La semaine dernière, j’étais à Nancy pour l’édition 2007 de l’École Jeunes Chercheurs en Informatique Mathématique. La semaine a été passionnante d’un point de vue humain, professionnel et personnel.
Je voulais aussi profiter de l’occasion pour aller voir « Notre pain quotidien », un film de 2007 sur la production agricole « moderne ». Comme il n’y a semble-t-il que 22 copies à circuler en France, et qu’un cinéma de Nancy avait la chance de le programmer, j’avais réservé mon jeudi soir pour ça. Manque de chance, il n’était programmé que jusqu’au mercredi.
J’ai finalement choisi d’aller voir un film dont je ne connaissais rien ou presque : « Nos amis de la banque », qui traite de la manière dont la Banque Mondiale (BM) et le Fond Monétaire International (FMI) gèrent l’emprunt des pays pauvres. La projection était suivie d’un débat sur la dette des pays du Tiers Monde, et animée par un intervenant du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde. La discussion a été passionnante, les idées éclairantes.
J’étais déjà convaincu de l’absurdité de cette dette, mais la projection du film (un peu vieux, et présentant les cravatés comme des sauveurs de l’Afrique) et les débats très complets qui ont suivi ont fini de m’apporter les arguments qui manquaient. Voici quelques idées sans ordre, qui restent de cette soirée débat :
- Chaque année, le cumul de la dette (sens Nord->Sud) et du remboursement de la dette (sens Sud->Nord) est de 19 milliards de dollars dans le sens Sud->Nord (voir le site du CADTM). Et pourtant ils sont de plus en plus endettés.
- La dette n’est que la suite moderne de l’esclavage. Ça fait plus de 6 siècles que certains pays exploitent les hommes d’autres régions, en s’associant avec les bourgeois locaux qui en profitent pour s’enrichir à outrance.
- L’action de la FMI et de la BM n’a jamais favorisé l’industrialisation des pays en voie de développement. Les actions ont au contraire facilité l’installation à moindre frais d’usines de transnationales qui extraient pour une bouchée de pain les richesses locales.
- Or les pays européens se sont industrialisés graĉe au protectionnisme, alors que le FMI et la BM imposent un ultra libéralisme aux pays pauvres, qui se retrouvent démunis face au protectionnisme encore en cours en Europe, Amérique du Nord et Japon.
- L’enjeu est clairement l’exploitation des matières premières à bas prix. Une exploitation des peuples aussi.
- L’ordre de grandeur de la dette cumulée de tous les pays pauvres est le même que la dette de la France.