26 rue Louis Blanc 69006 Lyon 04 37 23 11 30 auvergnerhonealpes@erhr.fr https://auvergnerhonealpes. erhr.fr https://www.facebook.com/ ERHR.AuRA www.lespep69.org Bibliographie Deuil blanc 30/07/2025 Le deuil blanc est le type de deuil que l'on ressent lorsqu'une personne atteinte d'un trouble cognitif n'a plus la même présence mentale ou affective que par le passé, bien qu'elle soit toujours présente sur le plan physique.

Deuil blanc

Les mala­dies neu­ro­dé­gé­né­ra­tives sont nom­breuses et diverses. Les plus connues sont pro­ba­ble­ment les mala­dies neu­ro­dé­gé­né­ra­tives liées à l’âge, comme la mala­die d’Alz­hei­mer ou la mala­die de Par­kin­son. Mais plein d’autres existent, comme par exemple la mala­die de Bat­ten, ou CLN3, une mala­die géné­tique lyso­so­male dont est por­teuse ma fille.

Le terme de deuil blanc est appa­ru il y a plus de 10 ans dans le contexte de la mala­die d’Alz­hei­mer. Il décrit le deuil que l’on res­sent lors­qu’une per­sonne atteinte d’un trouble cog­ni­tif n’a plus la même pré­sence men­tale ou affec­tive que par le pas­sé, bien qu’elle soit tou­jours pré­sente sur le plan physique.

Dans cet article, je vous raconte pour­quoi et com­ment j’en suis arri­vé à m’in­té­res­ser à cette notion, et je vous par­tage la syn­thèse biblio­gra­phique pro­duite par l’Équipe Relais Han­di­caps Rares AuRA, équipe que j’a­vais évo­qué dans ce blog, et dont je trouve le tra­vail for­mi­dable. Le docu­ment est consul­table en fin de page.

Une maladie dégénérative

Avec l’a­van­cée de la mala­die, les symp­tômes deviennent de plus en plus intenses, et les per­sonnes de l’en­tou­rage s’en­gagent dans un rôle de proche aidance. C’est ma tra­jec­toire depuis de nom­breuses années, et j’a­vais racon­té une par­tie de ce che­min dans un pod­cast, quand même pas Papa !. J’ai­me­rais trou­ver l’éner­gie et le temps de pour­suivre ce pod­cast, car les choses ont bien évo­lué depuis les der­niers épisodes.

Depuis le der­nier épi­sode de ce pod­cast, et au fil des années, ma fille a pu béné­fi­cier de nom­breux accom­pa­gne­ments pour com­pen­ser son han­di­cap crois­sant : fau­teuil rou­lant adap­té avec main­tien, lit médi­ca­li­sé, sonde enté­rale pour pour­suivre l’hy­dra­ta­tion et l’a­li­men­ta­tion, uti­li­sa­tion de pro­tec­tions contre l’in­con­ti­nence, d’une chaise de douche, ou encore d’aides humaines finan­cées par la MDPH.

Avec l’a­van­cée des symp­tômes phy­siques, les défis cog­ni­tifs et de com­mu­ni­ca­tion se sont inten­si­fiés. Nous abor­dions à ses côtés l’an­née 2025 en redou­blant d’as­tuces pour réus­sir à com­mu­ni­quer, grâce au seul mot dont elle dis­po­sait encore au quo­ti­dien : « oui ». Sui­vant son inten­si­té, sa fré­quence de répé­ti­tion, et les expres­sions du visage qui l’ac­com­pa­gnait, on arri­vait à trou­ver notre che­min dans tout ça, comme une équipe. Elle et nous sépa­rés par une paroi de plus en plus opaque, celui de la mala­die. Les hal­lu­ci­na­tions et épi­sodes de ter­reur ont aus­si été nom­breux, ren­dant sou­vent dif­fi­cile pour elle l’ac­cès à une par­ti­ci­pa­tion active à ces échanges.

Il y a plein de manières de vivre et de pen­ser cette mala­die et l’im­pact sur sa vie. Je l’ai tou­jours vue comme un filtre qui ren­dait de plus en plus dif­fi­cile l’ac­cès à la per­sonne qu’est ma fille.

