Calculer ses itinéraires cyclistes

L’ar­ri­vée d’un vélo neuf a bou­le­ver­sé mes pra­tiques de mobi­li­té. Sa fia­bi­li­té et son effi­ca­ci­té sont à la hau­teur d’un usage quo­ti­dien, même dans une ville à fort déni­ve­lé comme Cler­mont-Fer­rand. Les sor­ties hors de la ville deviennent un vrai plai­sir. Mais il faut pour cela dis­po­ser d’un bon outil pour choi­sir ses iti­né­raires, car la qua­li­té de l’in­fra­struc­ture pour les cyclistes est plu­tôt incon­sis­tante autour de chez moi.

Nouvelles pratiques de mobilité

Il y a quelques mois, j’ai déci­dé de chan­ger mes habi­tudes de dépla­ce­ments quo­ti­diens, en rem­pla­çant les trans­ports en com­mun par le vélo pour les dépla­ce­ments qui sortent de la ville du quart d’heure à pied.

Si je n’ai jamais uti­li­sé la voi­ture pour les dépla­ce­ments urbains, j’a­vais gar­dé par prin­cipe com­mu­niste l’u­ti­li­sa­tion des trans­ports en com­muns. Mais il faut avouer que le réseau cler­mon­tois atteint un niveau d’i­nef­fi­ca­ci­té qui a fini par me faire pri­vi­lé­gier sou­vent la marche, et main­te­nant le vélo en complément.

Je n’a­vais jamais ache­té de vélo neuf, mais plu­tôt bri­co­lé des vieux biclous grâce au gui­don dans la tête. Cepen­dant, après de nom­breuses galères tech­niques, j’ai fini par me convaincre d’a­che­ter un vélo neuf. J’ai ain­si fait confiance à Tem­po pour choi­sir la nou­velle bicy­clette de ma vie. En iden­ti­fiant les pra­tiques envi­sa­gées, nous avons confir­mé l’in­tui­tion de l’a­mi Thier­ry Toth, et j’ai ain­si opté pour un gra­vel de chez Marin.

Vélo type gravel (VTT sans amortisseurs), cadre marron, porte bagage arrière, guidon et antivol.

Quel plai­sir gigan­tesque d’a­voir de vrais freins puis­sants, des pièces solides, un dérailleur qui fonc­tionne super flui­de­ment, et une cas­sette avec 12 (!) pignons, qui assure à la fois de pou­voir avan­cer sans peine entre 6km/h pour les giga mon­tées, jus­qu’à 45km/h voire 50km/h pour les belles descentes. 

Profil d'un itinéraire avec une courte monté à 7-9%, classée rouge sur le tracé

La super mon­tée (7 à 9% de pente) entre mon domi­cile et le cam­pus uni­ver­si­taire n’est même plus du tout impres­sion­nante, le tra­jet se fai­sant plus rapi­de­ment qu’en trans­port en com­mun ou en voi­ture (aux heures de forte cir­cu­la­tion), même avec ce dénivelé.

Un assez gros carton tenu par des tendeurs sur le bagage arrière du vélo.

Avec un porte-bagages, quelques ten­deurs et un caisse en bois au besoin pour com­plé­ter tout ça, on peut même trans­por­ter pas mal de choses.

J’a­vais déjà rejoint VéloCité63 pour par­ti­ci­per à la veille sur l’ac­ces­si­bi­li­té pié­tonne et fau­teuil rou­lant à Cler­mont-Fer­rand (ce sont des usages qui sont dans leurs sta­tuts). Avec cette inten­si­fi­ca­tion de ma pra­tique cycliste, je suis content de pou­voir échan­ger avec les autres per­sonnes adhé­rentes sur ces ques­tions de mobi­li­té, pour mieux com­prendre les infra­struc­tures exis­tantes, mais aus­si par­ti­ci­per à les faire évoluer.

