Il y a deux semaines, j’étais à Londres pour quelques jours. C’est vraiment une ville où je me sens bien, avec sa multitude de facettes incroyables. C’est la ville citadine par excellence, multiple, cosmopolite, culturelle, vivante. Bon, c’est quand même la ville au loyers les plus chers d’Europe, avec des prix quasiment deux fois plus élevés qu’à Paris…
Pendant cette visite, ma sœur m’a fait la surprise d’une soirée au Ronnie Scott’s jazz club, ce lieu mythique des nuits londoniennes… Et quel lieu ! Douceur, élégance, classiques et improvisation, une superbe soirée !
J’en ai aussi profité pour aller découvrir la superbe exposition Maps and the 20th century : drawing the line. Une belle occasion pour partager ici quelques-unes de mes lectures récentes sur la cartographie, topographie et sur l’urbanisme… en continuant à ouvrir les rayons de ma bibliothèque.
Paris-Londres
Un mois avant cette virée londonienne, j’avais découvert à la librairie de la BNF un livre parfaitement adapté à un voyage en eurostar : Paris-Londres, ouvrage dirigé par Dana Arnold et Jean-Louis Cohen, publié en 2016. Recueil d’articles présentés à l’occasion de deux séminaires regroupant des chercheurs aux domaines d’études assez variés, on se promène dans Paris-Londres entre urbanisme, architecture, histoire de l’art, influence politique et sociologie. Les articles sont tous plus intéressants les uns que les autres. Ils illustrent l’opposition marquante des deux villes, qui se sont construites en parallèle, puisant chacune leur futur dans une vision fantasmée de l’autre. On découvre aussi combien la culture politique des deux pays a influencé la structure globale des cités, avec par exemple à Londres les parcs privés, à Paris les promenades arborées. On apprend à déconstruire des idées reçues sur les grandes restructurations du baron Haussmann, on en apprend plus sur le rôle majeur des fleuves dans les développements propres aux deux villes.
Cette étude comparée, majoritairement ancrée avant le vingtième siècle, aide à comprendre les deux villes d’aujourd’hui, où l’on retrouve à chaque coin de rue un héritage de ces périodes…
Catalogue de l’exposition Maps and the 20th century : drawing the line
L’exposition Maps and the 20th century : drawing the line, jusqu’au 1er mars 2017, raconte comment la carte a joué un rôle clé au XXe siècle, que ce soit comme outil de guerre, mais aussi comme moyen d’entretenir la paix, en diffusant auprès des peuples des valeurs et idées pacifistes. La propagande, notamment au moment de la guerre froide, n’est pas en reste. Et puisque l’exposition se tient à Londres, on découvre aussi combien le monde était britannique au XXe siècle, avec la lecture géographique donnée par le Commonwealth.
L’exposition est très belle, avec un nombre impressionnant de cartes, toutes plus pertinentes les unes que les autres. J’ai particulièrement aimé le début de l’exposition, qui est structurée en une succession de diptyques, chaque duo de cartes sélectionné par les organisateurs de l’exposition éclairant une réflexion proposée par le cartel commun.
Le catalogue de l’exposition est aussi très intéressant, permettant comme souvent au visiteur de prolonger la réflexion.
Catalogue de l’exposition Cartes et figures de la terre
En flânant chez les bouquinistes du centre de Clermont-Ferrand, j’ai trouvé rue terrasse, grâce aux conseils de Florent, un exemplaire du catalogue de l’exposition Cartes et figures de la terre qui a eu lieu en 1980 au centre Pompidou. Aux vues de ce catalogue, l’exposition devait être passionnante ! Les articles, qui se suivent sans se ressembler dans ce catalogue, explorent toutes les questions des rôles et des formes que peuvent prendre les cartes, dans la représentation du monde. On y trouve des thématiques scientifiques, historiographiques, artistiques, journalistiques… On y retrouve aussi de belles reproductions de cartes marquantes, qui illustrent les points de vue proposés. Très accessible et en même temps pointu, j’ai adoré l’ouvrage.
