Étude de l’accessibilité de la place royale

En tra­ver­sant régu­liè­re­ment la ville avec ma fille qui uti­lise un fau­teuil rou­lant, j’ai com­men­cé à affi­ner ma com­pré­hen­sion de l’ac­ces­si­bi­li­té de l’es­pace urbain. La modé­li­sa­tion de ces infra­struc­tures est d’ailleurs deve­nu l’un de mes sujets d’é­tude.

Afin d’illus­trer ce que je per­çois de ces espaces, j’ai pro­po­sé sur twit­ter un fil consa­cré à l’é­tude de l’une des places du pla­teau cen­tral à Cler­mont-Fer­rand, que je tra­verse très régu­liè­re­ment. Elle se situe dans ans ce quar­tier com­mer­çant, tou­ris­tique et rési­den­tiel qu’est l’hy­per-centre de Cler­mont-Fer­rand, aus­si appe­lé pla­teau central.

 vue 3D aérienne d’un carrefour urbain. Au sol, un rond de peinture blanche de plus de 2 mètres de diamètre matérialise le giratoire. Des arbres, des voitures, et des bâtiments entourent de près le carrefour.
Vue 3D de la place royale (image http://3d.craig.fr/viewer/)

Place impor­tante, elle connecte la place Sugny vers Jaude, la place de la Vic­toire, la rue Mas­sillon vers les petites rues du vieux centre, la rue ter­rasse et la rue Saint-Genès, très commerçantes.

chacune des rues est identifiée sur une vue aérienne
image @CRAIG 2019

On iden­ti­fie deux pas­sages pié­tons maté­ria­li­sés, un pour fran­chir la place Sugny, l’autre pour tra­ver­ser la rue Mas­sillon. Le pas­sage pié­ton per­met­tant de tra­ver­ser la rue Saint-Genès se situe quelques dizaines de mètres en amont. Un des ter­ri­toires pri­vi­lé­gier des inci­vi­li­tés automobiles…

Illus­tra­tion de l’in­ci­vi­li­té auto­mo­bile (#GCUM)

En terme d’accessibilité, la place Sugny est très en pente. L’un des trot­toirs com­mence par un esca­lier ou par un trot­toir étroit entre un mur et des voi­tures. L’autre trot­toir impose de fran­chir l’un des spots de par­king sau­vage #GCUM les plus pri­sés du centre-ville.

deux photos rehaussés de traits jaunes pointillés représentant les parcours possibles sur les trottoirs, et d’une zone jaune pour le stationnement GCUM.
Les trot­toirs de la place Sugny sont peu accessibles

Le pas­sage pié­ton per­met­tant de tra­ver­ser la place Sugny est d’ailleurs sou­vent impos­sible à uti­li­ser, les #GCUM ayant pris l’habitude de le consi­dé­rer comme une zone de sta­tion­ne­ment. Mais même sans sta­tion­ne­ment, le dévers impor­tant rend très dif­fi­cile son accès.

Illus­tra­tion d’un sta­tion­ne­ment #CGUM
dévers représenté par un angle
Le dévers impor­tant de la tra­ver­sée pié­tonne place Sugny

Dans ce virage, les #GCUM masquent sou­vent les pié­tons, qui lorsqu’ils s’engagent mal­gré tout sur la chaus­sée prennent sou­vent le risque de se faire écra­ser, car ici aus­si, ça roule vite et mal­adroi­te­ment, pour négo­cier la grande pente en mon­tée, et pour négo­cier la sor­tie de cette place encombrée.

On voit donc que la place Sugny et la rue ter­rasse sont peu acces­sibles, de même que le trot­toir cou­vert par les arcades de la rue Saint-Genès. Ces voies de cir­cu­la­tion pié­tonnes sont qua­si­ment décon­nec­tées des autres rues au niveau de la place royale. Et je n’ai même pas par­lé de l’encombrement de la rue ter­rasse, infran­chis­sable en fau­teuil quand la nuit tombe et que les ter­rasses sont de sortie.

par un schéma, on décrit les impossibilités de cheminer évoquées dans le post
Sché­mas de la non acces­si­bi­li­té des che­mi­ne­ments à l’ouest de la place

Pre­nons un peu de recul, main­te­nant qu’on a vu la non acces­si­bi­li­té à l’ouest pour regar­der ce qui se passe au nord et à l’est.

vu d’ensemble du carrefour avec photos illustrant les différentes traversées
Zones de che­mi­ne­ments pié­tons autour de la place royale

Le deuxième pas­sage pié­ton de la place, qui tra­verse la rue Mas­sillon est fonc­tion­nel, même si les sta­tion­ne­ments intem­pes­tifs sur les empla­ce­ments mar­qués en jaune (sta­tion­ne­ment inter­dit) rendent la co-visi­bi­li­té assez difficile.

Illus­tra­tion par un tweet de la co-visibilité
une voiture stationnée sur un emplacement interdit empêche la co-visibilité des piétons et automobilistes
Mau­vaise co-visi­bi­li­té du pas­sage pié­ton tra­ver­sant la rue Massillon

Conti­nuons avec la der­nière tra­ver­sée, celle de l’entrée de la place de la Vic­toire. Le trot­toir de gauche est tout sim­ple­ment infran­chis­sable. Une alter­na­tive consis­te­rait à emprun­ter la chaus­sée jusqu’au début de la place Sugny, mais on a déjà dit que c’était un espace de choix des #GCUM.

Accès impos­sible.

photo d’un trottoir infranchissable
Un trot­toir infranchissable

On peut aus­si ima­gi­ner pour­suivre le long du trot­toir pour trou­ver plus loin un moyen de fran­chis­se­ment. Effec­ti­ve­ment, un peu plus loin, on trouve un fran­chis­se­ment à niveau. Mais on tombe alors dans le royaume des ter­rasses, qui encombrent les espaces de cir­cu­la­tion publiques, ren­dant impos­sible le franchissement.

Peut-être un jour ces ter­rasses per­met­tront le pas­sage des usa­gers pié­tons de la place
 les terrasses rendent impossible la traversée sur la place de la Victoire.
Le pas­sage à niveau encom­bré de terrasses

À noter qu’une fois enga­gés sur la place de la vic­toire depuis le trot­toir de droite, on est très vite contraints de rejoindre la chaus­sée pavée, laquelle est bor­dée d’un côté par les ter­rasses, de l’autre par une marche de plus de 10 cm pour rejoindre le milieu de la place. Si une voi­ture arrive, t’es foutu.

une rue piétonne bordée d'un haut trottoir et de terrasses
Rue pié­tonne, véri­table canyon urbain pour les usa­gers en fau­teuil roulant

En conclu­sion, voi­ci donc une place qua­si­ment infran­chis­sable, peu importe d’où l’on vienne.

un plan récapitulatif de tous les trajets impossibles aux abords de cette place.

Des­crip­tion : un plan réca­pi­tu­la­tif de tous les tra­jets impos­sibles aux abords de cette place.

Alors bien sûr, j’ai sim­pli­fié. Je n’ai pas par­lé des revê­te­ments des trot­toirs sou­vent très mau­vais, des dalles man­quantes, des nom­breux dévers inutiles, des auto­mo­biles qui foncent dans les aires pié­tonnes où il n’y a pas de trot­toir refuge. Les abords de cette place sont par­ti­cu­liè­re­ment impratiquables.

À bien­tôt pour une nou­velle chro­nique de la non acces­si­bi­li­té ordinaire !