Sorties Occasionnelles de Flânerie Touristique (SOFT)

En plus des dépla­ce­ments urbains et uti­li­taires, j’ai aus­si com­men­cé à faire quelques sor­ties, pour renouer avec une pra­tique que j’a­vais oublié depuis près de 20 ans. Si je n’ai jamais pu rejoindre la Dôme Urban Ride (DUR), cette sor­tie men­suelle noc­turne pro­po­sée par des cyclistes cler­mon­tois, je me suis construit mon petit pro­gramme, avec les Sor­ties Occa­sion­nelles de Flâ­ne­rie Tou­ris­tique (SOFT). Un peu moins agres­sif comme inti­tu­lé, et qui pour­rait res­sem­bler aux sug­ges­tions de sor­ties pro­po­sées par Cler­mont sans voi­ture.

La SOFT#3 a ain­si été l’oc­ca­sion d’as­sis­ter à une soi­rée orga­ni­sée par l’é­mis­sion de radio Inna Dif­ferent Style au Bloom bar, dans l’an­cienne ber­ge­rie du châ­teau de Cha­ze­ron.

Si j’é­tais mon­té depuis Cler­mont-Fer­rand jus­qu’au châ­teau de Cha­ze­ron à vélo, les plus de 500 mètres de déni­ve­lé posi­tif m’au­raient pris bien plus de temps que ce que mon emploi du temps me per­met­tait. J’ai donc pris le car TER SNCF jus­qu’à Vol­vic (on peut embar­quer son vélo sous réserve de place dis­po­nible), puis pour­sui­vi pen­dant une grosse demie-heure sui­vant un iti­né­raire assez plat et très agréable, au milieu d’un pay­sage que je ne connais­sais pas. Une très belle pro­me­nade pour retrou­ver les ami·e·s et pas­ser la soi­rée à pro­fi­ter du cadre. J’ai ensuite repris la route vers Cler­mont-Fer­rand (en des­cente c’est plus simple) sans encombre, grâce à de bonnes lumières.

Calculateur d’itinéraire et application de guidage

Si la plu­part des bases de don­nées géo­gra­phiques (IGN, Via­Mi­che­lin, Google Maps, etc) et les appli­ca­tions de rou­tage grand public sont très bien adap­tées au dépla­ce­ment auto­mo­bile, on ne peut pas dire la même chose quand il s’a­git de se dépla­cer à vélo.

Car d’une part, les infra­struc­tures sont en moyenne peu adap­tées à cette pra­tique, avec de nom­breuses voies très dan­ge­reuses, incon­for­tables, voire impra­ti­cables. Mais aus­si parce que les bases de don­nées citées plus haut ne contiennent pas les infor­ma­tions liées à l’in­fra­struc­ture cycliste (pré­sence de pistes cyclables, sec­tions car­ros­sables ou non, etc). Et enfin parce que la plu­part des outils de cal­cul d’i­ti­né­raire n’in­tègrent pas les besoins élé­men­taires du dépla­ce­ment cyclable, comme la consi­dé­ra­tion du déni­ve­lé par exemple, en plus de l’é­qui­pe­ment de la voirie.

Heu­reu­se­ment, OpenS­treet­Map a été depuis plu­sieurs années un espace numé­rique de contri­bu­tion des usa­gers cyclistes, en fai­sant pro­ba­ble­ment la base de don­nées la plus pré­cise et à jour sur la ques­tion. Et comme cette base de don­nées géo­gra­phique arrive avec de nom­breux outils, on retrouve avec plai­sir des solu­tions dédiés aux cyclistes, comme le super outil de cal­cul d’i­ti­né­raires brou­ter-web, dont cer­taines ins­tances sont très com­plètes pour le vélo.

L'itinéraire reliant la place de Jaude au haut du puy de Dôme, vu depuis l'interface de brouter montre le tracé ainsi que le profil de l'itinéraire, toujours en montée (intense).

L’ou­til est très pra­tique, on peut régler plein de para­mètres pour ajus­ter l’i­ti­né­raire à son véhi­cule, ses capa­ci­tés et ses envies, il pro­pose une visua­li­sa­tion très com­plète et pra­tique d’u­ti­li­sa­tion, et a l’é­norme avan­tage d’être com­plè­te­ment adap­té aux usages cyclistes.

