Convertir des fichiers son

J’u­ti­lise inten­sé­ment les logi­ciels de trai­te­ment de son dis­po­nibles sur GNU/Linux. Dans l’en­semble, ils cor­res­pondent à la plu­part de mes besoins. Cepen­dant, la conver­sion des fichiers est sou­vent une ques­tion un peu ennuyeuse.

Soit on le fait en ligne de com­mande avec le super outil ffm­peg, soit on le fait avec un outil gra­phique comme le sound­con­ver­ter de Gnome, soit on uti­lise auda­ci­ty… Mais c’est à chaque fois plein de modifications.

Au quo­ti­dien, j’u­ti­lise l’en­vi­ron­ne­ment KDE pour tra­vailler. L’ex­plo­ra­teur de fichier, c’est Dol­phin. Lequel a l’é­norme avan­tage d’être modi­fiable sim­ple­ment. Je me suis donc récem­ment retrous­sé les manches, pour écrire un petit menu de conver­sion audio, de celles que je fais le plus souvent :

  • conver­tir n’im­porte quel fichier mul­ti­mé­dia vers du flac (for­mat non des­truc­tif) pour per­mettre l’im­port dans ardour, qui ne sait pas prendre en charge le mp3, car il s’ap­puie sur libsnd­file, une biblio­thèque qui n’a pas encore le sup­port de ce for­mat, mal­gré l’en­trée récente de ce for­mat dans le domaine public.
  • conver­tir n’im­porte quel fichier mul­ti­mé­dia vers du mp3 44.1kHz en qua­li­té 320k, pour une dif­fu­sion web et radiophonique.

Le tout est dis­po­nible en fai­sant un clic droit sur n’im­porte quel fichier mul­ti­mé­dia. Ce petit bout de script est donc dis­po­nible sur github, et sous licence GPL v3. Toute sug­ges­tion d’a­mé­lio­ra­tion est la bien­ve­nue, dans la limite du temps disponible.

Comment les paradis fiscaux ont ruiné mon petit-déjeuner

Les per­sonnes sen­si­bi­li­sées aux consé­quences de l’ul­tra-libé­ra­lisme et du capi­ta­lisme ont géné­ra­le­ment conscience de la ter­rible pres­sion qu’exercent les mul­ti­na­tio­nales sur la pla­nète en géné­ral, et sur les humain·e·s en par­ti­cu­lier : délo­ca­li­sa­tions pour exploi­ter au mieux les tra­vailleurs et tra­vailleuses les moins bien protégé·e·s, uti­li­sa­tion mas­sive de trans­ports plu­tôt que de pro­duire local, déshu­ma­ni­sa­tion à la fois pour les per­son­nels et pour les usagers.

Mais on oublie sou­vent un point impor­tant : ce sont des entre­prises qui se débrouillent qua­si­ment toutes pour ne pas payer d’im­pôts. Or, quand on béné­fi­cie des infra­struc­tures, des condi­tions per­mises par les ser­vices d’un état, il est nor­mal que l’on par­ti­cipe finan­ciè­re­ment à son fonctionnement. 

Les para­dis fis­caux, c’est l’un des prin­ci­paux outils de ces grands bidules pour ne pas par­ti­ci­per à l’ef­fort col­lec­tif. Ça paraît com­pli­qué et obs­cur, tech­nique… Et ça l’est en grande par­tie, car leurs astuces sont de plus en plus com­pli­quées pour conti­nuer de frauder.

Com­ment les para­dis fis­caux ont rui­né mon petit-déjeu­ner est une bande-des­si­née de Fran­çois Sam­son-Dun­lop. Elle met en scène un p’tit gars qui décide un matin de dire non à toute cette emprise. De fil en aiguille, on le suit dans sa quête, gui­dée par les écrits d’Alain Deneault, qui a beau­coup écrit sur l’é­va­sion fiscale.

C’est drôle, c’est beau, un peu triste par­fois, mais avec de belles pointes d’es­poir. Lisez-le !

Petit manuel d’émancipation linguistique

À l’é­cole, j’ai tou­jours été un réfrac­taire à l’or­tho­graphe et à la gram­maire, le fran­çais était ma han­tise. Puis en com­men­çant à écrire à l’u­ni­ver­si­té, pour des asso­cia­tions, pour le web, j’ai dis­ci­pli­né ma pra­tique. Est arri­vé un moment où je me suis pas­sion­né pour la typo­gra­phie, et par exten­sion pour l’or­tho­ty­po­gra­phie, les réflexions sur l’é­cri­ture inclu­sive, avec le point médian… J’é­tais qua­si­ment deve­nu psy­cho­ri­gide, au point d’être gêné à la lec­ture de textes mal typo­gra­phiés, ou mal ortho­gra­phiés. J’ai aimé décou­vrir le tra­vail de Jean Véro­nis en trai­te­ment auto­ma­tique du lan­gage, qui nous éclai­rait sur les usages poli­tiques de la langue. Un peu plus tard, j’ai com­men­cé à suivre la chaîne Lin­guis­ti­cae, dont le tra­vail de vul­ga­ri­sa­tion en lin­guis­tique me sem­blait vrai­ment inté­res­sant, et puis l’ex­plo­ra­tion des varia­tions de langue par les ani­ma­teurs du blog le fran­çais de nos régions.

