Végéweb

Il y a un peu plus de cinq ans, nous démar­rions avec Cyd­wen le forum Végé­web, avec pour ambi­tion de pro­po­ser un lieu de dis­cus­sion vir­tuelle autour du végé­ta­risme, et ouvert à tous. C’é­tait à la fois un pro­jet public, mais aus­si la concré­ti­sa­tion d’un choix de vie per­son­nel.

Depuis les pre­miers jours du forum, de l’encre numé­rique a cou­lé sous les ponts. Le forum a gran­dit, est deve­nu un lieu d’é­change convi­vial, très riche en infor­ma­tions. Il s’est petit à petit mis à vivre tout seul, sans que l’on ai réel­le­ment besoin d’en gui­der les pas. À Cyd­wen comme à moi, cela nous a per­mis de ren­con­trer plein de gens, de voya­ger, d’ac­cueillir des visi­teurs d’autres contrées, de tis­ser des ami­tiés, etc. Je pense que de nom­breuses autres per­sonnes ont pro­fi­té du forum pour cela aussi.

Et puis le temps pas­sant, Cyd­wen a moins eu le temps de s’y consa­crer. À mon tour, je me suis fait ava­lé par le quo­ti­dien, très gour­mand en temps, et j’ai man­qué d’éner­gie pour entre­te­nir et ani­mer le forum. Il conti­nuait certes à vivre de lui-même, mais on sen­tait un cer­tain endor­mis­se­ment. Et il y a peu, une nou­velle équipe a déci­dé de s’y col­ler : nou­veau moteur de site, nou­veau desi­gn, nou­velles éner­gies d’a­ni­ma­tion et de modé­ra­tion, mais en essayant de pré­ser­ver l’i­dée ori­gi­nale de par­tage et de tolérance.

Ce forum est deve­nu en cinq années un lieu vir­tuel incon­tour­nable pour qui sou­haite échan­ger sur la ques­tion, et j’en suis vrai­ment ravi. J’es­père que ce nou­veau souffle contri­bue­ra au dyna­misme de la com­mu­nau­té qui gra­vite autour. Longue vie, végéweb !

Éducation et société sexiste

Voi­là l’un de mes sujets de pré­oc­cu­pa­tion régu­liers : lut­ter contre le sexisme ambiant que l’on impose dès le plus jeune âge aux humains sur cette pla­nète. Ça ne loupe jamais : rose vs bleu (ou kaki), pou­pée vs voi­tures, tâches ména­gères contre acti­vi­tés au grand air, etc. La ques­tion de l’exis­tence de l’in­né et du poids de la socié­té est une ques­tion qui a été maintes fois débat­tues, et je per­siste à chaque fois dans l’i­dée que l’in­fluence socié­tale dépasse l’in­né, que l’on pro­duit des sté­réo­types par l’é­du­ca­tion, depuis les rayons de jeux (il existe des jeux pour filles, d’autres pour gar­çons, et Joué­Club par exemple l’as­sume com­plè­te­ment), jus­qu’aux rayons des biblio­thèques, lieux pour­tant d’ha­bi­tude peu enclins à favo­ri­ser le sec­ta­risme. Un article d’au­jourd’­hui de Rue89 aborde encore la ques­tion.

Seule­ment, à chaque fois que je suis confron­té à cette ques­tion, moi qui ait la joie d’être père d’une petite fille, vient la ques­tion de la diver­si­fi­ca­tion des lec­tures, des jeux et des acti­vi­tés. Et inva­ria­ble­ment, ce constat bien triste : incon­tour­na­ble­ment, les jeux affi­chés pour les gar­çons ont pour thèmes domi­nants la guerre, l’au­to­mo­bile ou encore le moyen-âge. Et ce sont pré­ci­sé­ment des valeurs que je n’ai pas envie de trans­mettre à ma fille : la vio­lence, la bêtise kaki comme seule solu­tion aux sou­cis dans la vie, le culte de l’in­di­vi­dua­lisme et de la pol­lu­tion que per­son­ni­fient les voi­tures, ou les fon­de­ments de la vie patriar­cale et anti­dé­mo­cra­tique ne me font pas rêver.

