Urbouge

Dans un pré­cé­dent billet, j’é­vo­quais l’i­dée que l’on peut ne pas céder au « besoin de par­tir en vacances » que l’on nous dif­fuse un peu par­tout. J’é­vo­quais dans ce billet le fait que l’on puisse explo­rer les acti­vi­tés de loi­sir pro­po­sées près de chez soi. Mais peut-être cer­tains pré­ten­drons qu’ils connaissent leur région comme leur poche, et que fina­le­ment, ils ont besoin d’un nou­vel air.

Pour ma part, je suis loin d’a­voir fait le tour de la ville que j’ha­bite, et de sa région. Les tou­ristes de pas­sage arpentent les rues et les che­mins en cap­tu­rant mille et un cli­chés des monu­ments et sites répu­tés, mais quid des petites curio­si­tés, nichées ici ou là ?

En cette période esti­vale, j’ai choi­si de me pro­me­ner avec un appa­reil pho­to, pour mon­trer les côtés mécon­nus de la ville, pour par­ta­ger les curio­si­tés archi­tec­tu­rales, les décors de vie que j’aime bien. C’est aus­si l’oc­ca­sion pour les cler­mon­tois de pas­sage ou de rési­dence de tes­ter leurs connais­sances : sau­rez-vous retrou­ver où ont été prises ces pho­tos ?

Bonne visite sur mon nou­veau blog-pho­to urbouge !


urbouge : n.m. mot-valise consti­tué des noms « urbain » et « bouge ».

  • urbain : adj. Qui appar­tient à la ville.

    • La vie urbaine dépé­rit et, comme la civi­li­sa­tion isla­mique médié­vale était elle-même essen­tiel­le­ment urbaine et que la richesse maté­rielle dépen­dait du com­merce, la pros­pé­ri­té décli­na. — (P.J. Vati­kio­tis, L’Is­lam et l’É­tat, 1987, tra­duc­tion de Odette Gui­tard, 1992).
  • bouge : n.m. Loge­ment obs­cur et malpropre.

    • Il ne me faut tant de céré­mo­nies ; Je suis content de mon bouge, et les dieux Dans mon tau­dis m’ont fait un sort tran­quille. — (Vol­taire, La Bastille).

Un été à Clermont

Peut-être êtes-vous comme ces 42 % des fran­çais qui ne par­ti­ront pas en vacances cet été. Peut-être est-ce par choix, parce que brû­ler du car­bu­rant pour aller consta­ter qu’ailleurs ça n’est fon­da­men­ta­le­ment pas dif­fé­rent d’i­ci vous semble futile. Moins pro­ba­ble­ment, vous habi­tez à Cler­mont-Fer­rand. Si mal­gré tout c’est votre cas, voi­ci quelques idées pour s’ou­vrir l’es­prit sans par­cou­rir des kilomètres.

Outre les visites à la biblio­thèques, et des musées (pro­fi­tez-en pour aller voir l’ex­po­si­tion Archeo 3D à laquelle par­ti­cipe Marc), on trouve dans le coin quelques acti­vi­tés esti­vales qui semblent pro­met­teuses. Petit tour d’ho­ri­zon sans ordre ni exhaustivité.

  • Tout d’a­bord, allez faire un tour à sable show. Si vous êtes accom­pa­gné par un ou plu­sieurs enfants, ils s’en réga­le­ront. Visez par exemple le mar­di, pour pro­fi­ter de l’a­ni­ma­tion « his­toires à dor­mir debout » de Mor­gane. La diver­si­té des acti­vi­tés pro­po­sées est vrai­ment impressionnante.
  • Pour­quoi aus­si ne pas aller faire un tour à l’ex­po­si­tion consa­crée à Jean Amblard, un peintre au regard mili­tant sur sa région.
  • Vous pou­vez aus­si aller jeter un coup d’œil à l’ex­po­si­tion « Fadas du Via­duc », qui nous amène à décou­vrir un édi­fice his­to­rique monu­men­tal de la région.
  • Ne ratez sur­tout pas les contre-plon­gées, cette année inti­tu­lée «  une fresque ani­ma­lière pour un été cultu­rel à Cler­mont-Fer­rand » : ciné­ma, théâtre, danse, etc. Pro­fi­tez au hasard de ces soi­rées des ani­ma­tions orga­ni­sées par la mai­son des jeux.

Nombre d’autres asso­cia­tion cler­mon­toises orga­nisent des acti­vi­tés tout au long de l’é­té. Décou­vrez par exemple l’a­te­lier jaune, rue de la treille, qui a récem­ment ouvert un lieu intri­guant. Et n’ou­bliez pas que même sans voi­ture, on peut vite plon­ger dans la ver­ture environnante !

Les jurys d’examens

Voi­là quelques mois que je n’ai rien écrit ici. Je voyais le temps filer, et impos­sible de m’ar­rê­ter sérieu­se­ment et suf­fi­sam­ment long­temps pour rédi­ger un billet sur ce blog. Main­te­nant que je com­mence à voir arri­ver les moments de répit (enfin les gens vont par­tir en vacances, on sera libre de tra­vailler sur les choses inté­res­santes sans être constam­ment inter­rom­pu par des futi­li­tés chro­no­phages), j’en pro­fite pour prendre mon clavier. 

