L’audiodescription « consiste à rendre accessible à un public déficient visuel le contenu d’une œuvre graphique (vidéo, image, etc.) en la complétant par une bande son qui viendra décrire le contenu graphique. » C’est ce qu’on produit pour le court-métrage ou l’image fixe depuis quelques années maintenant avec le collectif ADVOX.
La loi handicap de 2005 a été un véritable déclencheur, et les différents diffuseurs se sont progressivement retrouvés dans l’obligation de rendre accessible leurs contenus. Ainsi, de plus en plus de cinémas équipent leurs salles pour que l’on puisse suivre les films en audiodescription.
Alors bien sûr, il ne s’agit pas de diffuser pour tout le public présent dans la salle le complément de description, mais plutôt de compléter la bande son du film à l’aide d’écouteurs individuels, dans lequel on joue l’audiodescription, synchronisée sur la bande son collective.
Avec cette explosion de la demande, mais pas unicité de la solution technique. Dans la plupart des salles, jusqu’à présent, j’avais rencontré un système constitué d’un émetteur UHF et de petits boîtiers dans lequel on branche un casque audio. On peut citer par exemple les systèmes Fidélio ou Captiview.
Et puis cette semaine, en allant voir un film cette semaine, j’ai découvert un cinéma qui s’équipe de la technologie Audio Everywhere. On installe une application gratuite sur son téléphone intelligent, on active le wifi, et c’est notre téléphone qui joue alors le rôle du boîtier en diffusant le son de l’audiodescription dans notre casque. En tant qu’utilisateur, il nous suffit juste de choisir la chaîne « audiodescription » proposée par l’application.
D’après les gérants de ce multiplexe, c’est la solution la plus évolutive et la plus intéressante, et ils équipent petit à petit toutes leurs salles. Équiper une salle avec ce système revient à 5000 euros, ce qui est près de 4 fois moins cher que d’équiper une salle avec un émetteur et une flotte de 20 boîtiers précédemment cités. Ça fait moins de matériel à mettre à jour.
Mais de mon côté, si je comprends l’intérêt pour les salles, j’y vois quelques inconvénients. Tout d’abord, l’application n’est pas très intuitive, pas traduite en français. Ça ne me dérange pas, mais ça peut freiner des utilisateurs. Ensuite, dans le cinéma où nous étions, le wifi servant à l’audiodescription nécessitait un mot de passe, que j’ai dû aller chercher auprès du personnel, et que tous ne connaissaient pas. Ensuite, le système n’était pas opérationnel, et ils ont dû aller le redémarrer. Coup de chance que je m’y sois pris en avance. Si le système tombe en panne silencieusement, c’est un peu ennuyeux. Dernier point, mais pas des moindres, si comme dans ce cinéma le réseau wifi est déjà saturé avec les différents ordinateurs et caisses connectées, il faudra que le cinéma fasse attention à bien dimensionner son réseau au fil du temps.
De manière générale, en n’assurant pas un système complètement fonctionnel au visiteur, mais en rendant la solution dépendante à la fois du système fourni, et du téléphone du spectateur, le cinéma se désengage en partie de la fiabilité de l’ensemble. Si ça ne marche pas, c’est peut-être parce que votre téléphone a une application incompatible, parce que votre connexion wifi marche mal, ou parce que vous n’avez plus de batterie. Alors, c’est de votre faute, à vous, spectateur.
Mais en même temps, si le système se démocratise, et c’est l’envie de l’entreprise à l’origine du produit, on pourrait imaginer utiliser cette application à peu près partout, au restaurant pour avoir de l’information sur un menu, dans un stade de sport pour avoir les commentaires en direct, lors d’une célébration pour avoir une traduction en direct… Partout où un système de streaming de son à l’usage du visiteur est utile…