Il reste heu­reu­se­ment les jeux de construc­tion, la pano­plie des jeux étu­ca­tifs à orien­ta­tion scien­ti­fique, géné­ra­le­ment orien­tés vers les gar­çons, que l’on peut plus faci­le­ment pro­po­ser comme acti­vi­té ludique sans que cela n’en­traîne un nou­vel ancrage de valeurs peu satis­fai­santes. De l’autre côté de l’é­ten­due des acti­vi­tés ludiques pro­po­sées aux enfants, j’é­vi­te­rais de m’é­tendre sur le culte de la mater­ni­té véhi­cu­lée par de nom­breux jeux rosou­nets à des­ti­na­tion des petites filles, ou encore sur l’é­cra­sant silence de la diver­si­té des orien­ta­tions sexuelles. Certes, les enfants se déve­loppent par mimé­tisme, donc les jeux s’ins­pirent de l’en­vi­ron­ne­ment proche, mais par­fois, ce raz-de-marée devient douteux.

Et vous, qui fré­quen­tez des enfants, com­ment envi­sa­gez-vous cette ques­tion du sexisme quotidien ?

Atelier 62

Cet été, par­mi les diverses acti­vi­tés entre­prises, j’ai enfin pris le temps de remettre les pieds à la média­thèque.

J’ai d’a­bord décou­vert avec tris­tesse que le réseau des média­thèques de la com­mu­nau­té de com­munes avait rom­pu son par­te­na­riat avec les biblio­thèques uni­ver­si­taires : impos­sible main­te­nant de pro­fi­ter d’une unique ins­crip­tion. Cela peut sem­bler futile, mais pour qui n’é­tait pas employé ou étu­diant à l’u­ni­ver­si­té, cet accès com­mun offrait la pos­si­bi­li­té de consul­ter et d’emprunter des ouvrages plus spé­cia­li­sés. Je ne sais pas ce qu’il en est depuis la sépa­ra­tion – qui date de moins d’un an – mais de prime abord, cela semble être une mau­vaise nou­velle. D’ailleurs, nous sommes reve­nus en arrière de plu­sieurs lustres, puisque doré­na­vant, on confie à l’a­bon­né un impri­mé rem­pli et tam­pon­né pour infor­mer l’autre struc­ture de son ins­crip­tion. Bien­ve­nue au XXIe siècle !

En fure­tant dans les allées de la média­thèque de Jaude, je suis tom­bé sur Ate­lier 62, de Mar­tine Son­net. Ça se lit comme un roman, ou comme une enquête poli­cière. Ça m’a en par­tie fait pen­ser à l’enquête que j’a­vais menée sur l’his­toire de mon arrière-grand-père. Mais sur­tout, ces tranches de vie m’ont ren­voyé à la vie d’ou­vrier métal­lur­gique qu’a dû tra­ver­ser son fils (mon grand-père). Et je me dis que même si j’ai visi­té l’u­sine où il a tra­vaillé, qui appar­tient main­te­nant à Arce­lor, je n’ai que peu dis­cu­ter avec lui de sa vie d’alors.

Pour reve­nir au livre lui-même, il est poi­gnant, on y lit la lutte des ouvriers au quo­ti­dien, dans un Paris dérou­tant pour les pro­vin­ciaux nou­vel­le­ment arri­vés. On y lit en fili­gramme la vie poli­tique de ces années, on y com­prends la place qu’a­vaient ces hommes et ces familles dans la vie quo­ti­dienne. Vrai­ment pas­sion­nant. On y découvre aus­si la vie d’une famille, les rela­tions entre parents et enfants, et sur­tout l’é­vo­lu­tion du regard de l’é­cri­vaine sur la vie de ses parents.