Depuis quelques semaines, j’ai envie d’écrire ici au sujet de la banque que j’ai choisi depuis mon retour en France. Mais la course quotidienne m’a toujours fait repousser l’écriture de ce billet. Ces jours derniers, avec l’appel de Cantona à « vider les banques », puis un peu plus tard l’appel du collectif « sauvons les riches », j’ai encore trouvé un peu plus de motivation pour écrire. Mais voilà, j’ai continué à remettre à plus tard cette écriture. Et puis je suis tombé sur un article passionnant qui traite de l’interprétation sociologique et psycologique de la procrastination. Alors je me suis fait piéger, car j’avais aussi envie de partager cet article. Il me fallait donc écrire ce billet.
Ainsi, j’ai choisi depuis mon retour en France d’utiliser les services du Crédit Coopératif, qui travaille en collaboration avec la Nef. Il s’agit d’une banque solidaire, au fonctionnement coopératif, qui travaille à soutenir les structures de l’économie sociale et solidaire. Quelques-uns de mes amis avaient déjà opté pour cette banque, et ma sœur en Angleterre aussi avait choisi un établissement du même type. C’est donc avec joie que j’ai vu arriver ma stabilisation géographique, et que j’ai opté pour leurs services. Et je dois dire que j’en suis vraiment ravi. On ne paye que les services que l’on utilise, le site internet est très complet et permet de procéder à toutes les opérations courantes, et le nombre d’agences relativement faible n’est pas une contrainte à mes yeux. Le seul point déroutant a été pour moi au début leur choix de ne pas autoriser de découvert (du moins, par défaut). Mais en y réfléchissant bien, je me suis rappelé qu’un découvert est un prêt, et que le mécanisme de prêt par les banques est l’un des problèmes principaux du modèle économique que nous vivons¹. Alors j’apprends à faire avec, je vois ça comme une rééducation, c’est plutôt positif.
Si vous trouvez comme moi que les banques classiques ne sont pas des personnes morales très fréquentables, et bien jetez un coup d’œil au fonctionnement du crédit coopératif, et franchissez le pas, vous n’en serez pas déçus.
1 : visionnez par exemple l’excellent document l’argent dette, ou encore sa suite l’argent dette 2 : promesses chimériques, qui expliquent de manière très pédagogique et ludique le mécanisme bancaire international, et comment les banques pousserons toujours les personnes morales et physiques à s’endetter encore et encore plus…
Ça fait plusieurs années que j’y réfléchis, sans jamais franchir le pas.
Ayant déménagé récemment, il faut que je fasse de la paperasse pour mettre à jour mes comptes, ça serait peut-être l’occasion de passer à l’action …
Merci de partager ton expérience, ça va peut-être m’aider
Tres interessant l’article sur la procastination… vaste sujet. Je me demande si c’est un phenomene qui a prit de l’empleur au fil du temps. Il me semble qu’on la pratique plus souvent que les anciennes generations.
Nicolas : depuis ce post, j’ai lu des commentaires pas forcément élogieux sur le Crédit Coopératif. Mais bon, on croise facilement des critiques négatives sur internet, et rarement de commentaires de gens heureux, je ne sais pas lequel des deux sons de cloches est le plus proche de la réalité.
Emlyn : oui, je l’ai trouvé vraiment intéressant. Pour ce qui est de « c’était mieux avant », je me demande si ce n’est pas en partie biaisé par le fait qu’on a aujourd’hui plus de solutions pour contourner les tâches pesantes…
@JM : Ce n’est pas faux.
Pour info le Crédit Coopératif fait partie du groupement Banque Populaire / Caisse d’Epargne.
