contrôle par le son. Contrôle de l’émotion des spectateurs de théâtre, contrôle de l’activité salariée dans les usines, ou encore outil au service de la guerre. Riche en anecdotes, en références, le livre de Juliette Volcler se promène à travers le XXe siècle, en dévoilant l’importance prédominante du sonore dans les pratiques des industries du contrôle des masses.
Je vais m’arranger, comment le validisme impacte la vie des personnes handicapées, de Marina Carlos, illustré par Freaks
Marina Carlos fait partie du collectif les Dévalideuses, et gravite dans l’une des twittosphères que je suis avec passion. C’est avec grand intérêt que j’ai vu ses annonces puis le lancement du livre « Je vais m’arranger : comment le validisme impacte la vie des personnes handicapées », dont elle est l’autrice, et pour lequel elle s’est associée avec Freaks pour les illustrations.
Le livre peut être vu comme une brochure étendue de 80 pages, qui se propose de déconstruire les mécanismes du validisme, qui pèse sur le quotidien des personnes en situation de handicap, parfois même sans que ces principales concernées ne s’en rendent compte.
Les pages sont aérées et fluides, les idées sont développées de manière simple et limpide, et les illustrations étayent encore un peu plus ce confort de parcours.
Voilà un livre à mettre entre toutes les mains, pour que la voix des Dévalideuses, du CLHEE, du CLE Autistes et de tous les mouvements portés par les personnes concernées arrive aux oreilles de toutes et de tous.
Tobie Lolness, de Timothée de Fombelle
En passant à la librairie de Clermont pour récupérer l’exemplaire de Mad Maps que j’avais commandé grâce au site chez mon libraire, on a choisi avec ma fille un roman de vacances, sur les conseils de la libraire.
Le premier volume de Tobie Lolness de Thimothée de Fombelle s’intitule la vie suspendue. On y suit l’histoire d’un jeune garçon de un millimètre et demi qui vit avec ses semblables sur l’écorce d’un arbre, où la granularité de l’écorce sculpte les paysages, où on élève les larves de charançon pour se nourrir, et où le terrible Jo Mitch élève les adultes pour creuser d’énormes tunnels à travers l’écorce de l’arbre.
Avec les personnages, on se questionne sur la survie de l’arbre, sur le rôle de l’industrie, on découvre les questions de classe, de géographie des cimes et des basses branches, de l’importance du soleil, de l’amitié, de l’amour.
L’écriture est moderne, les personnages et l’univers délicatement racontés, on dévore le livre, où l’intrigue est palpitante, et la structure narrative dynamique à ne plus vouloir lâcher le livre.
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