Et puis nous avons la chance d’être super bien accom­pa­gnés par une équipe de soins pédia­triques pal­lia­tifs, avec qui nous tra­vaillons de concert pour trou­ver à chaque défi les solu­tions prag­ma­tiques et fonc­tion­nelles qui font que le quo­ti­dien se déroule le mieux pos­sible. Une équipe mobile de méde­cine phy­sique et de réadap­ta­tion nous accom­pagne aus­si pour adap­ter tous les dis­po­si­tifs d’aide maté­rielle. C’est une adap­ta­tion de chaque ins­tant, pour accom­pa­gner l’a­van­cée de la mala­die, ce qui n’est pas une mince affaire quand il faut jon­gler avec la len­teur des ser­vices admi­nis­tra­tifs du dépar­te­ment, mais aus­si parce que trou­ver les bons dis­po­si­tifs prend du temps. 

Et comme tout ces besoins sont inter­dé­pen­dants, on doit jouer les orches­tra­teurs du bon accom­pa­gne­ment par toutes les dis­ci­plines médi­cales et para­mé­di­cales qui accom­pagnent ma fille.

De nouveaux chamboulements

Si ma fille avait accès à un seul mot (à de rares excep­tions spo­ra­diques), elle n’é­tait pas tou­jours en pleine maî­trise de sa ver­ba­li­sa­tion, et il arri­vait sou­vent qu’elle soit prise dans une boucle de répé­ti­tion où le « oui » l’en­va­his­sait toutes les une ou deux secondes, par­fois pen­dant de nom­breuses heures, l’empêchant par­fois de dor­mir, sou­vent de déglu­tir. Par­fois même, je pense que cela entra­vait sa capa­ci­té à par­ti­ci­per aux échanges avec nous.

Avec la fin du prin­temps, ces boucles se sont rapi­de­ment arrê­tées, et avec elles, l’ac­cès facile à un « oui » por­teur de sens. Les gestes du repas (ouvrir la bouche, déglu­tir) sont aus­si deve­nus des gestes com­pli­qués. Et puisque la motri­ci­té géné­rale et la motri­ci­té fine n’é­taient plus acces­sible de manière inten­tion­nelle pour elle depuis de nom­breux mois, nous nous sommes retrou­vés avec une bar­rière à la com­mu­ni­ca­tion d’une toute nou­velle ampleur.

Alors on redouble d’as­tuce, on tente de mettre en place des petits outils, on explore des choses. Comme on connaît la per­sonne que l’on accom­pagne, on peut conti­nuer à lui pro­po­ser ce qu’elle aime, à ver­ba­li­ser pour elle les élé­ments qui consti­tuent son univers…

Mais avec la fatigue qui s’ins­talle, les cycles de som­meil très per­tur­bés, par­fois avec 20 heures de som­meil par jour entre­cou­pés de courts réveils, avec une motri­ci­té qui ne rend plus com­plè­te­ment rai­son­nable la toi­lette et les trans­ferts sans assis­tance maté­rielle plus impor­tante, le quo­ti­dien devient vrai­ment dif­fi­cile. Jus­qu’à pré­sent, on s’en empa­rait à bras le corps, à deux, ma fille et moi. En ce début d’é­té, j’a­vais sou­dain l’im­pres­sion de me retrou­ver sou­vent seul, ses inten­tions n’é­tant plus per­cep­tibles qu’à de fur­tifs moments dans la journée.

Une nouvelle manière de penser l’accompagnement

L’é­té avance, nous sommes à la mi-août, et je ne sais pas si cette nou­velle manière de vivre va s’ins­tal­ler comme une nor­ma­li­té pour nous. Mais il est cer­tain que j’a­vais besoin de trou­ver de nou­velles manières de réflé­chir et d’agir.

À la mi-juillet, j’ai décou­vert par hasard la notion de deuil blanc en regar­dant une vidéo d’A­thé­na Sol, une vul­ga­ri­sa­trice lin­guis­tique qui pré­sen­tait les mots entrés au dic­tion­naire Petit Robert en 2026 :

DEUIL BLANC : Deuil éprou­vé face aux mani­fes­ta­tions de la mala­die neu­ro­dé­gé­né­ra­tive d’un proche encore vivant, par dans le cas de de la mala­die d’Alzheimer.