Paris
La plupart d’entre nous ont déjà arpenté Paris, ses bâtiments et boulevards mythiques. Mais à quoi ressemblait la ville avant ! Et comment s’est construit cet enchevêtrement de bâtiments tous plus impressionnants les uns que les autres ! J’ai trouvé au puces il y a quelques mois un petit bouquin plutôt chouette, édité par la documentation française en 1963, qui propose en 20 pages de retracer l’histoire architecturale de la ville, puis décrit en 50 pages la place que joue dans les années 60 cette ville à l’échelle du pays, comment elle est structurée, comment elle fonctionne en terme de circulation, d’habitat, d’activités industrielles… Enfin, le livre fini par une projection intitulée vers le Paris de l’an 2000, où l’on ressent tous les espoirs de futurs propres à cette époque, mais où l’on décèle déjà dans la plume des auteurs les craintes réalistes en terme de circulation, de surpopulation et de pollution. Illustré de photos contemporaines en noir et blanc, c’est une très belle promenade dans un Paris qui n’existe plus vraiment.
Éléments de topographie
La cartographie a petit à petit pris de plus en plus de place dans mes centres d’intérêts, notamment parce que mes activités de recherche tournent autour de la topologie et la géométrie. Or, la topographie est un sujet très proche, qui allie sciences et techniques pour répondre à un problème concret : comment mesurer la géographie. J’avais particulièrement aimé regarder le documentaire La naissance d’une carte qui raconte le travail de l’IGN dans les années 50.
C’est par hasard que je suis tombé sur ces Éléments de topographie, édité chez Gabriel. Il s’agit d’un manuel permettant à de futurs fonctionnaires de préparer des concours d’état qui incluent des épreuves d’arpentage, de levé de plans, du nivellement et du tracé des vois de communications. Difficile de dater cet ouvrage, mais au fil du texte, on arrive à le situer aux alentours de 1920. C’est un manuel pratique, qui décrit les outils utilisés pour construire des relevés. On apprend aussi beaucoup de la manière de dessiner les cartes de manière moderne, scientifique et accessible, ainsi que l’art de mesurer le réel en vue de récolter toutes les informations nécessaires à ces cartes. À la fois techniques et scientifiques, ces outils sont présentés en utilisation dans des cas pratiques. On trouve aussi une partie historique, décrivant la manière dont le métier a évolué pour arriver à ce niveau de précision. Superbement illustré de gravures, cartes et photos, l’ouvrage se termine par une description des techniques les plus modernes de phototopographie, lesquelles sont évoquées dans le documentaire de l’IGN. Une manière de comprendre toute l’histoire de ces métiers au long du vingtième siècle. J’ai dévoré ce bouquin en 3 jours, tellement il est captivant !
Les lieux disparus de Lyon
Parmi les villes où j’aime traîner mes guêtres, il y a Lyon aussi bien sûr. L’année dernière, en me promenant sur les berges, j’avais trouvé un exemplaire des lieux disparus de Lyon, dans une version légèrement différente de celle disponible à la consultation sur Gallica, avec une belle carte ancienne sur la couverture. C’est cette gravure qui m’avait donné envie de l’acheter. Le texte lui-même est intéressant aussi, même si son style fait beaucoup penser à ces ouvrages d’auteurs régionaux, passionnés par leurs territoires, mais au style souvent lourd et maladroit. Mais pour qui aime se promener le nez en l’air dans une ville en imaginant son passé, c’est un livre qui vaut le détour.
La carte, mon nouveau sujet de recherche
Vous l’aurez compris, la question de la représentation du monde motive énormément mes lectures ces derniers temps, tout comme la question de l’accessibilité. C’est donc naturellement que je me suis rapproché de l’équipe COGIT, et plus précisément de Guillaume Touya, avec une proposition de sujet de recherche commune, autour de l’utilisation d’OpenStreetMap (le wikipédia de la cartographie) pour offrir de nouvelles possibilités en terme de supports pour l’accessibilité. Cette année, on construit un prototype, et l’année prochaine, on commence à explorer les nœuds scientifiques associés… Restez connectés !
2 thoughts on “Cartographie et urbanisme”