Carte ancienne de Clermont-Ferrand

Il y a quelques jours, j’ai assis­té à une balade orga­ni­sée par la biblio­thèque du patri­moine de Cler­mont-Fer­rand, autour de la rue Bal­lain­vil­liers et le quar­tier du Tour­net. La pré­sen­ta­tion disait :

Avec ses nom­breuses petites mai­sons très res­ser­rées, ses ruelles et ses impasses, le quar­tier du Tour­net ne répon­dait pas aux règles de l’ur­ba­nisme pla­ni­fié ! Des années 1930 aux années 1970, il fut presque entiè­re­ment rasé pour lais­ser la place à des immeubles de loge­ment et des édi­fices publics. Dans la seconde moi­tié du XVIIIe siècle, les inten­dants d’Au­vergne avaient déjà ordon­né des tra­vaux impor­tants. Ils firent abattre les murailles qui enser­raient le Tour­net à l’est, au sud et à l’ouest. Sur l’emplacement des fos­sés, ils enga­gèrent l’a­mé­na­ge­ment de larges bou­le­vards (actuels voies Bal­lain­vil­liers, Mal­freyt et Clé­men­ceau). Après 1790, des opé­ra­tions d’a­li­gne­ment furent aus­si menées dans le quar­tier, tan­dis qu’au nord, après la des­truc­tion de l’é­glise Saint-Genés, une place fut créée. Aujourd’­hui, de nom­breux bâti­ments inté­res­sants embel­lissent le quar­tier, par exemple la halle au blé, la poste cen­trale, l’im­meuble Bar­goin, mais aus­si l’o­bé­lisque du monu­ment Desaix.

La mati­née a com­men­cé par la visite de quelques pièces conser­vées aux archives, des plans his­to­riques du quar­tier, des pro­jets archi­tec­tu­raux de façades et de l’o­bé­lisque. Puis la déam­bu­la­tion nous a ame­né le long du quar­tier, où nous avons appris un peu plus sur ce quar­tier, son his­toire, son évo­lu­tion. C’é­tait tout sim­ple­ment passionnant.

Datation d’une carte

De retour chez moi, je me suis rap­pe­lé de la carte du centre de Cler­mont-Fer­rand que j’a­vais ache­té pour une poi­gnée d’eu­ros des années aupa­ra­vant. Je me suis empres­sé d’y jeter un coup d’œil…

Carte de Clermont-Ferrand

Je m’é­tais déjà inter­ro­gé sur la date exacte de la publi­ca­tion de cette carte, dont le feuillet a été extrait d’un atlas édi­té par la mai­son Fayard de Paris. Aucune infor­ma­tion n’aide à dater direc­te­ment le des­sin. Mais grâce à la visite orga­ni­sé par la biblio­thèque du patri­moine, j’ai quelques indices : la carte date d’a­près le redres­se­ment du bou­le­vard Lafayette, après que la place Lecoq ait été dépla­cée vers le nord. Cepen­dant, le musée Bar­goin n’ap­pa­raît pas sur la carte, le fond de Jaude et le quar­tier du Tour­net autour de la poste Saint-Eloi sont encore un dédale de vieilles bâtisses, mais le mur d’en­ceinte a dis­pa­ru. J’ai donc col­lec­té puis daté quelques infor­ma­tions, et voi­là ce que l’on peut dire :

  • La carte date d’après 1858, car on y voit le che­min de fer de Paris à Nîmes. Or, la ligne Paris – Cler­mont-Fer­rand a été ouverte en 1858.
  • il n’y a pas encore le musée Bar­goin, dont l’i­nau­gu­ra­tion a eu lieu en 1903. Nous sommes donc avant 1903.
  • l’é­cole des sages-femmes est limite hors carte, mais ne semble pas encore construite. Elle date de 1892. Nous serions donc avant 1892.
  • la com­po­si­tion du 13e corps d’ar­tille­rie, visible sur la carte date de 1870. Nous sommes donc après 1870.
  • Le petit lycée, aujourd’­hui bâti­ment B du lycée Jeanne d’Arc a été édi­fié de 1877 à 1880. On le voit par­fai­te­ment sur la carte. Cepen­dant, l’ex­ten­sion vers l’ouest du lycée (aujourd’­hui le bâti­ment A) a été réa­li­sée en 1899. Nous sommes donc entre 1880 et 1899.

L’é­tat de mes connais­sances m’empêche de dater plus pré­ci­sé­ment cette carte, il fau­drait que je me rende à la biblio­thèque du patri­moine, mais déjà on obtient une four­chette de 20 ans, ce qui est très raisonnable.

Cartothèque numérique

En menant cette enquête, je suis tom­bé une nou­velle fois sur le site très inté­res­sant de la car­to­thèque en ligne de la biblio­thèque du patri­moine, où l’on retrouve de nom­breuses cartes à la consul­ta­tion. Mais aucune ne cor­res­pond aux années de la mienne. Peut-être est-ce pour des ques­tions de droit d’au­teur ? La sec­tion contri­buer invite à envoyer ses cartes numé­ri­sées. Je vais suivre cette voie, et vous tien­drai au cou­rant de la suite de cette aventure…

4 thoughts on “Carte ancienne de Clermont-Ferrand”

  1. Article pas­sion­nant, grand merci !
    Le maire André Moi­nier est mort en 1880, et il a déjà sa rue sur cette carte. Son suc­ces­seur Gil­bert Gaillard n’a pas encore sa place :) ça confirme ton estimation

  2. Sur le site de la BNF en recher­chant avec Arthème Fayard, on trouve plu­sieurs autres cartes issues de la même col­lec­tion « 160 plans de villes fran­çaises et étran­gères » (comme Lyon, Bel­fort, Auxerre). Cer­taines ne sont pas datées mais d’autres indiquent vers 1885 comme année de publication :
    http://data.bnf.fr/15319999/artheme_fayard/
    J’es­père que ça fera avan­cer ton enquête :)

  3. Mer­ci pour ces infor­ma­tions qui confirment mes estimations !
    Sur le plan de Lyon issu de la même série, et héber­gée sur la BNF, on peut lire la légende « Atlas Natio­nal. Plan de Lyon d’a­près les docu­ments offi­ciels les plus récents ». En par­cou­rant le site de la biblio­thèque du patri­moine de Cler­mont-Fer­rand, on voit que la carte la plus récente date de 1850 :
    http://www.bibliotheques-clermontcommunaute.net/cartographie/index.php?option=com_content&view=article&id=62&Itemid=73
    Mais clai­re­ment, ce n’est pas la source de mon plan, car plein de détails dif­fèrent, comme notam­ment l’im­plan­ta­tion des arbres sur les ave­nues. La place Lecoq a chan­gé de nom entre les deux plans, d’ailleurs.

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