Cette année, j’ai assis­té à plu­sieurs jurys, que ce soit à l’IUT où j’en­seigne, ou encore pour le bac­ca­lau­réat. En effet, comme wiki­pé­dia le dit si bien, le bac­ca­lau­réat en France est consi­dé­ré comme le pre­mier grade uni­ver­si­taire. C’est la rai­son pour laquelle l’É­tat réqui­si­tionne les ensei­gnants-cher­cheurs de l’U­ni­ver­si­té pour pré­si­der aux jurys de bac­ca­lau­réat. Et comme il s’a­git d’une tâche pas­sion­nante et fort inté­res­sante, on convie géné­ra­le­ment les recru­tés de l’an­née à aller faire un tour dans les lycées de la région.


Source : wiki­pé­dia

Le jury est l’as­sem­blée, regrou­pant géné­ra­le­ment les ensei­gnants ayant éva­lué les can­di­dats, ain­si que quelques per­sonnes exté­rieures (infir­mières, per­son­nels admi­nis­tra­tifs, pré­sident), dont la tâche consiste à attri­buer (ou non) les diplômes aux vues des notes obte­nues. Et puisque ce jury est le repré­sen­tant de l’É­tat, il est évident qu’il doit faire res­pec­ter le plus que faire se peut l’é­ga­li­té entre can­di­dats. On pour­rait donc s’at­tendre à ce qu’il res­pecte les notes que les cor­rec­teurs ont attri­bués aux copies. Or, il n’en est rien, et c’est ce que j’ai décou­vert avec stu­peur et incom­pré­hen­sion cette année.

J’a­vais bien sûr enten­du par­ler comme tous les étu­diants de ces « points de jury », qui servent à ajus­ter les notes. Je pen­sais que leur usage en était rai­son­né et excep­tion­nel. Or, de ce que j’ai pu consta­ter, il n’en est rien. Les jurys pra­tiquent le sport qui consiste à trou­ver toutes les rai­sons du monde pour remon­ter les notes des étu­diants. Ici parce que vrai­ment « il a fait des efforts », là parce que « quand même, il n’est pas aidé par son quo­ti­dien ». De prime abord, on pour­rait pen­ser que ces réajus­te­ments sont une bonne chose, tant pour l’é­tu­diant que pour la socié­té : on aide le plus de monde pos­sible à avoir son diplôme, même ceux pour qui c’est un peu juste, même ceux qui « se plan­te­raient au rat­tra­page, de toute façon ». On pour­rait voir ici la main de la jus­tice sociale, qui aide l’é­tu­diant tra­vaillant pour finan­cer ses études, qui tient compte du handicap.

Mais ça serait oublier qu’il existe déjà pour ces gens des ajus­te­ments, pré­vus par les lois et les règle­ments, qui en amont per­mettent à ces élèves et étu­diants de ne pas par­tir dému­nis face à leurs cama­rades à la vie plus confor­table. Ça serait oublier que l’i­dée même d’un diplôme, c’est d’é­va­luer des com­pé­tences ou des connais­sances. Or, si l’on com­mence à don­ner les diplômes parce que l’é­tu­diant est bien gen­til, on tend à déva­lo­ri­ser le diplôme, qui n’a plus alors le sens qu’il devrait avoir : cela signi­fie juste que la per­sonne a sui­vi la for­ma­tion, et non qu’elle a les capa­ci­tés que l’on éva­lue à la fin de l’année.

Alors bien sûr, je ne suis pas le pre­mier à crier que la licence ne vaut plus ce qu’elle valait avant, que mon petit mon­sieur, le bac ne vaut rien aujourd’­hui, que les pro­grammes ne font que se réduire à peau de cha­grin. Mais il est évident qu’un autre pro­blème réside en cette pra­tique de com­plai­sance des jurys : les étu­diants, qui savent per­ti­nem­ment que les pro­mo­tions pré­cé­dentes sont tou­jours pas­sées à plus de 80 % ne peuvent que trou­ver dif­fi­ci­le­ment l’éner­gie de se plier aux exer­cices de l’ap­pren­tis­sage, car même s’ils échouaient aux exa­mens, le jury serait tou­jours là comme filet pour récu­pé­rer les étour­dis… Et moins les étu­diants mettent de convic­tion à leurs études, plus les ensei­gnants se doivent de réduire le niveau de leur ensei­gne­ment, et l’on rentre ain­si dans la course à la médio­cri­té, où constam­ment l’on sup­prime des notions qui étaient néces­saires aux années suivantes.

En résu­mé, le rôle du jury, qui est de faire appli­quer les règles connues de tous et ser­vant à l’é­va­lua­tion, ce rôle est donc clai­re­ment détour­né, par­fois parce que les ensei­gnants ne savent pas être justes, sou­vent parce que l’on demande plus de chiffre, plus de ren­ta­bi­li­té à des orga­nismes qui sont deve­nus des entre­prises lucra­tives, et res­tent acces­soi­re­ment des lieux de trans­mis­sion de savoirs.

Et vous, ça vous plaît, l’enseignement ?