À l’approche de la prochaine édition du bœuf électronique Saucisse Records, j’ai commencé à repérer quelques outils de synthèse qui permettent d’explorer la production de matière sonore d’une manière intéressante et ludique. Mon critère était que cela fonctionne avec GNU/Linux, éventuellement en web, de préférence capable de fonctionner avec jack, de sorte à pouvoir récupérer dans ardour le son généré, et ainsi pouvoir l’enrichir à la volée de traitements supplémentaires.
Je suis bien sûr attiré par la synthèse modulaire, qu’elle soit virtuelle ou matérielle, mais la courbe d’apprentissage semble importante, et j’avais envie en premier lieu de trouver des dispositifs plus simples à prendre en main.
Pink Trombone
L’année dernière, j’avais pas mal joué avec Pink Trombone, l’outil de synthèse de son phonatoire. L’interface présente une coupe de la bouche et du nez de côté, et propose de jouer avec la forme de la bouche, la position de la langue, et les différents autres paramètres qui pilotent la production de son par la voix, via le clic. Bien sûr, c’est un synthétiseur plutôt simple et naïf, mais il permet de faire déjà pas mal de chose.
Comme c’est un synthétiseur, on peut aussi le pousser au delà de ses limites, et réussir à produire du son pas prévu par le simulateur, c’est rigolo :
PixelSynth
Cette année, l’un des premiers outils avec lequel j’ai commencé à joué, c’et PixelSynth. Le principe pourrait un peu faire penser à rawdodendron, cet outil de synthèse que l’avais fabriqué il y a quelques temps pour convertir une image en son, et réciproquement.
PixelSynth a lui l’avantage de proposer une interface interactive, où l’on voit pendant la génération du son la lecture de l’image scannée de gauche à droite. L’image est interprétée en niveau de gris, les points les plus lumineux déclenchant un son dont la hauteur dépend de la position du pixel dans l’axe vertical.
L’interface permet de changer d’image, d’en charger une personnelle, et d’ajouter des traits blancs continus en forme libre, pour alimenter le son généré d’une série de notes en progression contenue.
Ce mode de génération de son est clairement inspiré du synthétiseur historique ANS, conçu entre 1937 et 1957 par l’ingénieur russe Evgeny Murzin.
Virtual ANS
On trouve d’ailleurs d’autres projets qui se réclament explicitement de l’héritage de l’ANS, avec Virtual ANS, qui dans sa version 3 fonctionne parfaitement sous GNU/Linux.
L’interface est assez ludique, elle permet de dessiner des formes qui serviront ensuite à jouer des sons avec la même mécanique de déplacement de la barre de lecture, et de hauteur de note suivant la position verticale. Ne nombreuses possibilités de dessin sont offertes, on peut superposer des calques, et les paramètres permettent de régler le comportement global de la lecture.
On se prend très vite au jeu, les possibilités étant multiples, combinant les plaisirs du dessin à celui de la synthèse de son. Les dégradés permettent de produire les nappes, et les marqueurs de temps précis invitent à explorer les possibilités rythmiques de l’outil. Très amusant !
Frontières
Frontières est une reprise libre non officielle d’un synthétiseur conçu par Chris Carlson, Borderlands. Elle fonctionne sous GNU/Linux, sur une approche complètement différente d’ANS.
Ici, on positionne dans l’espace des échantillons de sons (samples), puis on place des nuages sur l’espace, qui régulièrement produisent un événement. Chaque particule, positionnée dans l’espace, produit un petit extrait de son en le puisant dans les échantillons positionnés sur l’espace plan.
On peut alors piloter plein de choses : trajectoires et formes des nuages, enveloppe, aléatoire, superposition des grains, ajouts de déclencheurs…
On peut séparer chacun des nuages sur une sortie jack différente, et ensuite utiliser ardour par exemple pour y ajouter des effets supplémentaires… Toute une aventure :)
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