Dans quelques jours, j’organise avec Meddy Escuriet, doctorant en géographie, et Gauthier Fillières-Riveau, doctorant en informatique, un atelier intitulé parcours urbains et cartographies sensorielles, dans le cadre de SAGEO, la conférence francophone en géomatique. Il s’agit d’une certaine manière d’un pont entre les problématiques de recherche déjà explorées autour de la cartographie et des outils multisensoriels pour l’accessibilité spatiale d’une part, et de mes activités autour du son.
Afin de préparer au mieux cet atelier, aux frontières entre géographie et informatique, j’ai repensé à mes lectures passées, et exploré de nouveaux titres. J’ai aussi beaucoup repensé à Gilles Malatray et à son approche de l’écoute de la ville. J’avais eu la chance de participer à une de ses promenades à l’occasion du festival [SONOR] en 2016, et je continue de le lire avec plaisir. Une manière d’investir concrètement la ville, par l’écoute et le son.
Le paysage sonore
Une des approches les plus marquantes sur la question du paysage sonore, c’est bien sûr le travail de Murray Schafer, retranscrites dans un livre récemment republié, dont j’avais parlé il y a deux ans. Ses travaux, qui s’apparentent à une démarche à la fois scientifique et artistique, s’intéressent à la question des paysages sonores, de leur dimension éphémère, évolutive, et propose quelques outils pour les étudier. J’aime particulièrement y retrouver la lecture simplifiée des notions construites par Pierre Schaeffer sur la description des sons.
De l’espace sonore
J’avais parlé il y a peu de Tacet, cette revue de recherche bilingue qui aborde les arts sonores sous toutes ces facettes, proposée par la Haute école des arts du Rhin et Les Presses du réel.
Le numéro trois aborde l’espace sonore. Chacun des articles aborde une partie de l’histoire de l’appropriation de l’espace par les artistes, évidemment en sollicitant Murray Schafer, mais en parcourant aussi tout les mouvements liés aux installations, et à l’occupation de l’espace public. Très riche et complémentaire des travaux présentés dans les autres livres de cette sélection.
L’espace sonore en milieu urbain
Solène Marry est docteur en urbanisme. L’espace sonore en milieu urbain est une édition de ses travaux de thèse, aux Presses Universitaires de Rennes, que je trouve très accessibles, et qui défrichent un certain nombre de problématiques liées au vocabulaire de l’espace public, et à l’importance de la dimension sonore de ces places. Construit autour d’une série d’enquêtes, ce travail questionne notamment la place que l’on donne au sonore dans notre ressenti de l’ambiance des espaces publics. Dans ces enquêtes, on retrouve aussi beaucoup d’interrogations autour des matériaux (minéraux, végétaux) qui alimentent le ressenti de ces places. On y trouve aussi plusieurs exemples de cartes mentales sonores, ce à quoi pourraient ressembler les productions de notre atelier de novembre.
Les Cinq sens de la ville
À l’occasion de Longueur d’ondes 2017, j’avais rencontré Mylène Pardoën, qui avait présenté à mon micro son projet de reconstitution sonore du Paris du 18e siècle, pour l’émission sensation. J’ai toujours éprouvé pour son travail une grande fascination, pour sa dimension scientifique et artistique. Les cinq sens de la ville est une promenade parmi les questionnements et problématiques des historiens de la ville et des sens. Mylène Pardoën y parle ici de la musique militaire et de sa place dans la ville. Évidemment, le sonore a pleinement sa place dans ce livre, mais les autres sens sont aussi présents, qui évoquent ainsi la question de l’ambiance et de l’identité de la ville.
Politique, contrôle social, et intimité, XIXe siècle, Paris, Istambul, époque médiévale, musique dans les villes allemandes, on peut lire beaucoup dans notre perception sensorielle de la ville.
Paysages sensoriels, essai d’anthropologie
Sous-titré « essai d’anthropologie de la construction et de la perception de l’environnement sonore », cet ouvrage aux nombreux auteurs imprimé sur beau papier, et avec une très chouette couverture m’a été suggéré par Meddy Escuriet, avec qui je vais co-animer l’atelier de SAGEO. On y retrouve évidemment un chapitre au sujet du CRESSON, cette équipe de recherche de l’école d’architecture de Grenoble, dont le travail est passionnant. On parle aussi de musique (et de Schafer), mais aussi de paysage sonore alpin, de cartographie sonore, ou d’espace sculpté par le son. Je n’ai pas encore fini de le lire, mais chaque article apporte un point de vue complémentaire et passionnant sur la question, définitivement moderne !
Paysages sensoriels, approches pluridisciplinaires
Sous-titré « approches pluridisciplinaires », cet ouvrage édité par les Presses Universitaires de Rennes. Chaque article s’ancre définitivement dans une approche multidisciplinaire, en interrogeant le concepte de paysages sensoriels depuis les sciences humaines et sociales. Là aussi un article de Mylène Pardoën, qui y raconte son projet Bretez. On se promène aussi à Byzance, en Rome ancienne, on écoute les grèves minières du XIXe siècle…
Paysages monosensoriels et plurisensoriels, sensibilité, subjectivité, mais aussi synesthésie. De nombreuses points d’entrée pour sentir la ville…