Il y a quelques semaines, j’ai passé un week-end rallongé en Angleterre, pour aller avec ma sœur et mon beau-frère découvrir le vraiment très chouette projet de Banksy, ce parc de désamusement éphémère qu’il avait appelé Dismaland. Un moment vraiment chouette, qui fait echo à nombre d’actualités récentes et douloureuses.
Après avoir profité de la campagne britannique, j’ai pris le temps de m’arrêter de nouveau à Londres avant de repartir, pour aller me promener dans la collection du formidable Tate Modern, le musée d’art moderne et contemporain de la capitale. À chaque fois c’est un véritable bonheur de plonger dans les expositions proposées.
Je n’avais que deux heures devant moi avant le départ du train, alors je n’ai pas eu le temps de tout parcourir. Mais en repartant, j’ai traversé rapidement les salles consacrées au travail de Brodsky et Utkin. Et à chaque pas, je me regrettais ne pas avoir le temps de m’arrêter… Heureusement, leur travail est regroupé dans un superbe ouvrage que je tiens à votre disposition si vous passez par Clermont-Ferrand.
Le travail de ces deux architectes Russes est unique, à la fois dans sa forme, mais aussi dans les idées qu’il véhicule, dans la manière d’explorer la frontière entre deux univers, celui de l’architecture et celui de l’illustration imaginaire. On nomme leur univers the Paper Archecture. À l’origine, ces deux architectes de formation ressentent leurs envies de créativité et d’expérimentation bridée par l’univers très utilitariste du régime soviétique, qui ne conçoit l’art de dessiner les bâtiments que comme une réponse pragmatique aux questions du quotidien (logement, déplacements, espaces de travail, etc.). En réaction, Brodsky et Utkin commencent à développer un univers imaginaire qu’ils développent sous forme d’illustrations fourmillantes et bavardes, baroques, grouillantes. Cet imaginaire libéré sur le papier dépasse alors le simple cadre de la création architecturale pour aller questionner le rôle des bâtiments dans la cité.
L’esthétique de leurs illustrations, qui rappellent parfois les schémas techniques du XIXe siècle ou encore les dessins techniques de Léonard de Vinci, foisonne de mille idées, frôle la poésie géométrique, emprunte à la bande dessinée… Une esthétique qui donne envie de se perdre pendant des heures dans ces dessins.