À l’oc­ca­sion des dis­cus­sions sur l’é­cri­ture inclu­sive, j’ai aus­si décou­vert com­ment le mot autrice avait été sup­pri­mé de l’u­sage par des mas­cu­li­ni­sa­teurs de la langue, de quoi dou­ter de la sépa­ra­tion entre poli­tique et usages de la langue.

Et puis récem­ment, j’ai com­men­cé à me sen­tir mal à l’aise face à cette injonc­tion à res­pec­ter ces règles rabâ­chées à l’é­cole, dont la maî­trise était aus­si très sou­vent le signe d’ap­par­te­nance à une classe sociale.

J’a­vais très envie de lire sur toutes ces ques­tions. C’est donc avec plai­sir que j’ai décou­vert sur le blog langue sauce piquante le récent livre de Maria Can­dea et Laé­lia Véron, Le fran­çais est à nous ! Petit manuel d’é­man­ci­pa­tion lin­guis­tique. Ces deux doc­teures en lin­guis­tique et lit­té­ra­ture fran­çaise pro­posent en onze cha­pitres très faciles à lire d’ex­plo­rer ce lien entre poli­tique et langue, qui guide aujourd’­hui la majeure par­tie des injonc­tions publiques à pré­ser­ver des pra­tiques pas si jus­ti­fiées que ça.

Leur pro­pos est ali­men­té par de nom­breux exemples, par des réfé­rences à l’ac­tua­li­té, enri­chi de focus très pré­cis, et pro­pose de nom­breuses réfé­rences pour pour­suivre la lec­ture… Elles citent aus­si des pro­grammes comme Lin­guis­ti­cae, je n’é­tais pas dépaysé.

Au fil des cha­pitres, les autrices défi­nissent ce qu’est une langue, com­bien c’est une pra­tique mou­vante, diverse, mul­tiple. Elles replacent le rôle de l’A­ca­dé­mie Fran­çaise, comme outil poli­tique, racontent com­ment le fran­çais a été par­fois un outil du colo­nia­lisme, sou­vent un moyen de conso­li­der la sépa­ra­tion des classes, en offrant aux domi­nants un outil pour ver­rouiller l’ac­cès à leurs sphères aux non initiés.

J’ai lu avec grand inté­rêt l’his­toire de l’u­ti­li­sa­tion de la langue fran­çaise dans les rela­tions avec les colo­nies, puis avec les pays issus de ces colo­nies, après leurs « indépendances ».

La ques­tion de la gram­maire sco­laire est aus­si abor­dée, comme un outil pour impo­ser une manière de pra­ti­quer la langue, qui n’est ni logique par rap­port à l’u­sage, ni en adé­qua­tion avec les tra­vaux actuels des lin­guistes. Avec elles, on en vient à se ques­tion­ner sur le réel inté­rêt à ne pas pra­ti­quer une réforme en pro­fon­deur de l’or­tho­graphe, qui per­met­trait de réduire énor­mé­ment le nombre d’heures consa­crées à l’ap­pren­tis­sage du fran­çais écrit, pour déga­ger du temps sur des ques­tions plus fon­da­men­tales de l’in­dé­pen­dance intel­lec­tuelle : tech­niques de rédac­tion, ensei­gne­ment de l’é­lo­quence à l’é­crit et à l’o­ral, etc.

Enfin, toute une par­tie évoque les pra­tiques liées au numé­rique, avec notam­ment une série de réflexions qui replacent l’u­sage de l’é­crit comme ser­vant à retrans­crire l’o­ral. La mas­si­fi­ca­tion de l’é­crit, avec des pra­tiques hybrides, per­met d’ef­fri­ter la fron­tière entre les deux pra­tiques, flui­di­fiant un peu plus cet écrit pen­dant long­temps figé dans une pra­tique élitiste.

La conclu­sion du livre com­mence par ce para­graphe, qui je trouve résume assez bien le livre :

Pre­mier para­graphe du cha­pitre de conclusion

Un livre à faire tour­ner autour de soi !