Cepen­dant, quand on part en iti­né­rance, on peut vou­loir uti­li­ser une solu­tion débran­chée, ne néces­si­tant pas d’a­voir un accès à internet.

OsmAnd

La pre­mière appli­ca­tion à ins­tal­ler pour béné­fi­cier de toutes les infor­ma­tions d’in­fra­struc­ture conte­nues dans OpenS­treet­Map, c’est bien sûr OsmAnd. Cette appli­ca­tion per­met de télé­char­ger les don­nées dépar­te­ment par dépar­te­ment (mais aus­si sur des plus grands ter­ri­toires), et embarque un cal­cu­la­teur d’i­ti­né­raire qui fonc­tionne très bien. Alors bien sûr, il ne connaît pas l’é­tat du tra­fic, mais il fait bien le job, même quand on se déplace en voiture.

L’ap­pli­ca­tion est super confi­gu­rable, avec appa­rence de la carte, du tra­cé, acti­va­tion d’un gui­dage sonore, dif­fé­rents pro­fils d’i­ti­né­raires, pos­si­bi­li­té d’en­re­gis­trer des coor­don­nées favo­rites, ou encore d’en­re­gis­trer sa trace GPS.

La ver­sion ins­tal­lée depuis Google Store est ver­rouillée sur cer­taines fonc­tion­na­li­tés, et il faut payer pour les déblo­quer. Cepen­dant, si on choi­si d’ins­tal­ler l’ap­pli­ca­tion par F‑Droid, on dis­pose d’une ver­sion com­plè­te­ment déver­rouillée. À privilégier. 

Les algo­rithmes de rou­tage embar­qués dans OsmAnd sont plu­tôt cor­rects, cepen­dant si on a pris goût à la qua­li­té du rou­tage de brou­ter-web, on peut avoir envie d’en dis­po­ser éga­le­ment en iti­né­rance. Pour cela, il faut com­plé­ter l’ins­tal­la­tion par une deuxième appli­ca­tion, BRou­ter Offline Navi­ga­tion.

BRouter Offline Navigation

BRou­ter Offline Navi­ga­tion est une appli­ca­tion qui n’a pas d’in­ter­face de consul­ta­tion, mais sera inter­ro­gée par osmand pour four­nir des iti­né­raires. On ins­talle donc l’ap­pli­ca­tion, puis on télé­charge les don­nées sur l’emprise qui nous inté­resse (oui, ça fait deux fois les don­nées sur son télé­phone, une fois dans osmand, et une fois dans brou­ter, mais c’est le prix à payer pour un cal­cul de qualité). 

Une application indiquant "select a routing profile", puis une liste de valeurs possibles: rail, river, safety, shortest, trekking, ...

Enfin, on relance l’ap­pli­ca­tion pour choi­sir le pro­fil de cal­cul qui sera uti­li­sé par osmand (et les appli­ca­tions tierces uti­li­sant BRou­ter). Si on veut retrou­ver les iti­né­raires de brou­ter-web inti­tu­lés « Cyclo­tou­risme » (avec ou sans variante), à ce moment-là il faut choi­sir « trek­king », ou une de ses variantes.

Je n’ai pas essayé, mais je pense que l’on peut expor­ter un pro­fil ajus­té sur brou­ter-web et le ran­ger dans le bon dos­sier de l’ap­pli­ca­tion pour qu’il devienne sélec­tion­nable dans cette liste.

OsmAnd et BRouter Offline Navigation

Dans OsmAnd, il faut ensuite créer un nou­veau pro­fil dédié. L’in­ter­face pro­pose de par­tir d’un pro­fil exis­tant. J’ai choi­si de décli­ner le pro­fil vélo d’Os­mAnd, et dans ses para­mètres de gui­dage, j’ai ajus­té le type de navi­ga­tion en sélec­tion­nant un type hors ligne et externe (en bas de la liste), où appa­raît alors BRouter.

C’est une petite gym­nas­tique pour réus­sir à confi­gu­rer ça, mais ça vaut vrai­ment le coup, car les iti­né­raires sont super soi­gnés avec cet algorithme.