La semaine dernière j’étais à l’ENS à Ker Lann à l’occasion des 10 ans du département de mathématiques. C’était l’occasion de rencontrer un peu de monde, de papoter. Je voulais en particulier y croiser un ami, en cours de création d’entreprise de services en logiciels libres. je savais qu’il était docteur en mathématiques, mais je me demandais pour quelle raison il était aux 10 ans à Ker Lann. C’est en voyant son badge que j’ai compris : il était là pour présenter l’association Pénombre.
Mois : janvier 2007
Vous avez dit démocratie ?
Un système démocratique est un système où le peuple détient la souveraineté. Dans la plupart des systèmes politiques dits démocratiques en fonctionnement, une partie du peuple élit régulièrement ses représentants et dirigeants. En France, on utilise lors des élections présidentielles un système de vote à deux tours, définit par les articles 6, 7 et 58 de la constitution française. La plupart de nos compatriotes sont convaincus que ce système est démocratique, et donc que même si l’on n’est pas d’accord avec le fonctionnement de l’État, alors il suffit d’exprimer ce que l’on pense lors de l’élection. Notre voix serait alors entendu comme celle des autres, et le choix du plus grand nombre serait retenu.
Cependant, le résultat des élections est très fortement conditionné par le mode de scrutin. Il est facile de se rendre compte que le système que l’on utilise n’est pas démocratique : il faut voter utile plutôt que selon ce qu’on pense pour avoir une chance de voir des gens pas trop loin de notre position être élus. Dès lors qu’on ne peut pas voter selon ce que l’on pense, mais que l’on doit voter en fonction du système de vote, alors il y a un problème. Cependant, beaucoup ont l’impression qu’il n’y a pas d’autre manière de voter que la notre, et que le bipartisme croissant est naturel, qu’il faut s’y plier.
Or c’est profondément inexact. Dès le 18e siècle, un mathématicien, le marquis de Condorcet a définit une méthode qui permet de déterminer si le résultat d’une élection est le plus proche de ce que pensent les votants ou non. Cette méthode s’appelle la méthode de Condorcet.
Cependant, comme son nom l’indique, ce critère n’est qu’un critère. Il faut donc décrire des système de vote, puis les passer aux cribles du critère de Condorcet pour déterminer s’il est vraiment démocratique ou non. Il est facile de vérifier que sur de nombreux exemples, le système de vote que nous utilisons en France n’est pas démocratique. D’autres systèmes de vote ont dont été élaborés. On peut par exemple citer le vote par approbation, facile à mettre en place, fonctionnant en un seul tour, et offrant une réponse de bien meilleure qualité que notre traditionnel système.
Il est étrange de penser que notre classe dirigeante n’ai pas cherché à modifier le système d’élection : après tout, plus il y aura de démocratie, mieux le pays avancera. Cependant, il est assez évident que pour les deux partis majoritaires l’intérêt d’un système de vote vraiment démocratique ne leur serait pas bénéfique : ils perdraient l’assurance d’être élus environ une fois sur deux. Cette simple constatation permet de dire que nous ne sommes pas vraiment dans un système démocratique, et qu’il sera certainement impossible de l’atteindre un jour. Pourtant, le simple fait de changer le système d’élection assurerait que nos dirigeants soient plus proches de nos positions.
Pour aller un peu plus loin dans le sens d’un système réellement démocratique, c’est-à-dire dans un système où les décisions seraient prises en fonction de la position de la majorité des électeurs, un projet politique, pour l’instant expérimental, offre quelques pistes intéressantes :