Dans son roman 1984, George Orwell présentait un monde totalitaire où la liberté de penser était bridée par l’appauvrissement de la langue. En effet, difficile parfois d’exprimer quelque chose qu’on a à l’esprit, et pour lequel aucun mot ou expression n’existe. On peut l’expliquer par comparaison, mais c’est souvent compliqué, ça implique une gymnastique de la langue et de l’esprit qui nuit à la communication.
Il existe ainsi un mot dont j’ai voulu me servir plusieurs fois, mais qui n’existe pas en français. Après en avoir discuté avec une amie allemande, il semble qu’en allemand non plus il n’existe pas. Je vais donc procéder par comparaison pour le décrire ici, et j’espère qu’un lecteur saura proposer un mot correspondant à cette idée.
Beaucoup de mots permettent de décrire l’idée que l’on fait la différence entre deux individus suivant une de leur caractéristique. Par exemple, le sexisme est le fait de considérer différemment deux personnes suivant leur sexe, le racisme suivant l’origine de l’individu, etc. Pour ces différentes idées, il existe bien sûr des mots qui permettent de décrire, de manière plus précise, non que l’on fait une différence entre deux états possibles, mais qu’on en favorise clairement un. Ainsi, la mysoginie est le fait de manifester un dédain ou une hostilité envers les femmes. Ce mot se place à un niveau différent de sexisme.
Or, en ce qui concerne les préférences sexuelles, on dispose du mot homophobie qui décrit une hostilité envers les homosexuels. On peut placer ce mot sur le même plan logique que la mysoginie : privilégier un état entre deux.
Mais (et c’est là que je veux en venir), il n’existe pas de mot qui serait à sexisme ce qu’homophobie est à misogynie.
Certes, la grande majorité des disciminations sur des personnes suivant leur choix sexuel le sont à l’encontre d’homosexuels. Pourtant, qu’en est-il des bisexuels ? Et si un hétérosexuel se fait refuser un emploi dans un établissement à fréquentation homosexuelle, il n’a pas été l’objet d’un traitement homophobe. On dira sans doute hétérophobe. Le générique d’homophobe, hétérophobe et biphobe (?) n’existe pas, c’est l’idée de ce billet.
Je trouve ça fou, pas vous ?