Cette idée a direc­te­ment fait écho à notre vécu. Certes, je ne me sen­tais pas com­plè­te­ment dému­ni face à notre quo­ti­dien, j’a­vais construit mes outils, iden­ti­fier des manières de pen­ser notre vécu, ses besoins et les miens. Mais cette nou­velle notion don­nait à lire d’une nou­velle manière tout ce que j’a­vais pen­sé jus­qu’à pré­sent. Sans être une révo­lu­tion — après tout les notions sous-jacentes au deuil blanc sont déjà pré­sentes dans ma manière de pen­ser et d’a­gir — j’ai eu l’in­tui­tion que lire sur le sujet pour­rait m’ai­der à mieux pen­ser la suite.

Bibliographie sur le deuil blanc

Je me suis donc rap­pro­ché du centre de docu­men­ta­tion l’Équipe Relais Han­di­caps Rares AuRA pour savoir s’ils avaient des res­sources sur le sujet. J’a­vais déjà eu l’oc­ca­sion d’é­chan­ger avec eux, notam­ment sur la ques­tion de la nour­ri­ture mixée, et je trouve leur tra­vail vrai­ment formidable.

Une docu­men­ta­liste m’a tout de suite répon­du, et pro­po­sé de réa­li­ser une syn­thèse biblio­gra­phique sur la ques­tion, qui n’a­vait pas été jus­qu’à pré­sent un sujet d’in­té­rêt pour l’équipe.

Elle m’a fait par­ve­nir par la suite une syn­thèse biblio­gra­phique très riche, que j’ai envie de par­ta­ger avec vous. On y retrouve quelques défi­ni­tions connexes (deuil intui­tif, deuil ins­tru­men­tal), ain­si que dif­fé­rentes res­sources des­ti­nées aux aidants, aux pro­fes­sion­nels, ain­si que des réfé­rences de livre témoi­gnage, de pod­casts de vidéos, d’ar­ticles scien­ti­fiques, de témoi­gnages d’ai­dants ou encore de mémoires de fin d’é­tude. Les regards sont mul­tiples, parce qu’ils sont à la fois por­tés par des per­sonnes aidantes et par des per­sonnes pro­fes­sion­nelles, mais aus­si parce que plu­sieurs dis­ci­plines sont sol­li­ci­tées : psy­cho­lo­gie, socio­lo­gie, géria­trie, soins infir­miers, arts.

Voi­ci donc le docu­ment pro­duit par l’E­RHR AuRA sur le deuil blanc en juillet 2025. Un énorme mer­ci à eux, et bonne lec­ture à vous, inter­nautes de pas­sage sur ce blog :

Premières idées

Un des pre­miers points qui m’a mar­qué, c’est que le deuil blanc n’est pas une lec­ture que l’on peut appli­quer uni­que­ment au vécu du proche aidant. Elle peut aus­si être vue depuis le point de vue de la per­sonne qui perd ses capa­ci­tés cog­ni­tives et physiques. 

Sou­vent on m’a deman­dé si ma fille avait conscience de ce qu’elle tra­ver­sait. Ces der­niers mois, je l’ai vue pleu­rer, et n’ar­ri­vant pas à iden­ti­fier de cause phy­sique (dou­leur, incon­fort, …), j’en étais arri­vé à me dire qu’elle res­sen­tait une grande frus­tra­tion à perdre les outils de com­mu­ni­ca­tion ténus qui lui res­tait. Sans être cer­tain de cela, je peux tout de même pui­ser dans la lit­té­ra­ture sur le deuil blanc des pistes pour conti­nuer à l’accompagner.

Je trouve aus­si dans la lec­ture de la note biblio­gra­phique de l’E­RHR AuRA des idées qui font bien écho à mon quo­ti­dien per­son­nel : sen­ti­ment de soli­tude, besoin de conso­li­der des sou­ve­nirs com­muns, impor­tance d’ex­pri­mer son cha­grin, de trou­ver des res­sources dans l’art par exemple pour conti­nuer à avan­cer. Je com­mence tout juste à par­cou­rir ces res­sources, qui j’en suis convain­cu vont m’ai­der à avancer.

Bonne lec­ture à toi aus­si, inter­naute qui te sens concerné·e par la question !

1 thoughts on “Deuil blanc”

  1. Mer­ci JM de par­ta­ger avec autant de ques­tion­ne­ments et de détails tout ce que vous vivez !
    Je crois que notre âme est la seule à vrai­ment exis­ter, et je sais com­bien tu donnes pour Maëlyn.
    Bisous x 2

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