Il y a quelques années, la découverte du travail de Murray Schafer sur l’écologie sonore avait intensifié mon intérêt pour l’écoute attentive du monde. Cette question du paysage sonore, produit par tous les éléments de la biosphère, de l’humanité, de ses machines, ça invite à se questionner sur notre écoute, et sur les moyens que nous avons d’y être attentifs.
Cette semaine à Clermont-Ferrand, deux rendez-vous permettaient de s’y confronter.
L’esprit des lieux
L’esprit des lieux est un film documentaire de Stéphane Manchematin et Serge Steyer, qui nous permet de tendre une oreille dans l’univers de Marc Namblard, un audio-naturaliste qui capte avec ses micros les sons du monde.
J’avais raté le film aux festivals traces de vies et longueur d’ondes l’année dernière, mais on m’en avait dit le plus grand bien. Et cette semaine, c’était la Jetée qui le programmait pour son heure du doc.
Pendant 1h31, on découvre progressivement le quotidien de Marc Namblard, sa pratique d’enregistrement de la forêt, l’importance de l’écoute dans son quotidien et celui de sa famille. À la fois très peu parlant quand on est sur le terrain, et au contraire plein de voix qui racontent le son pendant les séances d’écoutes, on est guidés dans la découverte des fréquences d’expression des animaux, dans les rythmes de la forêt et de ses habitants à poils et à plumes.
Pour celles et ceux qui aiment le son et sont attentifs au monde, cette promenade sonore est un véritable bonheur.
On en ressort aussi avec le sentiment d’avoir été guidés par les réalisateurs dans un monde paisible, parfois presque artificiel tellement tout semble bien se passer. C’est à la fois très beau, et un peu déroutant. Hors du temps, hors du monde.
La voix humaine parmi les sons du monde
Ce jeudi, dans le cadre de la fête de la science, astu’sciences proposait une conférence discussion, animée par Julien Martin, chanteur-vocaliste, et intitulée la voix humaine parmi les sons du monde.
L’amorce de la discussion a été la définition par le dictionnaire ou l’encyclopédie de la voix humaine, l’identification de limitations liées à cette définition (quid de la voix chuchotée, des clics)… Puis on a discuté d’harmoniques, de diction, de boucle audio-phonatoire. Comme des échos à notre proposition du samedi passé, mais aussi à quelques lectures passées, notamment autour de l’appareil phonatoire.
Une fois fixés sur le périmètre plus ou moins précis de la définition de voix humaine, Julien nous a amené·e·s à explorer les sons du monde, avec le même esprit d’écoute de la nature que celle racontée par le film l’esprit des lieux, et par le paysage sonore. On a parlé bandes de fréquences, niches phoniques, évolution, musicalité des chants. On a écouté une chauve-souris grâce à des transpositions, découvert les subtilités du chant d’une fauvette à tête noire grâce au relentissement de la bande. Puis on a fini par écouter une captation d’un chant de travail au milieu d’une forêt, les oiseaux et les humains se synchronisant en mélodie et en rythmes.
C’était riche, passionnant, et ça donne encore envie d’en voir plus. Ça tombe bien, je continue cet après-midi les ateliers coder la musique, cette fois-ci à la médiathèque Hugo Pratt de Cournon d’Auvergne.