Ceci mis à part, quand j’ai voulu prendre rendez-vous pour ouvrir un compte là-bas, je n’ai jamais et je dis bien jamais réussi à obtenir qui que ce soit au téléphone en un mois d’appels, plusieurs fois par semaine à horaires divers. Alors je me suis dis au final que c’est pas trop la peine que j’aille mettre mon compte dans une banque qui ne sait même pas me répondre pour ouvrir mon compte… Du coup je suis chez une banque moins éthique (ING Direct), mais aussi moins chère, du coup je donne plus…
bohwaz : de mon côté, j’ai contacté l’agence la plus proche de chez moi via le formulaire du site internet. J’ai rapidement obtenu un rendez-vous, et ils ont été particulièrement arrangeants, en particulier sur le timing compliqué (c’était une période où j’étais entre la France et l’Australie, et pas encore de logement à Clermont-Ferrand). Mais tout s’est passé pour le mieux.
Au sujet du coût de la banque, je pense qu’ils ont un avantage énorme par rapport à ma banque précédente&nbps;: ils ne font payer que ce qu’on utilise. Et comme j’ai peu de besoins, pour moi cette banque est beaucoup moins chère que mon autre banque… Mais ça dépend pas mal de tes habitudes.
Même remarque que bohwaz, Crédit Coopératif est une façade éthique pour le groupe Banque Populaire. Natixis à 20% du Crédit Coopératif (cf. rapport financer, 30 juin 2010, p. 19).
Cette banque n’a rien d’équitable.
Ce genre de question (accepter la marque « la moins pire » d’un groupe moins sympathique) existe aussi dans le monde de la protection animale : Body Shop, une enseigne de produits de beauté qui a une politique très en avance sur la non-utilisation des animaux (pas de tests sur animaux, pas de produits animaux) a été rachetée par L’Oréal.
Faut-il ou non continuer à acheter ces produits ? Deux stratégies : les acheter, en montrant à L’Oréal que l’on favorise ce type de politique, ou laisser tomber, car on aide financièrement des requins à la politique plus que douteuse. Pas simple, comme question.
Et pour revenir aux banques, en France, il n’y a pas vraiment d’autre alternative qu’eux…
effectivemement, le crédit coopératif fait parti du groupe natexis/banques populaires.
Pour travailler dans ce groupe (bp), je peux vous dire que la filiale, bien qu’ayant un but commercial joue le jeu .
Les débuts sont probablement dur, mais le client lambda n’a pas la patience nécessaire à la mise en place.
Je viens de lire ton billet et du coups j’ai jeté un oeil curieux dans leurs offres de prêt. Ayant fait construire il n” y a pas longtemps, je me demandais ce qu’un établissement bancaire de ce type offrait comme possibilité. Sans parler d’aucun taux, la durée maximale d’un prêt est de 300 mois (25 ans), il s’avère donc que ces crédits ne s’adressent pas aux ménages les plus modestes, qui suivant le type de bien devra s’endetter sur plus de 25 ans.
Je comprends l’idée, mais est-ce raisonnable de s’endetter sur 25 ans ?
Nous sommes assez bons pour cotiser pendant plus de 40 ans, on doit pouvoir de prêter de l’argent pendant au moins cette durée non ?
Tout le monde n’as pas forcément la chance de débuter avec un patrimoine familial. On doit permettre à un foyer de devenir propriétaire sans forcer les gens à manger des pâtes ad vitam aeternam. Dans ce cas il est raisonnable d’allonger la durée du crédit pour ne pas augmenter les traites.
Le problème c’est le coût total du crédit qui s’avère indécent et va engraisser les établissements bancaires.
Oui, je comprends le raisonnement. Pour ma part, je n’ai pas de patrimoine familial, et je n’ai pas envie d’acheter, mais c’est un choix personnel. Ce que je trouve gênant, dans cette histoire, c’est la raison première d’être de l’emprunt. Pour cela, je trouve que l’argent-dette est un film super intéressant :
http://www.dailymotion.com/video/x75e0k_l-argent-dette-de-paul-grignon-fr-i_news
Mais reste j’en ai conscience le fait que l’on est pas toujours face à la possibilité de choisir ou non d’acheter ou de louer.
Et pour revenir sur la question cotisation vs emprunt, la finalité n’est pas la même, et la dépendance non plus : l’emprunt impose que tu auras toujours un revenu correspondant à celui que tu espères au début de ton emprunt. Si on a un accident de vie, on peut vite se retrouvé coincé, alors que les cotisations sont fonction de nos revenus.